Description
Compte-rendu de l’ouvrage d’ Hélène Debax,
Vicomtes et vicomtés dans l’Occident médiéval,
(Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2008)
Aborder le problème des vicomtes et des vicomtés demandait du courage. Mais Hélène Débax n’en manque pas. Le vicomte étant le grand inconnu de l’historiographie occidentale, niveau intermédiaire entre le comes et le vicarius, il fallait tenter de le dénicher en essayant de faire parler des sources très peu bavardes, trop souvent lacunaires et jamais faciles à interpréter. Une synthèse générale n’étant pas envisageable, car impossible dans l’état actuel de la recherche et de nos connaissances, l’idée retenue fut de réunir à Albi vingt-cinq chercheurs ayant accepté, comme le dit Hélène Débax, « de jouer le jeu (…) et de tenter de répondre à une grille de questionnement… » (p. 9). Les vingt-deux communications présentées ici – dont vingt-et-une monographies régionales – sont le résultat de ces travaux : elles font suite à une introduction d’une douzaine de pages dans lesquelles Hélène Débax présente le projet, montre les difficultés et les limites de l’enquête, fait le point sur les maigres connaissances de départ qui s’expriment plus par des interrogations que par des certitudes ; elle donne enfin les principaux éléments du questionnaire qui devait guider la recherche et la réflexion des auteurs.
Les conclusions de l’enquête sont présentées en fin d’ouvrage par Roland Viader qui n’a pas, à juste titre, tenté de faire une synthèse des diverses contributions afin, avoue-t-il, de ne pas « trahir l’esprit ouvert et prospectif de cette démarche, des discussions tout autant que des communications » (p. 319). Et c’est vrai que malgré la très grande richesse des apports de chacun des auteurs le temps d’une synthèse n’était pas plus venu à la fin de l’enquête qu’il ne l’était à ses débuts. Par rapport à l’introduction d’Hélène Débax, les propos de Roland Viader ont donc un petit air de déjà vu mais, du même coup, le lecteur peut prendre conscience de ce qui a pu être ou non confirmé, de ce qui fait progresser ou même renouvelle nos connaissances, et de tout le chemin qui reste à parcourir. Roland Viader constate combien reste encore imprécise l’image que nous pouvons avoir de l’univers vicomtal tant, d’une région à l’autre, l’infini complexité des variantes et des détails vient contredire les grandes lignes que l’on croit pouvoir esquisser lors de telle ou telle étape de la recherche. Et pour finir, dans ses deux dernières parties (“Succès et échecs des seigneuries vicomtales” et “La nature ambiguë des vicomtés seigneuriales”), il pose toute une série de questions essentielles.
C’est donc un volume de 337 pages qui nous est offert dans le cadre de la collection Tempus. Je regrette qu’un certain nombre de coquilles aient échappé à la relecture mais c’est le genre de reproche véniel que l’on se permet quand on n’en a que bien peu d’autres à faire. Nous sommes en effet en présence d’un ouvrage d’une très grande densité, d’autant plus compact que la très grande majorité des illustrations et une partie de l’appareil critique sont renvoyées dans un CD accroché au troisième de couverture. Cet outil informatique renferme le contenu d’un second volume de 293 pages. Il permet de mettre à la disposition des lecteurs et des chercheurs une masse documentaire importante : 18 des 22 auteurs ont ainsi profité de cette opportunité, utilisant de 3 à 45 pages selon les cas. C’est ainsi que Claudie Amado consacre une quinzaine de pages à une prosopographie des vicomtes d’Agde et de Béziers (p. 5 à 20) ou que Didier Delhoume et Christian Rémy dressent, entre autres et sur une trentaine de pages (de 232 à 261), un long catalogue des vicomtes limousins repérés dans les sources écrites. Plus généralement, ces annexes contiennent des tableaux divers (beaucoup de généalogies), des cartes, des plans, des bibliographies, des sources, de très longs développements venant en complément ou en illustration du texte de l’article correspondant, des photos (en particulier de monnaies et de sceaux), des cartes postales anciennes. Sept auteurs ont également confié au CD toutes leurs notes de bas de page. Et nous touchons là les limites du système : si, en mettant à la disposition de tout un chacun un matériel de référence abondant et très précieux, l’intérêt du CD n’est pas à démontrer, il n’en reste pas moins qu’il est très inconfortable de devoir disposer d’un lecteur de CD pour consulter la moindre note de bas de page ou pour localiser tel ou tel lieu cité. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2009 |
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Nombre de pages | 4 |
Auteur(s) | Jean-Claude HELAS |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |