Compoix et recherche toponymique : Quelques cas exemplaires dans le terroir agathois
Compoix 1 et recherche toponymique.
Quelques cas exemplaires dans le terroir agathois
* Onomasticien, C.R.I.S.E.S. – EA 4424, Université Paul-Valéry-Montpellier III.
Le présent article a pour but de démontrer l’intérêt des compoix dans la recherche toponymique. En effet, occupant le champ chronologique du XIVe au XVIIIe siècle, ils apportent des informations proches de la langue parlée vernaculaire, intermédiaires entre celles que nous apportent les chartes en latin des cartulaires du VIIIe au XIVe siècles, et celles plus laconiques des cadastres du XIXe et XXe siècles. Ainsi certains toponymes, présents dans les cartulaires et jusqu’à présent mal identifiés et mal localisés, peuvent être situés avec plus de certitude sur le terrain, sinon sur un terroir défini. Ces résultats ne sont pas sans intérêt pour les historiens et les archéologues.
The target of the present article is to demonstrate the interest of the old land registers (compoix) for the place name history. As a matter of fact, overlying the XIVth, XVth, XVIth, XVIIth and XVIIIth centuries, they bring us informations, near the vernacular language (occitan), located between those of the latin charters (VIIIth-XIVth centuries) and those more laconic of the cadastres (XIXth-XXth centuries). So some place names documented in cartularies and up to now unidentified and unlocated, can be more surely situated in the field or at least in a particular soil. These results are very useful for historians and archaeologists.
Les objectifs prioritaires de la toponymie ne sont pas de trouver un sens à un nom propre de lieu ; nous dirons même que cette préoccupation est secondaire. L’important est de pouvoir identifier un nom de lieu, c’est-à-dire à partir d’une documentation couvrant plusieurs siècles (épigraphie antique ; manuscrits de cartulaires, de compoix, de registres de notaires ; plans cadastraux ; cartes géographiques ; sources orales) dater l’apparition du nom de lieu, suivre l’évolution de la forme du mot, repérer sous quels aspects il nous est parvenu à la fin de l’époque moderne ou à l’époque contemporaine (s’il n’a pas disparu entre temps), et en dernier lieu le localiser sur le terrain. Dans l’exposé qui va suivre, nous mettrons l’accent particulièrement sur les attestations anciennes de noms de lieux que nous fournissent les compoix qui permettent de tracer les toponymes depuis les cartulaires jusqu’au cadastre napoléonien.
Toute recherche toponymique sérieuse ne peut se faire qu’en tenant compte des enseignements de la philologie, de la grammaire comparée des langues indo-européennes, des langues romanes et plus généralement de la linguistique historique en se basant sur les langues parlées sur notre aire d’étude particulièrement l’occitan en usage oral majoritaire depuis le Xe siècle jusqu’au XXe siècle.
Nous n’allons pas ici produire un traité de phonétique, mais nous rappellerons seulement quelques faits relevant de la phonétique historique et de la géographie linguistique couvrant l’espace héraultais et particulièrement l’aire agathoise :
Dans l’espace dialectal auquel appartient l’aire agathoise, dans la seconde partie du Moyen-Âge, les mots se terminant par [a] tonique suivi de la nasale [n] vont voir le /-n/ final s’amuïr, et la voyelle [a] passer à [o] 2 ; ainsi le nom commun occitan parran = « enclos » est prononcé en certains endroits [parró] et écrit comme toponyme Parrot par des cartographes de langue française. Il en est ainsi pour l’occitan plan = « terrain plat » prononcé [pló] qui se retrouve écrit au pluriel comme nom de lieu tantôt Plas ou Plos, dans les cadastres ou les cartes IGN. De même certains noms de lieux en /-anum/, noms de domaine qui remontent à l’époque gallo-romaine, font montre de ce type d’évolution. Cependant le nom du village Nissan était prononcé au début du XXe siècle par les occitanophones [nísso], ce qui montre un recul de l’accent tonique portant dans ce cas essentiellement sur l’avant-dernière syllabe. Effectivement les grammairiens ont pu observer dans d’autres cas un recul de l’accent, manifeste à partir du XVe siècle, dans certains noms de lieux en /-anum/ qui furent formé sur un nom de personne dont le thème se termine par [y], Gemini(us), Sabini(us), Surini(us), etc. ; ils verront leur finale /-ianum/ se comporter plus tard comme le suffixe ancien occitan /-ia/ et être prononcé avec plusieurs variantes [-ίo ~ -ίa ~ -ίe~] 3 avec l’accent sur le [i] ou sur la syllabe précédente. Aussi ne faudra-t-il pas s’étonner de trouver à quelques lignes d’intervalles le même nom de lieu avec la finale écrite de façon différente, indice de prononciation différente à une même époque. Ce sont des éléments de protocole analytique qu’il vaut mieux ne pas ignorer.
L’analyse de quelques toponymes du terroir agathois illustrera bien ces mécanismes phonétiques qui sont mis à jour par les sources d’informations historiques et linguistiques que sont les compoix. Nous avons confronté certains noms de lieux fournis par les compoix d’Agde avec ceux inventoriés dans le cartulaire du chapitre d’Agde. Ce cartulaire a été l’objet d’au moins trois publications 4, par Rouquette (1925), Terrin (1969) et Foreville (1995) à partir de plusieurs copies effectuées à la fin du XVIIIe siècle. Chacun de ces auteurs offre des versions différentes de ce cartulaire avec des datations, des leçons, des découpages de texte qui leur sont propres, en se basant sur deux ou trois documents antérieurs qu’ils appellent A, B, C, chaque auteur attribuant ces deux ou trois lettres à sa convenance aux documents qui ont servi de base à sa publication.
Pour notre part, nous avons pris pour base d’analyse seulement deux documents. Ils sont en dépôt aux Archives départementales de l’Hérault, l’un côté G 2 intitulé « Copie par Sr Aimé-Antoine-Gabriel Jourdan archiviste » daté de 1764, l’autre côté G 20 « Copie d’un grand et vieux cartulaire du chapitre cathédral d’Agde écrit sur parchemin, relié en basane grand in fol°, par Me l’abbé Martin Jacques de Gohin, chanoine camérier d’Agde, vicaire général de ce diocèse, et abbé commendataire de St Polycarpe » daté de la fin du XVIIIe siècle. Il existe un troisième document, copie lacunaire que nous n’avons pas répertoriée et donc pas traitée. Les deux documents que nous avons traités sont des copies d’un document antérieur datant du XIVe siècle 5, lequel serait le premier recueil de copies des chartes originales. Nous sommes donc loin d’avoir à notre disposition des documents princeps. Les erreurs et les interprétations ont donc pu se surajouter au fil du temps. C’est pour cela que nous avons pris comme référence les manuscrits G 2 et G 20, tout en prenant leurs informations avec beaucoup de circonspection.
Les compoix : un outil indispensable de localisation
Un certain nombre de noms de lieux anciens relevés dans le cartulaire du chapitre d’Agde par le dictionnaire de Franck R. Hamlin 6 ont été localisés sur la commune de Montagnac, située au nord de celle d’Agde, alors que les compoix d’Agde nous autorisent une autre localisation. Cette confusion de la part des auteurs de ce dictionnaire a certainement été induite par le fait que ces deux communes possèdent des noms de lieux de formes identiques ou approchantes (voir Annexe). De fait, si l’on n’a à sa disposition que des toponymes contemporains de Montagnac et si l’on trouve dans un cartulaire une série de toponymes dont une partie d’entre eux ressemble à ces derniers, on sera évidemment tenté, si on ne vérifie pas ailleurs, de localiser l’ensemble des toponymes du cartulaire sur le terroir de Montagnac.
Nous allons voir comment les compoix 7 permettent d’assurer leur localisation.
Batipalmas
Le dictionnaire de Hamlin, tout en citant un Ruisseau de Batipaumes sur la commune d’Agde, a considéré le toponyme Batipalmas attesté dans le cartulaire du chapitre d’Agde comme une « localité non identifiée à Montagnac » 8.
Voici les attestations anciennes que nous avons relevées :
« 1160 nostram vineam quam habemus per alodem in terminio de Montaniaco in loco qui dicitur Batipalmas quae vinea jungitur a circio et de altano cum alode Sanctae Mariae de Montaniaco (cartulaire du chapitre d’Agde, G 20, p. 111) ; 1170-1202 et in alio loco in Batipalmas ferrago Peironeti… ; et in vinetum de Batipalmis vinea de Carcasonis… et confrontatur ex circio et in altano in vineam Sanctae Mariae de Montaniaco (cartulaire du chapitre d’Agde, G 20, p. 105) ; 1173-1174 et insuper septem hortos qui sunt intra Leutre (sic) et Fontem Savinachesam et vineam de Batipalmas quae a circio et ab autano affrontat in vineam Sanctae Mariae ; et ferraginem de Batipalmas quae a circio afrontat se in honore Sanctae Mariae… in viam quae vadit de Montigniaco ad Savignac (cart. du chapitre d’Agde, G 20, p. 107) ; 1183-1191 et dimitto Mariae nepti (sic) meae ferraginem de Batipalmas et vineam de abeurador (cartulaire du chapitre d’Agde, G 20, p. 75) ».
L’identification de ce toponyme fait problème. En effet les informations du cartulaire du chapitre d’Agde donnent comme localisation « in terminio de Montaniaco » = « dans les limites territoriales de Montagnac », et « vinea de l’Abeurador » = » vigne de l’abreuvoir » ; ce dernier toponyme se retrouve dans les compoix de Montagnac : 1545 a l’Abeurado (cpx., Montagnac, 162 EDT 37), 1629 a l’Abeauradou (cpx., Montagnac, 162 EDT 47). Ainsi on pourrait en déduire que le toponyme Batipalmas donné par le cartulaire du chapitre d’Agde est bien situé sur Montagnac.
Pourtant ce nom de lieu est absent des compoix de Montagnac de 1545 9, de 1570 10, de 1575 11, de 1600 12, ainsi que du cadastre napoléonien de Montagnac de 1832 13.
Par contre nous avons un toponyme Batipalmas bien traçable sur le terroir d’Agde si l’on se réfère aux données des compoix et du cadastre napoléonien :
« 1320 a Batipalmas (cpx., Agde, CC1) ; 1360 a Batipalmas (cpx., Agde, CC2) ; 1370 a Batipalmas (cpx., Agde, CC3) ; 1453 a Bactis Paulmes ; a Baltis Palmes ; a Bactis Palmes (cpx., Agde, CC4) ; 1457 a Batipalmas (cpx., Agde, CC6) ; 1490 a Batipalmas (cpx., Agde, CC7) ; 1510 a Batipalmas (cpx., Agde, CC8) ; 1520 a Batipalmas (cpx., Agde, CC9) ; 1520 a Batrypalmes ; a Batipalmes ; a Batipalmas ; a Batipalmos (cpx., Agde, CC10) ; XVIe siècle, a Batipalmas (cpx., Agde, CC11) ; XVIe siècle, a Batipalmes (cpx., Agde, CC12) ; 1591 a Batipaume ; a Batipanne (cpx., Agde, CC13) ; 1591 a Batipaumes (cpx., Agde, CC15) ; 1624 a Batipaumes (cpx., Agde, CC18) ; 1624 a Batipaumes ; a Batipaulmes (cpx., Agde, CC20) ; 1821 Batipaumes ; Batipaumes et Poux de las Banes (cad., Agde, sect. D1, 3 P 3431) ».
Il semble donc bien que le toponyme Batipalmas soit situé sur le terroir d’Agde.
Mais la lecture des compoix de Montagnac apporte un nouvel éclairage avec le toponyme suivant : « 1545 al Joc del Palamar (cpx., Montagnac, 162 EDT 37) ; 1622 au Petit Jeu du Palemard (cpx., Montagnac, 162 EDT 46) ; 1629 au Petit Jeu de Palmar ; au Petit Jeu du Palemar (cpx., Montagnac, 162 EDT 47) ». Palamar représente l’occitan palamar = « maillet pour jouer au jeu de paume » 14, ce qui du point de vue du signifié vrai ou interprété renvoie à Batipalmas.
Cela permet de poser le problème de la fiabilité des sources et particulièrement du crédit que l’on doit accorder aux données du cartulaire du chapitre d’Agde. Le rédacteur des chartes à la fin du XIIe siècle puis les copistes du XIVe siècle ou ceux de la fin du XVIIIe siècle, qui reproduisirent ces documents, étaient sans doute familiers du terroir d’Agde et de ses noms de lieux ; ils ont pu transformer le nom de lieu de Montagnac Joc del Palamar = « jeu de paume » en Batipalmas = mot à mot « je bats les paumes », perçu comme une tournure imagée pour « jeu de paume ».
Ainsi peut-on considérer le toponyme Batipalmas tiré du cartulaire du chapitre d’Agde comme un toponyme virtuel né de l’imaginaire, de l’inventivité d’un ou des divers scribes qui ont apporté leur mouture à la rédaction de ce document en faisant de l’hypercorrection à partir d’un toponyme en usage au sein de la population d’Agde pour transformer celui de Joc del Palamar, en usage au sein de la population de Montagnac, en Batipaumas.
Il faut terminer cette petite enquête par une réflexion. Si Batipalmas ne représente pas le signifié « je bats les paumes » > « jeu de paume », mais comme l’a envisagé Hamlin 15 « je bats les paumes » > « je m’afflige », nous serions en présence d’une tentative de la part d’un ou des rédacteurs du cartulaire du chapitre d’Agde de moraliser la dénomination des lieux en en modifiant le sens, en évinçant celui de « lieu faisant référence au loisir, au plaisir » en celui de « lieu faisant référence à l’affliction, à la douleur ».
Les compoix : un outil indispensable d’identification
Geminianum
Le dictionnaire de HAMLIN a classé ce toponyme comme une « localité non identifiée à Agde » 16. Dans l’édition de 1983 17 l’auteur avait envisagé d’y voir « probablement [un] tènement appartenant à » Saint-Pons de Géminian, hameau de la commune de Saint-Jean-de-Minervois ou à Notre-Dame de Géminian, chapelle de la commune de Vieussan, en s’appuyant sur l’unique attestation disponible alors « Clausum de Geminiano » datée de 1184, donnée par Pasquier 18 ; ce toponyme devant être compris comme « le Claux dépendant de Géminian« , le nom propre étant pour lui Clausum (= « le claux ») et le second élément Geminiano / Géminhan un complément déterminatif renvoyant à un autre lieu.
Dans l’édition de ce dictionnaire datée de 2000, ont été rajoutées deux attestations tirées du cartulaire du chapitre d’Agde que nous reproduisons à partir de la lecture d’une des copies que nous possédons :
« 1172 et totum quod habeo in Geminiano (cartulaire du chapitre d’Agde, G 20, p. 32) ; 1184 et campus qui se tenet cum horto apud Geminianum (cartulaire du chapitre d’Agde, G 20, p. 121) ».
Il semble bien que nous soyons en présence d’un nom de lieu authentique situé à Agde et que nous avons bien tracé dans les compoix ainsi que dans le cadastre napoléonien :
« 1320 al Geminha (cpx., Agde, CC1) ; 1360 al Geminha (cpx., Agde, CC2) ; 1370 al Geminha (cpx., Agde, CC3) ; 1453 al Gyminia ; als Gemenya (cpx., Agde, CC4) ; 1457 al Giminha ; al Gimiha (cpx., Agde, CC5) ; 1457 al Giminha (cpx., Agde, CC6) ; 1490 al Geminier (cpx., Agde, CC7) ; 1520 al Geminyé ; al Gemenia (cpx., Agde, CC9) ; 1520 al Geminié ; al Gemynié ; al Gemynia (cpx., Agde, CC10) ; XVIe siècle, al Gemenia (cpx., Agde, CC11) ; XVIe siècle, al Gemenia ; al Geminia ; al Gemynié ; al Gemenya (cpx., Agde, CC12) ; 1591 al Giminié (cpx., Agde, CC13) ; 1591 al Geminié, du grec avec la Chappelle Ntre Dame à St André ; champ et rocquié al Geminié (cpx., Agde, CC15) ; 1592 al Geminié (cpx., Agde, CC16) ; 1624 al Geminié ; al Geminier (cpx., Agde, CC18) ; 1624 al Gemynié ; al Geminier (cpx., Agde, CC20) ; 1821 Chiminié (cad., Agde, sect. C2, C3, 3 P 3431) ».
Nous pouvons ainsi localiser ce tènement sur la carte IGN 19 au sud de la courbe que forme le Canal du Midi, en bordure du Rieu Mort, aux environs des quartiers de la Palmeraie et des Sept Fonts.
Ainsi nous analyserons le syntagme Clausum de Geminiano comme un équivalent de « un enclos dans le tènement Géminha situé à Agde », clausum / enclos étant un nom commun, le nom propre de lieu étant Geminiano / Géminha. Nous avons donc là, sur le terroir d’Agde, un nouveau nom de lieu en /–anum/, suffixe caractéristique des noms de lieux ayant eu comme réalité référentielle sur le terrain un domaine, une villa de la période gallo-romaine. Il est formé sur le nom de personne Geminius 20 bien attesté comme nomen et cognomen.
Les attestations données par les compoix font bien montre de la chute de /-n/ final et de la variation de graphie de la dernière syllabe qui de /-nia/ – /-nha/ va passer à /-nyé/ – /-nié/ – /-nier/ indiquant un changement de prononciation, phénomène conforme à ce que nous avons signalé plus haut. La forme Chiminié produite par le cadastre de 1821 est l’indice de la tentative de rendre au plus près la prononciation [djéminié] / [djiminié] avec l’alphabet français, le /g/ + /e/ ou /i/ se prononçant [dj] en occitan.
Messellianum
Le dictionnaire Hamlin 21 semble avoir ignoré par déficit de documentation ce toponyme que nous localisons sur le terroir d’Agde, grâce aux données que nous fournissent les compoix de cette communauté :
« 1320 al Mecelhan ; al Messelha ; al Messelhia (cpx., Agde, CC1) ; 1360 al Messelhan (cpx., Agde, CC2) ; 1370 al Mecelhan (cpx., Agde, CC3) ; 1453 al Meseye ; al Mesella ; au chemin de Messelliant… qfr. an trois vies (cpx., Agde, CC4) ; 1457 al Messelha (cpx., Agde, CC5) ; 1457 una botiga a Macelha, qfr. am III vias (cpx., Agde, CC6) ; 1490 al Marselha ; al Marcelha (confusion du rédacteur avec Marselhan) (cpx., Agde, CC7) ; 1510 al Marcelha (confusion avec Marselhan) (cpx., Agde, CC8) ; 1520 al Marselha (cpx., Agde, CC9) ».
Ce nom de lieu a disparu ensuite de la nomenclature toponymique des compoix postérieurs. Mais ce toponyme est également attesté antérieurement dans le cartulaire du chapitre d’Agde :
« 1121 omnem alodem quem habebat in Podentianum… et omnem alodum quem habebat in Messiliano (cart. du chapitre d’Agde, G 2, p. 167) ; 1153 est terra una prope curtem Petri Abrani Reti et ista terra de circio inlaterat in alode Sancti Andreae et de aquilone inlaterat in viam que discurrit de Agathe ad Messellianum (cart. du chapitre d’Agde, G 20, p. 41 ; G 2, pp. 39-40) ; 1181 honorem de Messiliano (cart. du chapitre d’Agde, G 20, 283 ; G 2, p. 286) ; 1203 confrairie de Montemerlo, duas sextairatas terrae ad Messelianum (cart. du chapitre d’Agde, G 2, pp. 62-64) ; 1220 in terminio Sancti Andreae Agathensis in loco qui dicitur Messelianum (cart. du chapitre d’Agde, G 20, pp. 268-269 ; G 2, p. 273) ».
Le dictionnaire de Hamlin 22 a produit un certain nombre de ces attestations en les incluant dans sa série des formes anciennes du nom de la petite ville de Marseillan. Certes la confusion entre Marcellianum et Messelianum était difficile à éviter en l’absence d’autres informations que celles tirées du cartulaire du chapitre d’Agde. Cette confusion s’est déjà développée sous la plume des rédacteurs des compoix d’Agde de 1490 et de 1510 qui écrivirent al Marcelha / al Marselha au lieu de al Mecelhan ; al Messelha.
Nous pouvons également verser au dossier du toponyme Messellianum d’Agde, une autre attestation Mezellâ tirée aussi du cartulaire du chapitre d’Agde : 1235 et volo quod infantes Petri Carbonelli nepotes mei laudent ipsis canonicis Sancti Stephani illum honorem de Mezellâ quem eis dederam de quo habebant medietatem (cartulaire du chapitre d’Agde, G 20, p. 265). Le dictionnaire de Hamlin a classé ce toponyme comme « localité non identifiée aux environs de Montagnac » 23. Pour notre part, ce toponyme étant décliné dans la charte en question après le nom d’un autre bien Condaminam de Petra Jorna, que nous situons bien sur Agde 24, nous le considérerons comme une autre forme ancienne de la série de Messellianum d’Agde.
Nous sommes conforté dans cette analyse car après vérification, ce nom de lieu est absent des compoix de Montagnac de 1545 25, de 1570 26, de 1575 27, de 1600 28, de 1629 29. Seule au XIXe siècle une forme toponymique pourrait s’en rapprocher. Il s’agit de Maisselle, nom d’un tènement et d’une ferme attestés dans le cadastre napoléonien de Montagnac de 1832 30. Cette dernière forme toponymique est une formation récente (XVIIIe ou XIXe siècle) ; elle a pour antécédent un nom de famille attesté dans les compoix de Montagnac de 1629 avec Jean Maisselle 31, de 1658 avec Jean Mayselle 32, qui a donné son nom à la ferme et au tènement du cadastre de 1832. Ce nom de famille a pour antécédent un ancien surnom construit sur l’occitan maissèla = « mâchoire ».
On ne peut donc pas établir un lien entre Mezellâ, attesté dans le cartulaire du chapitre d’Agde et le toponyme contemporain Maisselle de la commune de Montagnac.
Grâce aux compoix nous avons identifié et localisé sur le terroir d’Agde un nouveau nom de lieu en /-anum/ représentant un ancien domaine d’époque gallo-romaine formé sur le nom de personne latin Maecilius 33, et qui devait être situé près de l’ancienne abbaye Saint-André d’Agde (in alode Sancti Andreae ; in terminio Sancti Andreae Agathensis), à l’est des limites du bourg Saint-André. Ce toponyme a disparu de la nomenclature des noms de lieu du terroir d’Agde du fait qu’il était proche phonétiquement du nom de la communauté voisine Marseillan, ce qui aurait pu être la source de confusions administratives et de conflits relevant du domaine du foncier.
Montemorlo / Montemolerium
Ce toponyme a été donné par le dictionnaire de Hamlin 34, comme une des attestations anciennes de Montouliers, commune du canton de Saint-Chinian, mais avec la réserve « identification incertaine ». Ces attestations sont tirées d’une charte du cartulaire du chapitre d’Agde et d’une charte du cartulaire de Maguelone :
« 1202 confratriae de Montemorlo duos solidos (cartulaire du chapitre d’Agde, G 20, p. 64) ; 1203 confrairie de Montemorlo, duas sextairatas terrae ad Messelianum (cart. du chapitre d’Agde, G 2, pp. 62-64) ; 1224 Item restituimus villam Sancti Poncii et castrum de Salvetate et Montemolerium (cartulaire de Maguelone, registre C, fol° 64, verso, G 1125) ».
De fait ces informations permettent difficilement de localiser ce toponyme.
Nous avons retrouvé dans les compoix d’Agde un toponyme qui pourrait en être le continuateur :
« 1320 al Mon Molier ; al Monmolier (cpx., Agde, CC1) ; 1360 a Mon Molier ; al Mon Melier (cpx., Agde, CC2) ; 1370 a Monmolier (cpx., Agde, CC3) ; 1453 a Mon Mouria ; a Mont Mourier ; a Mon Morier (cpx., Agde, CC4) ; 1457 al Monmoria ; a Mol Moria ; a Mon Moria (cpx., CC5) ; 1457 a Mon Molié ; a Mol Moria (cpx., CC6) ; 1490 a Mon Morier ; a Monmorier (cpx., CC7) ; 1510 a Mon Morier ; a Montmoria (cpx., CC8) ; 1520 a Montmoria ; a Mont Morier (cpx., CC9) ; 1520 a Monmorié ; a Mon Morié ; a Mal Moria (cpx., CC10) ; XVIe siècle, a Montmoria (cpx., CC11) ; 1591 a Mamourié (cpx., CC13) ; 1591 a Mamourier (cpx., Agde, CC14) ; 1591 al Mamourier (cpx., Agde, CC15) ; 1624 a Mamouyé (cpx., Agde, CC18) ; 1624 a Mamourié ; a Mamourier (cpx., Agde, CC20) ».
Les attestations anciennes montrent que l’on est passé de la prononciation [mυnmυlyé] à la prononciation [mυnmυryé], le [l] palatalisé ayant eu tendance à se prononcer comme un [r] 35. Puis comme nous l’avons indiqué ci-dessus la finale [yé] aura tendance à alterner avec [ya] au XVIe siècle, mais au XVIIe siècle la prononciation [yé] de la finale s’imposera, alors que la syllabe initiale verra sa voyelle [υ] passer à [a] sous l’effet dissimilatoire 36 du [υ] de la seconde syllabe.
À première vue, ce toponyme ne semble pas avoir eu de continuateur à l’époque contemporaine. Pourtant deux toponymes présents dans le cadastre napoléonien de 1821 pourraient bien en porter témoignage. Il s’agit de l’Amourié et de Monmoranci, tous deux employés comme compléments déterminatifs de ruisseau ou de rigole 37, ces deux petits cours d’eau étant voisins sur la même portion de terroir. Certes l’Amourié peut représenter l’occitan l’amorièr = « le mûrier », mais il pourrait s’agir d’une corruption de Mamourier compris comme [lamυryé]. En ce qui concerne Monmoranci, expliqué par le dictionnaire de Hamlin 38 comme représentant le nom de famille Montmorency, ne pourrait-il pas être aussi une corruption à partir de la prononciation [mυnmυrya] ? Il ne s’agit que d’une hypothèse, car nous manquons d’informations écrites et orales pour les XVIIIe et XIXe siècles.
De plus quelles motivations peut-on avancer pour expliquer la formation de ce toponyme ? Si l’on se réfère aux formes latinisées produites par le cartulaire du chapitre d’Agde et le cartulaire de Maguelone, le premier élément pourrait représenter le latin monte(m) = « hauteur », « montagne ». Cela n’est pas en adéquation avec la topographie des lieux dont l’altitude varie entre un et deux mètres. À moins que ce toponyme n’ait pour origine un anthroponyme de la période germanique du type *Mommol-hari latinisé en *Mommolariu. Le nom de personne Mommolus / Momolus / Mummolus 39 est bien attesté ainsi que la forme dérivée Momolenus / Mummolenus 40. Le second élément -hari 41, latinisé en -harius a été également très productif dans la formation des noms de personnes dans cette période. Cela fait beaucoup d’hypothèses. En conséquence si nous avons pu identifier ce toponyme, dont la forme dans le cartulaire du chapitre d’Agde semble être un avatar, pour le moment il faut accepter de ne pouvoir le localiser précisément, bien que nous soyons sûr qu’il appartient au terroir d’Agde.
Savinianum
Ce toponyme a été qualifié de « localité non identifiée à Agde » selon le Dictionnaire de Hamlin 42.
Nous avons bien relevé les attestations anciennes de ce toponyme dans le cartulaire du chapitre d’Agde :
« 1192-1199 ad locum qui dicitur Savinianum in terminio de Agathe (cart. du chapitre d’Agde, G 20, p. 299) ; 1197 in loco qui dicitur Saviniano (cart. du chapitre d’Agde, G 20, pp. 58 ; G 2, p. 57) ; 1197-1198 in termino (sic) Sancti Petri de Agathe scilicet duos campos quorum unus est in loco qui vocatur Savinianum… campus vero de Saviniaco confrontatur… in altano in flumine Erauri (cart. du chapitre d’Agde, G 2, p. 102) ; 1202 in loco qui dicitur Savinianum (cart. du chapitre d’Agde, G 20, p. 299) ; 1203 honorem meum de Saviniano (cart. du chapitre d’Agde, G 20, pp. 63-65 ; G 2, pp. 62-64) ».
De plus nous possédons une certaine documentation sur ce toponyme dans les compoix d’Agde et il est traçable jusqu’au cadastre napoléonien :
« 1320 al Savinha (cpx., Agde, CC1) ; 1360 al Savinha (cpx., Agde, CC2) ; 1370 al Savinha (cpx., Agde, CC3) ; 1453 al Savigna ; a Sevinhac ; al Seveignac ; als Seveigna ; al Seveignal ; al Sevenie ; a Seveigna (cpx., Agde, CC4) ; 1457 al Savinha ; al Saviha (cpx., Agde, CC5) ; 1457 a Savinha ; camp al Savinha (cpx., Agde, CC6) ; 1490 al Saviha ; a la Verdissa al Savinha, confronta an lo Valat de las Passas, an l’Ospital et an lo Capitol (cpx., Agde, CC7) ; 1510 al Savinhia ; al Savinia (cpx., Agde, CC8) ; 1520 al Savinia ; al Sevenié ; al Sevenha (cpx., Agde, CC9) ; 1520 a Sevenié ; au Savigné ; al Savignia (cpx., Agde, CC10) ; XVIe siècle, terra a l’Ouba appellat al Savenha ; al Savenha a la Auba (cpx., Agde, CC11) ; XVIe siècle, al Savinia ; al Savenha (cpx., Agde, CC12) ; 1591 au Seveigné ; au Seveignié ; au Seveigné, de grec avec la riviere d’Herault (cpx., Agde, CC13) ; 1591 al Seveigné (cpx., Agde, CC14) ; 1591 au Seveigné ; al Seveigné… de grec la Chapelle St Martin (cpx., Agde, CC15) ; 1592 al Seveigné (cpx., Agde, CC16) ; 1624 al Sevenier (cpx., Agde, CC17) ; 1624 al Sevenier ; champ al Seveignier (cpx., Agde, CC18) ; 1624 al Sevenier (cpx., Agde, CC20) ; 1625 le Sevenhé… de marin la chapelle Notre Dame a St Cevé ; lou Sevenhé (cpx., G 32, AD34) ; 1821 Séminié (cad., Agde, sect. G3, 3 P 3431, AD34) ».
Nous remarquerons qu’à partir de 1520 la finale /-nia/ – /-nha/ va passer à /-gné/ – /-gnié/ – /-nier/ – /-nhé/ indiquant un changement de prononciation, phénomène conforme à ce que nous avons signalé plus haut. La forme Séminié tirée du cadastre napoléonien est le signe de l’attraction paronymique (sur ce phénomène, voir plus bas) du mot occitan chemenèia = « cheminée » ou de l’autre toponyme Chiminié, proche phonétiquement.
En nous appuyant sur les indications des compoix et les données du cadastre napoléonien nous pouvons donc apporter comme information que ce tènement est situé rive droite de l’Hérault, au nord du Canal du Midi et du tènement la Verdisse (1821, cad., Agde, sect. F1, F2, F3, F4) probablement à proximité de la D 13 à proximité des lieux que la carte IGN 43 dénomme le Fraïsse et la Condamine de Léminade.
Nous sommes donc en présence d’un nom de lieu en /-anum/ dont le prototype gallo-romain devait être *Savinianum (fundum), ayant pour réalité référentielle un domaine gallo-romain, le domaine des Sabinius, nom de personne d’origine latine bien attesté 44.
Dans les attestations de 1197-1198 nous avons pu remarquer que la seconde forme produite par le scribe (s’il ne s’agit pas d’un lapsus calami du copiste du XVIIIe siècle) est Saviniaco. Il s’agit d’une hésitation dans la notation de la finale, probablement parce que dans la langue parlée occitane en cette fin de XIIe siècle à Agde, la consonne finale devait être peu audible, le nom de lieu devant être prononcé [savinyá].
On ne confondra pas ce toponyme avec celui de la commune de Montagnac à savoir Savignac, construit sur le même nom de personne mais à l’aide du suffixe d’origine gauloise /-acum/ (voir annexe).
Les compoix : un outil indispensable pour expliquer l’attraction paronymique
Sous cette expression savante d’attraction paronymique, appelée aussi quelquefois étymologie populaire, se cache un fonctionnement onomastique très répandu dans la formation des noms de lieux. La formation des noms communs n’échappe pas à cette règle. Lorsque nous avons deux formes, ou ensembles de formes (syntagmes), qui se ressemblent par la prononciation, celle qui est d’un usage le plus courant et qui est la mieux comprise entièrement ou en partie, va attirer l’autre forme qui lui ressemble et infléchir sa prononciation et sa graphie afin de la rendre plus ou moins compréhensible, plus ou moins pertinente. C’est le cas du toponyme Puits de So dont les attestations dans les compoix d’Agde sont très éclairantes :
« 1320 a Podessa ; al Podessa (cpx., Agde, CC1) ; 1360 al Podessa ; a Podessa ; al Pos Dessan ; al Pos de San (cpx., Agde, CC2) ; 1370 al Podessan (cpx., Agde, CC3) ; 1453 als Pous de Sa ; als Pois de Sa (cpx., Agde, CC4) ; 1457 al Pous Dessa ; al Pos Dessa (cpx., Agde, CC5) ; 1457 al Podessa ; al Pos Desa (cpx., Agde, CC6) ; 1490 al Po Dessa (cpx., Agde, CC7) ; 1510 al Pos Desa (cpx., Agde, CC8) ; 1520 al Pos Desa (cpx., Agde, CC9) ; 1520 al Pous Dessa ; al Pous Desso ; au Pous Desse (cpx., Agde, CC10) ; XVIe siècle, al Pos Dessa ; a Pous Desso (cpx., Agde, CC11) ; XVIe siècle, al Pos Daisso ; al Pos Daissa (cpx., Agde, CC12) ; 1591 al Pondeso ; al Poudeso (cpx., Agde, CC13) ; 1591 al Poudeso (cpx., Agde, CC14) ; 1591 al Poudeso (cpx., Agde, CC15) ; 1592 al Poudeso (cpx., Agde, CC16) ; 1624 al Pous de So (cpx., Agde, CC18) ; 1624 al Pous de So (cpx., Agde, CC20) ; 1821 Pous de So (cad., Agde, sect. C9, 3 P 3431, AD34) ; 1983 Puits de So (Hamlin, op. cit., p. 308 b) ».
À la lecture des attestations anciennes ci-dessus, on se rend compte que dès 1360 le premier élément du terme a été compris comme représentant le nom commun occitan potz [pυs] = « puits », écrit alors Pos, puis Pous selon le code graphique du français ; il a été ainsi par moment séparé du reste du mot ; il en va de même pour la seconde partie du terme qui aura tendance à être elle-même scindée en deux, analysée à tort comme formée de la préposition de + nom de personne hypothétique. Ainsi cette fausse étymologie, ou étymologie populaire, fera de ce nom de lieu un « puits de monsieur So ». Et cela est normal vu le contexte toponymique du terroir d’Agde. En effet il y a un certain nombre de toponymes qui sont construits ainsi et dont le premier élément avec justesse représente bien le nom commun occitan potz = « puits » et le second élément un complément déterminatif formé d’un nom commun ou d’un nom de personne. Ainsi nous avons dans les compoix d’Agde :
POUS DE LAS BANES : 1520 al Pos de las Banas (cpx., CC9) ; 1520 al Pous de las Banes (cpx., CC10) ; 1591 al Pous de las Banes (cpx., Agde, CC13) ; 1591 al Pous de las Banes (cpx., Agde, CC14) ; 1591 a Pond de la Bannes ; al Pous de las Bannes (cpx., Agde, CC15) ; 1624 al Pous de las Banes (cpx., Agde, CC18) ; 1624 al Pous de las Banes ; al Pont de las Banes (cpx., Agde, CC20) » = « au Puits des cornes », c’est-à-dire « puits dont le mécanisme pour puiser l’eau était formé d’une roue mouvant un lien auquel étaient attachées des cornes de bovidés servant de godets à remonter l’eau ».
POS NA GUEIDONA : 1453 al Pos de na Gueidona (cpx., Agde, CC4) » = « au Puits de Mme Gueidon ».
POS D’EN CAGAZEL : 1360-1370 al Pos d’en Cagazel (cpx., Agde, CC2) » = « au Puits de M. Cagarel ».
POS D’EN CONTE : 1457 al Pos d’en Conte (cpx., Agde, CC5) » = « au Puits de M. Conte ».
POS NA GAUCELMA : 1360-1370 al Pos na Gaucelma (cpx., Agde, CC2) ; 1453 al Pout Nalgouselma ; al Pous Na Gosema ; al Pois Na Goulserma ; al Pos Na Gousema ; als Pos Na Gouselme (cpx., Agde, CC4) ; 1457 al Pos Na Gualselma ; al Pos Negalselma (cpx., Agde, CC5) ; 1457 al Pos Na Galselma (cpx., Agde, CC6) ; 1490 al Pos Na Gocelma (cpx., Agde, CC7) ; 1520 al Pos de Na Golcelma (cpx., Agde, CC9) » = « au Puits de Mme Gaucelm ».
POS D’EN RAYSAC : 1457 al Pos d’en Raysac (cpx., Agde, CC6) » = « au Puits de M. Raysac ».
Ainsi l’attraction paronymique a pleinement joué son rôle. Il n’en reste pas moins que Puits de So, au regard des attestations des premiers compoix du type Podessa [pυdesá] faisant montre comme nous l’avons indiqué plus haut de la chute du /–n/, puis des attestations suivantes, qui, quel qu’en fut le découpage, étaient prononcées [pυdéso] faisant montre également du passage de la voyelle finale [a] à [o] postule un prototype tout autre.
Aussi nous faut-il revenir aux attestations anciennes produites par le cartulaire du chapitre d’Agde du type Potentiano / Potentianum :
« 957-975 terram incultam in terminium de ipsa civitate predicta in loco quem dicunt Potentiano (cart. du chapitre d’Agde, G 20, p. 141 ; G 2, p. 141) ; 977 in terminium de Potentiano… de altano habet dextros XXIII et jungit in ipso Caireto, de meridie habet dextros L et inlaterat in Fisco Regis (cart. du chapitre d’Agde, G 20, p. 218 ; G 2, p. 223) ; 1121 et omnem alodem quem habebat in Podentianum… et omnium alodum quem habebat in Messiliano (cart. du chapitre d’Agde, G 2, pp. 166-167) ; 1130 peciam unam de terra de alode meo ad Puteum de Podentiano et infrontat in viam quae discurrit de Agathe ad Sanctum Fructuosum (cart. du chapitre d’Agde, G 20, p. 23 ; G 2, p. 21) ».
On remarquera que l’attraction paronymique a déjà commencé à se mettre en place dès le XIIe siècle, car l’attestation de 1130 Puteum de Podentiano peut laisser supposer, à moins qu’il n’y eut un puits, que le rédacteur, ayant dans l’oreille la forme parlée occitane [pυdesá], avait déjà interprété la première syllabe du terme comme représentant l’occitan potz [pυs] = « puits » et avait redoublé le toponyme par la forme écrite latine Puteum pour la rendre plus pertinente selon son sentiment faussement étymologique.
Il convient d’attribuer à ce nom de lieu un prototype Potentianum (sous-entendu fundum) ayant pour réalité référentielle un domaine gallo-romain, le domaine des Potentius, nom de personne d’origine latine bien attesté 45 ; ce domaine devait se situer aux environs du quartier appelé aujourd’hui Baldy par la carte IGN.
Conclusion
À l’aide de ces quelques exemples, nous avons essayé de montrer l’intérêt des compoix pour les toponymistes et les philologues, pour tracer les noms de lieux siècle par siècle, et déceler les évolutions de la langue parlée dont ces documents écrits nous donnent des indices. Ces cas exemplaires nous mettent aussi en garde contre le fait de prendre les informations des cartulaires et les interprétations hâtives pour argent comptant 46.
ANNEXE
Liste non exhaustive de toponymes de formes identiques ou approchantes des communes d’Agde et de Montagnac.
Fesc
Commune d’Agde :
« 1320 al Fesc ; al Fesq (CC1) ; 1360 al Fesc (CC2) ; 1453 olivede al Fesc ; al Phesc (cpx., CC4) ; 1457 al Fesc (cpx., CC5); 1457 al Fesc (cpx., CC6) ; 1490 al Fesc (cpx., CC7) ; 1510 al Fesc (cpx., CC8) ; 1520 al Fesc ; a Sanct Bauseli alias al Fesc (cpx., CC9) ; 1520 al Fesc (cpx., CC10) ; XVIe siècle, vinha al Fesq (cpx., Agde, CC11) ; XVIe siècle, al Fesc (cpx., Agde, CC12) ; 1591 al Fesc (cpx., Agde, CC13) ; 1591 al Fesc (cpx., Agde, CC14) ; 1591 al Fesc (cpx., Agde, CC15) ; 1592 vigne al Fesc (cpx., Agde, CC16) ; 1624 al Fesc (cpx., Agde, CC18) ; 1624 vigne al Fesc (cpx., Agde, CC20) ; 1624 al Fesc (cpx., Agde, CC21) ; 1821 Fesques (cad., Agde, sect.B2, 3 P 3431, AD34) ».
Commune de Montagnac :
« 1545 al Fesc (cpx., Montagnac, 162 EDT 37) ; 1570 camp al Fesc (cpx., Montagnac, 162 EDT 38) ; 1622 al Fesc (cpx., Montagnac, 162 EDT 46) ; 1575 vigne al Fesc (cpx., Montagnac, 162 EDT 39) ; 1600 vigne al Fesc (cpx., Montagnac, 162 EDT 41) ; 1622 vigne assize al Fesc (cpx., Montagnac, 162 EDT 46) ; 1629 al Fesc ; au Fesc (cpx., Montagnac, 162 EDT 47) ; 1658 vigne et champ al Fesc (cpx., Montagnac, 162 EDT 48) ; 1834 le Fesq (cad., Montagnac, sect.A4, 3 P 3590) ».
Sept Fons
Commune d’Agde :
« 1320-1330 malhol am las cortz a VII Fons (CC1) ; 1360-1370 a Set Fons (cpx., CC2) ; 1457 a la Sept Fos (cpx., CC5) ; 1457 a las VII Fons ; a las Sept Fons (cpx., CC6) ; 1490 a la VII Fons (cpx., CC7) ; 1520 a la Sept Fons (cpx., CC9) ; 1520 a las Sept Fons (cpx., CC10) ; 1591 a las Sept Fons (cpx., Agde, CC13) ; 1591 a las Sept Fons (cpx., Agde, CC14) ; 1591 a las Sept Fons… de grec avec le Rieu courant (cpx., Agde, CC15) ; 1592 a las Sept Fons (cpx., Agde, CC16) ; 1624 a las Sept Fondz (cpx., Agde, CC18) ; 1624 a las Sept Fonts (cpx., Agde, CC20) ; 1624 a las Sept Fonts (cpx., Agde, CC21) ; 1821 Sept Fons (cad., Agde, sect.C3, 3 P 3431, AD34) ».
Commune de Montagnac :
« 1575 a Sept Fons (cpx., Montgagnac, 162 EDT 39) ; 1622 a Septfons (cpx., Montagnac, 162 EDT 46) ; 1629 a Sept Fons ; herm aux Sept Fons (cxp., Montagnac, 162 EDT 47) ; 1658 champ a Sept Fons (cpx., Montagnac, 162 EDT 48) ; 1834 Sept Fons (cad., Montagnac, sect.C1) ».
Py
Commune d’Agde :
« 1320 al Pi (cpx., Agde, CC1) ; 1360 al Pin (cpx., Agde, CC2) ; 1453 al Py (cpx., Agde, CC4) ; 1457 vinha al Pi (cpx., Agde, CC5) ; 1457 al Pi (cpx., Agde, CC6) ; 1490 al Py (cpx., Agde, CC7) ; 1510 al Py (cpx., Agde, CC8) ; 1520 al Py (cpx., Agde, CC9) ; 1520 al Py (cpx., Agde, CC10) ; XVIe siècle, al Py (cpx., Agde, CC11) ; XVIe siècle, al Py (cpx., Agde, CC12) ; 1591 al Py (cpx., Agde, CC13) ; 1591 al Py (cpx., Agde, CC14) ; 1591 al Py (cpx., Agde, CC15) ; 1592 al Py (cpx., Agde, CC16) ; 1624 al Py (cpx., Agde, CC18) ; 1624 al Py ; al Pi (cpx., Agde, CC20) ; 1621 al Py (cpx., Agde, CC21) ».
Commune de Montagnac :
« 1545 al Py (cpx., Montagnac, 162 EDT 37) ; 1600 al Py (cpx., Montagnac, 162 EDT 41) ; 1629 al Py (cpx., Montagnac, 162 EDT 47) ».
Lieura / Lieussac
Commune d’Agde :
« 1452 a Lieura ; a Lieusa (cpx., Agde, CC4) ; 1520 Estang de Lioura (cpx., Agde, CC9) ; XVIe siècle, camp et bosc a l’Estan de Liura (cpx., Agde, CC12) ».
Commune de Montagnac :
« 1545 a Lieussac ; a Lieussan (cpx., Montagnac, 162 EDT 37) ; 1575 a Lieussac (cpx., Agde, 162 EDT 38) ; 1600 a la Planne de Lheussac ; l’Aire de Lhieussac (cpx., Montagnac, 162 EDT 40) ; 1622 a Lieussac (cpx., Montagnac, 162 EDT 46) ; 1629 a Lieussac (cpx., Montagnac, 162 EDT 47) ».
Plan de Saint Martin / Plana de Saint Martin
Commune d’Agde :
« 1490 al Pla de St Marti (cpx., Agde, CC7) ; 1510 al Pla de Sanct Marti (cpx., Agde, CC8) ; 1591 al Plam de St Martin ; al Plaim de St Marthin (cpx., Agde, CC13) ; 1591 al Plan de St Martin (cpx., Agde, CC14) ; 1591 al Plan de St Martin (cpx., Agde, CC15) ; 1624 au Plain de St Martin ; au Plan de St Martin (cpx., Agde, CC18) ; 1624 au Plain de St Martin ; au Plan St Martin (cpx., Agde, CC20) ».
Commune de Montagnac :
« 1545 a la Plana de Sant Martin (cpx., Campagnac, 162 EDT 37) ; 1622 a la Planne de Sainct Martin (cpx., Montagnac, 162 EDT 46) ».
Peyral
Commune d’Agde :
« 1360 al Peyral de Sant Sevé ; al Peyral de Sant Sever (cpx., Agde, CC2) ; 1370 al Peyral de Sant Seve ; al Peyralh de Mosenhor Sant Seve (cpx., Agde, CC3) ; 1453 al Peral de Saint Sevé ; al Peras de Saint Sevé (cpx., CC4) ; 1457 al Peyral de Sant Sevé (cpx., CC5) ; 1457 al Peyral de Sant Sevé (cpx., Agde, CC6) ; 1490 al Peral de St Sevé (cpx., Agde, CC7) ; 1510 al Peyral de Sanct Cevé ; al Peyralh de Sanct Cever (cpx., Agde, CC8) ; 1520 al Peyrail ; al Peyrail de Sanct Cevé (cpx., CC10) ; XVIe siècle, al Peiral de Sainct Cevé (cpx., Agde, CC11) ».
Commune de Montagnac :
« 1545 al Peyral (cpx., 162 EDT 37) ; 1600 le Peyral Commun (cpx., Montagnac, 162 EDT 40) ».
Savinhan / Savinhac
Commune d’Agde : voir le corps du texte.
Commune de Montagnac :
« 1575 Savaignac ; aux Ayres de Savignac ; al Puech de Savignac (cpx., Montagnac, 162 EDT 39) ; 1600 vigne a Saviniac (cpx., Agde, 162 EDT 40) ; 1622 aux Aires de Savinhac ; a Savinhac (cpx., Montagnac, 160 EDT 46) ; 1629 a Savignac (cpx., Montagnac, 162 EDT 47) ; 1658 petit champ a Savignac (cpx., Montagnac, 162 EDT 48) ».
Nous aurions pu ajouter les toponymes Maladieres, T(h)eulieres, etc., qui se retrouvent également sur les deux communes en question.
Bibliographie sommaire
Foreville, Raymonde, Le cartulaire du chapitre cathédral St Etienne d’Agde, Paris, CNRS, 1995.
Hamlin, R. Franck, Toponymie de l’Hérault. Dictionnaire Topographique et Étymologique, Millau – Montpellier, Édition du Beffroi – Études Héraultaises, 2000.
Morlet, Marie-Thérèse, Les noms de personne sur le territoire de l’ancienne Gaule. I. Les noms issus du germanique continental et les créations gallo-germaniques. II. Les noms latins ou transmis par le latin, Paris, CNRS, 1968-1972.
Ronjat, Jules, Grammaire istorique (sic) des parlers provençaux, t. I, II, III, Montpellier, Société des Langues Romanes, 1930-1937.
Rouquette, J., Cartulaire du chapitre d’Agde, Montpellier, chez l’auteur, 1925.
Terrin, Odile, Cartulaire du chapitre d’Agde, Nîmes, Chastanier, 1969.
NOTES
1. Cette étude s’inscrit dans le droit fil du recensement et du traitement des compoix du Languedoc, anciens cadastres d’avant la Révolution, qui depuis 2007 ont mobilisé les chercheurs et archivistes du Grand Sud. Ce programme de recherche a été relayé par l’ANR Modelespace. Son point d’orgue a été concrétisé par le colloque sur les compoix d’Agde-Montpellier des 25 et 26 septembre 2015.
2. Ronjat, Jules, Grammaire istorique des parlers provençaux, Montpellier, Société des Langues Romanes, 1932, t. II, § 385.
3. Ronjat, Jules, op. cit., 1930, t. I, § 193.
4. Voir bibliographie in fine.
5. Mme Terrin Odile, dans son édition du Cartulaire du chapitre d’Agde, Introduction p. XXIII, a proposé comme date 1230-1240.
6. Hamlin, R. Franck, Toponymie de l’Hérault. Dictionnaire Topographique et Étymologique, Millau – Montpellier, Édition du Beffroi – Études Héraultaises, 2000.
7. Les compoix d’Agde que nous avons traités sont en dépôt aux Archives municipales d’Agde, à l’exception d’un de 1625, coté G 32, en dépôt aux Archives départementales de l’Hérault. Dans le corps du texte, les compoix d’Agde cités sans leur localisation sont donc aux Archives municipales d’Agde. Les compoix de Montagnac sont en dépôt aux Archives départementales de l’Hérault.
8. Hamlin, R. Franck, op. cit., p. 33, b, 2000.
9. Compoix de Montagnac de 1545, 162 EDT 37, Arch. dép. Hérault.
10. Compoix de Montagnac de 1570, 162 EDT 38, Arch. dép. Hérault.
11. Compoix de Montagnac de 1575, 162 EDT 39, Arch. dép. Hérault.
12. Compoix de Montagnac de 1600, 162 EDT 40, Arch. dép. Hérault.
13. Cadastre napoléonien de Montagnac, sect. A1, A2, A3, A4, B1, B2, B3, C1, C2, C3, D1, D2, D3, E1, E2, E3, F1, F2, G1, G2, H, I1, I2, I3. 3 P 3590, 3 P 3590, Arch. dép. Hérault.
14. Alibert, Louis, Dictionnaire occitan français, Toulouse, Institut d’Études occitanes, 2002 [1966], p. 521, b.
15. Hamlin, R. Franck, op. cit., 2000, p. 33, b.
16. Hamlin, R. Franck, op. cit., 2000, p. 181, b.
17. Hamlin, R. Franck, Les noms de lieux du département de l’Hérault, Montpellier, Centre d’Études Occitanes, 1983, p. 176, b.
18. Pasquier, F. et Olive, S., Le Fonds Thésan aux archives de Léran (Ariège). Documents concernant diverses localités du département de l’Hérault inventoriés et publiés, Montpellier, Lauriol, 1913, p. 3.
19. IGN. 2645 ET. Sète. Cap d’Agde. IGN France 2010. Édition 4.
20. Mommsen, Theodor, Corpus Inscriptionum Latinarum, Berlin, Georg Reimer, 1877, t. V 2 : 20 occurrences de Geminius comme nomen et 1 occurrence comme cognomen.
21. Hamlin, R. Franck, op. cit., 2000.
22. Hamlin, R. Franck, op. cit., 2000, p. 233, b.
23. Hamlin, R. Franck, op. cit., 2000, p. 245, a.
24. 1320 a Peira Jorna (cpx., Agde, CC1) ; 1360 a Peyra Jorna (cpx., Agde, CC2) ; 1453 a Peire Jorna ; a Pere Jorna (cpx., Agde, CC4) ; 1457 a Peyra Jorna (cpx., Agde, CC5) ; 1457 a Peyra Jorna (cpx., Agde, CC6) ; 1490 a Peyre Jorna (cpx., Agde, CC7) ; 1520 a Peyro Jorno (mutations) (cpx., Agde, CC9) ; 1520 a Peyre Jorna (cpx., Agde, CC10) ; etc.
25. Cpx., Montagnac, 162 EDT 37, Arch. dép. Hérault.
26. Cpx., Montagnac, 162 EDT 38, Arch. dép. Hérault.
27. Cpx., Montagnac, 162 EDT 39, Arch. dép. Hérault.
28. Cpx., Montagnac, 162 EDT 40, Arch. dép. Hérault.
29. Cpx., Montagnac, 162 EDT 47, Arch. dép. Hérault.
30. Cadastre napoléonien de Montagnac, sect. E1, 3 P 3590, Arch. dép. Hérault.
31. Cpx., Montagnac, 162 EDT 47, fol° 298, Arch. dép. Hérault.
32. Cpx., Montagnac, 162 EDT 48, fol° 84, Arch. dép. Hérault.
33. Cancik, Hubert et Schneider, Helmut, Der Neue Pauly Enzyklopädie der Antike. Altertum, Stuttgart – Weimar, Metzler, 1999, Band 7, col. 635-636. Mommsen, Theodor. Corpus Inscriptionum Latinarum, Berlin, Georg Reimer, 1877, t. V 2, n° 4060.
34. Hamlin, R. Franck, 2000, op. cit., 2000, p. 254, a.
35. Sur le phénomène du passage de [l] à [r] dans le domaine occitan voir : Ronjat, Jules, Grammaire istorique des parlers provençaux, Montpellier, Société des Langues Romanes, 1932, t. II, § 300, 303, etc.
36. Sur le phénomène de la dissimilation voir : Ronjat, Jules, op. cit., 1932, t. II, § 415, § 422, etc.
37. Cadastre napoléonien de Montagnac, sect. F2, F3, 3 P 3431, Arch. dép. Hérault : Rigole de l’Amourié ; Ruisseau ou rigole de l’Amourié ; cadastre napoléonien de Montagnac, sect. F3, 3 P 3431, Arch. dép. Hérault : ruisseau ou rigole de Monmoranci.
38. Hamlin, R. Franck, op. cit., 2000, p. 257, a.
39. Morlet, Marie-Thérèse, Les noms de personne sur le territoire de l’ancienne Gaule. Les noms issus du germanique continental et les créations gallo-germaniques, Paris, CNRS., 1968, t. I, p. 170, a.
40. Morlet, Marie-Thérèse, op. cit., 1968, ibid.
41. Morlet, Marie-Thérèse, op. cit. 1968, t. I, p. 17, a ; p. 124, b.
42. Hamlin, R. Franck, op. cit., 2000, p. 384, a.
43. IGN. 2645 ET. Sète. Cap d’Agde. IGN France 2010. Édition 4.
44. Wissowa, Georg, Paulys Realencyclopädie der Classichen Altertumswissenschaft, Stuttgart, Druckenmüller, 1920, vol. I, A 2, col. 1588-1589. Mommsen, Georg. 1877, Corpus Inscriptionum Latinarum, Berlin, Reimer, 1877, t. V 2 : deux occurrences de Sabinius comme nom, et une occurrence comme cognomen.
45. Wissowa, Georg, Paulys Realencyclopädie der Classichen Altertumswissenschaft, Stuttgart, Metzlersche, 1953, vol. XXII, I, col. 1040.
46. Sur cette problématique on lira : Casado Pierre, Pélaquier Élie, « Approche critique des chartes dans leur utilisation comme sources toponymiques concernant quelques lieux des vallées de la Tave et de la Cèze, dans le département du Gard », RHODANIE, Bagnols-sur-Cèze, Société d’étude des civilisations antiques bas-rhodaniennes, n° 129- n° 130, 2014.