Entre Paris et Montpellier :
deux curieux au XXème siècle, les frères Sabatier d’Espeyran

Organisé à l’université Paul Valéry par le Centre d’histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, le colloque sur les érudits, collectionneurs et amateurs a été à l’origine de cette étude. Les années écoulées depuis cet événement ont permis d’apporter tout à la fois compléments bibliographiques et archivistiques et précisions factuelles à la communication qui avait été présentée le 15 mars 2003.

La double signification du mot « curieux » se trouve illustrée par deux représentants d’une famille d’ascendance montpelliéraine fixée à Paris, puisque Frédéric Sabatier d’Espeyran se consacre à la bibliophilie tandis que son frère cadet, Pierre, multiplie les expériences, s’essayant à l’analyse littéraire, à la réflexion juridique, à la composition musicale, à la création romanesque, à l’écriture théâtrale, tout en pratiquant le journalisme avant de s’engager dans la voie alors récemment ouverte, de la radiodiffusion. Ces dernières activités, comme la carrière diplomatique qu’avait d’abord entreprise l’aîné, révèlent la volonté de ne pas se contenter d’un enrichissement ancestral dont l’origine remonte au XVIIIème siècle.

C’est en 1727 que Jean Sabatier a fait le choix décisif en entrant dans les fournitures militaires.Mais les affaires familiales prennent une dimension beaucoup plus large avec Guillaume, le fils que lui a donné le 7 septembre 1730 Jeanne Pomier, épousée près de trois semaines plus tard, le 26. Installé en 1762 à Paris, le Montpelliérain s’intègre au groupe, étudié par Guy Chaussinand-Nogaret, des financiers de Languedoc. Ne quittant plus guère la capitale, il voit consacrer son ascension par sa nomination au poste de censeur de la Banque de France. À sa mort, survenue le 18 octobre 1808 dans son château d’Ors près de Palaiseau, il laisse avec une grosse fortune foncière, une collection, bientôt dispersée, de tableaux, première incursion des Sabatier dans le monde des arts. Guillaume n’a pas perdu le contact avec sa ville natale, où la mise en vente des biens nationaux lui a permis de succéder au chapitre cathédral comme propriétaire du domaine de Maurin sur les communes de Lattes et de Saint-Jean-de-Védas. Pour cette acquisition, il avait eu recours à un mandataire qui, après avoir emporté l’adjudication le 30 janvier, s’effaçait dès le 11 février 1791 à son profit et à celui de trois partenaires montpelliérains. L’un de ces derniers, Jean Allut, devait l’aider ensuite à s’assurer le vaste ensemble d’Espeyran où, près du Rhône, l’abbaye de Saint-Gilles pratiquait élevage, agriculture et viticulture. En 1792 c’était au tour de sa vieille mère veuve d’intervenir dans une transaction d’ordre privé de bien moindre envergure, l’achat de trois jardins potagers proches de la maison que la famille possédait déjà, hors des remparts, au faubourg de Lattes 1.

Parmi les divers héritiers de Guillaume, décédé sans postérité légitime, ses deux sœurs n’ont plus guère de besoins. Religieuse, Marie-Fortunée appartient à l’ordre de la Visitation. Quant à Marie, née le 14 décembre 1739, elle a attendu le 21 septembre 1791 pour se marier avec un cousin, le négociant Jacques-Guillaume Sabatier. Avec sa mère, elle s’est chargée de l’entretien et de l’éducation d’un neveu issu le 7 septembre 1785 de la liaison de son frère Jean-Baptiste et de Marie-Jeanne Bedeau. Cette dernière ne semble s’être occupée de l’enfant que pour en faire reconnaître la filiation le 11 octobre 1794 par un tribunal de famille conformément à la loi du 12 brumaire an II. L’année suivante, le jeune Félix se trouvait donc admis à prendre part à la succession, le 18 octobre 1795, d’un autre Jean-Baptiste Sabatier, un grand-oncle ancien prêtre de l’Oratoire, décédé le 2 mai précédent 2. Les soins et la fortune de la tante devenue veuve aident à surmonter les obstacles d’une naissance illégitime, du décès précoce du père, et du mariage postérieur de la mère avec le courtier marseillais Charles Corréard. Domicilié chez la septuagénaire, Félix Sabatier exerce la banque à Montpellier lorsqu’il épouse à Lunel, le 10 août 1812, la descendante d’une famille liée aux affaires de l’oncle Guillaume et du grand-père. Mais Aglaé-Jeanne-Sainte-Hermine Fournier de Servant est aussi la nièce de Jean-Antoine-Frédéric Roque, vicaire de Notre-Dame-des-Tables, une parenté qui a peut-être incité la paroissienne à pousser à cette alliance. La tante apporte, entout cas, une adhésion complète en venant à Lunel, malgré la faiblesse de sa vue, assister le même jour à la cérémonie civile et à la signature du contrat. Ce dernier intègre le cadeau qu’elle fait de sa portion, estimée à 100.000 francs, de l’ancien domaine de Maurin. Tout en se réservant l’usufruit, elle procure au neveu, par cette donation, la possibilité d’hypothéquer ces terres pour garantir la dot constituée à la future, 20.000 francs. Elle accueille par ailleurs le jeune ménage dans la maison qu’elle possède et habite dans ce qui est alors l’île Sainte-Foy, à proximité de l’hôtel du Gouvernement et de la place de la Comédie. Le banquier, qui n’a pas eu besoin de faire les frais d’une installation en ville, peut s’inscrire dans la ligne des acquisitions foncières de l’oncle Guillaume en achetant, fin 1816, au maréchal de camp Maynier, comte de La Salle, pour 80.000 francs, le château et le domaine de la Tour de Farges, près de 90 hectares sur les communes de Lunel-Viel, Valergues, Saint-Geniès-des-Mourgues. N’ayant pas renouvelé après 1817 la société qu’il avait constituée avec Charles-Noël Castanier et Jean-Pierre-Marie Dupin, il a déjà renoncé à son activité lorsqu’il meurt le 18 juillet 1818, à 32 ans, laissant trois garçons vivants sur les quatre nés depuis 1813. Dans l’inventaire de ses biens, une bibliothèque non négligeable tient d’autant plus de place qu’il n’a pas eu à se meubler, mais l’essentiel de cette grosse succession est constitué de valeurs mobilières et des deux domaines de Maurin et de la Tour de Farges. Prévus dès 1813, les legs aux institutions ecclésiastiques et charitables sont moins volumineux que ceux qu’effectue la vieille tante dont la religion est peut-être plus affirmée, mais surtout dont la fortune est encore bien plus considérable. La disparition prématurée de l’héritier présomptif amène, en effet, Marie Sabatier à faire rédiger par le notaire dès le 24 juillet, un testament qu’elle confirme le 26 octobre 1818, à la veille de mourir. Des trois petits-neveux, les deux derniers, Félix né en 1816, et François orphelin le mois même de sa venue au monde, reçoivent chacun 150.000 francs, des sommes qui s’ajoutent à leurs parts de l’héritage paternel pour leur assurer des vies de propriétaires rentiers. Légataire universel, Frédéric qui a vu le jour le 6 juillet 1813, succède par l’intermédiaire de sa grand-tante, au censeur Guillaume dans la possession d’importants biens immobiliers, la maison de ville, les terres et constructions au faubourg de Lattes près du manège récemment supprimé et, plus loin du noyau urbain, au quartier de Montels, mais surtout dans le Gard à Saint-Gilles le domaine d’Espeyran, autant de richesses échues à la sœur lors du partage effectué le 6 juillet 1809 à Paris, en l’étude Robin, de l’héritage fraternel 3.

C’est dans la capitale qu’il épouse, à l’été 1845, une Montpelliéraine, Marie-Claire-Léonie-Félicie Durand, petite-fille de deux frères, députés de la royauté censitaire, Durand-Fajon représentant de l’Hérault, et Augustin-Eudes-Joseph Durand élu des Bouches-du-Rhône. Cette alliance le rapproche de l’aristocratie, même si dans la belle-famille enrichie par le commerce, le titre de baron héréditaire ne remonte pas au-delà de 1816. À Montpellier, où il voit pourtant naître son fils Guillaume, le 24 septembre 1850, et où il meurt le 1er juin 1864, le grand propriétaire loge au boulevard Henri IV chez sa mère qui, remariée avec Charles Maynier de la Salle, se retrouve veuve de cet officier en retraite le 7 novembre 1860 et disparaît le 5 juillet 1866. Se partageant entre Paris et ses terres d’Espeyran, il adjoint le nom du domaine à son patronyme lors de son admission en 1858 à la Société centrale d’agriculture du département de l’Hérault comme associé non résidant, sans pouvoir faire de même pour son entrée dans la Légion d’honneur lorsque son activité lui vaut d’être nommé chevalier le 16 août 1859. S’il échoue, cette année-là comme encore en 1860, à faire légaliser cet usage, la « noblesse d’apparence » qu’il s’est ainsi conférée, le distingue des nombreux homonymes languedociens plus que de ses frères puînés à qui la longévité n’assure pas de postérité 4.

Portrait de M. François Sabatier par Eugène Deveria (1838)
Fig. 1 - Portrait de M. François Sabatier par Eugène Deveria (1838). Montpellier, Musée Fabre © Musée Fabre de Montpellier Agglomération / cliché F. Jaulmes.
Buste de Caroline Ungher. Montpellier, Musée Fabre (Hôtel de Cabrières - Sabatier d'Espeyran)
Fig. 2 - Buste de Caroline Ungher. Montpellier, Musée Fabre (Hôtel de Cabrières - Sabatier d'Espeyran) © Musée Fabre de Montpellier Agglomération / cliché F. Jaulmes.
Portrait de Mme François Sabatier (Caroline Ungher), par Louis-Gustave Ricard. XIXe siècle
Fig. 3 - Portrait de Mme François Sabatier (Caroline Ungher), par Louis-Gustave Ricard. XIXe siècle. Montpellier, Musée Fabre © Musée Fabre de Montpellier Agglomération / cliché F. Jaulmes.

Félix a épousé le 26 juillet 1842 Marie-Augustine, la fille du député maire de Montpellier, Zoé Granier, pour voir bientôt ce beau-père en proie aux déceptions politiques et aux difficultés financières. En 1855, les créanciers du manufacturier, victime de la crise industrielle, font vendre l’hôtel de Lunas que la famille Granier possédait, rue de la Valfère, depuis 1769. Le gendre, dont la fortune s’appuie sur le domaine de Maurin, rachète alors cette demeure prestigieuse que le couple habite jusqu’aux décès du mari le 25 avril 1894 et de la femme le 17 novembre 1898, pour la laisser ensuite à son neveu, Guillaume Sabatier d’Espeyran 5. Quant à François (Fig. 1), conduit en Italie par l’amour de l’art, il est devenu à Florence le 18 mars 1841, l’époux de la cantatrice Caroline Ungher, d’une quinzaine d’années plus âgée que lui (Fig. 2 et 3).

Après avoir accompagné la fin de la carrière de la Viennoise à Dresde, le voyageur visite la Grèce avec Dominique Papety en 1846, mais revient en Italie pour assister aux derniers moments d’un autre peintre de ses amis, Auguste Bouquet. La fille de ce dernier, Louise, est alors prise en charge par le couple Sabatier-Ungher. L’adhésion du riche bourgeois au fouriérisme s’est exprimée dans la décoration de son palais florentin. À Paris, elle conduit l’amateur de peinture à rendre compte pour la Démocratie pacifique, du salon de 1851. Cette même année 1851, François accueille à la Tour de Farges (Fig. 4), le poète allemand Moritz Hartmann, dont le journal de voyage en Languedoc évoque avec enthousiasme le château, le domaine, les hôtes, sans oublier la jeune Louise. Mais l’invité le plus illustre de Lunel-Viel est Gustave Courbet, reçu en 1854. Loin de se confiner dans le mécénat, François montre ses qualités de germaniste en publiant en 1859 deux traductions, à Paris celle de l’ouvrage de Ferdinand Gregorovius sur les tombeaux des papes romains, à Königsberg celle du Guillaume Tell de Schiller. Il partage d’ailleurs la fin de sa vie, après la mort de Caroline Ungher à Florence en 1877, entre la viticulture et la traduction du Faust de Goethe, un travail qui n’est publié qu’après son décès survenu le 1er décembre 1891 6.

Gustave Courbet, Vue de la Tour de Farges. XIXe siècle
Fig. 4 - Gustave Courbet, Vue de la Tour de Farges. XIXe siècle. Montpellier, Musée Fabre © Musée Fabre de Montpellier Agglomération / cliché F. Jaulmes.

Si Louise a reçu les biens détenus par François en Italie, la disparition des deux oncles a pour effet de regrouper les trois domaines de la Tour de Farges, Maurin et Espeyran entre les mains de Guillaume. Ce dernier se range ainsi parmi les gros propriétaires viticulteurs du Languedoc, même si ses déclarations de récoltes, dans les années précédant la deuxième guerre mondiale, ne le placent pas en tête à Lunel-Viel, encore moins dans les communes de Lattes ou Saint-Gilles où prédominent les grandes exploitations 7. Mais la fortune de l’arrière-grand-oncle, censeur de la Banque de France, comportait aussi une participation à la Compagnie des Mines d’Anzin, ce qui impliquait des relations étroites avec la famille Perier. Demeuré actionnaire de la société, Guillaume s’est trouvé conduit, dans la dernière décennie du XIXème siècle, à fonder ou acheter des journaux dans la capitale, l’Actualité, le Quotidien illustré, le Paris. Il s’agissait de soutenir Jean Casimir-Perier, porté à la tête du gouvernement en 1893 et de l’État en 1894, mais c’était après la démission du président de la république qu’il reprenait en 1897 un autre quotidien parisien, l’Éclair, pour l’abandonner à Ernest Judet au début de 1905. Après ces expériences décevantes, il ne semble plus s’être occupé de presse. Il s’est, en tout cas, tenu à l’écart d’un autre Éclair, le quotidien royaliste de Montpellier dont Élie Durand, cousin germain de sa mère, présidait le conseil d’administration de 1892 à 1904. Résolument anti-dreyfusard, Guillaume Sabatier d’Espeyran ne paraît pas avoir pour autant partagé les rêves de restauration monarchique des grands propriétaires montpelliérains 9. Son mariage en 1879 marquait-il une nouvelle étape vers le rapprochement avec l’aristocratie ? Le beau-père, Jean-François-Stanislas-Adolphe Le Barrois, était baron d’Orgeval, mais la noblesse de cette famille issue d’un marchand drapier de Bolbec ne datait que de 1819. Le fils de Marie-Claire-Léonie-Félicie Durand contractait en fait une alliance consanguine avec la fille de Claire-Augustine Creuzé de Lesser, et donc d’une cousine germaine de sa mère : les futurs étaient l’un et l’autre les arrière-petits-enfants de ce Durand qui fut député des Bouches-du-Rhône. Des quatre garçons qui naissent de leur union deux se passionnent pour la chasse : le second, Robert, et surtout le troisième, Guy, qui habite Espeyran. Ce dernier, bien que pourvu d’une descendance, notamment par sa fille aînée épouse du général d’aviation Henri de Bordas, fait don peu avant de mourir, du château, du mobilier et du parc à l’État qui entreprend là en 1970 la construction du dépôt de microfilms de sécurité des Archives nationales 9.

L’aîné des quatre frères, Frédéric, a vu le jour à Paris le 25 février 1880. C’est dans la capitale qu’après avoir préparé le baccalauréat à l’externat tenu par les jésuites 7 rue de Madrid, il obtient la licence ès lettres avec lamention « histoire » en 1899. Par ailleurs licencié en droit, il échoue au concours des Affaires étrangères en 1903. Admissible l’année suivante, il semble avoir été écarté à cause des opinions politiques de son père. Finalement reçu premier à sa troisième tentative en avril 1905, il débute dans la carrière comme attaché d’ambassade à Londres, mais est envoyé à Saint-Pétersbourg dès l’automne. Après un an en Russie, il est rappelé à Paris, à la direction des consulats et des affaires commerciales. La réforme qui fait disparaître cet organisme ne l’éloigne pas du ministère où il sert à la direction des affaires politiques et commerciales avec le grade de secrétaire de 3ème classe qui lui a été conféré le 14 août 1907. Affecté le 4 février 1909 à Londres, il retrouve quatre ans plus tard, Saint-Pétersbourg où il est promu à la 2ème classe en mars 1913. Lorsque le conflit éclate, il vient d’obtenir en mai son retour au Quai d’Orsay. Classé dans les services auxiliaires, il est mis à la disposition du ministre de la Guerre le 5 août 1914 pour la section du chiffre du cabinet. Il rejoint ensuite le commissariat général à l’information et à la propagande. Chevalier de la Légion d’honneur le 5 septembre 1919, il accède à la 1ère classe des secrétaires d’ambassade le 12 avril 1920 alors qu’il remplit à l’administration centrale les fonctions de rédacteur et ensuite de sous-chef de bureau. Ayant refusé une affectation à Washington, il est simultanément nommé conseiller d’ambassade et placé en disponibilité le 10 janvier 1922 pour être rayé des cadres dix ans plus tard. Les rares incidents qui jalonnent cette carrière, notamment la découverte de l’illégalité de la signature Sabatier d’Espeyran sur un acte d’état civil dressé à l’ambassade en Russie, ne suffisent pas à expliquer l’effacement d’un quadragénaire bien noté. Mais aux postes lointains, le célibataire semble avoir préféré le confort de l’hôtel natal du 9, rond-point des Champs-Élysées 10.

Dressé après sa mort par la Bibliothèque municipale de Montpellier sous la direction de Françoise Mourgue-Molines, et complété par les catalogues des expositions organisées par cet établissement, l’inventaire éclaire la démarche d’un bibliophile spécialisé dans le livre moderne illustré français. C’est dans cette catégorie que se rangent 625 des ouvrages légués à la ville, contre 14 livres précieux anciens et 29 recueils d’estampes. Reprendre le remarquable travail des bibliothécaires pour analyser l’apport des différents artistes reviendrait à reconstituer l’histoire d’un type particulier d’édition ou d’une forme d’art, puisque Frédéric Sabatier d’Espeyran n’a pas privilégié des préférences personnelles mais est parvenu à acquérir l’essentiel de la production dans son domaine de prédilection. Des 625 titres, 36 ont paru avant 1900, 56 de 1900 à 1914 à une époque où cet homme jeune n’avait ni le temps, ni les moyens d’acheter autant que par la suite. Les ex-libris des premiers possesseurs révèlent d’ailleurs que certains de ces ouvrages ont fait l’objet d’une acquisition postérieure de seconde main. Afin de proposer une chronologie de l’activité du collectionneur, les bibliothécaires ont procédé à un travail d’archéologues, faute d’archives et de témoignages sur un personnage qui ne fréquentait guère les autres amateurs, et comptait avant tout sur les visites à trois librairies parisiennes spécialisées pour assouvir sa « passion secrète ». En distinguant trois phases d’une quinzaine d’années chacune, F. Mourgue-Molines met en évidence l’égalité en volume des titres pour 1914-1929 et 1945-1960, soit 181 de part et d’autre contre 137 pour 1930-1944. Le creux de la période centrale résulterait-il d’un changement dans les conditions d’existence de l’ancien diplomate ? Le mariage le 22 juillet 1931 avec Olympe-Françoise-Marie-Renée de Cabrières (fig. 5 et 6) est l’union de deux quinquagénaires liés par une lointaine parenté puisqu’ayant des trisaïeuls communs, Augustin Creuzé de Lesser, préfet de l’Hérault sous la Réstauration, et son épouse. Bien que célébré à la mairie du 9ème arrondissement de Paris, il resserre les liens avec Montpellier. Petite-nièce du défunt cardinal évêque, l’épouse, dont la famille paternelle se rattache à une noblesse plus ancienne que celle des alliances des Sabatier au XIXème siècle, dispose avec sa mère veuve et sa sœur célibataire de l’hôtel bâti au début de la 3ème république par les grands-parents maternels d’Espous de Paul à l’angle de l’Esplanade et de la rue Montpelliéret. Habitué au luxe depuis l’enfance, le mari ne peut qu’apprécier cette demeure somptueusement meublée. Les séjours montpelliérains deviennent sans doute plus fréquents après 1938 : la mort du père donne alors la propriété et la responsabilité du domaine de Maurin à Frédéric. Le bibliophile ne s’éloigne pourtant pas durablement de la capitale où il meurt le 21 février 1965 dans l’appartement du 41 avenue Hoche qui abrite la collection. Mais les années 1930-1944 ont été celles d’une récession de l’édition de luxe. Apparue avec Auguste Poulet-Malassis, celle-ci a cherché à se définir dans les dernières années du XIXème siècle. Deux des principes affirmés en 1896 par Édouard Pelletan, la qualité littéraire du texte et l’attention particulière à la typographie, ont fait l’unanimité, ce qui ne fut pas le cas pour trois autres. Pelletan préconisait une illustration consistant à interpréter le texte et à décorer la page, tout en affirmant une préférence pour la gravure sur bois et une réserve à l’égard de la couleur. Or l’appel de plus en plus fréquent aux peintres, sous l’impulsion d’Ambroise Vollard à partir de 1900, mettait en cause ces deux objectifs. Quant au vœu de Pelletan d’extension du public, il fut rejeté par les autres éditeurs dans la mesure où la limitation du tirage devint le critère essentiel du livre d’art. Ce dernier, ou si l’on préfère la formule de Noël Clément-Janin, le « livre fait pour les bibliophiles », connut un essor remarquable après 1920 pour une clientèle très réduite, puisque capable de payer très cher des ouvrages fabriqués à 150 exemplaires ou souvent encore moins. Après 1929, la crise économique et les incertitudes politiques frappèrent durement les maisons spécialisées. De leur côté, les éditeurs de littérature renoncèrent à proposer leurs productions sous des formules illustrées de luxe. Fallait-il compter pour le maintien de l’activité, sur les éditeurs occasionnels que pouvaient être libraires, marchands de tableaux, amateurs, typographes, artistes etc. ? Ou bien sur les sociétés de bibliophiles publiant pour leurs adhérents ? 59 exemplaires nominatifs attestent l’appartenance de Sabatier d’Espeyran à une dizaine de ces organisations, dont le nombre, encore faible en 1920, se situe autour de la trentaine en 1932 comme en 1950. Le collectionneur n’a jamais ignoré cette pratique puisqu’il figurait dès 1904 parmi les souscripteurs d’une des premières réalisations de la Société du Livre d’Art, mais ses adhésions datent pour la plupart, de ses dernières années. Ne pouvant plus guère alors, du fait de son état de santé, assister aux manifestations prévues pour la sortie d’un livre, il s’est finalement peu mêlé à la vie de ces associations. À l’égard des éditeurs et des artistes, il a manifesté la même réserve, sans chercher à nouer les relations directes qui auraient pu se traduire par des exemplaires nominatifs ou des dédicaces. Il est d’ailleurs une catégorie dont il a choisi d’ignorer les travaux, alors même que l’essor de la bibliophilie avait, depuis la fin du XIXème siècle, suscité en France un renouveau de la reliure. Cette opération échappait à l’éditeur qui livrait l’ouvrage sous forme de feuilles séparées, et il revenait à l’acquéreur de recourir éventuellement aux services d’un relieur. Si dans la collection Sabatier d’Espeyran, la quasi-totalité de la production antérieure à 1914 est reliée, les publications postérieures sont restées dans leurs boîtes. Souci d’économie ? Certes non. Préoccupation de meilleure conservation ? Probablement. Mais peut-être aussi volonté d’une discrétion peu compatible avec l’appel aux relieurs. Ce n’est que tardivement que le bibliophile a acheté, de seconde main, dans des ventes publiques, des ouvrages reliés lorsque dans la perspective du legs à la bibliothèque municipale de Montpellier, il a entendu donner à son fonds, le caractère de représentation complète de l’art du livre contemporain. Tout en mettant au service de cet objectif la cession, le 30 octobre 1962, du domaine de Maurin dont il ne pouvait plus s’occuper, il a continué à rechercher les nouveautés puisque 34 de ses livres datent des années 1961-1964. La collection Sabatier d’Espeyran retrace ainsi l’histoire du livre d’art depuis les précurseurs que sont les rares ouvrages illustrés par des peintres du XIXème siècle, jusqu’à la dernière année de la vie du bibliophile. Le décès de ce dernier est bientôt suivi, le 4 mars 1967, de la disparition de sa veuve qui lègue à la ville l’hôtel familial avec le mobilier, et à l’École d’agriculture de Montpellier le vaste domaine du Chapitre sur la commune de Villeneuve-lès-Maguelone 11.

Frédéric Sabatier d'Espeyran. Portrait photographique, vers 1930
Fig. 5 - Frédéric Sabatier d'Espeyran. Portrait photographique, vers 1930. Montpellier, Musée Fabre © Musée Fabre de Montpellier Agglomération / cliché F. Jaulmes.
Olympe Françoise Marie Renée de Cabrières. Portrait photographique, vers 1930
Fig. 6 - Olympe Françoise Marie Renée de Cabrières. Portrait photographique, vers 1930. Montpellier, Musée Fabre © Musée Fabre de Montpellier Agglomération / cliché F. Jaulmes.

La démarche de Frédéric n’a visé aucun objectif de profit, ni pour lui-même, ni pour des légataires privés ou publics qui auraient pu bénéficier d’une vente aux enchères de pièces rares. Elle ne présentait pas le caractère spéculatif de l’acquisition des productions d’un jeune artiste encore peu connu, ou de la recherche des occasions de se procurer à relativement bas prix objets ou livres anciens. Elle n’offrait pas non plus les satisfactions immédiates d’une vanité ostentatoire puisque le collectionneur ne montrait guère ses trésors. Cet effort, poursuivi sans interruption pendant au moins quatre décennies, tendait finalement à constituer une véritable œuvre d’art à partir des travaux des artistes. Les revenus très importants qu’impliquait l’achat systématique des nouveautés en bibliophilie, étaient-ils nécessaires aux curiosités du plus jeune des frères de Frédéric ? Né dans l’hôtel du rond-point des Champs-Élysée le 1er décembre 1892, Pierre obtient lui aussi les deux licences de droit et d’histoire et géographie. Après cette dernière, il se tourne vers la littérature pour le diplôme d’études supérieures et le doctorat. Dégagé d’obligations professionnelles et militaires, il achève dès 1918 sa thèse principale sur l’esthétique des Goncourt, l’année suivante sa thèse secondaire esquissant, d’après la vie et les œuvres, la morale de Stendhal. Cet intérêt pour les romanciers français du XIXème siècle ne se dément pas puisqu’il donne, quelque trente ans plus tard, à une collection consacrée aux grands événements littéraires, une étude sur Germinie Lacerteux, bien avant de retracer, le 23 février 1970, à l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, « l’étrange destin de Guy de Maupassant ». C’est en cette occasion qu’il évoque, sans en préciser la date, la représentation en 1912 au théâtre du Vaudeville de l’adaptation de Bel Ami par Fernand Nozière. Enthousiasmé, le jeune Sabatier qui avait largement dépassé les douze ans, âge auquel son souvenir situe ce spectacle, aurait alors systématiquement recherché les œuvres d’un auteur qui, comme Flaubert, lui apportait par ailleurs « un parfum de Normandie », à une époque où les vacances le conduisaient régulièrement sur les côtes de la Manche, de part et d’autre de l’estuaire de la Seine. Héritage de cette jeunesse privilégiée, les conceptions aristocratiques de Pierre Sabatier, qui signe ses ouvrages sans référence à Espeyran, transparaissent au détour de ses deux thèses. En traitant des Goncourt, il affirme la nécessité d’« une sorte d’éducation du luxe, une éducation de l’élégance pour aimer à se servir d’objets raffinés et artistiques », ce qui « demande quelquefois plus d’une vie d’homme », et ce qui fait « que rarement les parvenus jouissent pleinement de leurs acquisitions » ; il souligne par ailleurs que « les formes artistiques s’opposent aux formes banales, les raffinées aux simples, les civilisées aux primitives, comme les classes élevées s’opposent aux classes sociales vulgaires, l’élite à la masse ». Dans celle-ci, la propagation du « beylisme, connu à sa naissance comme la doctrine d’une élite intellectuelle, (…) entretient une si dangereuse fermentation » qu’il est indispensable de connaître cet état d’esprit, « ne serait-ce que pour le combattre dans son principe même ». L’auteur qui justifie ainsi son travail sur Stendhal n’a en tout cas, par la soutenance en 1920 de ses thèses à la Sorbonne, pas plus recherché l’accès à une carrière universitaire qu’il ne considère le doctorat décerné le 20 novembre 1922 par la faculté de droit de Paris comme une étape vers le barreau ou la magistrature. Le sujet de cette troisième thèse est pourtant d’actualité puisque la déchéance de la puissance paternelle n’est vraiment apparue qu’en 1889 dans la législation française, jusque-là trop soucieuse des prérogatives des chefs de famille ; ne pouvant guère recourir systématiquement à cette mesure extrême, le juge s’est vu accorder par les lois des 19 avril 1898 et 15 novembre 1921, la possibilité de prononcer soit la simple privation du droit de garde, soit une déchéance partielle ne concernant que certains droits ou certains enfants. Mais le juriste choisit ensuite le silence dont il ne sort que soixante ans plus tard pour faire rééditer sans modification, comme ses ouvrages sur l’esthétique des Goncourt et la morale de Stendhal, cette étude simplement complétée en fin de volume par la mention des principaux textes postérieurs et la reproduction d’arrêts faisant jurisprudence 12.

Dès 1922, il s’est engagé dans une autre voie en publiant chez Albin Michel son premier roman, La Révoltée. Le domaine camarguais où se noue cette intrigue évoque sans doute davantage Espeyran que les environs immédiats des Saintes-Maries-de-la-Mer. L’héroïne, abandonnée par son époux, ne tarde pas à perdre le tout jeune fils sur qui elle a reporté son amour. Quant au voisin avec qui elle choisit alors de partir, « grand buveur, grand chasseur, gentleman farmer avec des goûts d’art et de littérature rares chez un homme de sa sorte », il représente peut-être l’image que les Sabatier aiment à se donner d’eux-mêmes. À l’occasion d’un séjour à Paris, cet amant mal aimé se trouve conduit par leur longue liaison à un duel dans lequel l’époux volage trouve la mort. La femme le quitte pour mener une vie mondaine dans la région napolitaine et rencontrer là, dix ans plus tard, un romancier parisien. Pour la première fois, elle peut espérer le bonheur d’un amour partagé mais, comprenant que le divorce auquel l’écrivain s’est décidé séparerait aussi un père et une fille, elle choisit le suicide. La présence du prêtre, à la fin comme au début, donne un ton proche de celui d’Henry Bordeaux à cet ouvrage qu’Albin Michel réédite en 1947 alors que Marcel L’Herbier se prépare à en proposer une adaptation cinématographique sur des dialogues de Jean Sarment 13.

Le clergé n’apparaît pas dans les trois romans postérieurs également publiés par Albin Michel, mais l’artiste peintre de La Comédie du mariage est comte comme le père de l’héroïne du Chemin de Cythère. Le premier qui habite une « demeure majestueuse » à Paris « sur la place Malesherbes », vient chez samarraine à Montpellier, dans « le château construit au XVIIIème siècle par le fermier général Vernier d’Aldo », se laisser marier par dépit à une fille de bourgeois parés d’une particule après enrichissement. L’absence de goûts communs étant bien vite apparue, il entame, de retour dans la capitale, une liaison avec celle qu’il n’a pas cessé d’aimer mais qui, elle-même mal mariée, refuse pourtant de divorcer. Il choisit de se réconcilier avec sa femme, mais c’est pour apprendre aussitôt que celle-ci attend un enfant adultérin. Quant au père de la seconde, « très cultivé lui-même, auteur de plusieurs ouvrages de philosophie et qu’une vie trop galante n’empêchait pas de s’intéresser à toutes les manifestations intelligentes », il a fait appel pour sa fille à une préceptrice de haut niveau : « dans l’atmosphère austère et faisandée de Sèvres, elle avait du même coup perdu la foi et gagné une morale rigide » qu’elle devait ensuite inculquer à son élève. Celle-ci, après la mort de ce père couvert de dettes, se place à son tour dans une famille de la noblesse romaine. C’est l’occasion de se laisser séduire par un attaché à l’ambassade de France. Même si « point ne lui avait été besoin de réussir au concours pour s’assimiler le ton impersonnel, fastidieux et discret des affiliés du quai », ce fils d’un commerçant enrichi, « malgré son intelligence et ses efforts d’adaptation, demeurait un homme du peuple pratique, ambitieux, sans élévation d’esprit ». Vite déçue, la jeune femme accepte la demande en mariage d’un aristocrate anglais. Le coup de feu, par lequel elle blesse grièvement son amant venu la reprendre, est mis sur le compte d’une tentative de suicide. Lorsque, de retour à Paris, elle croit devoir avouer la vérité à son fiancé, celui-ci se donne la mort, lui laissant un riche héritage qu’elle refuse. Après avoir pauvrement vécu de leçons particulières aux côtés de son ancienne préceptrice, elle retrouve son amant qui a quitté la diplomatie. Elle accepte alors de se faire entretenir par l’oncle de ce dernier, renonçant à une rigueur morale qui n’a provoqué que des malheurs 14.

C’est encore un noble qui est le héros ou plutôt la victime de Judith. Cet ancien combattant est introduit par un camarade de guerre auprès d’un financier véreux qui l’embauche. Il se laisse aller aux compromissions, d’autant qu’il devient l’amant de l’épouse de son patron, Judith. Il aide celle-ci à surmonter le scandale, bientôt suivi de la mort du banquier Harfstrong, en mettant à l’abri en Italie les moyens de chantage qui ont assuré la fortune de ce couple juif. Antérieur à l’affaire Stavisky puisque publié en 1928, le roman combine antisémitisme et hostilité au personnel politique. N’est-ce pas Clemenceau que visent les portraits d’un ancien ministre, protecteur d’Harfstrong ? « Jeandron le farouche droitier avait émergé d’abord à l’extrême gauche de la Chambre, vêtu d’un complet fort radical et muni de chaussures prolétaires », ou encore « Jeandron transmué en père de la patrie, et qui a oublié son passé de compromissions, apparaît porteur du glaive de la justice », une justice qui, en fait, sélectionne les coupables. Au service de l’espionnage français en Suisse, Harfstrong a fait condamner ceux dont il ne pouvait rien attendre. Quant à ceux à qui il a évité les poursuites, devenus ses obligés, ils l’aident, après la guerre, dans ses entreprises financières. Au-delà des changements de noms, le lecteur reconnaît sans peine des allusions aux procès Lenoir et Bolo, ou aux affaires Caillaux et Malvy. Le personnage de Judith n’est pas sans évoquer Mata Hari puisqu’il s’agit, avant la rencontre avec Harfstrong en Suisse pendant la guerre, d’une danseuse liée aux services secrets allemands. La révélation de ce passé conduit son jeune amant à refuser de profiter avec elle de ce qui reste de la fortune du disparu, pour rejoindre les spahis au Maroc d’où il revient, cinq ans plus tard, malade et alcoolique 15.

En 1930 au contraire, La Puissance du baiser présente un homme dénué de scrupules, puisque cet aristocrate décavé a au moins laissé mourir la jeune Brésilienne qui, déçue par leur mariage, se disposait à le quitter. Quant à l’amie de la victime, elle s’abandonne à celui en qui elle voit un assassin, pour mener avec lui grand train de vie, logeant dans « le palace de la place Vendôme » à Paris. Tout en méprisant le veuf qui s’efforce de récupérer l’héritage de la morte, l’amante use « les heures chez les couturiers, dans les exposition ». Au bout d’une année, elle est « devenue en apparence une de ces grandes internationales qui fêtent Christmas au Caire, le Carnaval à Cannes et le Grand Steeple à Paris, vont faire ressusciter à Londres la saison enterrée à Longchamp, quittent Deauville en même temps que les chevaux de courses, saluent l’équinoxe sur la côte des Basques et foulent à la Toussaint les feuilles jaunies dans la forêt de Fontainebleau ou dans celle de Compiègne, possédant mieux qu’un agent de Cook une mémoire précise remplie de noms d’auberges et de tableaux de changes ». Si elle soigne avec dévouement son amant victime d’un très grave accident de voiture, elle se détache physiquement de lui. Lorsqu’elle décide de l’abandonner, il est emporté par une hémorragie cérébrale 16. Ce roman, qui ne diffère guère des quatre précédents tant par les thèmes abordés que par les milieux évoqués, n’a pas été publié par le même éditeur. Sabatier a quitté Albin Michel, une maison alors bien placée dans la course aux prix littéraires, pour rejoindre Baudinière dont la production est moins prestigieuse. À défaut d’informations sur les raisons de la rupture, il faut se borner à constater que celle-ci paraît plutôt désavantageuse pour un romancier qui n’a obtenu aucune consécration et qui semble n’avoir jamais retenu sérieusement l’attention des académiciens Goncourt, même si La Puissance du baiser n’est pas oubliée en 1964 lorsque Fabien Collin en donne une peu fidèle adaptation cinématographique sous le titre Et la femme créa l’amour17.

Baudinière édite encore Vices en 1932. Dans l’avant-propos, l’auteur constate que « dans les années qui ont suivi le grand bouleversement de la guerre (…) des êtres trop nombreux ont glissé vers l’anormal ». Aussi s’est-il efforcé de signaler « un véritable danger social », et de « flétrir en les montrant sous leur véritable jour, ces vices injustement tolérés et qui portent en eux un germe de mort », afin d’« éclairer l’opinion sur ceux que l’on croit à tort des anormaux inoffensifs ». Par le sujet, ce « roman de mœurs » se distingue de ses prédécesseurs puisqu’il analyse la relation amoureuse qui s’établit entre un écrivain quinquagénaire et un jeune homme.Ancien normalien, le premier, « fils du petit recéleur juif » Weinberg, a d’abord vu l’intérêt financier qu’offrait l’accueil d’un riche orphelin dont les oncles célibataires n’entendaient pas s’occuper directement. Le milieu dans lequel évoluent les deux protagonistes n’est pas moins fortuné que celui où naissaient les amours hétérosexuelles antérieurement racontées, même si la famille de l’étudiant appartient au monde nouveau de la construction automobile. Complaisance ou souci d’information ? Le rigoureux moraliste décrit minutieusement les lieux de rencontre des homosexuels, Montparnasse, ou Venise en septembre. Quant à son jeune héros, s’il échappe à l’influence du précepteur inverti, c’est pour tomber dans l’opiomanie, à laquelle le conduit la femme entretenue que lui ont procurée les oncles. Après avoir été sauvé par l’intervention de son vieil amant, il retrouve, pendant son service militaire à Antibes, une amie, elle-même empêtrée dans une liaison homosexuelle. « Hélène avait peur de Tania, peur de la dépendance dans laquelle la tenait cette fille ambitieuse qui se servait du plaisir qu’elle donnait pour des causes mystérieuses. Tania appartenait à une doctrine, à une idée. Elle était un agent des Soviets et elle exploitait la fortune et la situation de son amie au profit de son parti. Hélène se sentait si faible, si désarmée que, tout en ayant horreur des convictions de la Russe, elle lui donnait les moyens de les propager. (…) En ce moment Tania groupait tous les antifascistes expulsés d’Italie et épars sur la Riviéra, essayant de provoquer des troubles, de les pousser à des actes de violence contre leurs nationaux demeurés fidèles au gouvernement et de créer ainsi des dissentiments entre les deux pays voisins. » Ces activités amènent l’expulsion de Tania du territoire français. Quant au sous-lieutenant qui fréquentait à Nice « plusieurs bars du Vieux-Quartier aux abords du port, hantés par des Anglais vicieux et des Américains blasés », il veut rompre avec le milieu homosexuel après la mort dramatique d’un jeune matelot au cours d’une orgie collective. Il se décide à épouser Hélène, mais celle-ci, au cours du voyage de noces à Londres, le quitte pour rejoindre Tania : « Cette guérison qu’il avait espérée et cherchée, il savait maintenant qu’il ne l’obtiendrait jamais » 18.

Proche d’André Gide par le sujet, le roman de Sabatier s’en éloigne, tant par les sympathies politiques que par la présentation de l’homosexualité comme un mal. Il ne semble pas avoir assuré grand succès à Baudinière que l’auteur quitte pour donner Vertus aux éditions des Portiques de moindre notoriété 19. Ce roman de 1933 reparaît en 1977 sous le nouveau titre d’Une demoiselle de Camargue, grâce à une maison parisienne peu prestigieuse, La Pensée universelle, qui a déjà accepté de rééditer Vices en 1973. Le mode de vie du père de la narratrice, se partageant « entre Arles et le mas de Vertois, grosse exploitation viticole située à peu de distance du petit Rhône, entre Fourques et Saint-Gilles », n’est pas sans rappeler celui des propriétaires d’Espeyran, mais l’héroïne ne tarde pas à perdre ses parents 20. Après avoir cédé à un jeune homme qu’elle n’aime pas, elle renonce à un avortement, grâce à son directeur de conscience, accouche à Paris d’une fille qu’elle élève à Neuilly comme une orpheline qu’elle aurait recueillie. Bien plus tard, la guerre la ramène à Arles et fait des deux femmes, des infirmières bénévoles. L’amour entre la jeune Alberte et un militaire blessé se heurterait à l’obstacle d’une naissance suspecte, si la mère ne retrouvait à l’hôpital, l’homme à qui elle avait refusé la paternité. Victime de la grippe espagnole, le moribond a le temps de procéder à une reconnaissance et de laisser un héritage propre à faire taire les préventions des bourgeois lillois, futurs beaux-parents. Le mariage éloigne la fille d’une mère qui, n’ayant pas cessé de se présenter comme adoptive, envisage en 1931 de détruire le journal intime, seule attestation du lien biologique demeuré inavoué.

L’année de cette réédition voit la Bibliothèque des Arts de Lausanne offrir une présentation plus luxueuse aux Nouvelles de Montmartre et d’ailleurs qui ont fini par sortir des tiroirs de l’auteur « grâce à l’encouragement amical du merveilleux peintre récemment disparu, André Dunoyer de Segonzac, qui choisit lui-même dans ses albums certaines gravures destinées à les illustrer et à rendre plus sensibles l’ambiance et les mœurs d’une époque révolue ». Les neuf intrigues ne se développent pas toutes dans le milieu de la prostitution montmartroise où évoluent l’étudiant victime d’un entôlage, le client qui se fait tuer pour avoir tenté de voler, le souteneur qui récupère une femme entretenue en avisant l’amant du rendez-vous qu’il est parvenu à se faire accorder, ou encore la malheureuse qui meurt dans la rue la nuit de Noël. Le mariage constitue l’argument de trois nouvelles, qu’il s’agisse de celui de l’aventurière qui déniche dans un asile de vieillards un authentique noble, bien vite abandonné dès qu’elle peut se parer du titre de marquise, ou de celui du jeune bourgeois dont la maîtresse délaissée vient aux noces pour se poignarder, ou encore de ce couple à qui un passage à Paris vaut une « tardive et trop brève lune de miel » quand l’époux se remémore l’amour autrefois porté à une femme depuis longtemps disparue. Le thème du secret réunit deux histoires apparemment fort différentes. Quoi de commun au premier abord entre la jeune femme riche qui, parvenue au succès littéraire en utilisant comme pseudonyme le nom de son institutrice, se désespère en voyant celle-ci profiter de cette notoriété pour publier à son tour, et le journaliste qui, à la recherche d’un scandale, parvient à surprendre sa maîtresse avec un magistrat, mais découvre qu’il s’agit de son propre père 21 ?

En 1979, la Bibliothèque des Arts reprend la formule de l’ouvrage illustré, ornant de gravures produites par Félix Vallotton de 1893 à 1898, Franzi. Un amour des années 20, où la rencontre au cours d’une soirée à Montmartre, d’une prostituée autrichienne et d’un saint-cyrien « aux parents plus riches d’ancêtres que d’écus » tourne à l’idylle, bien vite interrompue par la maladie et l’hospitalisation de la jeune femme. Au terme de ses 10 jours de permission, le militaire quitte Paris en emportant le regret de celle qu’il croit décédée, et qu’il retrouve un an plus tard à l’occasion d’une nuit dans la capitale : il « se sent subitement envahi par une invincible rancœur contre cette femme qui, n’étant pas morte comme il le croyait, le frustrait d’un souvenir si poétique ! » 22. Bien loin de Montmartre, l’hagiographie consacrée à sainte Roseline en 1929 et rééditée en 1954 et 1974 n’a pas engagé durablement Sabatier dans la littérature d’édification non plus que dans l’histoire. Si l’auteur a choisi d’évoquer cette moniale chartreuse qui vécut de 1263 à 1329, c’est parce qu’il est depuis le 23 juillet 1921, l’époux de Marie-Françoise-Marguerite de Villeneuve-Flayosc dont la famille, de vieille noblesse provençale, revendique la sainte comme une lointaine parente 23. Quinze ans après l’assassinat à Montpellier par une domestique, le 20 janvier 1968, de cette arrière-petite-fille, par les femmes, d’Albine de Vassal, comtesse de Montholon et compagne d’exil de l’empereur, le veuf propose en 1983 un condensé du « Contre-Mémorial de Sainte-Hélène » d’Hudson Lowe à l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier où il a été reçu par Pierre Jourda le 27 mai 1957 et dont il accueille les séances à l’hôtel de Lunas 24.

Plutôt qu’une volonté tardive de retour à sa spécialité de licence ès lettres, l’octogénaire manifestait en 1973 sa fidélité aux Goncourt en évoquant pour la Revue des Deux Mondes le comte d’Antraigues, et donc le mari de la cantatrice Saint-Huberty, elle-même objet d’un ouvrage d’Edmond. La communication de 1980 à l’Académie de Montpellier sur les sœurs Rinteau s’inscrivait dans la même ligne. Certes, ces deux actrices du XVIIIème siècle n’étaient pas parvenues à la consécration bibliographique posthume accordée par les deux frères à Sophie Arnould dès 1857, et procurée par le survivant à la Clairon et à la Guimard, mais l’historien occasionnel se laissait guider par ses auteurs de prédilection. Faut-il voir dans la conférence de 1981 sur Apollonie Sabatier, inspiratrice de Baudelaire, le prolongement vers le XIXème des travaux des Goncourt sur la femme au XVIIIème siècle ? Ou la curiosité pour une prétendue homonyme 25 ? Quoi qu’il en soit, le regard porté sur les vedettes de la scène du XVIIIème siècle est celui d’un passionné de théâtre. En 1974, Pierre, décidément peu précis dans la chronologie de ses souvenirs de spectateur, prétend avoir, dès l’âge de six ans, découvert Sarah Bernhardt dans Les Bouffons. La création de la pièce de Miguel Zamacoïs n’étant pas antérieure au 25 janvier 1907, il a dû attendre sa quinzième année pour admirer celle dont il allait suivre la carrière finissante 26.

Pourtant ce n’est pas comme auteur mais comme compositeur que Pierre débute à la scène avec La Méprise ou le galant couturier, une opérette dont il doit le livret à Adhémar de Montgon. Cet écrivain, avant de devenir un fournisseur prolifique de littérature enfantine et l’époux de Thérèse Lenôtre, cherche encore sa voie et, comme son futur partenaire Charles Quinel, il exerce entre autres, l’activité de librettiste. Quant au théâtre du Perchoir qui aurait accueilli la pièce en 1924, il semble n’avoir eu, sous ce nom, rue du Faubourg Montmartre, qu’une brève et obscure existence, principalement marquée par la création en avril 1923, d’une opérette tirée d’un roman de Courteline, Les Linottes. L’œuvre de Sabatier et Montgon suffisait-elle à constituer tout le spectacle ? Le 18 mai 1933, elle reparaît comme élément d’une hétéroclite tétralogie construite pour occuper une matinée du Studio des Champs-Élysées 27. L’expérience met fin en tout cas à la collaboration du musicien et du parolier, le premier se tournant vers la comédie dramatique, plus proche des thèmes du romancier, pour présenter Le Démon de la chair en trois actes au théâtre des Arts du 29 octobre au 27 novembre 1927. En tenant le rôle de l’épouse dont l’adultère provoque la mort du vieux mari, Suzanne Delvé inaugure une longue coopération avec Pierre Sabatier. Pour écrire cette pièce qui est éditée l’année suivante par Baudinière, ce dernier s’est associé à un débutant, Victor de La Fortelle, qui publie ensuite trois romans et deux essais chez Ferenczi 28. Il n’attend pas, pour sa part, quinze mois pour une nouvelle création, celle au théâtre de la Potinière le 9 février 1929 de L’Amour à la blague. Dans cette comédie cynique qui tient l’affiche jusqu’au 31 mars, Suzanne Delvé tient l’un des deux emplois de mondaine sans scrupule 29.

Elle n’incarne pas Judith dans l’adaptation du roman de ce nom que Sabatier donne au théâtre de la Renaissance du 21 mars au 15 juin 1930, Business, que les Œuvres libres accueillent dès le mois d’août. Interprète du personnage moins important de Diane d’Aiguebelles, elle retrouve ce même rôle à l’écran où Jacques Copeau, qui conservera un mauvais souvenir de l’expérience, prend avec Mireille Balin, le relais d’Henri Rollan et Véra Sergine pour figurer le couple corrupteur. À ce film, distribué en 1938 sous le titre de La Vénus de l’or, le romancier et dramaturge ne paraît pas prendre de part directe, laissant Jean-Louis Bouquet écrire le scénario pour Charles Méré et Jean Delannoy. De ces deux partenaires, le second, alors aux débuts d’une brillante carrière, serait en dépit des indications du générique, seul responsable de la mise en scène. Né à Marseille le 29 janvier 1883, dédicataire du Chemin de Cythère en 1926, le fécond auteur de théâtre qu’est le premier, a vu adapter ses pièces pour l’écran dès l’avènement du parlant ; en s’engageant plus activement dans le cinéma, il joue plutôt le rôle de producteur, sans parvenir d’ailleurs ultérieurement à s’imposer comme réalisateur. Pierre, que Delannoy évoque comme « un auteur peu connu et sans grand talent mais ayant une belle villa à Saint-Cloud », échappe à la tentation de la caméra, se contentant de collaborer à deux films d’espionnage, Sous le casque de cuir d’Albert de Courville, en 1931, comme scénariste, et Un soir par hasard d’Yvan Govar, en 1963, comme dialoguiste 30.

L’année 1931 est celle de la création le 28 mai, de Sex Appeal où Suzanne Delvé joue encore la « mondaine intrigante » au théâtre de la Renaissance jusqu’au 5 juillet. À cette quatrième pièce, la seconde publiée par les Œuvres libres, a collaboré une « femme du monde qui porte un nom de la haute aristocratie » qu’elle dissimule sous le pseudonyme de Blanche Enia 31. Cette discrétion suffit à la distinguer de la grande électrice à l’Académie française et de l’épouse complaisante d’un prétendu écrivain que sont Ces dames le 16 mars 1934, toujours avec le concours de Suzanne Delvé. Jusqu’au 15 avril, cette comédie en trois actes reste à l’affiche du théâtre desArts où elle a ramené Sabatier 32. Celui-ci, à vrai dire, n’est pas là non plus le seul auteur puisqu’il a écrit cette satire des milieux littéraires avec un autre homme aux multiples curiosités, Charles Oulmont 33. Ces affinités expliquent-elles la prolongation de l’association pour Tu crois avoir aimé que le théâtre Antoine propose du 25 mai au 19 juin et du 4 octobre au 13 novembre 1938 et que publie la Petite Illustration ? Les deux collaborateurs se retrouvent bien plus tard à la Société des Gens de Lettres : Sabatier qui siège au comité de 1965 à 1972, est élu au bureau à plusieurs reprises et notamment en 1967 lorsqu’Oulmont, doyen d’âge puisque né le 1er novembre 1883, est porté à la vice-présidence 34. La participation active aux instances dirigeantes de cette organisation traduit-elle un sentiment d’appartenance au milieu des professionnels de l’écriture ? Les droits d’auteur ne constituent qu’une faible part des ressources d’un propriétaire qui, après la mort du père, dispose de l’hôtel de Lunas et devient membre associé de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault en 1940 tout en conservant un domicile parisien. Les revenus fonciers de Pierre semblent plus modestes que ceux de son frère aîné Frédéric qui, membre associé en 1941, est bientôt élu titulaire. Ils pèsent en tout cas beaucoup plus que ce qu’a pu rapporter la collaboration à la presse, une activité que paraît confirmer la dédicace de La Comédie du mariage à Jean-José Frappa, romancier et auteur dramatique mais aussi collaborateur de Comœdia et surtout directeur du Monde illustré35 ?

Après Égarements, que programme le théâtre Antoine du 7 juin au 9 juillet 1939 et qu’insèrent les Œuvres libres de mai 1940, Sabatier renonce à la production de pièces originales longues. Seule œuvre postérieure de cette catégorie, la comédie en trois actes J’ai régné cette nuit que publie en 1967 l’éditeur genevois Paul-Fabien Perret-Gentil, développe un argument fourni par le journaliste, romancier et auteur radiophonique suisse Georges Hoffmann : dans le cadre fictif de la Renaissance italienne, l’amour et la poésie triomphent des pouvoirs établis. Elle est représentée au théâtre Hébertot du 16 octobre au 16 novembre 1970 en dépit d’une condamnation sommaire proférée par le critique du Monde36. L’écrivain n’a pourtant pas abandonné la scène et encore moins l’art du dialogue puisqu’il persévère dans deux voies ouvertes dès avant 1939, celle des pièces en un acte d’une part, celle des adaptations d’œuvres étrangères de l’autre. Le 23 mai 1933, le petit théâtre Albert 1er a adjoint Contact à une pièce de Blanche Enia, Antoinette Claquevent, un spectacle qui ne semble pas être demeuré longtemps à l’affiche 37. Cet acte n’est pas repris dans les Quatre comédies qu’édite Perret-Gentil en 1963 et qui incluent les deux compléments de programme du théâtre Antoine de mai 1938 et de juin 1939 que l’Avant-scène a publiés en 1956 et 1958. Le Souper de Venise n’est d’ailleurs pas exactement une comédie puisque ce dialogue entre deux agents soviétiques chargés de se surveiller mutuellement, se termine par le meurtre de la femme abattue par l’homme que, tombée amoureuse, elle vient de se refuser à tuer. Suzanne Delvé à qui ce rôle avait été confié a été ensuite l’interprète et la dédicataire de Charmante enfant. Cette pièce montre la déception d’une cantatrice qui, après avoir retrouvé sa fille adulte, renonce à prendre le repos qu’elle entendait lui consacrer, et accepte un engagement propre à satisfaire les besoins de cette jeune femme intéressée. Créé en décembre 1960 à Radio Lausanne avant d’être donné deux ans plus tard avec le concours de S. Delvé sur les ondes nationales françaises, Réveillon n’est pas sans analogie avec ce sujet puisque la veuve, qui a d’abord choisi de passer la soirée avec son fils et les amis de ce dernier, comprend bien vite qu’elle est de trop. Surprise-partie qui reprend le thème classique du trio, deux hommes et une femme, reparaît en 1965 dans l’Avant-scène. Théâtre sans avoir jamais fait l’objet d’une diffusion publique 38.

L’auteur est pourtant loin d’être étranger au milieu radiophonique. Loin du secteur de l’information établi à Vichy, il a dirigé à Marseille, rue Roux de Brignoles, le service des émissions dramatiques, avant d’être porté à l’automne 1942, à la tête de tout l’« artistique parlé » de la Radiodiffusion nationale 39. C’est sur France Culture qu’est diffusée Histoire de fous que suivent sur les mêmes ondes, Psychiatrie le 10 juin 1971, En famille le 13 juin 1973, et Fait divers le 6 novembre 1974, trois émissions produites par Suzanne Delvé. Celle-ci interprète dans Psychiatrie, le rôle de la mère de ce malade qui, bien que déclaré guéri et accompagné d’une infirmière pour le retour chez ses parents, se jette par la fenêtre à la fin de l’acte. C’est sur un ton plus ironique qu’Histoire de fous présente l’arrivée chez un promoteur immobilier aux abois, d’un providentiel investisseur qui se révèle être échappé d’un hôpital psychiatrique. En famille et Fait divers relatent chacun la rupture de deux bourgeoises, une jeune célibataire et une épouse plus âgée, avec des amants peu scrupuleux 40. Ces pièces en un acte trouvent plus facilement leur place sur les ondes que sur les planches où elles ne pourraient exercer que l’aléatoire fonction de complément de programme. Ce n’est pas nécessairement le cas pour les adaptations de l’allemand, de l’anglais ou encore de l’italien, un genre que Sabatier pratique depuis 1934 et que, quasi-nonagénaire, il ne se résigne pas à abandonner. En créant Manèges le 5 octobre, la Comédie des Champs-Élysées a pourtant été loin d’obtenir un succès comparable à celui que Berlin avait assuré à Vorstadttragödie : la version française de ce drame naturaliste du jeune auteur Klaus Herrmann ne tient pas l’affiche au-delà du 4 novembre 1934 41.

Est-ce à la compétence du germaniste que fait appel l’Éclair en demandant en 1936 un compte rendu du congrès de Nuremberg à Sabatier ? Celui-ci n’appartient ni à la rédaction, ni au groupe des collaborateurs extérieurs réguliers du quotidien montpelliérain. C’est l’esthète qui évoque ces « revues inconcevables par le nombre, par le faste et par la discipline, impressionnantes d’ordre, d’harmonie et d’art, réalisées par un metteur en scène génial ». Est-ce encore lui qui s’exprime lorsque « la statue tranquille d’Hitler apparaît dans une torpedo » ? L’écrivain s’essaie en tout cas à l’analyse politique de la diatribe de Goebbels contre le communisme et les juifs : « Les récents événements donnèrent à ce discours une portée plus impressionnante encore, l’orateur ne se contentant pas d’énoncer des idées, mais citant des faits, accusant des hommes, n’hésitant pas à prononcer des noms et donnant ainsi à réfléchir à ceux qui par intérêt ou par goût voudraient se montrer des amis trop dévoués des Soviets russes ou des gouvernementaux espagnols » 42. Cet homme de culture qui partage les inquiétudes de l’extrême droite, ne dispose pas contre la fascination du nazisme, du recours à la germanophobie traditionnelle. Repentir ou opportunisme ? Dans les années d’après-guerre, il traduit deux auteurs antihitlériens et juifs. Qu’il s’agisse de procéder à une réparation ou de donner des gages au public, il n’y a certes pas de raison de s’attacher à la critique des généralisations abusives de Freud plutôt qu’à quelque ouvrage du fondateur de la psychanalyse. Mais lit-on alors Emil Ludwig pour se préserver contre l’esprit de système du neurologue viennois, ou pour retrouver l’intellectuel connu en France dès 1933 comme l’adversaire intransigeant du nationalisme allemand ? Quant au roman de Feuchtwanger Waffen für Amerika, paru à Amsterdam en deux volumes en 1947 et 1948, et retraçant la genèse de l’alliance entre la France de Louis XVI et les insurgés américains, il se situe résolument dans l’esprit des Lumières comme les autres ouvrages de cet exilé. Ces deux traductions ont-elles recueilli une audience appréciable ? Le Freud démasqué n’a pas été réédité dans les décennies suivantes qui ont vu le triomphe de la psychanalyse. Quant au choix d’un titre plus explicite que celui de L’Émissaire pour le récit des intrigues de Beaumarchais et de Franklin, il paraît indiquer que l’édition de 1952 était bien oubliée en 1977 43. Le nazisme se trouve directement dénoncé par Max Frisch dans Als der Krieg zu Ende war, à travers le destin d’un couple berlinois dont le mari a été l’un des bourreaux des juifs de Varsovie. L’adaptation que donne Sabatier au Studio des Champs-Élysées du 25 avril au 9 juin 1953, de cette pièce créée quatre ans plus tôt à Zurich, porte le titre d’Agnès, comme dans les Œuvres libres qui l’accueillent en septembre ; se rapprochant de la dénomination originale, elle devient La Guerre était finie aux éditions lausannoises de l’Aire en 1984 44.

Le traducteur n’avait pas abordé d’auteur classique à la scène avant la fin du conflit mondial, les Illustrations pour Faust du musicien Emmanuel Bondeville témoignant d’une première adaptation de Goethe pour les ondes en 1942 45. Créé à Genève le 9 septembre 1949, présenté par Raymond Hermantier au théâtre Marigny de Paris du 27 avril au 11 mai 1954, Egmont trouve encore de nouveaux interprètes sur les ondes du Programme national français le 6 octobre suivant. Le 4 septembre 1961, le Suisse Paul Pasquier se charge du rôle-titre à la faculté de médecine de Montpellier, mais les participants du 11ème congrès des sociétés de philosophie de langue française ne peuvent guère apprécier sa mise en scène, les intempéries imposant le repli du spectacle de la cour intérieure vers la salle des actes. Il conserve la même distribution deux mois plus tard au théâtre de Lausanne, une ville qui devient le troisième pôle de la vie de Sabatier. L’année suivante au festival de Chaalis, Egmont est repris les 16, 17 et 18 juin par Maurice Guillaud qui le donne ensuite au théâtre Montansier de Versailles en matinée et en soirée le 19 octobre 1962. Publiée peu après à Lausanne, l’adaptation de Sabatier conserve le découpage original en cinq actes, mais modifie la structure de ces derniers en fondant certaines scènes, tout en réduisant considérablement les propos tenus par les personnages 46. Il ne s’agit donc pas d’un simple travail de traduction, mais de l’intervention d’un homme de spectacle, avec le souci de la fidélité à l’auteur certes mais aussi de l’adhésion du public. Celui-ci accueille-t-il plus facilement les productions anglaises comme la pièce que Margaret Kennedy a tirée de son roman The Fool of the family ? Dès 1936, Sabatier en a procuré l’adaptation aux Pitoëff installés depuis 1934 au théâtre des Mathurins. Créé à Bruxelles avant d’être représenté à Paris du 13 mai au 12 juin et de paraître dans la Petite Illustration, Tu ne m’échapperas jamais ne figure pas parmi les réalisations les plus remarquables de l’illustre couple 47. Dix-neuf ans plus tard, la télévision, avec une nouvelle distribution bien sûr, présente cette adaptation le 25 juin, un peu plus de trois mois avant que le théâtre Monceau, proche du terme d’une assez brève carrière, ne donne Felicity du 5 octobre 1955 au 1er janvier 1956. Cette transposition de Relative values de Noël Coward paraît aussitôt dans les Œuvres libres qui, de septembre 1954 à décembre 1957, publient aussi les traductions proposées par Pierre de trois nouvelles de ce même auteur. Elle est reprise par la 2ème chaîne française de télévision pour le 2 mars 1973 48.

C’est avec le scénariste et réalisateur de cinéma Noël Langley que Robert Morley, plus connu sans aucun doute comme acteur que comme dramaturge, a écrit Edward my son, dont la création le 20 mai 1947 marqua le début de l’un des grands succès du théâtre londonien de l’après-guerre. Du 8 au 15 novembre 1962, la version française due à Sabatier et mise en scène par Maurice Guillaud, affronte le public du théâtre Montansier. Pour l’adaptateur, cette comédie cynique, dont les multiples tableaux échelonnés de 1919 à 1947 retracent l’ascension d’un arriviste poussé à l’origine par l’amour paternel, constitue le véritable point de départ d’une coopération prolongée avec Marcelle Tassencourt, l’une des interprètes, mais surtout la directrice de la salle versaillaise depuis l’année précédente, et l’épouse depuis 1944 de Thierry Maulnier 49. Cet académicien collabore à l’adaptation du drame de Friedrich Hebbel, Agnès Bernauer que M. Tasssencourt donne du 14 au 26 juin 1965, en alternance à l’Odéon, alors Théâtre de France, puis avec une distribution partiellement renouvelée, au Vieux-Colombier du 28 février au 10 avril 1966. Vedette d’Édouard mon fils, Jacques Dumesnil, l’un des acteurs habituels des productions versaillaises, tient dans les deux salles le rôle du vieux duc Ernest. En mars 1970, au Théâtre de la Musique, il participe à la reprise par M. Tassencourt de l’adaptation d’Egmont. S’il ne joue pas dans Médée que Sabatier tire de la tragédie de Grillparzer et que M. Tassencourt monte au théâtre Montansier le 11 avril 1972, il est sur cette même scène le 21 janvier 1979 au premier rang des interprètes de L’Avocat du Diable. La version française que ThierryMaulnier et Sabatier proposent de la pièce tirée par l’Américain Dore Schary du roman de MorrisWest, reparaît bientôt, du 9 mai au 2 juin, au théâtre Tristan Bernard dans la même mise en scène de M. Tassencourt. Les deux écrivains ont retrouvé là un cadre italien après leurs précédentes rencontres du Marchand de Venise et de L’Homme, la bête et la vertu. Sur la scène versaillaise où elle a été créée le 14 octobre 1972, leur adaptation du drame de Shakespeare, avec Claude Dauphin dans le rôle de Shylock, a totalisé 16 représentations le 6 février 1973 avant de rejoindre à la fin de ce mois, Paris et le théâtre Édouard VII pour y demeurer à l’affiche jusqu’à la mi-avril, et paraître, comme Médée, chez Perret-Gentil. En revanche, la transposition de l’œuvre de Pirandello, donnée au théâtre Montansier le 18 février 1975, puis à la Gaîté Montparnasse du 16 avril au 18 mai suivant, semble demeurer inédite, n’ayant même pu comme L’Avocat Diable ou Agnès Bernauer, se contenter de l’Avant-scène50.

Un recensement systématique des emprunts de Sabatier à la dramaturgie étrangère s’avère d’autant plus difficile que n’ont pas été publiées les productions radiophoniques. Tout en s’assurant une audience plus large, ces dernières n’ont pas bénéficié du même écho que les ouvrages qui ont affronté la rampe. Quoi qu’il en soit, le traducteur a tardé à aborder le théâtre italien, essentiellement Goldoni, une attente pour le moins surprenante de la part d’un auteur dont les héros de tous les premiers romans, de La Révoltée à Vices, voyageaient au-delà des Alpes quand ils ne s’installaient pas durablement près de Naples, à Rome, ou à Venise. Ce n’est qu’en août 1966 que la compagnie Paul Pasquier a créé à Lausanne, l’adaptation de L’Avare fastueux, comédie d’ailleurs écrite en français par l’auteur vénitien. Perret-Gentil en édite le texte en 1970, conjointement avec celui d’Il Bugiardo devenu Le Menteur que l’Avant-scène vient alors de publier en juin. Cette version où Pasquier avait tenu le rôle de Pantalon, le père de Lelio, au parc Mon Repos de Lausanne le 20 août 1968, avait été reprise l’année suivante par M. Tassencourt, d’abord à l’hôtel d’Aumont du 5 au 14 juin dans le cadre du festival parisien du Marais, puis à la Renaissance du 1er octobre au 4 novembre 1969, avant d’être recueillie par le théâtre Édouard VII du 16 janvier au 12 février 1970. Sabatier s’était borné à ajouter, au terme de l’action, l’arrivée de la Romaine séduite par Lelio, et à raccourcir les propos des personnages. Il n’a pas eu besoin d’effectuer cette dernière opération pour Il Servitore di due padroni où les échanges sont plus rapides, et que M. Tassencourt présente au théâtreMontansier le 29 février 1980 sous le titre d’Arlequin serviteur de deux maîtres, mais il a ici retouché la fin du premier acte. Quant à La Locandiera qui a conservé sa dénomination originale, elle n’a subi que quelques coupures dans l’adaptation parue chez Perret-Gentil après la création en plein air à Marseille les 26 et 27 juin, et la reprise du 24 septembre au 11 octobre 1970 au théâtre Hébertot, qui allait la proposer à nouveau du 13 juin au 5 juillet 1972 51.

Le nonagénaire, Pierre ne renonce pas à l’écriture. Les aquarelles et les dessins d’Yves Brayer rapprochent des ouvrages rassemblés par le frère aîné, les Impressions d’Italie qu’il signe en 1984, cinq ans avant de mourir à Lausanne le 29 août 1989. La reliure, le prix, le tirage, ne situent pourtant pas dans le domaine propre de la bibliophilie, ces douze évocations qui, de Milan à Naples, expriment l’attachement de l’auteur au pays, en dépit de l’absence du Sud péninsulaire et des deux grandes îles 52. Cet ouvrage tardif témoigne de l’état d’esprit d’un collectionneur d’émotions dont l’éclectisme, même limité à la culture de l’Europe occidentale, n’a pas impliqué moins de temps et finalement de moyens que la passion unique et dispendieuse de l’aîné. Sans avoir toujours vécu en propriétaires rentiers, les deux frères ont eu la possibilité de se contenter de gérer une fortune déjà acquise qu’ils n’ont pas cherché à accroître, préférant la quête des satisfactions esthétiques et la consécration montpelliéraine du mécénat, Pierre n’ayant pas ménagé ses bienfaits au musée Fabre, aux Archives départementales de l’Hérault et à l’Académie des Sciences et Lettres. Ont-ils vu dans ce retour au Languedoc ancestral et ce comportement aristocratique, la justification a posteriori des prétentions familiales à la noblesse d’apparence ?

Notes

1. Patrick Lacourt, Une entreprise montpelliéraine au XVIIIème siècle : la maison Sabatier 1749-1808, maîtrise, histoire, Montpellier, 1971. Guy Chaussinand-Nogaret, Les Financiers de Languedoc au XVIIIème siècle, Paris, 1970. Romuald Szramkiewicz, Les Régents et censeurs de la Banque de France nommés sous le Consulat et l’Empire, Genève, 1974, p. 366-378. Thierry Claeys, Dictionnaire biographique des financiers en France au XVIIIème siècle, 2ème édition, 2 vol. Paris, 2009, t. 2, p. 939-942. Fortuné Giacomini, Louis Perrier, « Le Mas de Maurin », Mémoire d’oc. Groupe d’études languedociennes, n° 18, avril 1992. Arch. dép. Hérault, mariage le 26 septembre de Jean Sabatier et Jeanne Pomier, et baptême le 10 octobre 1730 de leur fils Guillaume à Montpellier, Notre-Dame-des-Tables ; 2 E 57/681, élection d’amis par Pierre Montels, 11 février 1791 ; 2 E 62/281, achat le 5 mai, bail consenti pour les jardins le 30 mai, et élection d’ami par la veuve Sabatier, née Pomier, le 18 juillet 1792. François Rouvière, L’Aliénation des biens nationaux dans le Gard, Nîmes, 1900, p. 66-67 et 346. Alain Venturini, « Le site d’Espeyran à Saint-Gilles de l’Antiquité à nos jours », Les Bibliophiles nîmois, 1994, p. 20-26. Nous n’avons pas exploité l’important fonds qui, donné par Pierre Sabatier d’Espeyran et classé aux Archives départementales de l’Hérault sous les cotes 2 J 1 à 2 J 288, éclaire les affaires de la famille aux XVIIIème et XIXème siècles.

2. Arch. dép. Hérault, baptême le 16 décembre 1739 et mariage le 21 septembre 1791 de Marie Sabatier à Montpellier, Notre-Dame-des-Tables ; baptême le 8 septembre 1785 de Jean-Baptiste-Félix, de parents inconnus, à Montpellier, Notre-Dame-des-Tables ; L 6344, jugement arbitral du 20 vendémiaire an III ; décès à Montpellier le 2 mai 1795 (acte du 14 floréal an III) de Jean-Baptiste Sabatier ; 2 E 62/287, partage entre cousins de la succession Sabatier, 26 vendémiaire an IV.

3. Arch. dép. Hérault, 2 E 42/204, contrat de mariage Sabatier-Fournier de Servant, 10 août 1812 ; 2 E 42/407, vente par Jean-Charlemagne Maynier comte de La Salle, et son épouse, à Jean-Baptiste-Félix Sabatier, 29 décembre 1816 ; 2 E 62/331, transcription du testament olographe de J. B. F. Sabatier en date du 15 février 1813 le 21 juillet 1818, testament de Marie Sabatier, 24 juillet 1818, et confirmation de ce testament, 26 octobre 1818 ; 2 E 62/309, inventaires des successions de J. B. F. Sabatier, 31 juillet-8 août 1818, et de Marie Sabatier, 3 novembre-20 novembre 1818 ; mariage à Lunel le 10 août 1812 de J. B. F. Sabatier et Aglaé-Jeanne-Sainte-Hermine Fournier de Servant ; naissances à Montpellier le 6 juillet 1813 (acte du 7) de Guillaume-Jean-Baptiste-Marie-Frédéric, le 20 octobre 1814 (acte du 21) de Jean-Baptiste-Marie-Fortuné, le 18 juin 1816 (acte du 19) de Marie-Michel-Jean-Félix, le 2 juillet 1818 (acte du 3) de Marie-Jean-Baptiste-François Sabatier ; décès à Montpellier le 18 juillet 1818 (acte du 20) de Jean-Baptiste-Félix, le 27 octobre 1818 de Marie Sabatier. Louis Grasset-Morel, Montpellier, ses sixains, ses îles et ses rues, ses faubourgs, Montpellier, 1908, réédition, Nîmes, 1989, p. 319-327 et 372-373. G. Chaussinand-Nogaret, Les Financiers […], p. 260-261. Lionel Dumond, « Les banquiers héraultais sous le Second Empire », Liame, n° 6, 2000, p. 83-144. Sur Jean-Charlemagne Maynier (alias Meynier) comte de La Salle, marié à Montpellier le 20 mars 1806 avec Jeanne Violet de Vèvres (Arch. dép. Hérault) : Georges Six, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l’Empire (1792-1814), t. 2, Paris, 1934, p. 420, et Pierre Clerc (dir.), Dictionnaire de biographie héraultaise, t. 2, Montpellier, 2006, p. 1323.

4. Vicomte Albert Révérend, Les Familles titrées et anoblies au XIXème siècle. Titres, anoblissements et pairies de la Restauration 1814-1830, 6 vol., Paris, 1901-1906, 2e édition, Paris, 1974, vol. 1, t. 2, p. 487-488. Marthe Durand de Girard, Trois cents ans de souvenirs. Récits d’une grand’mère à ses petits-enfants, Perpignan, 1940, p. 100-117 et 232-238. Louis Bergeron et Guy Chaussinand-Nogaret (dir.), Grands notables du Premier Empire, fascicules 5, Hérault par Henri Michel, Paris, 1980, p. 106-110, et 6, Pyrénées-Orientales par Geneviève Gavignaud, Paris, 1980, p. 131-133. Arch. dép. Hérault, naissance à Montpellier le 23 août 1819 (acte du 24) de Marie-Claire-Léonie-Félicie Durand ; publications à Montpellier les 29 juin et 6 juillet 1845 de la promesse de mariage entre celle-ci, domiciliée à Paris, et Guillaume-Jean-Baptiste-Marie-Frédéric Sabatier ; naissance à Montpellier le 24 septembre 1850 (acte du 25) de Félix-Guillaume Sabatier ; décès à Montpellier le 7 novembre 1860 de Charles Maynier de la Salle, le 1er juin 1864 de Guillaume-Jean-Baptiste-Marie-Frédéric Sabatier, le 5 juillet 1866 (acte du 6) d’Aglaé-Jeanne-Sainte-Hermine Fournier de Servant. Arch. nat., LH 2428/8, dossier Sabatier. Société centrale d’agriculture de l’Hérault. Livre d’or publié à l’occasion du centenaire de la société, Montpellier, 1900, p. 78. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire français, Paris, 2000, p. 474.

5. Arch. dép. Hérault, naissance le 17 décembre 1822 (acte du 18) et mariage le 26 juillet 1842 à Montpellier de Marie-Augustine Granier avec Marie-Michel-Jean-Félix Sabatier, décès à Montpellier de ce dernier le 25 avril 1894 et de M.-A. Granier le 17 novembre 1898. Pierre Sabatier, « Hôtel de Lunas à Montpellier (Hérault) », Vieilles maisons françaises, octobre 1975, n° 66, p. 13-16. Albert Leenhardt, Vieux hôtels montpelliérains, Bellegarde, 1935, réédition, Paris et Genève, 1984, p. 177-183. Société centrale d’agriculture. Livre d’or […], p. 57 et 456.

6. François-Xavier Amprimoz, « Un décor "fouriériste" à Florence », Revue de l’art, n° 48, 1980, p. 57-67 ; « Les Femmes à la fontaine de Papety et le style néo-grec », La Revue du Louvre et des musées de France, n° 3, 1984, p. 196-203. Pierre Sabatier, « Un des meilleurs élèves d’Ingres trop tôt disparu : Dominique Papety (1815-1849) », Bulletin de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier (désormais, B.A.S.L.M.), 1979, p. 148-155 ; « Gustave Courbet (1819-1877) », B.A.S.L.M., 1976, p. 75-88. Moritz Hartmann, Tagebuch aus Languedoc und Provence, 2 vol., Darmstadt, 1853, t. 1, p. 3-40. Josef Smets, « Quatre voyageurs allemands à Nîmes (XVIIème – XIXème siècles) », Annales du Midi, 1998, p. 71-87. Jean Claparède, « Le séjour de Courbet à la Tour de Farges », Bulletin des Amis de Gustave Courbet, n° 7, 1950, p. 1-12. Gustave Courbet, Paris, 2007, p. 196-197. Arch. dép. Hérault, décès à Lunel-Viel le 1er décembre 1891 (acte du 2) de Marie-Jean-Baptiste-François Sabatier. Sur les publications de François Sabatier : Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, t. 159.

7. Annuaire de l’Hérault et des vignobles du Midi, 1937, 2ème partie, p. 179-181, 252, 259.

8. JacquesWolff, Les Perier : la fortune et les pouvoirs, Paris, 1993, p. 69-71, 93-95, 104-107. Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral, Fernand Terrou (dir.), Histoire générale de la presse française, t. 3, Paris, 1972, p. 345, 346, 363 et 382. Odette Hardy-Hèmery, « Le pouvoir dans l’entreprise : actionnaires et dirigeants dans les sociétés du Nord, 1880-1960 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, octobre-décembre 2001, p. 77-101. Roland Andréani, La Presse quotidienne de Montpellier des origines à 1944, thèse, lettres, Toulouse, 1989, p. 772 et 946.

9. VicomteAlbert Révérend, Les Familles […], vol. 1, t. 1, p. 120-121. Marthe Durand de Girard, Trois cents ans […], p. 48-49, 82-84, 117-120, 232-238 et 240-243. Journal officiel de la république française. Lois et décrets, 21 février 1964, p. 1786. Philippe Lazerme, Nobleza catalana, t. 1, Perpignan, 1975, p. 189. Ferréol de Ferry, « Le dépôt central de microfilms d’Espeyran », La Gazette des archives, 1973, p. 143-157.

10. Arch. Paris, 8ème arrondissement, naissance le 25 février 1880 (acte du 28) de Félix-Adolphe-Guillaume-Frédéric Sabatier. Arch. min. Affaires étrangères, personnel 2ème série 1360, dossier Sabatier. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, 8ème édition, 2 vol., Paris, 1985, t. 2, p. 86. Jean Baillou (dir.), Les Affaires étrangères et le corps diplomatique français, 2 vol., Paris, 1984, t. 2, p. 82 et 152-155.

11. Mentions marginales sur l’acte de naissance de Frédéric Sabatier, du mariage, et du décès survenu dans le 8ème arrondissement de Paris. Ville de Montpellier. Bibliothèque de Frédéric Sabatier d’Espeyran, Montpellier, 1965. Bibliothèque de Frédéric Sabatier d’Espeyran Montpellier Musée Fabre 15 janvier – 8 février 1966, Montpellier, 1966. Ville de Montpellier. Bibliothèque municipale. Collection Sabatier d’Espeyran. La vie quotidienne. Musée Fabre 25 mars-30 avril 1978, Montpellier, 1978. Gravures de Picasso (Fonds Sabatier d’Espeyran). Musée Fabre Août-septembre 1973, Montpellier, 1973. 1919-1939. 20 ans de bibliophilie dans la collection Frédéric Sabatier d’Espeyran, Montpellier, 1991. Françoise Mourgue-Molines, Le Livre illustré moderne à travers deux donations récentes : le Cabinet de Madame Louis Solvay à la Bibliothèque Royale de Belgique et la Collection Frédéric Sabatier d’Espeyran à la Bibliothèque Municipale de Montpellier, Montpellier, 1969 ; « La collection Frédéric Sabatier d’Espeyran à la Bibliothèque municipale de Montpellier. Le livre illustré moderne », Impressions du Sud, mars 1985, p. 31-34 ; « La collection Frédéric Sabatier d’Espeyran à la Bibliothèque municipale de Montpellier », L’Œil, juillet-août 1992, p. 48-53. Jacques Guignard, « À propos de la collection Frédéric Sabatier d’Espeyran : les livres d’art modernes dans les bibliothèques municipales de province », Bulletin des bibliothèques de France, 1967, p. 427-453. « La passion secrète de Frédéric Sabatier d’Espeyran », Connaissance des arts, juin 1966, n° 172, p. 106-111. Bulletin d’informations de l’Association des Bibliothécaires français, 1966, p. 33 et 151-152. Roger Chartier et Henri-Jean Martin (dir.), Histoire de l’édition française, t. 4, Le Livre concurrencé, Paris, 1986, réédition, Paris, 1991, p. 419-463. Noël Clément-Janin, Essai sur la bibliophilie contemporaine de 1900 à 1928, 2 volumes, Paris, 1931-1932. François Chapon, Le Peintre et le livre, Paris, 1987. Robert Brun, Le Livre français, Paris, 1969. Isabelle Jacquin, « D’Amsterdam à Montpellier, l’histoire illustrée de la famille Despous de Paul », Bulletin historique de la ville de Montpellier, 2002, n° 26, p. 26-32. Jérôme Farigoule, Isabelle Groux de Mieri, Hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espeyran. Département des Arts décoratifs du musée Fabre, Paris, 2010. Gérard Cholvy, Le Cardinal de Cabrières (1830-1921). Un siècle d’histoire de la France, Paris, 2007, p. 24-25. F. Giacomini, L. Perrier, « Le Mas de Maurin », Mémoire […].

12. Arch. Paris, 8ème arrondissement, naissance le 1er décembre 1892 (acte du 3) d’André-Marie-Auguste-Pierre Sabatier. B.A.S.L.M., 1991, p. 415-425. Pierre Sabatier, L’Esthétique des Goncourt, Paris, 1920, réédition, Genève, 1970, p. 14, 369 et 632 ; Esquisse de la morale de Stendhal d’après sa vie et ses œuvres, Paris, 1920, réédition, Aran (Suisse), 1973, p. 3 et 117 ; Germinie Lacerteux des Goncourt, Paris, 1948 ; « L’étrange destin de Guy de Maupassant », B.A.S.L.M., 1970, p. 21-39 ; La Déchéance de la puissance paternelle et la privation du droit de garde, Paris, 1922, réédition, Paris, 1982. Edmond Stoullig, Les Annales du théâtre et de la musique 1912, Paris, 1913, p. 187-190.

13. P. Sabatier, La Révoltée, Paris, 1922, réédition, Paris, 1947, p. 40. Anne Buttin, Henry Bordeaux romancier savoyard 1870-1963, Chambéry, 1990. Maurice Bessy, Raymond Chirat, Histoire du cinéma français. Encyclopédie des films 1940-1950, Paris, 1986. Noël Burch, Marcel L’Herbier, Paris, 1973, p. 128 et 171.

14. P. Sabatier, La Comédie du mariage, Paris, 1924, p. 12 et 63 ; Le Chemin de Cythère, Paris, 1926, p. 9, 13, 20 et 49.

15. P. Sabatier, Judith, Paris, 1928, p. 159 et 164.

16. P. Sabatier, La Puissance du baiser, Paris, 1930, réédition, 1945, p. 144, 145 et 149-150.

17. R. Chartier et H.-J. Martin, Histoire de l’édition […], t. 4, p. 260-261. Léon Deffoux, Chronique de l’académie Goncourt, Paris, 1929. M. Bessy, R. Chirat, André Bernard, Histoire du cinéma français. Encyclopédie des films 1961-1965, Paris, 1991.

18. P. Sabatier, Vices, Paris, 1932, p. 7, 98, 217, 218, 222, 316.

19. P. Sabatier, Vertus, Paris, 1933.

20. P. Sabatier, Une demoiselle de Camargue, Paris, 1977, p. 11.

21. P. Sabatier, Nouvelles de Montmartre et d’ailleurs, Lausanne, 1977, p. 5 et 25.

22. P. Sabatier, Franzi. Un amour des années 20, Lausanne, 1979, p. 10 et 99.

23. P. Sabatier, Sainte Roseline, moniale chartreuse (1263-1329), Paris, 1929, rééditions, Paris, 1954, et Marseille, 1974. Mairie de Roquefort-La Bédoule (Bouches-du-Rhône), naissance le 11 février 1891 (acte du 12) de Marie-Françoise-Marguerite de Villeneuve-Flayosc, fille d’Henri-Léonce, chef de bataillon en disponibilité, chevalier de la Légion d’honneur, 57 ans, et de Marie-Renée-Napoléone-Clémentine-Albine-Faustine-Philomène de Bonfils de Rochon de La Peyrouse, 38 ans, avec mentions marginales d’un premier mariage contracté à Nice le 16 mai 1910 avec Marie-Auguste-Eustache-Hugues de Choiseul-Praslin et du décès survenu à Montpellier le 20 janvier 1968. Mention marginale sur l’acte de naissance de Pierre Sabatier, du second mariage célébré à la mairie du 8ème arrondissement de Paris.

24. Midi libre (édition de Montpellier), 21 janvier p. 4 et 7, 22 janvier p. 4, 25 janvier p. 6, 27 janvier 1968 p. 8. René Maury, Albine. Le dernier amour de Napoléon, Paris, 1998. Académie des sciences et lettres de Montpellier. Séance du 27 mai 1957. Réception de M. Pierre Sabatier. Remerciement du récipiendaire et réponse de M. Pierre Jourda, Montpellier, 1957. « Le Contre-Mémorial de Sainte-Hélène par Sir Hudson Lowe (adaptation française condensée de Pierre Sabatier) », B.A.S.L.M., 1983, p. 159-175.

25. P. Sabatier, « Le comte d’Antraigues. Un grand aventurier sous la Révolution et l’Empire », La Nouvelle Revue des Deux Mondes, octobre, 1973, p. 74-89 ; « Les Goncourt. Le grenier d’Auteuil », B.A.S.L.M., 1973, p. 8-28 ; « Deux reines de beauté au XVIIIème siècle », B.A.S.L.M., 1980, p. 115-129 ; « Une inspiratrice de Baudelaire, Apollonie Sabatier dite la présidente », B.A.S.L.M., 1981, p. 21-29.

26. P. Sabatier, « Souvenirs de Sarah Bernhardt », B.A.S.L.M., 1974, p. 38-55. E. Stoullig, Les Annales du théâtre et de la musique 1907, Paris, 1908, p. 267-270.

27. Rappelée en 1991 à l’Académie de Montpellier (B.A.S.L.M., 1991, p. 415-425) par le successeur de Sabatier, Jacques Balp, la création de 1924 n’a laissé de trace, ni dans le Temps, ni dans l’Illustration, qui ignorent le théâtre du Perchoir, non plus que dans les ouvrages consacrés à l’opérette. Nic Diament, Dictionnaire des écrivains français pour la jeunesse 1914-1991, Paris, 1993, p. 405-406, 482-484 et 559-560. Christian Amalvi, Répertoire des auteurs de manuels scolaires et de livres de vulgarisation historique de langue française de 1660 à 1960, Paris, 2001, p. 206 et 233. Florian Bruyas, Histoire de l’opérette en France 1855-1965, Lyon, 1974, p. 450, 451 et 459. Emmanuel Haymann, Courteline, Paris, 1990, p. 220-221. Le Temps, 15 mai 1933 p. 3.

28. Le Temps, 30 octobre p. 5, 2 novembre p. 4, 28 novembre 1927 p. 4. P. Sabatier et Victor de La Fortelle, Le Démon de la chair, Paris, 1928. V. de La Fortelle, Je cherche une femme, Paris, 1929 ; Je cherche de l’or, Paris, 1931 ; La Famille Pébroque, Paris, 1935 ; La Matière nous dépasse. Essai sur la vie sociale contemporaine, Paris, 1932 ; La Matière et les corporations, Paris, 1935. Sur le théâtre des Arts, plus tard Hébertot, boulevard des Batignolles : J. Hillairet, Dictionnaire […], t. 1, p. 157.

29. L’Illustration, 23 février 1929 p. 198. Le Temps, 10 février p. 4 et 5, 18 février p. 2, 31 mars 1929 p. 5. Sur le théâtre de la Potinière, rue Louis-le-Grand : J. Hillairet, Dictionnaire […], t. 2, p. 54.

30. L’Illustration, 5 avril 1930 p. 460. Le Temps, 22 mars p. 6, 31 mars p. 3, 16 juin 1930 p. 4. Sur le théâtre de la Renaissance, boulevard Saint-Martin : J. Hillairet, Dictionnaire […], t. 2, p. 463-464. Les Œuvres libres, n° 110, août 1930, p. 151-260. Jacques Copeau, Journal 1901-1948, t. 2, Paris, 1991, p. 629. Jean Delannoy. Filmographie, propos, témoignages présentés par Claude Guiguet, Emmanuel Papillon, Jacques Pinturault, Aulnay-sous-Bois, 1985, p. 15.André Siscot, Les Gens du cinéma, Bruxelles, 1994, réédition, 1998, p. 757. M. Bessy, R. Chirat, Cinémathèque royale de Belgique, Histoire du cinéma français. Encyclopédie des films 1935-1939, Paris, 1987 ; Histoire du cinéma français. Encyclopédie des films 1929-1934, Paris, 1988. M. Bessy, R. Chirat, A. Bernard, Histoire […] 1961-1965. Jean Tulard, Dictionnaire du cinéma. Les réalisateurs, 10ème édition, Paris, 2007, p. 406.

31. L’Illustration, 13 juin 1931 p. 274. Le Temps, 29 mai p. 4, 6 juillet 1931 p. 3. Les Œuvres libres, n° 157, juillet 1934, p. 133-224.

32. L’Illustration, 31 mars 1934 p. 372. Le Temps, 17 mars p. 6, 18 mars p. 6, 16 avril 1934 p. 5.

33. Sur Charles Oulmont : Who’s who in France 1967-1968, et Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, t. 128.

34. L’Illustration, 11 juin 1938 p. 230. Le Temps, 26 mai p. 5, 20 juin p. 5, 5 octobre p. 6, 14 novembre 1938 p. 7. La Petite Illustration. Théâtre, n° 446, 1er octobre 1938. Charles Oulmont, Œuvres. Théâtre, t. 2, Pièces en plusieurs actes, Strasbourg et Paris, 1970, p. 219-308. Sur le théâtre Antoine, boulevard de Strasbourg : J. Hillairet, Dictionnaire […], t. 2, p. 532. Geneviève Py, Éphéméride de la Société des Gens de Lettres de France de 1888 à 1987 (Extraits des procès-verbaux), Paris, 1988, p. 411, 415, 420, 428, 434, 439, 442, 448, 454, 460, 548.

35. Bulletin de la société centrale d’agriculture et des comices agricoles du département de l’Hérault fondée en 1799, janvier 1939-décembre 1941 p. 14-15, janvier 1948 – décembre 1951 p. 73 et 75. Claire Pascal, Portraits d’écrivains, Paris, 1979, p. 65-70. Sur Jean-José Frappa : Dictionnaire de biographie française, t. 14, col. 1120-1121.

36. Le Temps, 8 juin p. 6, 10 juillet 1939 p. 5. Les Œuvres libres, n° 226, mai 1940, p. 203-256. Georges Hoffmann et P. Sabatier, J’ai régné cette nuit, Genève, 1967. Roger Francillon (dir.), Histoire de la littérature en Suisse romande, Lausanne, 1998, p. 202-203. Le Monde, 17 octobre p. 24, 21 octobre p. 28, 17 novembre 1970 p. 24.

37. L’Illustration, 17 juin 1933 p. 259. Le Temps, 22 mai p. 3, 25 mai p. 6, 12 juin 1933 p. 3. Sur le théâtre qui, rue du Rocher, a porté les noms d’Albert 1er, Tristan Bernard et Charles de Rochefort : J. Hillairet, Dictionnaire […], t. 2, p. 355 et 755.

38. P. Sabatier, Quatre comédies, Genève, 1963. L’Avant-scène, n° 120, p. 33-38 ; n° 176, 15 juin 1958, p. 39-44. L’Avant-scène. Théâtre, n° 328, 15 février 1965, p. 48-51.

39. Hélène Eck, « À la recherche d’un art radiophonique » dans Jean-Pierre Rioux (dir.), La Vie culturelle sous Vichy, Bruxelles, 1990, p. 269-292. J. Copeau, Journal […], p. 629. Christian Brochand, Histoire générale de la radio et de la télévision en France, t. 1, Paris, 1994, p. 590. Jean-Michel Guiraud, La Vie intellectuelle et artistique à Marseille à l’époque de Vichy et sous l’occupation 1940-1944, Marseille, 1987, p. 110-111.

40. L’Avant-scène. Théâtre, n° 484, 1er décembre 1971, p. 33-38 ; n° 531, 15 décembre 1973, p. 31-34 ; n° 588, 1er juin 1976, p. 37-40 ; n° 652, 15 juin 1979, p. 35-39.

41. Le Temps, 6 octobre p. 5, 7 octobre p. 5, 22 octobre p. 2, 6 novembre 1934 p. 5. Deutsches Literatur-Lexikon, 3ème édition, t. 7, Berne, 1979, p. 1018-1019.

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44. Le Monde, 26-27 avril p. 6, 28 avril p. 12, 10 juin 1953 p. 12. Les Œuvres libres, n° 88 (nouvelle série), septembre 1953, p. 243-308. Max Frisch, La Guerre était finie, Lausanne, 1984.

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48. Le Monde, 26-27 juin p. 6, 6 octobre p. 12, 12 octobre 1955 p. 12, 1er-2 janvier 1956 p. 6, 25-26 février 1973 p. 14. Philippe Chauveau, Les Théâtres parisiens disparus 1402-1986, Paris, 1999, p. 403-404. Les Œuvres libres, n° 100, septembre 1954, p. 3-54 ; n° 116, janvier 1956, p. 219-302 ; n° 127, décembre 1956, p. 4-74 ; n° 139, décembre 1957, p. 47-58. Philip Hoare, Noël Coward. A biography, Londres, 1995.

49. L’Avant-scène. Théâtre, n° 291, 1er juillet 1963, p. 1-36. Le Monde, 3 novembre p. 13, 10 novembre 1962 p. 19. A. Siscot, Les Gens […], p. 640 et 787. Raymond Lefèvre, Roland Lacourbe, Trente ans de cinéma britannique, Paris, 1976, p. 400-401. Agnès Bigault, L’ « Humaine condition ». Thierry Maulnier, humaniste du XXème siècle, thèse, lettres, Paris 4, 1998.

50. L’Avant-scène. Théâtre, n° 364, 15 septembre 1966, p. 1-32 ; n° 652, 15 juin 1979, p. 1-34. Le Monde, 11 juin p. 17, 18 juin p. 14, 25 juin 1965 p. 15, 1er mars p. 28, 10-11 avril 1966 p. 14, 1er-2 mars p. 20, 6 mars p. 12, 29-30 mars 1970 p. 12, 12 octobre p. 22, 15-16 octobre p. 16, 19 octobre p. 22, 26 octobre p. 31, 2 novembre p. 14, 16 novembre p. 23, 1er décembre p. 21, 22 décembre 1972 p. 31, 2 février p. 21, 23 février p. 20, 24 février p. 24, 12 avril p. 26, 13 avril 1973 p. 24, 19 février p. 22, 17 avril p. 26-27, 24 avril p. 20, 18-19 mai 1975 p. 18, 10 mai p. 27, 3-4 juin 1979 p. 16. Franz Grillparzer, Médée, Genève, 1972. Sur le Théâtre de la Musique, anciennement Gaîté : P. Chauveau, Les Théâtres […], p. 275-286. Sur les théâtres, Édouard VII dans la rue du même nom, et de la GaîtéMontparnasse, rue de la Gaîté : J. Hillairet, Dictionnaire […], t. 1, p. 469 et 563. William Shakespeare, Le Marchand de Venise, Genève, 1974.

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