Entre mutualisme et diffusion musicale,
la Mutuelle des Musiciens de Montpellier (1910-1914)

* Docteur en Musicologie – CRISES Université Montpellier III

« Ce fut donc un beau concert, une belle heure vécue dans de l’harmonie, qui promet par ses résultats financiers, de faire vivre des heures de repos et de calme aux cigales – devenues prévoyantes – fatiguées d’avoir trop chanté 1. »

En décembre 1909, la Mutuelle des Musiciens de Montpellier (MMM) est fondée à l’initiative d’Armand Granier, directeur du Conservatoire de la ville. Après les deux arrêts successifs de l’activité symphonique montpelliéraine – de la Société des Concerts Symphoniques de Montpellier (SCSM) 2 en 1903, puis de la Schola Cantorum en 1909 – cette Association reprend le flambeau du concert public tout en s’inspirant des principes de la mutualité pour servir des prestations à ses musiciens adhérents. A compter de novembre 1910, elle se trouve en concurrence avec la Société Charles Bordes 3, organisant cinq concerts annuels, puis en 1913, avec l’Association artistique de Montpellier, dirigée par le chef d’orchestre du Grand-Théâtre, Léon Delort. Comme dans toute ville française, l’espace de la musique couvre plusieurs secteurs. Opéras et pièces de théâtre sont représentés au Grand-Théâtre (actuel Opéra-Comédie) tandis que deux music-halls et deux cinémas (Pathé Cinéma et Athénée Cinéma) se partagent les divertissements plus légers. Leur public est-il musicien « amateur » ? La pratique musicale apparaît comme le premier loisir culturel dans la préfecture de l’Hérault : on dénombre 104 professeurs particuliers de musique, faisant vivre trois luthiers et deux négoces de musique 4, tandis qu’une quinzaine de chorales et d’harmonies maillent les quartiers 5.

De février 1910 jusqu’à la Grande Guerre, cinq saisons de la MMM se succèdent, placées sous les auspices de la cantatrice Emma Calvé, qui vient d’aménager dans la villa Harmonie à Montpellier, au 72 avenue de Lodève 6. Sous la plume d’un auditeur du concert inaugural, en exergue de cette étude, l’allusion aux cigales est doublement spirituelle car elle renvoie d’une part au logo de cigale et à la devise d’Emma Calvé, empruntée au poète félibre T. Aubanel : « Qui chante son mal enchante ! ». D’autre part, la prévoyance est bien le but poursuivi par la première mutuelle montpelliéraine en faveur de la profession musicale. (Fig. 1)

Comment se fonde cette Mutuelle, et quelle programmation bâtissent le chef, ses invités et les 60 musiciens locaux dans la salle de concerts du Théâtre ? Quelle réception la presse locale et nationale accorde-t­elle à cette activité autant musicale que sociale ? Comment s’exerce le mutualisme de la société ? Les sources (lacunaires) de cette société, conservées aux Archives municipales de Montpellier et aux Archives de l’Hérault, forment le socle de notre investigation, enrichie du dépouillement de périodiques héraultais.

La villa Harmonie à Montpellier, architecte Emile Leenhardt.
Fig. 1 - La villa Harmonie à Montpellier, architecte Emile Leenhardt. (cliché Chateauneuf)

Une programmation ambitieuse dans la salle des Concerts du Théâtre

Armand-Cyprien Granier
Fig. 2 - Armand-Cyprien Granier
(fonds privé Granier-André)

L’initiative émane du directeur du Conservatoire, Armand-Cyprien Granier (1864–1933) appartenant à une dynastie de musiciens montpelliérains particulièrement dynamiques 7. (Fig. 2)

Né à Montpellier le 16 février 1864, « fils de Cyprien Granier, [il est le] petit-neveu d’Armand Granier, deux chefs d’orchestre qui tinrent respectivement la baguette avec autorité et distinction : l’un à l’Opéra Français de La Haye, l’autre à Montpellier 8 ». Après avoir exercé au Théâtre de La Haye, il devient professeur à l’École Nationale de Musique de Montpellier en 1903, puis directeur et en charge des classes d’ensemble dès novembre 1905 9. En choisissant pour « présidente d’honneur » la cantatrice Emma Calvé, alors au zénith de sa renommée dans l’Ancien et le Nouveau monde, Granier mise sur le succès de son entreprise. D’autant que l’artiste, d’origine aveyronnaise, est loin d’être inconnue pour les publics montpelliérains : elle s’est produite lors des Assises du Chant populaire l’été 1906, à l’instigation de Charles Bordes (1863-1909), créateur d’une antenne montpelliéraine de la Schola Cantorum. Le chroniqueur de La Vie montpelliéraine réactive le retentissement de cette manifestation :

« Elle vint pour la première fois à Montpellier en 1906 sur les instances du regretté Charles Bordes, prêter son concours désintéressé aux fêtes organisées à l’occasion d’un congrès de la Chanson populaire. Le pittoresque de notre cité lui plut, et c’est chez nous qu’elle fit construire une magnifique et somptueuse villa, au style florentin, désignée sous le nom de « villa Harmonie », où elle reçoit dans ses moments de loisir les notabilités artistiques, mondaines, littéraires et scientifiques qui apprécient les charmes de son caractère et le vif intérêt de ses conversations. [Un admirateur 10.] »

Quel lieu, quelle fréquence de concerts et quelle programmation sont choisis par la MMM ? Quels en sont les acteurs ?

Le Lieu

C’est tout naturellement dans la salle des Concerts du Grand-Théâtre (actuelle salle Molière de l’Opéra-Comédie) que les concerts se déroulent, alors que ceux de la Schola Cantorum, d’obédience catholique, occupaient une salle non municipale (Saint-Ravy). Dans la semaine qui suit l’enregistrement de la MMM à la préfecture, le prêt de la salle est sollicité par le président auprès du maire.

« Monsieur le Maire […], j’ai l’honneur de vous demander également si, pour les répétitions d’ensemble, il nous serait possible d’avoir la jouissance de la Salle des Concerts. Ces répétitions auraient lieu le dimanche matin et ne seraient pas fréquentes, attendu que nous avons l’intention de donner seulement un tout petit nombre de concerts annuellement 11. »

En investissant cette salle où les quelques quatre-vingt concerts de l’ex SCSM ont résonné (Société dont Armand-Cyprien Granier était d’ailleurs le pianiste accompagnateur depuis 1899), la MMM se positionne dans le sillage de la pionnière du concert public. En fin de première saison, une délibération du conseil municipal fait état de cette continuité lorsque la rétrocession des frais de location de la salle, déjà encaissés par la Ville, s’opère via une subvention. Cette délibération énonce alors l’utilité publique de son activité dans la sphère laïque :

« La Mutuelle des Musiciens de Montpellier, tout en poursuivant une œuvre purement philanthropique, contribue grandement, comme l’ancienne Société des Concerts Symphoniques, à élever le niveau artistique et à former le goût musical de notre ville. […] L’ancienne Société des Concerts Symphoniques, dont les membres se trouvent en grande partie dans la Mutuelle des Musiciens de Montpellier, avait la gratuité de la salle des Concerts et la disposition de la salle du Théâtre deux fois par an. […] Il conviendra de voter un crédit de 400 francs pour permettre le remboursement à la Mutuelle de la location déjà encaissée par la Ville pour les quatre concerts donnés 12. »

Dès le premier courrier de Granier au maire, on apprend également que les assemblées de la Mutuelle se déroulent au Conservatoire, qui abrite la raison sociale de la société au vu du papier à en-tête : « Mutuelle des Musiciens de Montpellier / Siège social : 14 rue Eugène Lisbonne ».

« J’ai l’honneur de vous demander l’autorisation de réunir au Conservatoire, pour les assemblées générales et les répétitions partielles, les membres de la Société des Concerts de la Mutuelle des Musiciens de Montpellier, dont je suis le Président 13. »

La modeste moyenne de trois à quatre concerts annuels est la fréquence qu’adoptent les musiciens montpelliérains. Lorsque la saison inaugurale se concentre sur trois mois seulement (de février à avril 1910), les suivantes sont plus disséminées comme le synthétise notre annexe (Annexe n°2). Le mode d’accès est médiatisé par la presse locale et régionale :

« Mutuelle des Musiciens de Montpellier.- Le premier grand concert organisé par cette S aura lieu le mercredi 23 février à la Salle des Concerts à quatre heures et demie, avec le concours gracieux de la grande cantatrice Emma Calvé et de MM. Flouch, Carles et Combes, professeurs au Conservatoire. / Les membres bienfaiteurs peuvent se présenter jusqu’au mardi 15 février au Conservatoire de musique […] pour fixer les places qu’ils désirent encore. / A partir de mercredi 16 février, on pourra, sans augmentation de prix, retenir des places, moyennant 5 francs pour la salle et les balcons, et trois francs pour l’amphithéâtre, chez le concierge du Théâtre. / Les personnes des environs pourront également retenir des places en envoyant les fonds à M. Grudel, trésorier de la Mutuelle des Musiciens, 14 boulevard Jeu-de-Paume 14. »

La Programmation

La circulaire de lancement de la Mutuelle affiche sa volonté d’ouvrir la programmation : « La Mutuelle s’attachera dans la composition de ses programmes, à satisfaire les goûts de l’éclectisme le plus large 15. » Objectivement, elle allie la tradition à l’audace dans un équilibre assez étudié pour cette décennie de la Belle-Époque (Annexe n°2 : programme des concerts et opéras de la MMM 1910-1914). Pour tenter la comparaison avec une association contemporaine en région, les Concerts populaires au Havre 16 proposent un large éventail d’œuvres couvrant les styles et les époques, dont une partie est également diffusée à Montpellier. Plus restreinte dans le temps, l’offre que représentent les seize séances de la MMM nous semble assez significative en direction des publics pour en brosser une brève présentation. D’autant que celles-ci sont à géométrie variable : concerts chambristes (au nombre de 5) ou bien symphoniques (8) auxquels se juxtapose une soirée lyrique ou dramatique annuelle à compter de 1912 (3 au total). Si toute la programmation ne ressortit pas de l’entière responsabilité du bureau de la MMM (les formations parisiennes de musique de chambre tournent avec « leur » programme), des orientations demeurent toutefois décelables.

La tradition s’appuie sur le répertoire européen que les sociétés de concert ont peu à peu édifié au cours du XIXe siècle, en particulier les quatre associations parisiennes (Sté des concerts du Conservatoire, Concerts populaires Pasdeloup, Concerts Colonne, Lamoureux). Ici, les symphonies de J. Haydn (Symphonie « La Surprise ») ou de W. A. Mozart (Symphonie n° 35) côtoient celles de L. van Beethoven (8e Symphonie, Ouverture de Léonore 3), F. Schubert (Symphonie Inachevée), et de R. Schumann (1re Symphonie). A ce socle s’ajoute une sélection berliozienne (apanage des Concerts Colonne à Paris), les ouvertures wagnériennes (diffusées aux Concerts Populaires Pasdeloup 17), ainsi que les poèmes symphoniques de Camille Saint-Saëns (Le Rouet d’Omphale, La Danse macabre) ou les suites de Massenet (Scènes pittoresques). La mise à l’écart de V. d’Indy jusqu’à la dernière séance dirigée par E.-H. Petit (extraits de Fervaal et de L’étranger 18) et le quasi retrait de C. Debussy (En bateau, extrait de la Petite Suite) demeurent énigmatiques… L’invitation faite aux solistes (pianiste, violonistes et organistes) offre l’opportunité d’aborder le concerto romantique (Beethoven, Tchaïkovski, E. Lalo) ou encore les pièces de genre pour instrument solo (F. Chopin, H. Wieniawski, A. Rubinstein, etc.) Il convient de préciser que le pan symphonique du répertoire bénéficie de la bibliothèque de l’ex SCSM, puisque la quasi-totalité de ces œuvres y a été interprétée durant la décennie précédente 19. Dès la fondation de la MMM, le président en fait la demande de prêt, le 9 novembre 1909 :

« Nous serions heureux, si vous pouviez en outre nous autoriser à faire usage (en en garantissant la rentrée en bon état, bien entendu) des quelques morceaux de musique symphonique qui existent à la Bibliothèque de la Ville (au Théâtre). L’ancienne Société des Concerts Symphoniques avait obtenu pareille autorisation 20. »

Bizarrement, aucune œuvre à résonance civique ou citoyenne n’apparaît sur l’affiche, une résonance qui croiserait les visées sociales de la Mutuelle. Cependant, les Expositions universelles de 1889 et de 1900 avaient restauré une partie des musiques des fêtes nationales sous la Ire République, tandis que l’actuelle IIIe République organise un concours annuel de musique sur un thème fédérant le peuple français 21.

Quant à l’audace, elle s’exerce en direction d’œuvres soit contemporaines, soit baroques lorsque certains ensembles de chambre sont invités. Cette double orientation viserait au didactisme et l’hebdomadaire culturel de la cité lui en sait gré :

« L’institution essentiellement philanthropique, la Mutuelle des Musiciens, s’efforce en même temps de contribuer à l’éducation artistique de la cité, grâce à un certain nombre de manifestations de musique de chambre, symphonique ou dramatique 22. »

Concernant la contemporanéité, la diffusion de C. Saint-Saëns ou d’H. Rabaud côtoie une sélection européenne, déjà objective sous l’ère de la SCSM 23. Elle continue sa percée avec une sélection de « premières » exécutions montpelliéraines, si importantes à l’heure où de rares gramophones équipent les foyers. C’est le cas de l’ouverture de la Fiancée vendue du Tchèque B. Smetana, de la Suite en style ancien (Holberg’s Zeit) d’E. Grieg 24, compositeur norvégien, puis de la Faust-Ouverture de R. Wagner 25. A ce propos, relevons la présence privilégiée de R. Wagner : ses ouvertures ou épisodes symphoniques (Siegfried-Idyll) mobilisent les séances symphoniques en termes d’occurrences. Par là, la MMM, comme auparavant la SCSM, s’aligne sur l’orientation des sociétés de concert de l’espace français. Le pic de cette ouverture européenne semble atteint lors de la venue de Felia Litvinne au concert « de grand gala » du 3 mars 1911. La cantatrice de renommée européenne, dont la photo en scène orne le programme, interprète Hopak de Moussorgski en russe, en sus de la mort d’Yseult issu de Tristan und Isolde de R. Wagner en langue allemande (habituellement, ce répertoire est chanté en traduction française).

La seule création montpelliéraine – la Symphonie en si mineur d’Edmond Bost-Siefert 26 – dévoile le schisme entre la capitale et l’espace régional à propos de la réception d’une nouveauté. Celle-ci bénéficie d’une préparation soutenue en présence du compositeur, « un de nos concitoyens, très connu, qui a dirigé toutes les répétitions et qui promet une interprétation tout à fait supérieure 27 ». Lorsque cette création d’un musicien du corps militaire, en poste à Montpellier, recueillerait l’estime de l’auditoire, le critique local se positionne prudemment :

« J’ai la très intime conviction que la Symphonie en si mineur de E. Bost-Siefert est un chef-d’œuvre. Mais je me garderai bien de l’écrire ; je craindrais d’entraver sa marche à la gloire. Les confrères parisiens nourrissent à notre endroit d’injustifiées méfiances : ils taxent volontiers d’exagérés nos amours comme nos aversions. Si donc une œuvre rare pour sa beauté vient à éclore dans un petit coin de province comme est le nôtre, l’habileté sera de laisser exalter ses mérites par les critiques de la capitale. […], [la Symphonie] dont le succès a été unanime et considérable, malgré le peu d’affluence. Nous devons ajouter que l’exécution en a été des plus soignées. Le mérite en revient pour la plus grande partie à M. A. Granier, qui n’a ménagé ni sa peine ni son talent pour en assurer la réussite ; quant aux musiciens, ils se sont surpassés 28. »

En parallèle, le corpus plus intimiste de mélodies contemporaines est décliné selon un large éventail d’H. Duparc, E. Chausson, A. Roussel et C. Franck 29. En revanche, aucune mélodie du Montpelliérain Émile Paladilhe (1844-1926), ni du jeune Lodévois Georges Auric (1899-1983). Cet élève montpelliérain vient d’intégrer le Conservatoire de Paris et ses premières mélodies sont programmées à la Société Nationale de Musique en 1914 30. En revanche, celles de Gabriel Fauré, depuis peu directeur du Conservatoire national supérieur de Paris, ont le privilège, elles comme sa musique de chambre, d’être accompagnées… par le compositeur au piano 31 ! Ce faisant, Granier joue habilement de son réseau de directeur d’un établissement récemment élevé au rang de « succursale du Conservatoire National de Musique de Paris » (1904), ce qui dynamise les liens entre les deux institutions. (Fig. 3)

Programme du concert de grand gala de la MMM, 28 avril 1911
Fig. 3 - Programme du concert de grand gala de la MMM, 28 avril 1911.
(Arch. Dép. Hérault, série 1 J 53)

La même stratégie préside probablement au choix de programmer une œuvre d’A. Gédalge 32, professeur de contrepoint au Conservatoire de Paris, dans la classe duquel la jeune Léontine Granier (fille d’Armand) accomplit ses études 33. C’est précisément Gédalge qui vient d’assurer deux inspections successives au Conservatoire de Montpellier (1910, 1911 34).

C’est par le truchement de formations de musique de chambre que le répertoire baroque est décliné, de J.-S. Bach à A. Corelli, par exemple avec le Trio hongrois d’Aranyi 35, rare ensemble féminin. L’innovation réside toutefois dans la présentation du consort des violes Casadesus, sous l’égide de la Société des instruments anciens. En leur confiant une séance entière, la MMM permet à l’auditoire montpelliérain de découvrir le revival baroque dans ses premiers pas, tout en empiétant sur le terrain de la Schola Cantorum, coutumière de la musique ancienne (plutôt vocale). Sous l’archet des violistes, dont Henri Casadesus, les compositeurs franco-italiens des XVIIe et XVIIIe siècles sont réhabilités, tels B. Asioli, A.-B. Bruni, G. Legrenzi, mais aussi M. Pignolet de Monteclair et J.-P. Rameau 36. Leur raffinement est goûté à une époque où la bourgeoisie française est friande d’arts décoratifs de style « néo-Régence » ou « néo Louis XV » :

« La viole d’amour surtout, qui est tenue par M. Henri Casadesus avec une rare maestria, a des accents prenants et inattendus : l’Aria du Concerto d’Asioli, pour cet instrument, a été une révélation. […] On aurait voulu bisser tous les morceaux de ces admirables artistes, tant ils étaient jolis, délicats et précieux ; il en restera le souvenir de quelque chose de rare, une sensation d’art très fin, très subtil, avec quelques reflets mélancoliques 37. » (Fig. 4)

L’éclectisme que promeut la MMM dans sa circulaire inaugurale est donc effectif. Néanmoins, il semble davantage le fruit des formations invitées que d’une stratégie raisonnée et appliquée par son bureau. Si l’idéologie républicaine n’anime pas non plus sa programmation, la notion de partage se vit plutôt dans la mutualisation des artistes allogènes avec les musiciens et auditeurs héraultais.

Programme du concert de la MMM, 2 mars 1910
Fig. 4 - Programme du concert de la MMM, 2 mars 1910.
(Arch. Dép. Hérault, série 1 J 53)

Orchestre et solistes

Nous avons pointé la proportion des concerts chambristes, qui n’éclipse cependant pas ceux symphoniques, sous la baguette du président de la MMM. Comment se constitue cet orchestre ? Les musiciens proviennent sans surprise des lieux de ressources musicales tels que le Conservatoire et le Grand-Théâtre, complétés par certains élèves du Conservatoire et amateurs, dans la filiation des académies du siècle des Lumières :

« La Mutuelle s’est assuré le concours de plusieurs amateurs, artistes distingués, et de la plupart des musiciens professionnels de la ville, des solistes de l’orchestre du Théâtre et de ses élèves les plus exercés du Conservatoire. La plupart de ces concours lui sont offerts dans un esprit de solidarité qui la touche vivement. Ils lui permettent de constituer un orchestre d’environ soixante musiciens 38. »

Il convient de préciser que les professionnels du Théâtre jouent cinq à six soirées par semaine l’opéra et l’opérette, sans compter les répétitions… Cet aspect demeure le talon d’Achille de toute société de concert non subventionnée, puisqu’il réduit considérablement le temps de préparation. La qualité de la dernière séance s’en ressentirait d’ailleurs en 1914 :

« Le défaut de nos orchestres classiques […] est d’être insuffisamment préparés. Les répétitions ne peuvent être nombreuses, chaque exécutant étant pris ailleurs presque tous les jours, et particulièrement au Théâtre. Ceux qui jouent ainsi de la musique dramatique ont l’habitude de la scène, c’est-à-dire de jouer vite et fort. Il en résulte dans l’exécution des morceaux symphoniques une mise au point insuffisante 39. »

Quant aux solistes invités au concert, ils sont soit implantés localement, soit de provenance nationale, ce qui en dit long sur le réseau qu’A. Granier a tissé depuis la place montpelliéraine et sur la générosité de tous. Dans la première catégorie figurent « nos camarades de la Mutuelle : MM. Carles, Flouch et Combes, solistes aimés du public de notre ville 40 » dès la circulaire inaugurale. Louis Combes, pianiste accompagnateur de l’ancienne SCSM, est un républicain libre-penseur, défenseur de la laïcité 41. Fernand Carles, le violon solo de l’orchestre du Grand-Théâtre (également professeur au Conservatoire), ou encore la prestigieuse marraine cantatrice, sont d’ailleurs couverts de cadeaux pour leur prestation sans doute bénévole : « cadeaux à Mlle Calvé, à Mme Carles, M. Carles et M. Baldous : 393 francs. » Quant à Raymond Bérard, sa double compétence de pianiste et d’organiste est exploitée lors de deux séances 42.

De prestigieux artistes sont invités depuis les théâtres méridionaux (Toulouse, Nice) mais aussi depuis la capitale. Dans la sphère méridionale, le violoniste Georges Carles est le fils du violon solo montpelliérain, F. Carles. La basse de l’Opéra de Nice est un compatriote et disciple du chef d’orchestre, tel que La Vie montpelliéraine le présente : « Né à Montpellier, M. Jules Baldous suivit les cours de l’École… des Beaux Arts de notre ville, d’où il sortit avec plusieurs mentions. Admis à 18 ans au Conservatoire de Paris, après y avoir été préparé par M. Granier, directeur de notre Conservatoire 43. »

D’autres profils émanent de la sphère nationale, voire européenne avec G. Fauré et le quatuor Capet en tournée 44, la soprano F. Litvinne d’origine russe, mais aussi le trio féminin hongrois d’Adila, Hortense et Jelly d’Aranyi 45, en tournée française cette année-là. Le concours du pianiste russo-allemand, Mark Hambourg, est quant à lui le fruit d’une coopération entre les conservatoires de Toulouse et de Montpellier, développées entre directeurs adeptes du partenariat :

« M. Mark Hambourg, qui a soulevé à Paris et à l’étranger un enthousiasme nullement artificiel grâce à une technique prodigieuse […], avait remporté un tel succès il y a deux ans aux concerts du Conservatoire de Toulouse, que M. Crocé-Spinelli l’a réengagé pour le concert du 11 janvier. Et le 12, les amateurs montpelliérains auront le plaisir de l’applaudir dans un programme merveilleusement composé et d’un rare éclectisme 46. » (Fig. 5)

Mark Hambourg, concertiste international
Fig. 5 - Mark Hambourg, concertiste international

Avec la contribution de ces solistes, cette programmation ambitieuse peut s’accomplir avec une certaine qualité d’exécution grâce aux « répétitions partielles » que le chef et les musiciens ménagent déjà au Conservatoire. Lorsque la circulaire inaugurale prévoyait que « le nombre statutaire de cinq répétitions par concert l’autorise à garantir des exécutions correctes et artistiques », un courrier ultérieur de Granier laisse la trace de celles réellement effectuées dans l’acoustique même de la salle :

« Au concert du 28 avril 1910, pour trois répétitions et une exécution, nous avons payé une note d’éclairage de 28 francs et quelques centimes ; au concert du 30 janvier 1911, pour une répétition et une exécution, c’est-à-dire pour un temps d’éclairage moitié moindre, nous payons 26 francs et quelques centimes 47. »

La réception par la presse locale de l’activité musicale et caritative

Le concert inaugural du 23 février 1910 résonne sous les auspices de la marraine de la MMM, une semaine avant son départ pour sa longue tournée aux Indes, Australie, Chine et Japon 48. C’est quasiment un récital qu’offre la diva, entrecoupé de quelques interludes instrumentaux au violon et au piano 49, interprétés par deux musiciens de l’orchestre du Théâtre : Fernand Carles (violon solo) et Louis Combes (pianiste accompagnateur). Balayant le répertoire classique d’opéra, la mélodie contemporaine et la chanson traditionnelle, Emma Calvé se situe dans la généalogie du Congrès du chant populaire (Montpellier, 1906). Néanmoins sans la note proprement clapassière, puisque les chansons recueillies par V. d’Indy proviennent de son Vivarais natal.

« Puis apparaît Mlle Emma Calvé, silhouette majestueuse, sombre, entourée d’une flamme verte qui se tordait, avec au sommet comme une grosse fleur blanche qui chantait…, telle fut, du moins, mon impression de spectateur de l’extrême fond. De la fleur blanche s’égrenèrent des notes cristallines, merveilleusement claires et pures ; ce fut l’air de Rinaldo de Haendel, l’air de Chérubin des Noces de Figaro et [non programmé], Plaisir d’amour de Martini et une Chanson du Béarn […] où, dans le grand silence des altitudes, le cri d’un berger semble monter jusqu’aux étoiles. […] L’apparition à la flamme verte […] réapparut et chanta Paysage musical de Bordes, La Captive de Lalo, Le Rêve de la bien-aimée de Bizet, plus une chanson populaire recueillie par d’Indy et La mort du Cosaque, non marquées au programme. […] Et Mlle Emma Calvé a encore infatigablement chanté, sous les bravos inépuisables, une Chansons d’Égypte avec accompagnement de flûte délicieux par M. Guillaume, un air de Mefistofele de Boito, la Habanera de Carmen. Chanté ? Mais aussi joué, mais aussi vibré ! Par la pureté et l’étendue de sa voix, par sa virtuosité prodigieuse, Mlle Emma Calvé a soulevé l’enthousiasme. Et des gerbes de fleurs magnifiques, à chaque morceau, allaient vers elle 50. »

Quant au socle du répertoire symphonique, il semble scrupuleusement exécuté sans doute grâce aux prestations de feue la SCSM, qui comptaient dans ses rangs les mêmes musiciens provenant du Théâtre et du Conservatoire. Ainsi, de la VIIIe Symphonie de Beethoven, dont trois occurrences à la SCSM avaient familiarisé les instrumentistes avec l’écriture beethovénienne 51 :

« M. Armand Granier a conduit consciencieusement cette symphonie de même que les autres numéros du programme. Il s’est attaché surtout à obtenir une précision dans les attaques, une régularité dont Beethoven aurait été ravi pour l’Allegretto scherzando de sa VIIIe composée sur les oscillations du métronome de son ami Maelzel. Il ne faut cependant pas exagérer ces qualités 52. »

Certaines « premières » montpelliéraines (voir chapitre ci-dessus) sont évaluées avec des présupposés nationalistes qui dévoilent les mentalités d’avant-guerre. Ainsi, l’ouverture de La Fiancée vendue du chantre de Prague libère ces représentations, qui participent de la construction des nationalismes en Europe. Cette perception de la culture tchèque accuse des processus déjà analysés dans notre précédente étude : à savoir des stéréotypes dans le discours qui accompagnent les œuvres étrangères, à contre-courant de l’ouverture européenne des programmateurs 53.

« Avec cette dernière ouverture, on entendait pour la première fois un spécimen sérieux de la musique tchèque. […] Or, la musique populaire tchèque est généralement bruyante ; ce peuple profite de tous les principaux actes de la vie – noces, naissances, etc. -, pour se livrer à des manifestations excessivement joyeuses : hurlements, pétards, coups de fusil. L’orchestre, qui joua un peu fort pendant tout le concert, fut très à son aise dans ce morceau 54. »

Au sein du répertoire européen, la musique de scène de Peer Gynt d’E. Grieg suscite encore la fascination d’un exotisme nordique, alors que celle-ci détenait déjà un rang élevé parmi les œuvres plébiscitées à la SCSM 55. Le Petit Méridional, par ailleurs critique, y consacre un paragraphe éloquent à ce propos :

« Mais que dire de la façon absolument parfaite dont fut exécutée la première suite de Peer Gynt ? Les quatre tableaux de cette adorable symphonie – Le Matin qui évoque d’une manière si étrange et si saisissante la lointaine Norvège, ses brumes et ses frimas, la Mort d’Ase où pleure toute la mélancolie des vieilles légendes scandinaves, enfin la Danse d’Anitra et la Halle du roi des montagnes si pittoresques et si colorées furent exprimés avec un art, une légèreté et une compréhension véritablement admirables 56. »

Enfin, les soirées lyriques ou théâtrales de gala font l’objet de relations nourries puisque la MMM et le Grand-Théâtre, partenaire, y invitent un ou plusieurs artistes de renommée nationale (Comédie-Française, Opéra de Paris) dans la grande salle de spectacles (1 300 places environ). Celle du 26 mars 1912 sélectionne un opéra culte du répertoire français, Faust de C. Gounod, avec le concours des chefs d’emploi des quatre protagonistes (Marguerite, Faust, Méphisto, Valentin) provenant « de l’Opéra de Paris […]. Mlle Yvonne Gall, MM. Gresse, Teissié et Fontaine firent valoir leurs qualités vocales et scéniques. […] La salle, sans être comble – et cela est regrettable vu le but philanthropique de l’œuvre – présentait pourtant un coup d’œil fort séduisant, surtout pendant les entr’actes au cours desquels toutes les lampes électriques jetaient leurs mille feux 57. »

Celle du 19 avril 1913, qui programme L’Arlésienne, drame du nîmois A. Daudet avec la musique de scène de G. Bizet, paraît d’autant plus extraordinaire qu’elle se déroulerait sous la présidence d’honneur de F. Mistral, approché par Granier. En communiqué de presse, l’hebdomadaire culturel restitue la réponse du capoulié du Félibrige, récemment nobélisé (1904) :

« Monsieur, J’accepte avec plaisir la présidence d’honneur de la fête que vous donnez au bénéfice de la caisse des retraites de la Mutuelle des Musiciens de Montpellier et je vous remercie d’avance pour les chants provençaux que vous allez honorer à cette occasion. Mes cordiales salutations, F. Mistral 58 »

En partenariat avec le Théâtre de Montpellier et la prestigieuse scène nationale de la Comédie-Française, la MMM mise sur l’évènementiel et se prépare pour cette confrontation avec les professionnels parisiens : « La Mutuelle des Musiciens a pour idéal de faire beau et veut encore faire plus beau ; aussi travaille-t-on ferme pour tout mettre au point, en attendant l’arrivée des deux régisseurs de la Comédie-Française qui viendront régler les moindres détails 59. » Néanmoins, le registre du réalisme provençal ne serait pas celui où ces acteurs excellent, ce dont les chroniqueurs héraultais s’emparent sans réserve :

« Donné samedi dernier au bénéfice de l’œuvre de la Mutuelle des Musiciens, la représentation de L’Arlésienne a été une manifestation artistique d’un très grand intérêt : ce qui nous rend d’autant plus vif [sic] que le public n’ait pu, vu la cherté des places, s’y associer plus largement. […] Soutenue par une interprétation qui comprenait Mme Louise Silvain, MM. Silvain, Albert Lambert fils et Teste, la représentation ne pouvait qu’être brillante. […] M. Albert Lambert […] n’était pas dans son rôle. Songez que Frédéri est un rôle ingénu de vingt ans et que M. A. Lambert joue à la Comédie-Française les Hernani et les Rodrigue. D’où dans L’Arlésienne, une attitude forcée, un peu guindée… et légèrement niaise pour un acteur tel que lui 60. »

La dernière soirée lyrique de gala a un triple atout pour attirer les publics. Primo, Werther est l’opéra de Massenet favori des Montpelliérains par ses réitérations depuis 1894 61. Secundo, il s’appuie sur la direction musicale d’un concitoyen et confrère de Granier, Auguste Amalou, professeur de piano du Conservatoire de Montpellier devenu chef d’orchestre de la Gaîté-Lyrique. Tertio, en dépit de l’invitation faite à Edmond Clément, ténor vedette de l’Opéra-Comique de Paris, c’est le chef qui récolte les ovations :

« A cette occasion, les organisateurs, c’est-à-dire la Mutuelle des Musiciens, avaient fait revenir le ténor Clément, qui se montra toujours aussi bon comédien, mais dont les cordes vocales trahissaient une réelle fatigue. […] les organisateurs méritent de chaudes félicitations pour nous avoir donné l’occasion d’applaudir notre concitoyen, le maestro Amalou, qui conduisit l’orchestre à la victoire, et dont l’entrée fut saluée d’une ovation enthousiaste 62. »

De même, les solistes montpelliérains des séances symphoniques recueillent les suffrages de la presse régionale qui s’enorgueillit des ressources locales. Pour exemple, la prestation dans le 4e Concerto de G.-F. Haendel, de l’organiste Raymond Bérard professeur au Conservatoire, est louangée en dépit de l’obstacle que représente l’installation d’orgues sur la modeste estrade :

« Le concert d’orgue a été superbement joué par M. Bérard, pianiste hors de pair, qui a également hérité des qualités de son père, organiste des plus apprécié en son temps. […] Je ferai cependant des réserves sur l’instrument lui-même. Certes, l’idée d’installer un orgue à la Salle des Concerts est des plus heureuses. Mais il eût fallu la réaliser complètement et le placer autrement qu’on ne l’a fait. Je ne parle pas de l’aspect extérieur […] mais de la sonorité qui est étouffée et devient crue, même désagréable, selon les registres 63. »

En novembre 1913, le conseil d’administration se renouvelle entièrement, sans que la presse en livre les raisons. C’est Noël Caisso, clarinettiste solo de l’Orchestre du Grand-Théâtre, également professeur au Conservatoire, qui succède au fauteuil du président sortant :

« A la suite de l’élection des administrateurs par l’assemblée générale du 9 novembre, le Conseil d’administration a formé son bureau comme suit : Président : M. Noël Caisso ; Vice-président : Peyrolles Jean et Servel Pierre ; secrétaire général : Villaret François ; secrétaires Guillaume Noël et Reboul Pierre ; trésorier : Bousquet Antonin […]. 64 »

Lorsque le fondateur Granier cède la baguette à E.­H. Petit, les éloges ne tarissent point à l’égard du chef d’orchestre du Grand-Théâtre, ancien directeur des Concerts classiques de Vichy :

« Le 14e concert classique donné par la Mutuelle des Musiciens a remporté hier un très vif et très légitime succès. Il importe tout d’abord de féliciter M. Petit, qui dirige l’orchestre avec une autorité et un sens artistique dignes de tous les éloges. Sous la conduite d’un tel chef, nos musiciens ont pu faire montre de nombreuses et solides qualités qui nous font espérer d’excellentes représentations de La Damnation de Faust 65. »

Enfin, la réception du concert montpelliérain s’élargit à la presse nationale par le biais de revues spécialisées, telle la Revue française de musique qui ménage une sélection de compte-rendu en région. La venue de Felia Litvinne y est bien évidemment remarquée au printemps 1911. La soprano dramatique s’est récemment spécialisée dans le drame wagnérien, anoblie par sa prestation d’Isolde à l’Opéra de Paris en 1899 avant de contribuer à la Tétralogie de Bayreuth cet été 1911 66. A Montpellier, pour une occasion si brillante, le concert se transplante probablement dans la grande salle, en partenariat avec la direction du Théâtre (J. Godefroy). Le programme mentionne en effet l’« Opéra municipal de Montpellier » ainsi que « l’orchestre symphonique de la Société comprenant 70 exécutants » en vis-à-vis d’une photo de la diva. (Fig. 6)

Programme du concert de grand gala de la MMM, 3 mars 1911
Fig. 6 - Programme du concert de grand gala de la MMM, 3 mars 1911.
(Arch. Dép. Hérault, série 1 J 53)

A Montpellier, l’artiste s’arroge probablement quelques libertés d’interprétation au détriment de la cohésion orchestrale, que le perspicace chroniqueur décèle :

« Certes, une artiste comme Mme Litvinne passe avec raison comme une des plus parfaites interprètes de Gluck et de Wagner, mais si grande que soit l’autorité ou la valeur de la chanteuse, un chef d’orchestre ne doit pas se conformer aveuglément aux indications, ou plutôt aux injonctions de cette artiste, injonctions qui aboutissent […] à des fluctuations de mouvement et de rythme parfois regrettables 67. »

Le regard du critique n’est pas magnanime lorsqu’il stigmatise la mixité des professionnels et des amateurs au sein des pupitres de cordes. Si Paris a les moyens d’entretenir quatre Sociétés de concert symphonique, partiellement subventionnées par l’État, cet aspect est cependant incontournable en région, d’autant que la plupart des musiciens n’est pas rétribuée.

« Les artistes de l’orchestre – 60 à 70 environ – ne font pas tous partie de la société […] car le quatuor est renforcé par les meilleurs élèves du Conservatoire, dont M. Granier est le directeur, et par quelques amateurs, qui, hélas !, ne valent que par le nombre. L’harmonie est par suite le meilleur élément, car malgré d’excellents pupitres, le quatuor manque vraiment d’équilibre et de cohésion. Ce défaut d’équilibre se manifesta très nettement l’autre jour, dans la 1re Symphonie de Schumann, qui me permettait de prendre contact pour la première fois avec le jeune orchestre : des œuvres comme celles-là, d’une orchestration compacte et accablante, exigent des instrumentistes et un chef singulièrement éprouvés pour n’être pas d’une audition pénible 68. »

Par malchance, le cinquième concert souffre de la comparaison avec la tournée du Münchener Tonkünstler de Munich. Cet orchestre professionnel fait une halte montpelliéraine quelques jours après cette séance, programmant l’ouverture de Tannhäuser de Wagner :

« C’est pourquoi je ne saurai établir de comparaison équitable entre les exécutions qui nous furent fournies par le Münchener Tonkünstler de Munich et la Mutuelle des Musiciens de Montpellier. Tandis que l’orchestre allemand jouait peut-être pour la centième fois l’ouverture de Tannhäuser, nos instrumentistes devaient exécuter pour la première fois en public la même ouverture après trois ou quatre répétitions. Pas davantage je n’oserai tenter de parallèle au point de vue musical entre des villes tout à fait secondaires comme la nôtre et des centres d’art tels que Munich, qui occupent dans le monde une place exceptionnelle et presque unique. […] Les exécutions de l’ouverture de Tannhäuser, des Variations symphoniques de Franck –, que M. Bérard, pianiste montpelliérain réalisa fort intelligemment – et deux fragments des Impressions d’Italie de Charpentier (qu’en dépit de M. Ritter je ne trouve ni démodées, ni pauvres, mais seulement un peu sentimentales, défaut dont ne sont pas exemptes bien des compositions allemandes et tchèques), ces diverses exécutions, dis-je, furent d’une meilleure musicalité, grâce aux bonnes qualités des bois et des cuivres et à l’énergique et consciencieuse direction du chef d’orchestre 69. »

En clôture de dernière saison, le critique Jean Moulencq (d’origine montpelliéraine) témoigne de la désaffection des auditeurs face au progressisme de la programmation. Nous avions décrypté le même processus avant la disparition de la SCSM 70.

« L’unique concert de la Mutuelle des Musiciens a clos sans éclat la saison musicale 1912-1913. Un faible public y assistait. Convient-il d’attribuer ce peu d’empressement à la chaleur accablante qui régnait ce soir-là, à l’absence de soliste étranger à la localité, ou bien à la présence sur le programme de la Symphonie « sans littérature ni peinture » de M. André Gédalge ? Rebelle aux enseignements de la Société des Concerts symphoniques, qui de 1890 à 1903 menait le bon combat en province avec les sociétés marseillaises et angevines, rebelle à ceux de la Schola Cantorum, où, de 1905 à 1909, Charles Bordes multiplia les tentatives hardies, le public Montpelliérain s’enferme aujourd’hui dans une farouche réserve dès qu’une « nouveauté » apparaît sur l’affiche. Sans doute un tel effroi semble malaisément justifiable, et pourtant, auprès de ceux qui n’avaient pas craint de l’affronter, la Troisième symphonie de M. Gédalge s’est affirmée comme un ouvrage exagérément révolutionnaire, d’une complication extrême et d’un outrancier modernisme 71. »

Néanmoins, il n’évoque pas une cause plus objective du manque d’affluence. Il s’agit de l’ascension fulgurante de la nouvelle Association Artistique (1913), dont les concerts symphoniques mobilisent tout à la fois les instrumentistes du Grand-Théâtre et l’intérêt des publics montpelliérains. Sans une action publique concertée, les initiatives du concert montpelliérain empiètent donc l’une sur l’autre, sans dégager une voie pérenne.

L’exercice du mutualisme par la société

Investir le milieu musical au sein du mutualisme héraultais

En décembre 1909, la circulaire présentant l’entreprise de la MMM est à l’initiative de son président quadragénaire, « A. Granier, directeur du Conservatoire de Montpellier, président du Conseil d’administration de la Mutuelle des Musiciens de Montpellier ». Elle désigne ses objectifs qui apparaissent utiles au vu du salariat musicien : les musiciens français de théâtre sont seulement rémunérés sur sept mois de saison d’opéra.

« La Mutuelle des Musiciens de Montpellier, s’inspirant des idées de la plus sage mutualité se donne pour programme : 1 – de constituer des retraites à ceux de ses membres que l’âge ou les infirmités empêcheraient de continuer l’exercice actif de leur profession ; 2 – de venir en aide, en cas de décès desdits membres, à leurs veuves et orphelins 72. »

Dans la ville où enseigne le théoricien du mouvement coopératif, Charles Gide, cette solidarité corporatiste est calquée sur l’essor républicain des mutuelles agricoles, commerciales et ferroviaires de l’Hérault, et plus largement de l’espace méridional 73. Après les anciennes sociétés de secours mutuels, la vitalité de la mutualité est décuplée suite à la loi du 1er avril 1898, dite Charte de la Mutualité, suivie de celle du 9 juillet 1900 qui confère une existence légale aux mutuelles. Depuis le 11 décembre 1901, l’Union départementale des mutuelles œuvre pour un réformisme social, notamment en vue « de promouvoir les principes d’association et de prévoyance, notamment en matière de lutte contre la maladie, et de retraites 74. » Pour exemple, la Mutuelle des Enfants de Montpellier, fondée en 1905, sert des indemnités journalières de maladie et rembourse les frais médicaux aux montpelliérains salariés.

Cependant, difficultés ou réticences auraient freiné la fondation de la MMM dans le milieu professionnel musical, moins sensibilisé à ces valeurs :

« Déjà un peu partout, un vent de solidarité souffle dans toutes les classes de la société et même dans le monde des artistes musiciens, qui, devant la nécessité toujours plus pressante de la vie moderne, résolurent un problème de prévoyance en fondant une Société dont le but est d’assurer à ses membres ou à leurs veuves et leurs orphelins, une pension annuelle qui leur permette de supporter les rigueurs du destin. L’entreprise n’était pas chose facile, car il fallait vaincre les résistances des indifférents – et ils étaient nombreux ! -, et persuader les individualistes à outrance qui manifestaient des avis contraires. Mais grâce à l’esprit d’initiative et la volonté tenace des plus clairvoyants, on eut raison de tous les obstacles et la Mutuelle des Musiciens de Montpellier fut enfin fondée le 1er novembre 1909 sur des assises solides, en une réunion tenue au siège social, dans une des salles du Conservatoire prêtée bienveillamment par notre municipalité, plus bienveillante encore 75 »

Dès la circulaire inaugurale, les visées de solidarité sont parrainées par le bénévolat dont Emma Calvé, républicaine souvent engagée, est coutumière :

« Nous avons donc pensé être agréables à nos membres bienfaiteurs en organisant un premier concert avec le concours de Mlle Emma Calvé. L’éminente cantatrice, au cœur généreux de laquelle on ne fait jamais appel en vain quand il s’agit d’une œuvre philanthropique, s’est mise à notre disposition d’une façon absolument gracieuse, marquant ainsi sa sympathie pour les musiciens montpelliérains 76. »

Celle-ci figure désormais en médaillon des programmes délicieusement Belle-Époque, sous forme d’icône quasi mariale, les yeux au ciel, alors que le symbole mutualiste des mains réunies en une poignée marque la solidarité de la Mutuelle. (Fig. 7)

Médaillon de la couverture du programme de la MMM, 1910
Fig. 7 - Médaillon de la couverture du programme de la MMM, 1910 (Arch. dép. Hérault, série 1 J 53)

Cependant, si l’affluence au concert Calvé ne permet pas d’accueillir tous les auditeurs d’une salle avoisinant les 800 places 77, la fréquentation accuse ensuite une décroissance préoccupante. Ainsi, lors de la troisième séance, « une grande partie de la salle était composée de mutualistes, c’est-à-dire de gens voyant spécialement la mutualité dans cette Association et pour lesquels la musique de Wagner est non seulement inconnue, mais amusante (…). L’évanouissement de la série de concerts, […] le renvoi à huitaine du concert Wurmser, la réclame intelligente dans la presse, la présence de Mme et M. Georges Carles et de M. François Jean, que le regretté maître Ch. Bordes avait déjà fait entendre (il faut féliciter la Mutuelle de ses regrets), auraient dû attirer tout ce que Montpellier compte d’amateurs de musique 78. »

En fin de la saison inaugurale, l’objectif philanthropique est revendiqué par le président de la MMM afin d’obtenir le remboursement de frais par la Ville :

« Nous croyons devoir aussi appeler votre attention sur le but artistique de notre Société. Dans toutes les villes où existent des Sociétés de Concerts Symphoniques, elles sont favorisées d’une subvention municipale. Et cependant ces Sociétés ont un but commercial, puisqu’elles se partagent les bénéfices en fin d’exercice, tandis que notre Société est fondée dans le but de venir en aide aux musiciens âgés ou hors d’état de continuer à exercer leur profession 79. »

Au détour d’une chronique, nous apprenons que la vice-présidente du Conseil d’administration est pianiste : elle accompagne la jeune mezzo-soprano lors d’une partie de récital : « Pour que le concert soit absolument impeccable sous tous les rapports, la Mutuelle a fait appel au dévouement inlassable de sa vaillante vice-présidente, Mlle Léontine Laussel […] 80. »

D’une certaine manière, la mission de la Mutuelle est consacrée par sa prestation publique lors du XIe Congrès national de la Mutualité, qui se déroule à Montpellier du 28 au 30 mars 1913. Lors de la visite du président de la République, R. Poincarré, les ressources locales sont mobilisées depuis la traditionnelle « Danse des treilles » jusqu’au banquet associant 2 500 mutualistes français. Les formations musicales civiles et militaires sont requises sur le parcours du cortège présidentiel : la musique de la Sainte-Cécile au Peyrou, l’harmonie du 81e régiment d’infanterie à la Préfecture, celle du 2e régiment du Génie sur le perron du Théâtre 81. A l’intérieur, le programme prévoit la contribution de la MMM et du Conservatoire pour encadrer les discours :

« Salle du Théâtre municipal – Séance solennelle de clôture sous la présidence de M. le Président de la République, assisté de son Altesse Sérénissime le Prince de Monaco […]. L’Orchestre du Conservatoire et la Mutuelle des Musiciens sous la direction de M. le directeur du Conservatoire prêteront leur bienveillant concours à cette cérémonie 82. »

Depuis le balcon du Théâtre, le Président de la République harangue le peuple et affirme que « la République qui connaît les Mutuelles, et les voit à l’œuvre, attend beaucoup encore de leur expérience et de leur bonne volonté 83 ». Cet intérêt n’ira cependant pas jusqu’à subventionner la MMM, dont l’action est pourtant relativement inédite.

Ressources financières

Quels sont les ressources financières du volet mutualiste de la MMM ? La circulaire inaugurale prévoit les cotisations de musiciens adhérents (comme dans toute mutuelle) mais également de membres bienfaiteurs (à l’instar des Associations de concert) en sus des recettes de concerts. Concernant la première catégorie, ceux-ci cotisent tous, mais différemment en fonction de leur appartenance ou non à la formation orchestrale :

« Cette nouvelle société compte déjà quarante membres adhérents, dont vingt-neuf membres forment une partie des meilleurs musiciens de l’orchestre. Ceux-là participent de droit, sans rémunération immédiate, aux répétitions et aux exécutions publiques des concerts en versant une somme de quarante francs, et onze membres parmi les notoires professeurs de musique, qui payent double cotisation – c’est-à-dire quatre-vingt francs – mais ne sont pas astreints aux exécutions (leur instrument n’étant pas compris dans l’orchestre). La somme fournie pour l’année 1909-1910 par les adhérents et les membres bienfaiteurs dépasse 4 500 frs 84. »

Alors que les musiciens adhérents ne perçoivent pas de cachet, leurs confrères de l’orchestre non adhérents sont en revanche rémunérés 85. La seconde catégorie, celle des non actifs, est sollicitée pour son engagement militant en faveur de la musique : « [La MMM] prévoit enfin, pour enrichir sa caisse – et comment ne pas le prévoir dans une ville comme la nôtre, si généreusement éprise de toutes les formes d’art ? – à côté des membres actifs, des membres bienfaiteurs 86. » Cette cotisation de membre bienfaiteur est annuellement fixée à 10 francs a minima pour des avantages doubles : « [La MMM] leur offre en retour le droit d’entrée à ses concerts, tant aux répétitions générales qu’aux exécutions publiques 87. »

Troisième ressource, la tarification au concert s’aligne sur celle pratiquée par la Société Charles Bordes à Montpellier, dans une fourchette légèrement inférieure. En outre, elle consent une réduction aux élèves et étudiants : « Prix des places : 4 fr., 3 fr., 2 fr. Réduction de 25 % aux étudiants, aux élèves du Conservatoire 88. »

A compter de 1912, l’instauration d’une soirée de gala de la MMM déploie les fastes d’une représentation lyrique ou théâtrale en fin de saison. Ce partenariat entre la MMM et la direction du Grand-Théâtre génère une rentrée substantielle, évidemment supérieure aux séances de concert. Néanmoins, si la représentation du Faust de C. Gounod (26 mars 1912) suscite l’engouement avec les artistes de l’Opéra de Paris, les choix a priori consensuels de L’Arlésienne d’A. Daudet / G. Bizet (19 avril 1913) ou de Werther de J. Massenet (3 avril 1914) ne paraissent pas assez attractifs pour les héraultais :

« Bien des personnes se sont demandées pourquoi la Mutuelle des Musiciens de Montpellier donnait L’Arlésienne cette année à notre Théâtre. La question est singulière. La Mutuelle est une société de secours qui cherche naturellement à remplir sa caisse le plus possible, et M. A. Granier, qui préside à ses destinées artistiques, met tous ses soins à la maintenir dans une voie digne de ceux qui en font partie. C’est ce que l’on semble n’avoir pas bien compris. En venant assister à la représentation de L’Arlésienne, le public accomplissait un acte de charité louable, et en même temps les amateurs encourageaient une belle manifestation d’art. Je n’ai pas à juger l’abstention des uns, mais je dois discuter l’opinion des autres, de ceux qui ne sont pas convaincus que la partition écrite pour accompagner le drame d’Alphonse Daudet est un chef d’œuvre et un pur chef -d’œuvre. […] L’exécution très soignée de cette difficile partition fait honneur à M. Joly qui l’a conduite excellemment 89 ».

A l’occasion d’une de ces soirées, la MMM noue des partenariats divers qui dévoilent son dynamisme créatif. Sous la bannière « L’Art et la Mutualité – L’Opéra de Paris à Montpellier », l’article du Petit Méridional orchestre un battage médiatique autour de la représentation de Faust. Nous y apprenons d’une part que la Mutuelle « ne recule devant aucun sacrifice, […] que les artistes de l’Opéra porteront les costumes adoptés à l’Académie nationale de musique. […] Les chœurs de l’Opéra de Montpellier seront renforcés par les meilleurs choristes des théâtres de Nîmes et d’Avignon et par une chorale de la Ville ce qui fournira une masse chorale d’environ 80 chanteurs 90. » D’autre part, la MMM s’engage ce soir-là avec des sociétés non mutualistes, mais actives dans le développement de la cité. Ainsi, le régisseur du Théâtre informe les spectateurs d’une quête « en musique » lors de l’entracte :

« […] à la demande du Comité d’Aviation et de l’Union générale des étudiants, la Mutuelle des Musiciens avait bien voulu consentir à ce que d’aimable quêteuses, accompagnées d’étudiants, circulent dans les rangs des spectateurs pour recueillir leur obole en faveur de la souscription pour l’aéroplane national. En effet, après l’acte du jardin, l’orchestre […] a exécuté l’ouverture de Guillaume Tell, et ce pendant que des dames et jeunes filles […] quêtaient pour l’aviation 91. »

Enfin, l’entreprenant Granier semble un habile précurseur de la notion d’« économie culturelle 92 » lorsqu’il présente son activité au maire comme un enrichissement des acteurs du territoire. Visant une subvention, sa requête est d’autant mieux argumentée que les retombées économiques sont soigneusement détaillées :

« Nous apportons à la Ville un élément de recettes qui n’est pas à dédaigner puisque nous avons versé, pour quatre exécutions, soit dans la caisse municipale, soit dans la caisse des Hospices, soit au Commerce montpelliérain, une somme nette de 2 559 francs 25 centimes dont voici le détail […] 93. »

Suit la liste de frais chiffrés (sur l’exercice 1910) qui sont réinjectés dans l’économie montpelliéraine : location de la salle des Concerts et des chaises pour l’administration municipale, droit des pauvres pour l’hospice, cadeaux aux solistes provenant d’achats chez les commerçants et enfin les cachets aux membres adhérents, en faveur des citoyens. Sa mise à l’écart pour la dernière saison ne laisse pas d’être inexpliquée ; elle provoque en outre des remous dans la médiation du concert :

« Lundi dernier, la Mutuelle des Musiciens de Montpellier, reconstituée sur les nouvelles bases […], a dû donner à la salle des Concerts du Grand-Théâtre, sa première audition de la saison 1913-1914. Nous disons « a dû donner » car La Vie Montpelliéraine qui avait pourtant publié les communiqués annonçant le concert, n’ayant reçu – d’autres confrères se sont trouvés dans le même cas – ni lettre d’invitation ni carte d’entrée, nous avons totalement oublié d’assurer le service de cette soirée, ce qui explique et justifie l’absence de tout compte rendu 94. »

Une entreprise pionnière dans l’Hérault

Dans le terreau de la mutualité héraultaise, la MMM est pionnière dans le secteur de la profession musicale. Autour d’un consensus de musiciens français, solistes bénévoles de provenances diverses ou musiciens montpelliérains, elle met la mutualité en mouvement de marche. Tout en administrant la prévoyance, sa fonction première, elle génère en effet une sociabilité et une diffusion musicale dans l’espace public, sous l’impulsion d’A. Granier, héritier du concert montpelliérain autant que passeur entre les conservatoires de Montpellier et de Paris. Cette sociabilité rejaillit dans l’espace public puisqu’elle s’étend aux publics de concert et même d’opéra, eux non adhérents, mais contribuant à ses ressources. Cet exemple vécu de « solidarisme » en milieu urbain peine cependant à se pérenniser sans subvention de l’État et sans la coordination publique de sociétés concurrentes sur le territoire.

Lorsque la Grande Guerre interrompt le cycle des concerts, nous observons des vestiges de l’activité de la MMM dans l’espace montpelliérain. En 1918, le concert organisé par la Société de secours aux blessés militaires, au bénéfice de la Croix Rouge 95, est à l’initiative de l’ex présidente d’honneur de la MMM. L’audace est encore de mise puisque la seconde partie est consacrée à la première locale du Mefistofele d’A. Boïto (prologue et acte de la prison), préfiguré lors du concert inaugural de la MMM 96, avant de se clôturer de manière patriotique avec La Marseillaise.

La MMM renaît des cendres de la Grande Guerre et poursuit ses séances de manière plus sporadique jusqu’en 1927 au moins. Cette année-là, elle s’implique dans une commémoration européenne qui dépasse les antagonismes franco-allemands : le centenaire de la disparition de L. Van Beethoven. Ce n’est point La Marseillaise, mais l’Ode à la joie de la IXe Symphonie qui retentit alors au Grand-Théâtre de Montpellier 97. C’est de l’intervention de la société civile, déconcentrée depuis la capitale, que des actions inédites peuvent naître sous la IIIe République.

Annexe n°1

Lettre d’Armand Granier au maire de Montpellier, 9 novembre 1909
Fig. 8 - Lettre d’Armand Granier au maire de Montpellier, 9 novembre 1909 (Arch. Mun. Montpellier, série 2 R 182).

Annexe n°2

Programme des concerts et opéras de la Mutuelle des Musiciens de Montpellier (1910-1914)
1re saison : 1910

23 Février 1910 98 (n°1)
Emma Calvé (soprano) ; Charles Flouch (violoncelle), Fernand Carles (violon) et Louis Combes (piano), professeurs au Conservatoire de Montpellier.

1 — C.-M. Widor, Andante et Allegro – C. Flouch (violoncelle) et L. Combes (piano)

2 — G.-F. Haendel, air de Rinaldo – E. Calvé (soprano)

3 — W. A. Mozart, air de Chérubin des Noces de Figaro – E. Calvé

4 — G.-B. Martini, Plaisir d’amour – E. Calvé

5 — Chanson du Béarn – E. Calvé

6 — L. Van Beethoven, Largo e mesto de la 7e Sonate pour piano – L. Combes (piano)

7 — Siding, Gazouillement de Printemps – L. Combes (piano)

8 — C. Bordes, Paysage musical – E. Calvé et L. Combes

9 — E. Lalo, La Captive – E. Calvé et L. Combes

10 — G. Bizet, Le Rêve de la bien-aimée – E. Calvé et L. Combes

11 — Chanson populaire (recueillie par V. d’Indy) – E. Calvé

12 — L. van Beethoven, Romance en fa – Fernand Carles (violon) et L. Combes (piano)

13 — H. Vieuxtemps, Polonaise – F. Carles (violon) et L. Combes (piano)

14 — Chanson d’Égypte – E. Calvé

15 — A. Boïto, air de Mefistofele – E. Calvé et L. Combes

16 — G. Bizet, habanera de Carmen – E. Calvé et L. Combes

Mercredi 2 mars 1910 99 (n°2)
Quatuor de violes de la Société des instruments anciens de Paris (Maurice Hewitt, Henri et Marcel Casadesus, Maurice Devilliers) avec le concours de Marie Buisson (soprano), Regina Patorni (clavecin).

1 — A. B. Bruni, 3e Symphonie – quatuor Casadesus et R. Patorni (clavecin)

2 — J.-P. Rameau, Rondo – W. A. Mozart, Allegro alla turca – R. Patorni (clavecin)

3 — G. Legrenzi, Pour la vie, Amour m’enchaine. – La bergère aux champs, chanson du Limousin. – M. Buisson (soprano), R. Patorni (clavecin)

4 — W. Nicoley, Quartetto en la majeur – quatuor Casadesus

5 — B. Asioli, Concerto en la majeur – H. Casadesus (viole d’amour), R. Patorni (clavecin)

6 — [anonyme du XVIIe siècle], Musette. – En passant par la Lorraine, chanson ancienne. – M. Buisson (soprano), R. Patorni (clavecin)

7 — M. P. de Monteclair (1666-1737), Les Plaisirs champêtres (cantate) – quatuor Casadesus et R. Patorni (clavecin)

Mercredi 6 avril 1910 100 (n°3)
Orchestre sous la direction d’Armand Granier avec le concours de Georges Carles, professeur de violon au Conservatoire de Toulouse.

1 — L. van Beethoven, Symphonie n° 8 en fa majeur op. 93

2 — E. Lalo, Concerto pour violon op. 20 – G. Carles (violon)

3 — B. Smetana, Ouverture de La Fiancée vendue

4 — E. Grieg, Suite en style ancien (Holberg’s Zeit)

5 — C. Saint-Saëns, Le Rouet d’Omphale op. 31

6 — A. Rubinstein, Romance. – H. Wieniawski, Tarentelle – G. Carles (vl.)

7 — R. Wagner, Ouverture des Maîtres chanteurs

28 avril 1910 101 (n°4)
Orchestre sous la direction d’Armand Granier avec le concours de Jules Baldous, basse de l’Opéra de Nice.

1 — W. A. Mozart, Symphonie n° 35 « Haffner » K. 385

2 — M. Bruch, Introduction de Loreley

3 — L. Van Beethoven, Ouverture de Léonore 3 op. 72b

4 — R. Wagner, Die Walküren, scène finale – J. Baldous (basse)

5 — F. Schubert, Symphonie inachevée en si m D. 759

6 — R. Wagner, Faust-Ouverture

7 — G. Fauré, Au cimetière. – H. Duparc, La Vague et la cloche. – J. Baldous (basse)

8 — C. Saint-Saëns, Orient et Occident 102 op. 25.

2e saison : 1911

Lundi 30 janvier 1911 103 (n°5)
Orchestre sous la direction d’Armand Granier avec le concours de Mme Rohart-Villot, chanteuse, et de Raymond Bérard, professeur de piano au Conservatoire de Montpellier.

1 — R. Schumann, Symphonie en si b M « Le Printemps » op. 38

2 — G. Rossini, air du Barbier de Séville – Mme Rohart-Villot (chant)

3 — C. Franck, Variations symphoniques – R. Bérard (piano)

4 — G. Charpentier, Impressions d’Italie : Sérénade – Sur les cimes

5 — C. Franck, Prélude, aria et final – R. Bérard (piano)

6 — H. Duparc, L’Invitation au voyage. – E. Chausson, Le Temps des lilas. – A. Roussel, Le jardin mouillé. – G. Fauré, Nell. – Mme Rohart-Villot (chant) et R. Bérard (piano)

7 — R. Wagner, Ouverture de Tannhäuser

Vendredi 3 mars 1911 104 (n°6)
Concert de grand gala. Orchestre sous la direction d’Armand Granier avec le concours de Felia Litvinne, soprano dramatique.

1 — W. A. Mozart, Symphonie n° 39 en mi b K 543

2 — C. Saint-Saëns, La Cloche – F. Litvinne (soprano)

3 — M. Moussorgski, Hopack – F. Litvinne

4 — C. W. Gluck, air d’Alceste – F. Litvinne

5 — F. Mendelssohn, Ouverture d’Athalie op. 74

6 — R. Wagner, Tristan und Isolde : Prélude – Mort d’Isolde – F. Litvinne

7 — P. I. Tchaïkovski, Marche slave op. 31

Vendredi 28 avril 1911 105 (n°7)
Concert de grand gala avec le Quatuor Capet-Société des instruments anciens (consort de violes), Marie Buisson (soprano), Gabriel Fauré (piano).

1 — L. van Beethoven, 7e Quatuor op. 59 n°1 – Quatuor Capet

2 — G. Fauré, Automne. – Clair de lune. – Les Berceaux. – La Fée aux chansons – M. Buisson (soprano), G. Fauré (piano)

3 — C.P.E. Bach, Concerto pour les violes – consort de violes Capet

4 — G. Fauré, Sonate – Lucien Capet (violon), G. Fauré (piano)

5 — W. Nicoley, Quatuor en la majeur : Thème et variations – consort de violes Capet

6 — G. Fauré, Après un rêve. – Les Roses d’Ispahan. – Le Secret. – Fleur jetée – M. Buisson (soprano), G. Fauré (piano)

7 — G. Fauré, 2e Quatuor en sol m op. 45 – trio Capet et G. Fauré (piano)

3e saison : 1911-1912

Mercredi 20 décembre 1911 106 (n° 8)
Le Trio hongrois Adila, Hortense et Jelly d’Aranyi.

1 — J.-S. Bach, Double concerto en ré mineur BWV 1043 – Adila, Jelly (violon) et Hortense (piano) d’Aranyi

2 — A. Corelli, La Follia op. 5, n° 12 – A. d’Aranyi (violon)

3 — P. I. Tchaïkovski, Concerto pour violon op. 35 – Jelly (violon) et Hortense (piano) d’Aranyi

4 — G.-F. Haendel, Sonate en trio en sol mineur – trio d’Aranyi

5 — B. Godard, Adagio pathétique. – F. Couperin, Chanson Louis XIII et Pavane. – J. Brahms-Joachim, Danses hongroises. – Adila (violon) et Hortense (piano) d’Aranyi

6 — C. Debussy, En bateau. – H. Wieniawski, Valse capriccioso – Jelly (violon) et Hortense (piano) d’Aranyi

Mardi 26 mars 1912 107 (n° 9)
Séance lyrique au Grand-Théâtre. Orchestre du Grand-Théâtre de Montpellier et de la MMM, sous la direction de X… avec Yvonne Gall, MM. Gresse, Teissié et Fontaine (Opéra de Paris), les chœurs des opéras d’Avignon, de Nîmes et Montpellier.

1 — C. Gounod, Faust, opéra sur un livret de J. Barbier et M. Carré

Lundi 1er avril 1912 108 (n° 10)
Orchestre sous la direction d’Armand Granier.

1 — C. W. Gluck, Ouverture d’Iphigénie en Aulide

2 — Bost-Siefert, Symphonie en si mineur (inédite)

3 — L. van Beethoven, Les Créatures de Prométhée op. 43 : introduction

4 — R. Wagner, Siegfried-Idyll

5 — H. Berlioz, La Damnation de Faust op. 24 : Marche hongroise

4e saison : 1913

Dimanche 12 janvier 1913 109 (n° 11)
Récital de piano avec Mark Hambourg (piano), de chant et piano avec Germaine Robur (mezzo soprano) et Mlle Laussel (piano).

1 — J.-S. Bach, Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 – M. Hambourg (piano)

2 — L. van Beethoven, Sonata Appassionata, op. 57 – idem

3 — F. Liszt, Méphisto-Valse S. 514 – idem

4 — F. Chopin, Ballade en sol mineur op. 23 – Ballade en fa mineur op. 52 – idem

5 — F. Chopin, 6 Étudesidem

6 — C. W. Gluck, Orphée : air « J’ai perdu mon Eurydice » – G. Robur (chant) et Mlle Laussel (piano)

7 — G-F. Haendel, Serse : « Bois de lent oubli » – idem

8 — C. Franck, Procession – idem

Samedi 19 avril 1913 110 (n° 12) Séance dramatique au Grand-Théâtre : Orchestre du Grand-Théâtre de Montpellier et de la MMM sous la direction d’E.H. Petit avec Mme Louise Silvain (Rose Mamaï), MM. Silvain (Balthazar), Albert Lambert fils (Frédéri).

1 — G. Bizet, L’Arlésienne, drame d’A. Daudet

24 mai 1913 111 (n° 13) Orchestre sous la direction d’Émile Joly avec le concours de Léa Lombard, soprano.

1 — A. Gédalge, 3e Symphonie en fa

2 — C. Saint-Saëns, La Danse macabre op. 40

3 — J. Massenet, Scènes alsaciennes (suite n° 4)

4 — W.-A. Mozart, air de la reine de la nuit de La Flûte enchantée – Léa Lombard (soprano) et Xavier Forestier (piano)

5 — J.-P. Rameau, airs de ballet des Indes galantes

6 — R. Wagner, Ouverture de Rienzi

5e saison : 1913-1914

Lundi 8 décembre 1913 112 (n° 14)
Orchestre sous la direction d’E.-H. Petit avec le concours de Mlle P. Clerval (soprano) et M. Razavet (chanteur).

1 — L. van Beethoven, 1re Symphonie en ut majeur, op. 21

2 — Méhul, air de Joseph – Razavet (chanteur)

3 — W. A. Mozart, air de La Flûte enchantée – P. Clerval (soprano)

4 — E. Grieg, 1re suite de Peer Gynt (le matin – la mort d’Aase – la danse d’Anitra – Dans la halle du roi de montagne)

5 — H. Rabaud, La Procession nocturne

6 — N. Isouard, scène et rondo du Billet de loterie – P. Clerval (soprano) et Razavet

7 — G.-F. Haendel, Largo (tous les instruments à cordes et orgue) – Paul André (orgue)

8 — J. Massenet, ouverture de Phèdre

Lundi 2 février 1914 113 (n° 15)
Orchestre du Grand-Théâtre municipal sous la direction d’E.-H. Petit avec le concours de Raymond Bérard, organiste.

1 — J. Haydn, Symphonie n° 94 « La Surprise »

2 — H. Berlioz, La Damnation de Faust op. 24 : ballet des Sylphes

3 — G.-F. Haendel, Concerto n°4 – R. Bérard (orgue)

4 — H. Rabaud, La Procession nocturne

5 — V. d’Indy, Fervaal : introduction du 2e acte. – L’Étranger : introduction

6 — H. Berlioz, La Damnation de Faust op. 24 : Marche hongroise

3 avril 1914 114 (n° 16)
Séance lyrique au Grand-Théâtre. Orchestre et chœur du Grand-Théâtre de Montpellier et de la MMM sous la direction d’Auguste Amalou avec Edmond Clément de l’Opéra-Comique de Paris (Werther) et Mlle Téclar (Charlotte). J. Massenet, Werther (opéra sur un livret de Blau et Milliet)

NOTES

1. Amalric, Jacques, La Vie montpelliéraine et régionale, 27 février 1910.

2. Teulon Lardic, Sabine, Inventer le concert public à Montpellier : la Société des Concerts Symphoniques (1890-1903), Lyon, Symétrie, 2014.

3. Présidée par Etienne Gervais (ex Président de la Société des Concerts Symphoniques de Montpellier) à sa fondation en octobre 1910, la Société Charles Bordes poursuit le but de diffusion de musique ancienne et contemporaine dans l’espace montpelliérain (salle de concert, églises). Installé à Montpellier depuis 1903, le fondateur de la Schola cantorum de Montpellier avait impulsé cette diffusion ; il vient de disparaître le 8 novembre 1909. Cette coïncidence entre la fondation de la MMM et la disparition de C. Bordes n’est probablement pas anodine : A. Granier profiterait-il de la vacance de l’activité du concert pour établir sa Mutuelle ?

4. Annuaire de l’Hérault et des vignobles du Midi, pour l’année 1911, Montpellier, Firmin, Montane et Sicardi, imprimeurs éditeurs, 1910, p. 680-681.

5. Teulon Lardic, Sabine, « Harmonies et orphéons à Montpellier (1850-1914) : vers une pratique culturelle citoyenne », Bulletin historique de la Ville de Montpellier, 35 / 2013, p. 78-105.

6. Annuaire de l’Hérault, p. 404.

7. Teulon Lardic, Sabine, Inventer le concert public à Montpellier, p. 56, 131-132.

8. Cf. Hérault – Dictionnaire, annuaire et album, p. 472. Armand Granier (1825–1894) a été le premier chef d’orchestre de la Société des Concerts symphoniques de Montpellier en 1890.

9. Peus, Olivier, Le Conservatoire de Montpellier (1809-1914), mémoire de maîtrise, Montpellier, Université Paul Valéry, 1990, p. 89­90.

10. La Vie montpelliéraine et régionale, 20 février 1910.

11. Lettre du directeur du Conservatoire [signé « A. Granier »] à Monsieur le maire de la Ville de Montpellier, 21 octobre 1909 [papier à en-tête du Conservatoire]. La première réponse du Maire opte pour l’octroi du Pavillon populaire (Minute de la mairie de Montpellier, 29 octobre 1909), avant d’accorder la salle de Concerts, plus emblématique de l’activité du concert. Arch. mun. Montpellier, série R 2 182.

12. Délibération du conseil municipal, Montpellier, 7 juillet 1910, sous la présidence du maire, Paul Pezet. Arch. mun. Montpellier.

13. Lettre du directeur du Conservatoire, 21 octobre 1909 [citée]. Arch. mun. Montpellier, série R 2 182.

14. La Vie montpelliéraine et régionale, 13 février 1910.

15. Circulaire imprimée de la MMM, décembre 1909 (Arch. Dép. Hérault, série 1 J 53).

16. Cf. Simon, Yannick, « Les concerts populaires au Havre » (1892­1913), Dezède [en ligne], dezede.org/dossiers/id/64/ (consulté le 17 janvier 2016).

17. Cf. Simon, Yannick, Jules Pasdeloup et les origines du concert populaire, Lyon, Symétrie, 2011.

18. Annexe : 15e concert, 2 février 1914.

19. Cf. Teulon Lardic, Sabine, « Répertoire des programmes de concert de la SCSM », Inventer le concert public à Montpellier, p. 331-353.

20. Granier, Armand, lettre au Maire de Montpellier, 9 novembre 1909 (Arch. Mun. Montpellier, série 2 R 182). Le document est reproduit in extenso en Annexe n°1.

21. Voir Pasler, Jann, « L’utilité du concours et de la pensée comparative », dans La République, la musique et le citoyen 1871-1914, Paris, Gallimard, 2015, 217-225.

22. La Vie montpelliéraine et régionale, 19 janvier 1913.

23. Cf. Teulon Lardic, op. cit, p. 240-242.

24. Cf. Annexe : 3e concert, 6 avril 1910.

25. Cf. Annexe : 4e concert, 28 avril 1910. Les fragments symphoniques des drames wagnériens étaient déjà favoris à la Société des Concerts Symphoniques de Montpellier, en termes d’occurrence comme de diversification d’extraits. Cf. Teulon Lardic, op. cit., p. 277-285.

26. Cf. Annexe : 10e concert, 1er avril 1912.

27. Le Petit Méridional, 28 mars 1912.

28. La Vie montpelliéraine et régionale, 7 avril 1912.

29. Cf. Annexe : 5e concert, 30 janvier 1911 ; 11e concert, 12 janvier 1913.

30. La Vie montpelliéraine et régionale, 22 mars 1914.

31. Cf. Annexe : 7e concert, 28 avril 1911.

32. Cf. Annexe : 13e concert, 24 mai 1913.

33. Voir Granier, Léontine, lettres à sa famille, année 1909 (archive privée du fonds Granier-Rémond). Nous remercions chaleureusement Anne-Charlotte Rémond, productrice à France-Musique, de nous avoir communiqué ces lettres ainsi que la photo d’Armand-Cyprien Granier.

34. Cf. Peus, Olivier, op. cit., p. 73.

35. Cf. Annexe : 8e concert, 20 décembre 1911.

36. Cf. Annexe : 2e concert, 2 mars 1910.

37. La Vie montpelliéraine et régionale, 6 mars 1910.

38. Circulaire imprimée de la MMM, décembre 1909 (Arch. Dép. Hérault, série 1 J 53).

39. La Vie montpelliéraine et régionale, 8 février 1914.

40. Circulaire imprimée de la MMM, art. cit.

41. Lors de ses obsèques en 1914, des délégations des Libres-penseurs, de l’École laïque accompagnent son cortège, ainsi qu’A. Granier, qui représente la MMM et le Conservatoire où Combes enseignait (Le Petit Méridional, 8 janvier 1914).

42. Cf. Annexe : 5e concert, 30 janvier 1911 ; 15e concert, 2 février 1914.

43. La Vie montpelliéraine et régionale, 1er mai 1910.

44. Fondé par le violoniste Lucien Capet en 1904, le Quatuor Capet est l’interprète favori de la 2e Sonate de violon op. 108 et des deux quatuors de Fauré. Le compositeur et le Quatuor reviennent d’ailleurs d’une tournée commune en Finlande et Russie (hiver 1910). Une lettre de G. Fauré témoigne de son estime envers ces interprètes ainsi que le choix de programmer un quatuor de Beethoven en vis-à-vis du sien. Cf. Fauré, Gabriel, lettre [1er décembre 1904], Correspondance, Nectoux, J.-M. (édit.), Paris, Fayard, 2015, p. 308.

45. Cf. Annexe : 8e concert, 20 décembre 1911.

46. La Vie montpelliéraine et régionale, 5 janvier 1913. Cf. Annexe : 11e concert, 12 janvier 1913.

47. Lettre d’Armand Granier au Maire de Montpellier, 4 février 1911 [papier à en-tête « Mutuelle des Musiciens de Montpellier »] (Arch. mun. Montpellier, série R 2 182). Les soulignements de l’épistolier et le propos dévoilent quel gestionnaire scrupuleux est le président de la MMM.

48. Cf. Construcci, Jean, Emma Calvé, la diva du siècle, Paris, Albin Michel, 1989.

49. Annexe : 1er concert, 23 février 1910.

50. La Vie montpelliéraine et régionale, 27 février 1910.

51. Teulon Lardic, Inventer le concert public à Montpellier, p. 386.

52. La Vie montpelliéraine et régionale, 10 avril 1910.

53. Cf. Teulon Lardic, op. cit., p. 296-303.

54. La Vie montpelliéraine et régionale, 10 avril 1910.

55. Cf. Teulon Lardic, op. cit., p. 231.

56. « Le concert de la Mutuelle des Musiciens », Le Petit Méridional, 10 décembre 1913.

57. « La représentation de la Mutuelle des Musiciens », Le Petit Méridional, 27 mars 1912.

58. La Vie montpelliéraine et régionale, 6 avril 1913. La presse ne mentionnant pas la présence de Mistral en compte-rendu, nous pouvons douter de celle-ci.

59. « Chronique régionale », Le Petit Méridional, 10 avril 1913.

60. La Vie montpelliéraine et régionale, 20 avril 1913.

61. Teulon Lardic, Sabine, « « Tout le monde est heureux à Montpellier ! » : programmation et présence de J. Massenet in loco de 1889 à 1912 », Massenet and the Mediterranean World, Ciolfi, Simone (dir.), Bologna, Ut Orpheus Edizioni, 2015, p. 219-251.

62. La Vie montpelliéraine et régionale, 5 avril 1914.

63. La Vie montpelliéraine et régionale, 8 février 1914. Cf. Annexe : 15e concert, 2 février 1914.

64. « Chronique régionale – Montpellier », Le Petit Méridional, 11 novembre 1913. Trois mois plus tard, les échos de la presse laissent entendre une meilleure gestion : « Dans la dernière réunion de la Mutuelle, il fut rendu compte des deux derniers concerts ainsi que de la gestion générale. L’assemblée vota des félicitations au Conseil d’administration, à son président Noël Caisso et en particulier à M. Petit, le chef d’orchestre si aimé de tous, dont le concours précieux assura le succès de deux belles années musicales. » (Le Petit Méridional, 18 février 1914).

65. « Le concert de la Mutuelle des Musiciens », Le Petit Méridional, 10 décembre 1913.

66. Kocévar, Erik, art. « Litvinne » dans Dictionnaire de la musique en France au 19e siècle, Fauquet, Joël-Marie (dir.), Paris, Fayard, 2003, p. 710.

67. « La musique dans le Midi », Revue française de musique, 1912, p. 670-673.

68. « La musique dans le Midi », art. cit.

69. « La musique dans le Midi », art.cit.

70. Teulon Lardic, op. cit., p. 52-59, 213-224.

71. Moulencq, Jean, « Concerts à Montpellier », Revue française de musique, juin juillet 1913, p. 608. Dans Paris même, l’audition de l’œuvre de Gédalge avait été modérément accueillie. Cf. « Les Concerts », Revue de musique, avril 1913.

72. Circulaire imprimée de la MMM, décembre 1909 (Arch. Dép. Hérault, série 1 J 53).

73. Après le solidarisme, doctrine élaborée par Léon Bourgeois (1851­1925), celles-ci défendaient les valeurs collectives en couvrant les risques inhérents à l’activité des agriculteurs et viticulteurs, tels l’incendie, les inondations, la mortalité du bétail, etc. Elles succèdent aux nombreuses sociétés de secours mutuels, qui s’étaient multipliés depuis 1820, mais contrôlées par le pouvoir central. Cf. Praca, Edwige, Histoire de la Mutualité dans l’Hérault. La grande aventure de la solidarité dans l’Hérault – XIXe et XXe siècles (Toulouse, Éditions Privat, 2003), p. 37-50.

74. Praca, Edwige, op. cit., p. 53. Ces objectifs sont entérinés par la fondation de la première Caisse départementale de retraite de l’Hérault en 1903 (idem, p. 55).

75. La Vie montpelliéraine et régionale, 20 février 1910.

76. Circulaire imprimée de la MMM, décembre 1909 (Arch. Dép. Hérault, série 1 J 53).

77. « La Mutuelle des Musiciens de Montpellier peut être satisfaite du concert qu’elle a donné mercredi dernier, qui devait être comme la cérémonie baptismale de la jeune Société. Il a été de tous points réussi, (…) malgré une centaine de chaises rajoutées aux places ordinaires de la salle de Concerts, quantité de personnes n’ont pu entrer, entre autres, notre collaborateur, Agnostos. » (La Vie montpelliéraine et régionale, 27 février 1910).

78. La Vie montpelliéraine et régionale, 10 avril 1910.

79. Lettre d’Armand Granier au Maire de Montpellier, 17 mai 1910 [déjà citée]. Arch. mun. Montpellier, série R 2 182.

80. Le Petit Méridional, 11 janvier 1913.

81. « Le Congrès de la Mutualité », Le Petit Méridional, 31 mars 1913.

82. « XIe Congrès national de la Mutualité à Montpellier », Le Petit Méridional, 20 mars 1913.

83. Relation transmise par « Le XIe Congrès de la Mutualité », Le Petit Méridional, 31 mars 1913.

84. La Vie montpelliéraine et régionale, 20 février 1910.

85. « Cachets aux Musiciens Montpelliérains non adhérents… 319 francs. » Cf. Lettre d’Armand Granier, 17 mai 1910, op. cit. (Arch. mun. Montpellier, série R 2 182).

86. Cf. Circulaire de la MMM (Arch. Dép. Hérault, série 1 J 53).

87. Idem.

88. La Vie montpelliéraine et régionale, 12 janvier 1913.

89. La Vie montpelliéraine et régionale, 20 avril 1913.

90. « L’Art et la Mutualité – L’Opéra de Paris à Montpellier », Le Petit Méridional, 24 mars 1912.

91. « La représentation de la Mutuelle des Musiciens », Le Petit Méridional, 27 mars 1912.

92. Actuellement, dans un pays qui dote le statut d’intermittence du spectacle, cette notion est théorisée par les sociologues et évaluée par les acteurs culturels. Cf. A.F.O. (Association Française des Orchestres) édit., L’Orchestre dans la ville, 2e Forum des orchestres français, 26 et 27 juin 2003, Paris, 2004.

93. Lettre d’Armand Granier au Maire de Montpellier, 17 mai 1910 [papier à en-tête « Mutuelle des Musiciens de Montpellier »]. (Arch. mun. Montpellier, série R2 182).

94. La Vie montpelliéraine et régionale, 14 décembre 1913.

95. Concert Emma Calvé / soirée de gala / donnée gracieusement au bénéfice de la Croix Rouge française, Montpellier, Imprimerie Firmin et Montane, 1918 (Arch. Dép. Hérault, série 1 J 52).

96. Cf. Annexe : 1er concert, 23 février 1910.

97. Voir la lettre du président de la MMM au maire de la Ville, décembre 1926 (Arch. mun. Montpellier, série R 2 182).

98. Source : La Vie montpelliéraine et régionale, 27 février 1910.

99. Source : Programme imprimé (Arch. dép. Hérault, série 1 J 53).

100. Idem.

101. Idem.

102. Cette pièce figure sur le programme imprimé. En réalité, la Marche française, issue de la Suite algérienne op. 60, a clôturé cette séance d’après La Vie montpelliéraine et régionale, 1er mai 1910.

103. Source : Programme imprimé (Arch. dép. Hérault, série 1 J 53).

104. Idem.

105. Idem.

106. Idem.

107. Source : Le Petit Méridional, 24 et 27 mars 1912.

108. Source : Programme imprimé (Arch. dép. Hérault, série 1 J 53).

109. Source : « Mark Hambourg / Germaine Robur », La Vie montpelliéraine et régionale, 12 et 19 janvier 1913.

110. Source : « La Comédie-Française à Montpellier », Le Petit Méridional, 11 avril 1913.

111. Source : « La Mutuelle des Musiciens », Le Petit Méridional, 24 mai 1913.

112. Source : La Vie montpelliéraine et régionale, 7 décembre 1913.

113. Source : Programme imprimé (Arch. dép. Hérault, série 1 J 53).

114. Source : La Vie montpelliéraine et régionale, 5 avril 1914.