Description
Caylus, la fin d’un patrimoine environnemental et culturel
de la métropole de Montpellier
* Géographe, Directeur de recherche à l’IRD, Umr GRED
(Gouvernance, Risque, Environnement, Développement).
Au début de l’année 2015, dans le vallon des Courtarelles au nord de Castelnau-le-Lez, des fouilles préventives sur le domaine du mas de Caylus mettent à jour une source et un bassin, dont l’origine gauloise remonte au IIe Siècle avant Jésus-Christ. Cette découverte révèle un environnement humide insoupçonné. Durant les mois qui suivent, nous cherchons à savoir d’où vient l’eau, quelle est la dynamique de cet aquifère de faible profondeur et quelle est l’histoire de ce vallon en principe protégé. A partir des données de terrains, des entretiens avec des anciens propriétaires et des viticulteurs, et du traitement des archives cartographiques du XVIIIe et XIXe siècle, nous pensons que le site constitue un patrimoine environnemental et culturel exceptionnel de la métropole de Montpellier. Les diverses démarches menées auprès des autorités publiques de la métropole et de l’État sont malheureusement restées vaines. En septembre 2015, la ville de Castelnau-le-Lez et le lotisseur ont préféré ignorer les appels à modifier leur projet urbain.
In the beginning of the year 2015, in the Courtarelles valley, at the north of Castelnau-le-Lez, archeological rescue excavations on the domain of the Mas de Caylus led to the discovery of a source and a Gallic pond, going back to the second century B.C. This discovery reveals the existence of an unknown damp environment. During the following months, research tried to focus on the origin of the source, its dynamic, and its link with the history of the protected small valley. Based on the excavations, 18th and 19th century maps, as well as interviews with the ancient owners and winegrowers, it underlines the fact that we are dealing with a major patrimonial site in the surroundings of Montpellier. Unfortunately, even though we tried to, the site has failed to survive : in September 2015, the urban project wasn’t stopped.
Dans la semaine qui précède les journées du patrimoine (19-20 septembre 2015), au moment où de nombreux citoyens, des associations et des services publics impliqués affinent leurs préparatifs pour permettre à tous de prendre connaissance d’un site exceptionnellement ouvert, à Castelnau-le Lez, à 5 kilomètres de la place de la Comédie, nous avons assisté dans le vallon des Courtarelles à la destruction d’un environnement qui avait plus de 2200 ans d’histoire. Il n’y a plus rien à visiter, puisque la zone d’action concertée de Caylus a été mise en travaux, malgré les découvertes archéologiques sur l’emprise pré-romaine du site, la mise à jour éphémère d’une source aménagée avec un bassin construit au IIe siècle avant Jésus Christ, et le questionnement scientifique sur les particularités de cette zone, que les anciens savaient très humide au point d’appeler le chemin qui y accédait le « chemin des mouillères » (Atlas de St Jean, 1750, ADH).
Cet article est avant tout celui du témoignage sur ce passage en force non traité par les médias locaux, qui avaient pourtant, quelques mois auparavant, informé les métropolitains montpelliérains sur le mouvement de contestation d’un programme immobilier défini hors de ce territoire, pensé sans connaître ce territoire.
Les Courtarelles se présentaient il y a encore 20 ans comme une trame verte située entre le plateau de Substantion au sud (urbanisé jusqu’à la falaise du plateau sur la commune de Castelnau-le-Lez), et celui de Jacou au nord (également urbanisé jusqu’à la limite avec Castelnau) : entre les deux formations hautes, une plaine verte, véritable corridor écologique de quatre kilomètres qui lie la vallée du Lez à l’ouest à celle du Salaison à l’est. Au milieu de cette plaine, se trouve le mas de Caylus exactement bâti sur la ligne de partage des eaux. (Fig. 1) Le ruisseau des Courtarelles se jette dans le Lez, tandis qu’un autre ruisseau dont personne ne semble connaître le nom, rejoint le Salaison juste avant que celui-ci ne s’engouffre dans une gorge qui cisaille l’Est du plateau de Substantion. Les sources de ces ruisseaux sont multiples. Lorsqu’il pleut à verse, les écoulements superficiels rejoignent le petit cours d’eau qui voit son débit monter à plusieurs mètres cube par seconde. Plusieurs jours après les pluies, l’eau sort par de multiples anfractuosités dans les champs et les chemins, dans les fossés et au milieu de la route goudronnée que l’on appelle encore aujourd’hui le chemin de Caylus. En occitan, ces sources intermittentes s’appellent des boulidous. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2015 |
---|---|
Nombre de pages | 8 |
Auteur(s) | Thierry RUF |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |