Description
Aux origines d’une vie héraultaise d’engagements
« Louis Vallière et la Grande Guerre »
* Professeure agrégée d’histoire,
membre du GRHISTA, Groupe de Recherche en Histoire des Territoires de l’Agadès.
Mes chaleureux remerciements à Jean-Claude Mothes pour son aide précieuse.
Louis Vallière fut un notable agathois, maire républicain de gauche d’Agde entre 1953 et 1965, dont la vie fut marquée par la Grande Guerre. À 26 ans, viticulteur, il est mobilisé dans l’infanterie coloniale. En 1916, blessé deux fois, il est réformé, rentre chez lui et s’engage dans la vie publique. Dés 1917, il fonde une association de mutilés, à Agde d’abord, puis dans le département de l’Hérault. Elle est rapidement affiliée à l’Union Fédérale où il rencontre René Cassin. Il entre aussi en politique. C’est un républicain convaincu qui fait le choix de rejoindre, en 1929, celui qui est devenu son ami, le député-maire socialiste Jean Félix. Plume alerte, rare dirigeant agriculteur d’associations d’anciens combattants, il contribue à la création de la forêt des écrivains combattants de Lamalou-les-Bains. Le sous-préfet le révoque de son poste d’adjoint en 1941 en raison de son opposition au président de la Légion des Combattants. S’il ne rejoint pas vraiment la Résistance, il ne soutient jamais le gouvernement de Vichy.
Louis Vallière was a notable from Agde, left republican mayor from 1953 to 1965 whose life was highly influenced by the Great War. At the age of 26a, winegrower, he enlisted in the French colonial infantry. In 1916, after being wounded twice, he was discharged, went home where he began his various commitments. As early as 1917, he founded an association for war invalids first in Agde and then for the whole department of Hérault. Soon after, he affiliated to the Federal Union where he met René Cassin. He entered politics. He was a staunch republican. And he was elected socialist deputy-mayor from 1929 onwards with his new friend, the MP major, Jean Félix. With his flowing writing style, this uncommon farmer leader of veterans’ associations, contributed to the creation of the forest fighterswriters of Lamalou-les-Bains. In 1941, his position as deputy major was revoked by the sub-prefect because of his opposition to the President of the “Légion des combattants”. Although he never really joined the Resistance, it cannot be said that he supported the Vichy government either.
Avec une population qui longtemps ne dépassa pas 10 000 habitants, Agde vécut comme une bourgade maritime et viticole du littoral languedocien qui se développait lentement, avant de devenir au tournant des années 1960-70, grâce à sa station balnéaire du Cap, une des premières villes touristiques de France. Pour les Héraultais, et plus encore pour les Agathois, Louis Vallière en fut avant tout un notable républicain socialisant d’après-guerre, conseiller municipal dans les années trente puis le maire de 1953 à 1965. Conseiller général divers gauche de 1958 à 1964, il affronta la naissance de la station balnéaire à partir de 1962. Il s’imposa aussi comme un acteur du monde rural. En effet, être le régisseur d’un des plus gros domaines viticoles du Roussillon ne l’empêcha pas localement de participer à la création de la mutualité agricole, de la cave coopérative puis de la caisse du Crédit Agricole de sa ville. Le grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur attribué en 1949, celui d’officier en 1957, vinrent d’ailleurs couronner l’ensemble de ses engagements au service de la République. Mais paradoxalement c’est la plus méconnue de ses responsabilités, celle de dirigeant dans la plus importante association d’anciens combattants de l’Hérault qu’il contribua à fonder qui occupa, dès 1917, une grande partie de sa vie, si ce n’est la plus importante, jusqu’à sa mort en 1966. Son expérience de la Grande Guerre joua-t-elle un rôle dans la multiplicité de tous ces engagements si différents les uns des autres ? Et si c’est le cas, quelles en furent la nature et l’importance ? Quel impact eut en définitive ce conflit sur toute une vie publique ?
Un enfant de la vigne devenu grand mutilé de guerre :
Louis Vallière a 26 ans lorsque la guerre le saisit. Né le 8 octobre 1887, il est le seul fils de deux petits propriétaires viticulteurs, Cyrille Vallière et Marie Pélissier. L’exploitation qui ne dépassa jamais six hectares n’est pas assez grande pour employer un ouvrier et dès l’âge de douze ans, le certificat d’études en poche, Louis arrête sa scolarité et vient y travailler. L’ancêtre, Jean François, était, sous la Restauration, descendu de Salles-Curan sur le plateau aveyronnais du Lévézou, pour travailler dans la plaine comme cordonnier. Il y épousa une jeune agathoise et la famille, dans laquelle cinq enfants naquirent, s’installa définitivement à Agde. Son deuxième fils, Antoine, exerça le métier de cultivateur comme ses deux petits-fils, Louis et Cyrille, propriétaires de quelques hectares en vigne au milieu du siècle. C’est dans ce milieu viticole que grandit Louis, le fils de Cyrille. En 1914, toujours célibataire, il vit chez ses parents. On ne trouve pas, à cette période, de traces, pour la famille, d’engagement social ou politique particulier même si ses deux petits-fils, Louis et Gabriel, interrogés séparément, rapportent tous deux que dans la famille « on ne se rappelle pas avoir été autre chose que de gauche. » […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2014 |
---|---|
Nombre de pages | 11 |
Auteur(s) | Christine DELPOUS-DARNIGE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |