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Description

Compoix et recherche toponymique :
Quelques cas exemplaires dans le terroir agathois

* Onomasticien, C.R.I.S.E.S. – EA 4424, Université Paul-Valéry-Montpellier III.

Les objectifs prioritaires de la toponymie ne sont pas de trouver un sens à un nom propre de lieu ; nous dirons même que cette préoccupation est secondaire. L’important est de pouvoir identifier un nom de lieu, c’est-à-dire à partir d’une documentation couvrant plusieurs siècles (épigraphie antique; manuscrits de cartulaires, de compoix, de registres de notaires ; plans cadastraux ;cartes géographiques ; sources orales) dater l’apparition du nom de lieu, suivre l’évolution de la forme du mot, repérer sous quels aspects il nous est parvenu à la fin de l’époque moderne ou à l’époque contemporaine (s’il n’a pas disparu entre temps), et en dernier lieu le localiser sur le terrain. Dans l’exposé qui va suivre, nous mettrons l’accent particulièrement sur les attestations anciennes de noms de lieux que nous fournissent les compoix qui permettent de tracer les toponymes depuis les cartulaires jusqu’au cadastre napoléonien.

Toute recherche toponymique sérieuse ne peut se faire qu’en tenant compte des enseignements de la philologie, de la grammaire comparée des langues indo-européennes, des langues romanes et plus généralement de la linguistique historique en se basant sur les langues parlées sur notre aire d’étude particulièrement l’occitan en usage oral majoritaire depuis le Xe siècle jusqu’au XXe siècle.

Nous n’allons pas ici produire un traité de phonétique, mais nous rappellerons seulement quelques faits relevant de la phonétique historique et de la géographie linguistique couvrant l’espace héraultais et particulièrement l’aire agathoise.

Dans l’espace dialectal auquel appartient l’aire agathoise, dans la seconde partie du Moyen-âge, les mots se terminant par [a] tonique suivi de la nasale [n] vont voir le /-n/ final s’amuïr, et la voyelle [a] passer à [o] ; ainsi le nom commun occitan parran = « enclos » est prononcé en certains endroits [parró] et écrit comme toponyme Parrot par des cartographes de langue française. Il en est ainsi pour l’occitan plan = « terrain plat » prononcé [pló] qui se retrouve écrit au pluriel comme nom de lieu tantôt Plas ou Plos, dans les cadastres ou les cartes IGN. De même certains noms de lieux en /-anum/, noms de domaine qui remontent à l’époque gallo-romaine, font montre de ce type d’évolution. Cependant le nom du village Nissan était prononcé au début du XXe siècle par les occitanophones [nísso], ce qui montre un recul de l’accent tonique portant dans ce cas essentiellement sur l’avant-dernière syllabe. Effectivement les grammairiens ont pu observer dans d’autres cas un recul de l’accent, manifeste à partir du XVe siècle, dans certains noms de lieux en /-anum/ qui furent formé sur un nom de personne dont le thème se termine par [y], Gemini(us), Sabini(us), Surini(us), etc. ; ils verront leur finale /-ianum/ se comporter plus tard comme le suffixe ancien occitan /-ia/ et être prononcé avec plusieurs variantes [-ίo ~ -ίa ~ -ίe~] avec l’accent sur le [i] ou sur la syllabe précédente. Aussi ne faudra-t-il pas s’étonner de trouver à quelques lignes d’intervalles le même nom de lieu avec la finale écrite de façon différente, indice de prononciation différente à une même époque. Ce sont des éléments de protocole analytique qu’il vaut mieux ne pas ignorer. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2015

Nombre de pages

10

Auteur(s)

Pierre CASADO

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf