Description
Datation et typochronologie de l’habitat rural de la plaine languedocienne
Architecture rurale ou architecture villageoise ? Depuis le début du Moyen Âge, les gens vivent en villages serrés, vraies villes miniatures. L’habitat évolue sur place, rendant difficile la datation des maisons. Les outils sont peu nombreux et d’usage délicat : archives plans (compoix, cadastres…), décor architectural. Les pièges sont fréquents. L’étude du bâti reste indispensable pour comprendre les modifications. Le village, milieu clos, a favorisé l’émergence d’un type de maisons en hauteur qui va durer jusqu’à nos jours. C’est la maison polyvalente du moyen âge qui se perpétue à l’époque moderne sous la même forme. C’est ce modèle repensé qui émerge au XIXe siècle avec la « révolution viticole » pour modifier complètement le cadre villageois.
Introduction
La plaine languedocienne forme une longue bande étroite, d’orientation nord-est – sud-ouest, ponctuée de collines plus ou moins prononcées, les puechs ou pechs (fig. n° 1). Elle est coincée entre la frange littorale, longtemps désertée, et le Massif Central qui culmine à mille mètres, à soixante kilomètres de la mer. Cette plaine, dont la largeur moyenne dépasse rarement trente kilomètres, constitue une zone de circulation et de peuplement dense. La principale richesse du Languedoc, et donc sa faiblesse, repose depuis le milieu du XIXe siècle sur la viticulture, véritable monoculture. Avant cette suprématie, on trouvait le trinôme traditionnel des pays méditerranéens céréales, oliviers, vigne. Quelques cultures annexes complétaient ces cultures avec le maraîchage, les légumineuses et les arbres fruitiers.
Le Languedoc est une région agricole assez peu urbanisée et très faiblement industrialisée. La faiblesse du tissu urbain se trouve largement compensée par un maillage dense de bourgs et de villages. Les recensements de la population réalisés par l’INSEE montrent que trois Languedociens sur quatre habitent un village de 2 000 habitants ou plus. L’habitat dispersé se limite, dans la plaine languedocienne, à celui des domaines et à de très rares hameaux. « La plaine [languedocienne] est le domaine quasi exclusif du village compact, comme toutes les zones méditerranéennes ont su en produire » écrit Jean Guibal. Ces villages puisent leur origine dans le Moyen Âge : « le village est, dès le XIIIe siècle, un castrum, c’est-à-dire un centre d’habitat rural groupé et fortfié à la manière d’une petite ville. » Le regroupement de la population a créé des conditions de vie très particulières présentant de nombreuses contraintes architecturales et sociologiques. Dès le XIIIe siècle, les agglomérations enserrées dans leurs remparts voient leur cadre monumental se figer pour une très longue période et former un véritable carcan à l’intérieur duquel va évoluer une architecture rurale au caractère urbain très affirmé. Les contraintes agricoles ou professionnelles sont peu exprimées et la polyvalence des fonctions domine. La maison se développe en hauteur, les pièces sans jour sont fréquentes. Dans un milieu clos, où la place est comptée et où le bâti ne peut évoluer individuellement sans interférer sur son environnement immédiat, l’étude de son architecture ne peut s’appréhender uniquement à partir d’individus. Ceux-ci doivent constamment être replacés dans leur contexte historique local et régional, confrontés aux données topographiques : un examen superficiel ne suffit pas. Autre difficulté, les textes notariaux, par exemple, ne distinguent jamais les fonctions des bâtiments cités. Ils parlent toujours de la maison (domus, estare, hospicium, mansio…). Dans les compoix les dépendances agricoles apparaissent plus clairement. Il subsiste peu de témoins identifiables de cet habitat médiéval. Chaque époque a laissé sa marque, masquant ainsi la période précédente. Là, réside la difficulté majeure des études qui consiste à dater les bâtiments étudiés à partir d’outils rapidement disponibles, à en vérifier la crédibilité afin d’identifier, à travers la trame villageoise, les individus qui constituent ce tissu, identifier leurs filiations pour enfin comprendre l’évolution de cette architecture rurale au caractère urbain très affirmé. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2010 |
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Nombre de pages | 17 |
Auteur(s) | Jean-Michel SAUGET |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |