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Description

Discours Ecclésial, Monarchique, Médical sur la Maladie : le XVIIIe s.

L’homme dans sa vie terrestre peut être atteint de divers maux et de diverses maladies. Le discours ecclésial s’adresse au malade directement et individuellement, il s’agit de mener le chrétien à la mort ou à la guérison : l’une comme l’autre étant un don de Dieu entrant dans le plan du salut. Un des sept sacrements de l’Église Tridentine est un sacrement destiné aux malades : l’extrême-onction. L’épidémie apparaît dans cette perspective comme un châtiment collectif des iniquités des chrétiens et elle appelle des recours collectifs. Le discours clérical – ou ecclésial – est renforcé, précisé, après le Concile de Trente pour faire pièce aux Réformés, qui nient le caractère sacramental de l’extrême-onction il se constitue dans les rituels et instructions des rituels destinés aux prêtres, dans les statuts synodaux, règles de conduite et d’action s’imposant aux prêtres et aux fidèles, dans les catéchismes destinés à l’éducation religieuse.

Le discours ecclésial reçoit au cours du XVIIe et du XVIIIe siècle en France l’appui d’un discours temporel, celui de la monarchie, qui intervient dans le sens de l’obligation religieuse catholique dans le sacrement de l’extrême-onction, qui intervient aussi en réglementant les institutions médicales, qui intervient par son administration dans des domaines comme la salubrité publique, même si elle se heurte là à la sensibilité religieuse, notamment dans les règlements sur les cimetières, comme aussi la prévention des épidémies ou comme la distribution gratuite de remèdes.

Dans le cours du XVIIIe siècle, insensiblement et par touches successives, de nouvelles valeurs viennent s’ajouter à celles de l’Autel et du Trône, ce sont celles qui transparaissent à travers un discours médical qui porte sur le médecin lui-même ou sur les méthodes mises en œuvre dans la pratique de son art. Ce discours tend – mais tend seulement – vers une banalisation de la maladie et par conséquent vers une certaine désacralisation de la maladie.

Dans les écrits scripturaires on trouve non seulement des guérisons dues à Jésus et même des résurrections. La peste, avertissement de Dieu à l’humanité entière, est considérée toujours avec gravité : elle annonce peut-être la fin du monde et le jugement. Le message délivré est clair il faut visiter les malades pour les soigner, il faut aider les pestiférés, il faut donner aux mourants les secours de la religion par l’extrême-onction. L’esprit de charité fait fonder des hôpitaux ou consacrer des vies entières au service des malades dans des ordres religieux, des tiers-ordres ou des confréries.

Les « églises séparées de Rome » conservent l’essentiel du message, mais comme l’on sait, dénient tout caractère de sacrement à l’extrême-onction. « Le troisième sacrement contrefait est l’extrême-onction (Pierre Lombard, Sentence IV, dist. 23 ; St Thomas, Somme, supp. qu. 29-33) qui se donne par un prêtre et en extrémité de vie, d’huile consacrée par l’évêque et par cette formule Dieu par cette sainte onction et par sa miséricorde te pardonne tout ce que tu as offensé par l’ouïe, la vue, l’odorat, le toucher et le goût (Eugène IV. b. Exultate Deo. 1439). Ils feignent qu’il y a deux vertus en ce sacrement à savoir la rémission des péchés et l’allégement de la maladie corporelle s’il est expédient à la santé de l’âme (P. Lombard) Ce sont… battelerie et singerie.., par lesquelles… sans propos et sans utilité ils veulent contrefaire les apôtres… St. Marc… guérissant par l’huile (Marc. VI. 13)… les guérisons par le seigneur (Jean IX-6) par attouchement (Math. IX. 29) par parole (Luc XVIII-42-Act. V.14.XIX.22.). Ce n’est point cérémonie instituée par Dieu et n’a promesse aucune de lui ». Cette condamnation brutale de l’extrême-onction comme sacrement ne signifie nullement que les églises issues de la réforme du XVIe siècle ne perçoivent pas le sens du message du salut à travers la maladie ou qu’elles ignorent la charité. The book of common payer d’usage constant dans l’église d’Angleterre depuis le milieu du XVIe siècle, consacre un chapitre entier à la visite des malades. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1984

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Michel PERONNET

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf