Description
Correspondance d’un couple de jardiniers agathois 1915-1918
Les archives municipales d’Agde conservent la dense correspondance échangée pendant la Grande Guerre entre Paul et Marie Loubet, ouvriers devenus jardiniers. Le « pacte épistolaire », que les deux époux ont alors instauré, a contribué à maintenir et faire évoluer leur relation malgré presque quatre ans de séparation. Le contenu des lettres témoigne de l’expérience d’un apprenti soldat devenu fantassin sur le front puis longtemps prisonnier en Allemagne. Reposant largement sur la voix féminine d’une paysanne qui se loue souvent à la journée, ce qui est quasiment inexistant dans les sources disponibles, cet objet permet aussi de découvrir les bouleversements et les difficultés de la vie quotidienne sur le front intérieur languedocien. Enfin, la force d’une singulière écriture à deux voix permet d’accéder à l’intimité d’un couple solide et révèle la résistance et la grande dignité des personnes ordinaires en temps de guerre.
The municipal archives in Agde keep the rich correspondence that was exchanged during the Great War by Paul and Marie Loubet, two workers who became gardeners. The « epistolary pact » that the husband and his wife then established contributed to maintaining and developing their relationship in spite of their forty-two month’s separation. The content of these letters gives an account of the life of a conscript who became an infantryman in Argonne then was kept a prisoner in Germany. This correspondence relies on a female voice, that of a country woman who worked the soil as a day labourer ; which has almost never been published so far. It also reveals how difficult and distressing the daily life on the home front in Languedoc was. Lastly, through these two voice-letters, we are given the portrait of an intimate and solid couple and we are revealed the strategy of resistance and the dignity of ordinary people in war time.
La syntaxe et l’orthographe des auteurs des lettres ont été respectées dans la transcription des extraits.
Seuls des éléments de ponctuation (points et virgules) ont été parfois rajoutés
Avant de devenir dans la dernière partie du XXe siècle une des plus importantes stations balnéaires de France, la ville d’Agde, petite ville du littoral héraultais, dut sa prospérité à son port puis, comme dans toute la plaine languedocienne, à la monoculture de la vigne. Dans les années 1990, c’est de la décharge de cette commune, que Franck Bancal, passionné d’histoire et de documents anciens, a sauvé la correspondance que Marie et Paul Loubet, un couple de jeunes jardiniers, ont échangée pendant la Grande Guerre. Confié définitivement en 2007 aux archives municipales, ce lot a déjà contribué, grâce à quelques-uns de ses extraits, au succès de l’exposition « Agathois dans la Grande Guerre » présentée lors de la commémoration du Centenaire. Dès lors, ces lettres et cartes se sont avérées précieuses pour la connaissance de la vie des Héraultais pendant le conflit. Précieux, cet objet l’est à trois titres au moins. Paul, d’abord, raconte à Marie sa vie de soldat où s’enchaînent à un rythme accéléré, les classes dans les Pyrénées Orientales, une brève mais dense expérience combattante sur le front de l’Argonne et enfin plus de trois années de captivité en Allemagne. S’exprime aussi, du front intérieur languedocien, une voix féminine alors que souvent les lettres des épouses de soldats ont disparu. Enfin, la situation sociale du couple, des ouvriers qui venaient de s’installer comme jardiniers, que rien ne destinait à une longue relation uniquement épistolaire, parait quasi inédite dans les témoignages utilisés dans les études sur 1914-1918. Alors, sur le rôle du courrier, sur la vie militaire et civile en temps de Grande Guerre et enfin sur l’intimité d’un couple héraultais séparé, que peut nous apprendre cette correspondance ?
« … de tes nouvelles… » Les fonctions essentielles de la correspondance, objet-source.
Les courriers échangés pendant la Grande Guerre se comptent en milliards. Au moins cinq millions de couples français ont été alors séparés et l’historienne Clémentine Vidal-Naquet a souligné combien le pacte épistolaire s’est imposé comme le « premier geste d’accommodement à la guerre du couple séparé ». De fait, si le lot comprend environ trois cents missives, Paul et Marie en ont au moins échangé cinq cents du 17 février 1915 au 24 novembre 1918. Le jeune époux, dès le lendemain de son arrivée à la caserne, démarre une correspondance qui devient, sinon l’unique, du moins le lien le plus tangible avec sa famille, acquérant progressivement un statut puissant jusqu’à résister au temps et arriver jusqu’à nous. Ressource vitale pour supporter la très longue séparation, ces simples morceaux de papier deviennent aussi un véritable espace-temps pour chacun des époux. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2015 |
---|---|
Nombre de pages | 15 |
Auteur(s) | Christine DELPOUS-DARNIGE, Virginie GASCON |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |