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Description

Flux et reflux du Catholicisme Héraultais XIXe et XXe siècles

Il est difficile de juger de l’évolution des sentiments religieux pour peu qu’on ait pris conscience des nuances qu’imposent la géographie, les milieux sociaux, la pression sociale mais aussi la nature de la religion enseignée, le degré d’intériorisation de la foi… L’historien se doit d’être prudent dans la présentation de ses hypothèses. Elles naissent du désir de substituer des vraisemblances à des a priori-ou des lieux communs. Nous ne parlerons pas de « déchristianisation », mot « fallacieux » pour un Gabriel Le Bras parvenu au terme d’une réflexion de quarante années. Il faudrait s’entendre en effet sur ce qu’est la « christianisation », or, en la matière, les exigences ont varié au cours des siècles. Tel « bon catholique » des années 1860 risquerait d’être considéré aujourd’hui comme un « mauvais chrétien ». Cherchons simplement à mesurer les liens d’appartenance entre l’individu et l’Église comme institution. Étude qui s’efforcera de tenir compte des lieux et des milieux distinguera les paliers fondamentaux de la religiosité, de la pratique et de la ferveur.

I. – GRANDES LIGNES D’UNE ÉVOLUTION CHRONOLOGIQUE.

1) Le flux de la première moitié du XIXe siècle.

Nous ne croyons pas à un processus irréversible de détachement religieux qui, de façon plus ou moins continue, aurait affecté les populations héraultaises depuis deux siècles. L’hypothèse ne résiste pas à l’examen : « Jésus-Christ est inconnu au milieu de nous » écrit, non sans raison, Mgr Fournier en 1811. Jusqu’aux environs de 1840, l’ignorance religieuse reste profonde dans le peuple. Les élites vivent éloignées de l’Église. En 1814, au lycée de Montpellier, l’aumônier « reçoit en secret ceux dont la foi n’ose affronter les railleries de leurs compagnons d’études ». Fils de Blancs, le jeune Auguste Comte y perd les traditions des siens. État d’esprit qui persista de longues années. Voici Charles Renouvier inclinant au voltairisme « dès l’âge de la première communion (vers 1825) et même avant ». « Dans toutes les paroisses, écrit M. Bastet en 1827, il est une personne ou plusieurs qui tiennent le haut bout. Si, comme il arrive souvent, elles sont peu religieuses… ». En visite pastorale, en 1836, Mgr Thibault rencontre presque partout « l’impiété qui règne parmi ce qu’il y a de mieux » (Journal), les « chapeaux noirs » sont indifférents, voltairiens… Cependant un mouvement de flux est amorcé. La Monarchie de Juillet est marquée tout à la fois par une lente amélioration de l’instruction religieuse dans le peuple – en bénéficient surtout les jeunes générations – et des « retours » dans l’aristocratie et la bourgeoisie.

Dans le peuple, la géographie parait être l’élément primordial des différenciations religieuses. Une population peu renouvelée par les courants migratoires a hérité, de l’histoire, une tradition religieuse qui était loin d’être uniforme. Au milieu du siècle, l’attachement envers l’Église est, en règle générale, le plus grand dans les hauts cantons. Dans le bas-pays, la présence de la minorité protestante contribue à fortifier le sentiment d’appartenance à l’Église, de Montagnac à Marsillargues. Les cantons dans la mouvance de Montpellier, sont plus dévots que ceux que domine Béziers. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1979

Nombre de pages

11

Auteur(s)

Gérard CHOLVY

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf