Au temps où le jeu de ballon n’était pas encore un jeu d’enfant :
essai de représentation d’un jeu qui a marqué l’espace social héraultais

*   Docteur en sociologie, Agrégé en EPS (chguiraud@orange.fr)
** Doctorant en histoire moderne, Agrégé d’histoire (sylvolivier@voila.fr)

Cette histoire d’un jeu populaire 1, ancêtre du jeu de balle au tambourin 2, a pour point de départ un acte de décès symbolique : celui de la disparition d’un important lieu de pratique ! En effet, en 1860, le Ministre de la Guerre autorise la ville de Montpellier à combler l’ancien fossé défensif situé au bout de l’Esplanade, à proximité de la place de la Comédie, pour y construire, au nom de la modernité, la gare de Palavas et son square 3. Par cette décision, l’exercice du jeu de ballon qui occupait cet espace depuis le XVIIIe siècle (fig. 1) disparaît sous les rideaux de fumée des locomotives à vapeur, emportant avec lui tout un pan de l’histoire de la population montpelliéraine ! Pour ancrer notre objet d’étude dans une représentation concrète, faisons appel au dessinateur Jean-Marie Amelin qui a su, en de nombreux domaines, nous léguer un témoignage visuel du temps passé 4. Une de ses illustrations, réalisée en 1822, porte un regard détaillé sur l’apparence de ce terrain de jeu de ballon disparu lors de la construction de cette gare. Il représente un grand fossé à fond plat bordé sur sa droite par le mur d’enceinte de la ville situé au sud de l’Esplanade et offre une perspective qui s’ouvre sur la façade du théâtre située au bout de la place de la Comédie. Ce dessin suscite la curiosité. C’est pourquoi il nous appartient, aujourd’hui, d’identifier les éléments les plus significatifs de ce jeu et de les inscrire dans une histoire sociale plus large du département de l’Hérault.

Jeu de ballon au sud de l’Esplanade à Montpellier (plan des ouvrages extérieurs de la citadelle, détail), 1817. (Source : Arch. dép. Hérault, 2 R 324, Bâtiments et terrains militaires, Montpellier Ŕ Cliché Christian Guiraud)
Fig.1 : Jeu de ballon au sud de l’Esplanade à Montpellier (plan des ouvrages extérieurs de la citadelle, détail), 1817. (Source : Arch. dép. Hérault, 2 R 324, Bâtiments et terrains militaires, Montpellier Ŕ Cliché Christian Guiraud)

Comment jouait-on exactement jusqu’au milieu du XIXe siècle, sur le terrain représenté par Jean-Marie Amelin ? Des érudits locaux ou des ethnologues ont pu décrire et/ou expliquer les usages et les règles singulières de certains anciens jeux. Toutefois, les jeux les mieux étudiés sont ceux qui ont été pratiqués par les élites sociales du moment, même si, par la suite, des groupes sociaux moins favorisés ont pu se les approprier. Le tir à l’arc ou à l’arbalète et le jeu de mail ont ainsi franchi les portes de l’oubli, et sont parvenus sous différentes formes jusqu’à nous, au point d’en marquer l’identité des lieux de pratique au-delà de leurs frontières 5. Pour ce qui est du jeu de ballon, la mémoire n’a retenu que les noms des rues ou des places qui ont été, par le passé, les espaces d’un exercice ludique privilégié par nos ancêtres. Le mystère est rehaussé de confusion car la mémoire des anciens confond le jeu de ballon avec son héritier, le jeu de balle au tambourin, pratique culturelle aujourd’hui profondément ancrée dans le Montpelliérais et le bassin versant de l’Hérault. Donc le jeu de ballon n’a pas fait l’objet, à ce jour, d’une étude approfondie ni d’une publication scientifique. Il semble seulement à peu près établi que ce jeu a passionné dans un premier temps les classes sociales les plus favorisées et, par la suite, une plus large partie des citadins et des populations rurales, pour sombrer, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, dans l’oubli.

Il nous semble intéressant d’identifier et de clarifier ce présupposé par une analyse des conditions historiques et sociales qui ont accompagné l’implantation, le développement et le déclin de cette pratique sociale d’adultes, de la famille des jeux de paume, qui opposait de deux 6 à huit 7 adversaires sur un long terrain en forme de couloir. Les équipes se renvoyaient le ballon à l’aide d’un brassard 8 dont la dimension varie en fonction des régions étudiées. Le décompte des points ressemblait à celui du tennis actuel. Soulignons que ce jeu n’était pas un « jeu d’enfant », car il exigeait des aptitudes physiques qui sont celles de jeunes hommes ou d’adultes dans la force de l’âge et qu’il se déroulait dans un espace favorable à la mise en scène sociale de leurs qualités viriles : selon un mémoire du XVIIIe siècle, le jeu de ballon de Montpellier était en effet « à découvert dans un fossé de la ville. Cet exercice est violent, sujet à de grans inconvéniens. Aussi n’y a-t-il que des paysans ou des gens bien robustes qui s’y donnent… » 9. Dès lors, il doit être observé comme un élément fondamental du mode de vie et des représentations sociales des populations concernées, dans ses dimensions spatiales et symboliques. En effet, outre sa dimension proprement topographique – à l’échelle du terrain de jeu, mais aussi à celle de l’espace géographique de diffusion de sa pratique – l’existence du jeu de ballon intègre également une dimension chronologique qui reflète des changements sociaux. Ceci est conforté par l’interrogation des historiens contemporains sur la place des jeux comme reflet de l’évolution des modes de vie.

Ainsi pour Philippe Ariès 10, « La période du XVIe-XVIIe siècles (…) est celle où (…) dans tout l’occident latin (…) les pressions des cultures savantes et moralisatrices ont commencé à peser fortement sur les cultures traditionnelles. Il en est résulté une nouvelle répartition du travail et des loisirs, du sérieux et du frivole, de la sociabilité et du jeu, finalement du public et du privé (…) ; (ces) transferts de l’espace des jeux et de changement de leur nature (…) se situent pendant cette période et aboutissent à la stabilisation du jeu au XVIIIe siècle et au XIXe ». Ce constat permet d’entrer plus concrètement dans notre étude, qui appelle donc les regards croisés du sociologue, de l’historien, de l’archéologue du bâti et du géographe. Il semble tout d’abord indispensable de répondre à quelques interrogations qui portent sur l’identité du jeu et son espace géographique de pratique, puis dans un second temps, de mieux cerner l’usage social qui en a été fait au cours de son histoire du XVIIe au XIXe siècle, tout en tentant d’identifier ses mutations et ses relations à la construction des « civilités » et des « sociabilités » d’une époque.

Pistes pour une géographie et une chronologie du jeu de ballon

La géographie du jeu, de l'échelle du Midi à celle de l'Hérault

L’espace méridional porte une trace lisible du jeu de ballon par la dénomination de rues ou de places de nombreux villages et villes. C’est le cas en Provence, dans le Gard ou dans l’Hérault où le toponyme « jeu de ballon » est fréquemment employé. Le fait de réserver un lieu à un jeu est révélateur d’une pratique régulière, ancrée dans les mœurs. Jean-Claude Gaugain, qui a étudié l’implantation de ce jeu pratiqué jusqu’aux années 1930 dans le département du Var cite plusieurs travaux qui confirment cette présence dans un passé plus lointain : « Villeneuve, Garcin et Mireur écrivent que ce jeu était très répandu en Provence, que les Provençaux y excellaient et qu’on y jouait comme en Italie avec cette seule différence que le bondeur (c’est-à-dire le serveur) se sert lui-même (de la balle) au lieu de se faire servir » 11. Toutefois cet auteur n’identifie pas les différentes modalités de la pratique du jeu de ballon en Italie. En effet, le jeu « toscan » utilise un brassard qui couvre tout l’avant-bras et adopte un tremplin pour prendre de l’élan au service (fig. 2), alors que l’Italie du Nord et le Piémont en particulier semblent avoir une pratique très proche de celle du Midi de la France, c’est-à-dire avec un brassard qui ne couvre que le poing, un ballon plus petit et aucun tremplin.

La batterie (le service) au jeu de ballon. Le serveur prend de l’élan pour aller frapper le ballon que le « mandarino » lui lance. Il s’agit du jeu tel qu’il se pratiquait à Rome vers 1820. (Source : Christian GUIRAUD, Espaces sportifs et usages sociaux : étude comparative de l’implantation du rugby et du jeu de balle au tambourin en Hérault. Thèse de doctorat, Université de Paris VII, 1992, annexe 10 : reproduction d’un dessin de Jean Baptiste Thomas, Rome, vers 1820, collection Max Rouquette).
Fig. 2 : La batterie (le service) au jeu de ballon. Le serveur prend de l’élan pour aller frapper le ballon que le « mandarino » lui lance. Il s’agit du jeu tel qu’il se pratiquait à Rome vers 1820. (Source : Christian GUIRAUD, Espaces sportifs et usages sociaux : étude comparative de l’implantation du rugby et du jeu de balle au tambourin en Hérault. Thèse de doctorat, Université de Paris VII, 1992, annexe 10 : reproduction d’un dessin de Jean Baptiste Thomas, Rome, vers 1820, collection Max Rouquette).

Bien sûr il n’est pas impossible qu’une place ou rue d’une ville ou d’un village porte le nom de « jeu de ballon » alors qu’elle n’a connu que la pratique « récente » du jeu de balle au tambourin 12. Notre première étude des archives disponibles permet cependant de collecter suffisamment de données pour affirmer que, dans la plupart des cas, au XVIIe siècle déjà, la pratique du jeu de ballon est très forte dans la vallée de l’Hérault, le Montpelliérais et les marges de ces entités. Cette pratique l’est tellement dans toute la basse vallée du fleuve Hérault et autour de l’étang de Thau que les habitants d’une localité de cette zone non équipée pour le jeu de ballon ressentiraient un véritable manque. C’est le cas de Cette (aujourd’hui Sète) en 1768 lorsqu’une telle construction est enfin mise en chantier : on perçoit dans l’argumentation du maire à l’occasion d’une délibération consulaire que la possession d’un terrain destiné à ce jeu est primordiale car c’est un marqueur social fort, qui constitue « une faculté dont jouissent la plupart des villes et des villages de cette contrée » 13.

Dans la zone correspondant à l’Hérault actuel, à la fin du  XVIIe siècle, les dénombrements des biens des communautés de Languedoc fournissent un premier aperçu global de la grande fréquence des jeux de ballon 14. La description des lieux s’y énonce, à quelques variantes près, selon la formule suivante : « une place commune scituée hors les murs du lieu servant de jeu du ballon… ». Mais, de toute évidence, les dénombrements n’ont pas précisé l’usage de toutes les places. Il est donc possible que certaines d’entre elles ayant servi, au moins partiellement, de terrains de jeu, ne nous apparaissent pas comme telles. Le cadastre « napoléonien » du début du XIXe présente les mêmes limites quant à sa fiabilité, puisque ce document ne précise pas non plus l’usage, éventuellement de jeu, affecté à certaines places publiques. Globalement, il ressort de ces deux types de documents que ces terrains existent déjà au XVIIe siècle et que leur aire de diffusion cesse vers l’ouest au-delà du Biterrois : la région de Toulouse, par exemple, n’a pas gardé de mention du jeu de ballon. En revanche, l’Hérault et le Gard actuels sont, déjà à cette époque, bien au cœur de l’aire de diffusion de la pratique du jeu de ballon, laquelle correspond donc principalement aux plaines du bas-Languedoc (fig. 4). Ceci peut sans doute être relié à la disposition du bâti. Les endroits où l’on a pratiqué le jeu de ballon sont en effet, en premier lieu, ceux de l’habitat groupé des villes et des gros villages « urbanisés » de la plaine 15. Cette répartition de l’habitat a des conséquences sur la sociabilité des populations rurales 16. Peut-être donc ce mode de vie a-t-il facilité la pratique du jeu de ballon, contrairement à celui des hameaux et fermes dispersés où il est difficile aux éventuels joueurs de se rassembler en nombre suffisant en un lieu aisément et rapidement accessible après le travail. En tout cas, les dénombrements du XVIIe et les cadastres du XIXe ne laissent aucun doute sur le statut communal des terrains de jeu de ballon, au même titre que le marché aux bestiaux ou l’église paroissiale. Il s’agit donc d’un lieu public, lieu de rencontre, c’est-à-dire de convivialité, de rassemblement et de sociabilité.

L'histoire du jeu, des origines supposées au déclin

Avant la seconde moitié du XVIIe siècle, la documentation n’est pas assez abondante et précise pour permettre une cartographie détaillée de l’aire où se pratique le jeu de ballon. Il n’est pas encore possible non plus de mesurer les étapes de son éventuelle diffusion spatiale. La question des origines de ce jeu dans notre région n’est pas encore complètement tranchée, même si des hypothèses pertinentes avancées par d’autres chercheurs se dessinent. Pour notre part, nous n’avons pas encore exploré les éventuelles sources locales sur le jeu de ballon antérieures à 1600.

Fions-nous donc à la littérature disponible, tant en France qu’à l’étranger. Celle-ci indique que ce jeu d’origine italienne 17 s’est répandu dans notre pays à partir du XVIe siècle et que la forme étudiée dans cet article s’est particulièrement implantée en Provence 18 et en Languedoc 19.

Une explication  possible serait la proximité spatiale, politique, économique, voire religieuse de ces régions avec le Piémont, où nous retrouvons des instruments de jeu et des règles semblables. En effet, le jeu de ballon avec « brassard » semble pratiqué depuis l’époque romaine, mais il a été particulièrement mis en évidence au moment de la Renaissance italienne, puis paraît avoir été introduit en France par différentes voies. Les travaux de Stéphano Pivato soulignent que ce jeu, après une large diffusion en Europe, semble disparaître dès le XVIIIe siècle en Allemagne et Angleterre 20. Il cite pour cela les récits de voyage d’auteurs de ces pays qui, parcourant l’Italie à la fin du XVIIIe siècle, sont « surpris » par ce jeu et lui donnent « une connotation purement italienne ». Il cite en particulier William Story qui aurait affirmé vers le milieu du XIXe siècle que « le ballon est le jeu national des Italiens comme l’est le cricket pour les Anglais » 21… ce qui permet de noter que le jeu de ballon n’existe plus dans son pays. Sa description se rapproche de celle du poète allemand Goethe qui donne quelques précisions sur la pratique du jeu. Il observe une partie de ballon à Vérone, le 16 septembre 1786, qui oppose « quatre nobles véronais à quatre nobles vicentins » 22. Il constate que la mise en jeu du ballon est réalisée à partir d’un tremplin qui permet au serveur de prendre de l’élan pour frapper le ballon de volée avec plus de force (fig. 2). Le ballon est envoyé à ce dernier par un « mandarino » 23. Cette manière de faire ne semble pas avoir influencé la pratique héraultaise dans laquelle le serveur se sert lui-même. Enfin, Stéphano Pivato souligne l’incertitude de l’origine géographique du jeu que les auteurs anciens attribuent, tour à tour, aux cours toscanes, vénitiennes ou émiliennes… mais dont l’ancrage apparaît définitivement italien !

Partons donc de l’hypothèse d’un jeu de ballon arrivé dans le Midi de la France au XVIe siècle sous l’influence de la Renaissance italienne. Un exemple piscénois pourrait aller dans ce sens. En effet, une « Reconnaissance » de 1645 consentie par les consuls de Pézenas à Henri de Bourbon, prince de Condé, seigneur par engagement du comté de Pézenas, de tous leurs droits et biens patrimoniaux indique « le fossé qui reste encore entier depuis le chœur de l’église collégialle jusques à la muraille de la ville, appelée le jeu de ballon » 24. Or, une autre Reconnaissance consentie au Roi par les consuls de Pézenas un siècle et demi plus tôt, le 14 janvier 1502, n’indique pas ce terrain de jeu 25. Voilà certes un bien maigre et contestable indice, mais il pourrait aller dans le sens d’une construction du terrain de jeu en question au cours du XVIe siècle. Il pourrait avoir été établi dans la logique  d’aménagement des nouveaux remparts de la ville comme l’indique une note de Albert-Paul Alliès 26, c’est-à-dire après 1597. Ceci concorderait bien avec le témoignage de l’étudiant bâlois Thomas Platter qui observe dès 1598 qu’ « on a installé un beau jeu de paume », à l’extérieur de la ville de Pézenas en bordure d’une voie, vraisemblablement en plein air 27. Il s’agit sans doute du jeu qui nous intéresse. Mais on peut tout aussi bien opposer à l’argument de l’influence italienne celui que le cœur de l’Hérault actuel subit tout autant, à la même époque, l’influence croissante de la centralisation monarchique française.

Avec la construction de l’Etat absolu, la région s’est alors trouvée sous la tutelle de la noblesse originaire du Bassin Parisien. Par exemple, les Montmorency puis le prince de Conti aux XVIe et XVIIe siècles se sont installés avec leur Cour à Pézenas 28 et eux aussi ont très bien pu apporter avec eux des pratiques ludiques de la région parisienne : dans la première moitié du XVIIe siècle, le goût de Louis XIII pour le jeu de paume est bien connu 29. En 1619, il pratiquait aussi le jeu de balle à l’escaigne, un jeu auquel il jouait avec un brassal, c’est-à-dire un instrument de jeu semblable à celui du jeu de ballon. Son entourage devait s’adonner aux mêmes loisirs, comme la Cour au XVIe et au début du XVIIe siècle encore 30. Après Pézenas, à partir du XVIIe siècle, la ville de l’Intendance, Montpellier a également subi les influences parisiennes, ne serait-ce qu’en architecture 31. Alors pourquoi pas aussi au niveau des jeux ? S’il semble avéré par d’autres travaux que le jeu de ballon est arrivé en France avec la Renaissance italienne, il faut cependant garder à l’esprit l’existence d’autres jeux de la même famille, comme la longue paume 32, en France septentrionale et peut-être dans notre région déjà à la fin du Moyen âge. Et, sur la longue durée, des interférences mutuelles entre les différents types de jeux, autochtones et importés, et leurs règles, ne sont sans doute pas à exclure.

Quoi qu’il en soit des origines, plusieurs éléments attestent un jeu déjà bien établi en Languedoc méditerranéen dans la première moitié du XVIIe siècle. Les dénombrements des biens des communautés, bien que réalisés vers 1686, stipulent souvent qu’aucune acquisition nouvelle n’a été réalisée depuis un inventaire précédent fait en 1639, ou bien que le jeu de ballon existait déjà à cette dernière date 33. En outre, quelques localités des futurs départements de l’Hérault et du Gard, documentées par des textes plus anciens et plus précis, connaissent la présence du jeu dès le début du XVIIe siècle. Ainsi, à Marseillan, un jeu de paume-jeu de ballon est installé aux environs de 1620 34 ; à Nîmes, c’est le cas avant 1630 35. Est-ce là le résultat des toutes premières constructions de terrains de jeu de ballon ? Rien n’est moins sûr, comme le confirme la mention du nouveau jeu de ballon à Lodève en 1611. Il s’agit en fait, dans cette dernière ville, d’un rétablissement, avec une reprise d’activité après les conflits religieux du siècle précédent 36. Peut-être ceci traduit-il, dans certains lieux très touchés par les guerres, la nécessité pour le pouvoir en place de reconstruire le lien social entre catholiques et protestants, indispensable à la vie en communauté ? En tout cas la construction de 1611 n’a pas été réalisée ex nihilo à Lodève au moins.

Puis, la période d’apogée du jeu est à ce jour encore difficile à délimiter. En effet, selon certains, le jeu de ballon serait déjà en déclin au XVIIIe siècle 37. Pourtant, c’est à cette époque que la documentation disponible est la plus abondante. Certes, les archives conservées sont alors plus nombreuses que pour les siècles précédents. Toujours est-il qu’à cette époque on dispose de nombreuses allusions aux terrains de jeu à cause des travaux d’entretien et/ou des modifications que ceux-ci nécessitent. Aussi, aucun indice d’ordre quantitatif ou qualitatif ne semble suggérer de déclin. Il faudrait bien sûr savoir quel était le nombre d’usagers dans chaque village, quelle était la proportion de joueurs de ballon parmi la population. Mais un fait est certain : quasiment chaque localité des plaines héraultaises a son terrain de jeu en état au XVIIIe.

Par la suite, il est certain que la pratique du jeu de ballon s’éteint progressivement. Le milieu du XIXe siècle marque la fin de cette activité physique sur tout le territoire héraultais. L’avatar du jeu de ballon à Montpellier, cité en introduction, n’est donc qu’un reflet parmi d’autres d’un changement d’époque car d’autres villes l’abandonnent au cours de cette même période. Par exemple, à Cette, le terrain de jeu de ballon n’est utilisé que pendant quelques décennies. S’il est construit très tardivement, seulement à partir de 1768 38, peut-être du fait de la création récente de la ville, à peine un siècle plus tôt, le terrain est peu « rentabilisé ». En effet, mis en service au début de l’année 1772, il est déjà en ruine 39 avant le milieu du XIXe siècle : encore présent sur un plan de 1818 (fig. 3) le jeu de ballon ne figure plus, en revanche, sur un plan de 1838 40. À Montpellier en 1830 le jeu est « beaucoup moins en faveur » qu’au début du XIXe siècle 41. L’usage qui veut que la ville afferme le terrain à un particulier se maintient 42, mais les enchères sont désormais moins élevées… jusqu’à la résiliation du bail du ballonnier en 1860.

Emplacement du jeu de ballon à Sète, entre le port et le fort Saint-Pierre (détail), octobre 1818. (Source : Arch. dép. Hérault, 4 S 111, Plan général de la ville de Cette avec les projets d’alignements pour les nouvelles constructions - Cliché Christian Guiraud)
Fig. 3 : Emplacement du jeu de ballon à Sète, entre le port et le fort Saint-Pierre (détail), octobre 1818. (Source : Arch. dép. Hérault, 4 S 111, Plan général de la ville de Cette avec les projets d’alignements pour les nouvelles constructions - Cliché Christian Guiraud)

À Montagnac, dans le budget de 1829 une demande de Jean Caladou, caution de feu Pierre Martin, vise la remise des deux derniers trimestres, soit 60 francs, pour la ferme du jeu de ballon, au motif que « l’exercice du jeu de ballon a diminué progressivement et (qu’) il est aujourd’hui pratiquement abandonné, les recettes couvrent à peine les dépenses : achat de ballons, brassards et autres accessoires… » 43. La dispense de paiement est accordée. Cet épisode marque la disparition prochaine du jeu de ballon dans cette communauté. À Agde, en 1851 44, le sieur Castel, fermier du jeu de ballon sollicite la résiliation de son bail « ou tout au moins une diminution sur le prix de la ferme » attendu que les habitants qui se livraient à cet amusement s’en privent faute de ressources. Le conseil municipal accepte de résilier le bail car le fermier est insolvable ! À Pézenas, Claude Alberge indique qu’après la Révolution, ce jeu est tombé en désuétude jusqu’à ce que, au milieu du XIXe siècle, la ville se décide enfin à vendre un lieu devenu inutile, pour financer l’achat de la salle de théâtre 45. À Lodève en 1834, le jeu de ballon n’est plus entretenu. C’est ce que déplorent une bonne vingtaine de pétitionnaires, probablement tous joueurs. Vingt ans plus tard, le jeu de ballon n’est sans doute plus beaucoup pratiqué et la mairie entreprend de détruire ce qu’il reste du terrain, en faisant terrasser le secteur afin d’y réaliser une grande et belle place. À cette époque, nul ne semble plus nostalgique du jeu de ballon : il n’y a personne pour défendre cette tradition. Au contraire, les riverains adhèrent au projet municipal d’embellissement. Même, deux d’entre eux posent pour condition, avant de participer financièrement au projet, que le jeu de ballon soit interdit sur la nouvelle place. Mais ce sont les deux seuls avis émis en ce qui concerne le jeu de ballon dans tout le dossier d’archives de cette souscription, ce qui suggère un jeu qui laisse surtout indifférent, à part bien sûr pour les deux seuls riverains dont la maison donnait directement sur le terrain et qui en subissaient sans doute le bruit et les chocs du ballon 46. À Marseillan, les travaux de Jean Fayet indiquent aussi un déclin dû au départ des hommes pour la guerre de 1870 47. Cependant, selon cet auteur, dans ce gros village de la plaine littorale, la pratique du jeu de ballon s’est perpétuée jusqu’au début du XXe siècle.

Cette dernière observation est d’autant plus intéressante que l’on joue alors de manière croissante au « tambourin » dans les localités environnantes et que le « brassard » est abandonné par la plupart des joueurs ! Cette remarque incite donc à mieux définir ce qui est décrit comme un déclin. En effet, il n’y a pas véritablement abandon de cette pratique, mais plutôt transformation de celle-ci par l’utilisation de nouveaux instruments de jeu (tambourins, balles et battoirs) et utilisation de nouveaux espaces, avec conservation des règles générales issues de la longue paume. D’ailleurs la confrontation de notre carte des parties de l’Hérault où se pratiquait le jeu de ballon du XVIIe au milieu du XIXe siècle avec celle des lieux de pratique du tambourin depuis le début XXe siècle suggère d’importantes continuités territoriales entre les deux jeux (fig. 4). Le phénomène est identique dans le Gard : à Bernis en 1853, les délibérations communales gardent le souvenir du lieu où se tenait ce qui est alors nommé « l’ancien jeu de paume », sur une place près du château 48. Et autour de 1900, le tambourin est une pratique locale socialement très diffusée 49. Il est particulièrement intéressant de souligner que le développement de la viticulture à partir des années 1880 et l’apparition de nouveaux modes de vie, liés à la plus grande aisance économique des viticulteurs après le phylloxera, s’accompagnent d’un besoin de rénovation du lien social. Le jeu de balle au tambourin semble alors progressivement instrumentalisé comme symbole d’une identité régionale par les petits propriétaires viticulteurs 50, d’autant que le nouvel instrument de jeu apparaît comme un facteur de modernité accompagnant l’important développement de la vigne.

Comparaison entre les aires de diffusion du jeu de ballon (XVIIe-XIXe siècles) et du jeu de balle au tambourin (1922-1926). (Sources : Pour le jeu de ballon : Sources du présent article, étude en cours. Pour le jeu de balle au tambourin : Christian GUIRAUD, Contribution à une socio-géographie sportive. L’exemple du département de l’Hérault, Travaux et Recherches en EPS, INSEP- Ministère de la Jeunesse et des Sports, 1985, p. 96)
Fig. 4 : Comparaison entre les aires de diffusion du jeu de ballon (XVIIe-XIXe siècles) et du jeu de balle au tambourin (1922-1926). (Sources : Pour le jeu de ballon : Sources du présent article, étude en cours. Pour le jeu de balle au tambourin : Christian GUIRAUD, Contribution à une socio-géographie sportive. L’exemple du département de l’Hérault, Travaux et Recherches en EPS, INSEP- Ministère de la Jeunesse et des Sports, 1985, p. 96)

Le terrain et les règles du jeu

L'emplacement et l'apparence du terrain, le long des remparts

L’aire et la période de pratique du jeu de ballon ayant été à peu près circonscrites, il est temps à présent de mettre en évidence les principales caractéristiques d’un terrain de jeu de ballon et d’en déduire quelques fondamentaux concernant les règles telles qu’elles se pratiquaient dans l’Hérault du XVIIe au début du XIXe siècle. Les relevés topographiques qui ont été effectués par nos soins à la fin du XVIIe (dénombrements des biens des communautés) et au début du XIXe siècle (cadastres napoléoniens) surtout dans les communes de la vallée de l’Hérault et dans les gros villages « urbanisés » du Montpelliérais permettent une approche concrète des terrains de jeu de ballon. Cette dernière est confirmée par les nombreuses indications provenant de sources plus éparses. Il ressort des différents textes étudiés que le jeu de ballon est, la plupart du temps, à l’extérieur des anciens remparts, c’est-à-dire dans les fossés défensifs des villes et villages. Parmi les nombreuses allusions à des jeux de ballon dans les fossés, mentionnons ceux de Bessan ou d’Agde dès le XVIIe siècle 51 (fig. 5). De même, à Aniane, une délibération consulaire en date du 28 juillet 1647 prévoit de « faire un jeu de paume et de balon » à l’emplacement de la « cave », c’est-à-dire du fossé 52 qui se trouve à « la porte de Montpellier » 53. À Lodève aussi, du XVIIe au XIXe, le jeu de ballon est au nord-est de la ville hors la porte de la Broussonnelle 54. La présence d’une porte suggère ici évidemment une ouverture dans les anciens remparts, donc la proximité de ces derniers.

Plan cadastral « napoléonien » d’Agde, plan H1 (détail), 1821. (Source : Arch. dép. Hérault, 3 P 3431)
Fig. 5 : Plan cadastral « napoléonien » d’Agde, plan H1 (détail), 1821. (Source : Arch. dép. Hérault, 3 P 3431)

D’ailleurs, très souvent, le rempart est explicitement nommé comme faisant partie intégrante du terrain de jeu de ballon. C’est le cas à Nîmes vers 1630 : cette année-là, en application de la Paix d’Alès, on démolit tous les bastions élevés à la hâte dans les années 1620 lors de la Guerre de Rohan à l’exception de deux éléments récupérés pour les besoins du jeu de ballon 55. Et à Uzès en 1707, le fossé situé entre les portes Saint-Etienne et de la barrière est nommé « fossé du jeu de ballon ». En 1749, une délibération consulaire précise qu’il est nécessaire de combler ce fossé servant anciennement de jeu de ballon, à cause qu’il était presque détruit et parties des murailles éboulées 56. Les mentions de jeux de ballons adossés aux remparts sont nombreuses dans l’Hérault également. À Pézenas, la « Reconnaissance » de 1645, déjà évoquée, indique bien un fossé appelé « le jeu de ballon ». En 1700, lorsque les consuls de Marseillan décident de déplacer le jeu de ballon, installé à l’extérieur des fortifications depuis environ 1620, c’est pour l’aménager à proximité de la porte St Jean (la porte de Mèze), c’est-à-dire toujours en bordure du mur d’enceinte et dans les fossés de la ville. Ce nouveau jeu de ballon, qui est régulièrement affermé, doit être entretenu par le fermier, qui est notamment tenu par le bail de 1737 de remonter la muraille contre laquelle on joue à la paume, cette muraille s’étant écroulée sur cinq cannes (dix mètres) 57. À Montagnac, une délibération du 7 décembre 1727 indique « qu’il y a une partie de la muraille de la ville, tomban sur le jeu de balon qui a croulé ». À Saint-Martin-de-Londres, une délibération du conseil du 20 février 1773 indique des soucis financiers lorsqu’il s’agit d’envisager la « réparation du mur du jeu de balon » 58. La muraille est donc omniprésente et nécessaire : les places servant de jeu de ballon se trouvent près des remparts, ce que confirme bien, au début du XIXe siècle encore, le cadastre napoléonien (fig. 5). Même, à Caux en 1827, le procédé graphique utilisé (deux flèches) signale bien que le rempart est rattaché cadastralement au terrain de jeu de ballon, qu’il en est donc partie intégrante (fig. 6).

Plan cadastral « napoléonien » de Caux, plan A2 (détail), 1827. (Source : Arch. dép. Hérault, 3 P 3491)
Fig. 6 : Plan cadastral « napoléonien » de Caux, plan A2 (détail), 1827. (Source : Arch. dép. Hérault, 3 P 3491)

Car au cours des XVIIe et XVIIIe siècle, une évolution considérable se produit. Les fossés qui constituaient un glacis défensif autour des murs enserrant les villes et villages se voient attribuer un usage civil. En effet, en ces temps plus pacifiques après les guerres de Cent ans puis de Religion, et alors que l’artillerie s’est considérablement développée, l’usage de ces édifices militaires est devenu obsolète. Les fossés sont donc transformés en esplanades, « promenades » ou « allées », et en général un petit tronçon par village est conservé et consacré au jeu de ballon. Il est d’ailleurs intéressant de s’interroger sur le lien entre abandon des murailles et des fossés défensifs et apparition du jeu. Le jeu de ballon a certainement pu être pratiqué auparavant, alors que les remparts avaient encore une utilisation militaire. Mais leur désaffection dans de nombreuses localités au début du XVIIe a probablement favorisé la pratique ludique par la modification de l’environnement physique initial, souvent grâce à la conservation à cet effet d’une partie seulement du mur d’enceinte de la ville. Avant cette désaffection, au XVIe siècle, le jeu a donc pu se pratiquer en différents endroits des remparts. Au XVIIIe siècle encore, de nombreux exemples témoignent de la capacité des joueurs à transférer leur terrain de jeu en différents points des vestiges de remparts 59.

Les terrains de jeu de ballon sont donc en général hors des murs de la ville ou du village, à l’interface avec l’environnement rural. C’est le cas des autres jeux comme le mail ou le tir à l’arc, ce qui s’explique sans doute par des raisons d’espace disponible assez près de l’habitat mais suffisamment éloigné pour une moindre nuisance aux riverains. Mais on a vu que ce qui compte en outre pour le ballon est la proximité d’un mur, qu’il soit issu des anciens remparts ou soit exceptionnellement bâti ex nihilo. La raison d’être de ce mur est très claire : comme c’est d’ailleurs le cas en Italie, un des aspects déterminants de la pratique est constitué par la présence d’un mur latéral utilisé au moment de la mise en jeu du ballon.

Ce mur existe « naturellement » lorsqu’on utilise les fossés qui longent les fortifications, mais doit être « construit » lorsqu’il y a absence d’une muraille, comme à Cette entre 1770 et 1772 60. En outre, de nombreux textes indiquent qu’il faut le maintenir en bon état. Il faut notamment le crépir. C’est du moins ce qu’indiquent les archives à propos de quelques villes et villages. Ainsi, le devis présenté pour le nouveau jeu de ballon de Sète en 1769 prévoit que le « mur sera crepy avec du bon mortier fait avec du sable grenée… ». De même, le 1er septembre 1771, le conseil de ville d’Agde constate que « le mur de la ville où est adossé le jeu de balon a besoin d’être regréé et recrépi ». Et selon les joueurs lodévois qui déplorent le défaut d’entretien du jeu de ballon en 1834, ses « murs sont dans un état complet de détérioration qui nuit au libre exercice de ce jeu, et peut entraîner de graves accidents pour les amateurs qui s’y livrent habituellement ». Aussi, leur vœu est-il d’obtenir du maire de Lodève une remise en état de leur terrain incluant notamment « le plâtrage desdits murs » 61. À Marseillan, le 12 avril 1835, la municipalité décide aussi de faire exécuter à ses frais le crépissage des murs sur quatre toises (huit mètres) de hauteur et quarante toises (quatre vingt mètres) de largeur. Désirant que le mur soit solide, elle utilise du sable de rivière et de la chaux de Royan 62.

Le fait que le mur du jeu de ballon doit être correctement crépi s’explique par la nécessité d’y faire rebondir le ballon et de procurer les effets attendus. Cette indication est particulièrement intéressante pour l’observateur d’aujourd’hui qui constate que les vestiges des anciens murs ne sont plus recouverts d’un enduit. On pourrait alors s’interroger sur la façon d’utiliser un mur à la planéité incertaine. Pour la symbolique du jeu, reprenons une indication fournie par Max Rouquette 63 au sujet de la dénomination de ce mur dans la pratique du jeu de ballon avec brassard. Il s’agit du terme freta, qui signifie en occitan « frotter ». Son usage dans le jeu permettait d’y projeter le ballon en vue d’obtenir un effet sur sa trajectoire pour mettre l’adversaire en difficulté. La mémoire des hommes a retenu le mot, mais en avait oublié l’usage ! Nous venons donc de discerner l’indicateur absolu du choix initial du terrain. En effet, la mise en jeu requiert obligatoirement un mur latéral sur lequel on fait rebondir le ballon.

Outre le rôle du mur, la communauté de Cette nous offre un regard particulièrement précieux sur les autres installations indispensables à la pratique. En effet, n’ayant pas de fossés et murailles disponibles, on prend modèle sur les communautés voisines qui ont déjà leur espace de jeu. Le mur « d’appui », placé dans le sens de la longueur, a une hauteur de 8,77 m tandis que celui qui lui est opposé est haut de 2,60 m. Le devis présenté permet d’identifier les caractéristiques de l’espace aménagé : « ce jeu de balon aura… quarente cinq toises longueur, et huit toises de largeur, ces dimentions seront terminées par un mur du côtté de l’est de quatre toises trois pieds de hauteur, par un parapet du côtté de l’ouest de huit pieds de hauteur, et par quatre gradins aux deux bouts du nord et du sud (…) » 64. Ces dimensions rapportées aux mesures métriques nous donnent un quadrilatère de 87,70 m de long sur 15,59 m de largeur. Il en va à peu près de même à Gignac, vers 1784 : à l’initiative des consuls, un jeu de ballon est entièrement aménagé le long des remparts, à l’est de la ville. Selon Jacques Mestre, ce jeu serait le plus grand de tous ceux des environs 65. Il mesure 86 m de longueur sur 12,50 m de largeur. Comme la plupart des terrains aménagés au cours de la seconde partie du XVIIIe siècle, il comporte à chacune de ses extrémités des gradins à l’usage des spectateurs. Le mur le moins élevé est couvert par « un chaperon » sur lequel les spectateurs peuvent également se placer.

Il s’agit de vérifier si cette configuration, qui nous est fournie par ces deux témoignages longuement descriptifs, se retrouve dans les autres cas, en général moins bien documentés. D’abord, pour ce qui est de la hauteur du mur, celle-ci n’est hélas que rarement spécifiée dans les textes. Les exemples de Sète et de Gignac semblent cependant corroborés par des mentions éparses, comme à Marseillan en 1835 où le mur s’élève jusqu’à 8 mètres de haut, ou à Aspiran jusqu’à 11,50 m en 1837 66. Lorsque les textes d’époque ne mentionnent pas la hauteur du mur, on peut aussi tenter d’opérer via l’observation des vestiges encore en place aujourd’hui, à condition d’être prudent face aux éventuels changements de dimensions au cours du temps. La localité de Salasc fournit justement un vestige intéressant dans ce village où le jeu est attesté par les textes au XVIIIe 67 mais où il n’a jamais été supplanté par le tambourin par la suite. Les vestiges du rempart de Salasc, contre lequel s’étirait le jeu de ballon, mesurent environ 9 mètres. Et cette hauteur est stable et fiable, une étude d’archéologie de l’ancien bâti militaire et de ses remaniements du Moyen âge à nos jours venant la cautionner 68.

Il resterait à déterminer si une telle hauteur répond à une logique propre au jeu. Autrement dit, résulte-t-elle de la hauteur théorique maximale à laquelle les joueurs pouvaient envoyer le ballon en fonction de la masse de l’objet et de leur propre force ? Ou alors résulte-t-elle tout simplement de la hauteur habituelle des fortifications des villages, elle-même déterminée par les capacités des armes de jet du Moyen âge, qui aurait créé un usage et donc une norme du jeu. Car on peut parler de norme puisque même les terrains créés ex nihilo, comme celui de Cette, tiennent compte précisément de la hauteur habituelle du mur latéral.

La longueur de ce mur principal est beaucoup plus facile à connaître que sa hauteur. En effet, elle est (à peu près) identique à la longueur du terrain qu’on peut appréhender grâce à de nombreux plans parcellaires urbains et villageois qui délimitent les espaces de jeu. C’est le cas des cadastres napoléoniens en particulier. Prenons un échantillon d’une quinzaine de localités parmi celles pour lesquelles le jeu de ballon est indiqué en toutes lettres sur le plan cadastral (Tableau 1).

Tableau 1 : Les caractéristiques de quelques terrains de jeu de ballon dans la première moitié du XIXe siècle. (Sources : Arch. dép. Hérault, Série 3 P, plans cadastraux « napoléoniens »)
Tableau 1 : Les caractéristiques de quelques terrains de jeu de ballon dans la première moitié du XIXe siècle.
(Sources : Arch. dép. Hérault, Série 3 P, plans cadastraux « napoléoniens »)

La longueur du terrain y est toujours comprise entre une cinquantaine et une centaine de mètres, alors que la largeur varie de 11 à 15 m. Le rapport entre longueur et largeur est de 4 à 6. Ces dimensions sont à rapporter, à titre comparatif, à celles qui ont été retenues ultérieurement pour le jeu de balle au tambourin 69. Ce dernier s’installe souvent sur ces mêmes espaces villageois (fossés comblés et transformés en places) à partir des années 1860 et assure une continuité d’usage pratique et symbolique des terrains, avec abandon de l’usage d’un mur latéral. Le jeu de balle au tambourin se pratique alors sur un espace qui prendra sa norme officielle de 100 m par 18 m après la Grande Guerre. Dans cet intervalle, les dimensions resteront dans le cadre des coutumes locales et seront parfois proches de celles du jeu de ballon. Mais lorsque la nouvelle norme est adoptée, le rapport entre les deux dimensions reste identique à celui de l’ancien jeu de ballon puisqu’il est de 1 à 5 environ : l’allongement du terrain va de pair avec son élargissement, mais les proportions restent sensiblement identiques. Cette augmentation de la longueur du terrain s’explique par la plus grande efficacité mécanique des « tambourins » par rapport aux brassards et par l’apparition de balles creuses en caoutchouc, plus petites et plus légères que l’ancien ballon.

Avant les années 1860, les terrains de jeu de ballon avaient donc une dimension variable mais en général autour de 10 ares, que cette dimension soit précisée par le géomètre dans les états de sections du cadastre (comme à Montpeyroux, Saint-Saturnin et Aniane : respectivement 7 ares 80 centiares, 7 a 50 ca et 10 a 30 ca) 70, ou qu’elle soit restituée par nos mesures à partir des plans lorsque la surface du jeu de ballon n’est pas distinguée du reste de la voierie communale, autrement dit lorsque ce terrain n’est pas considéré comme une parcelle cadastrale (tableau 1). Pour quelques villages, ce calcul revêt cependant un peu d’approximations, lorsque le jeu de ballon est mentionné sur le plan mais non délimité par les traits du géomètre afin de le distinguer de la voierie publique qui l’environne, ce qui explique la mesure forcément aléatoire et  excessive du terrain de Lacoste 71.

Les quelques différences de dimensions observées entre plusieurs terrains peuvent s’expliquer par deux raisons. La première réside dans l’intégration dans la surface de ce que l’on nomme « jeu de ballon » de deux entités en réalité distinctes : l’espace de jeu et une périphérie laissée hors jeu et occupée par les spectateurs. En observant les plans, on remarque en effet des angles morts, des saillies du mur latéral dues à des empiètements des propriétaires de bâtiments riverains 72. Mais une seconde explication des variations doit inévitablement être invoquée : le fait que la forme et la surface de l’aire de jeu ne sont pas encore totalement normalisées d’une localité à l’autre. Elles sont encore fort dépendantes des contraintes spatiales propres à chaque localité et des usages locaux. La question se pose aussi des différences de représentation sur les plans « napoléoniens » du terrain de jeu d’un village à l’autre. Comment faut-il interpréter le fait que certains terrains soient délimités par un trait plein qui les sépare d’avec la rue ou promenade qui les borde, alors que d’autres ne sont délimités qu’en pointillés, et d’autres encore paraissent embrasser toute la largeur de la rue, ne laissant pas d’espace de circulation ? L’habitude de la fréquentation des cadastres nous rappelle qu’il s’agit de documents élaborés sur le long terme et avec des normes changeantes entre le Premier Empire et la Monarchie de Juillet. En outre, les arpenteurs n’ont pas tous travaillé avec le même soin et avec des critères de travail strictement identiques, malgré les objectifs d’uniformisation affichés 73. D’ailleurs, certains n’ont même pas mentionné des jeux de ballon dont la présence est pourtant avérée par d’autres documents. Mais quel que soit le choix du géomètre, la confrontation de plusieurs documents indique qu’un terrain de jeu de ballon est habituellement entouré de murs, comme sur la gravure montpelliéraine d’Amelin. Par exemple à Lodève, le rectangle représentant le jeu de ballon en 1833 correspond à quatre murs, ainsi que l’indique une pétition qui, l’année suivante, réclame la remise en état des murs, au pluriel. En 1853 encore, lors de la destruction du jeu de ballon, un devis prévoit que « le mur d’enceinte du jeu de balon sera démoli et le sol du jeu de balon sera remblayé », ce qui permet de décrire le terrain comme une structure en creux délimitée par une enceinte 74. Même s’il est risqué de trancher définitivement en l’état de notre recherche, encore partielle, il est tentant de généraliser cette observation à toutes les localités.

Cependant grâce justement à certaines communes pour lesquelles les géomètres du cadastre se sont particulièrement appliqués, les plans « napoléoniens » constituent une documentation fort utile pour l’historien qui étudie les jeux de ballon 75. Certains géomètres zélés et minutieux sont allés au-delà de leur travail à visée fiscale. Celui qui a travaillé à Caux semble bien avoir représenté quatre portes d’accès au jeu, une sur chaque côté (fig. 6). Une d’elles paraît percée dans l’enceinte et permet peut-être d’accéder au terrain à partir de l’intérieur de la ville. Et les trois autres permettent d’entrer dans le jeu à partir des rues et promenades dans lesquelles celui-ci s’insère. Donc ce cas confirme que le trait délimitant le terrain sur le plan est un mur, comme à Agde où on distingue une porte au nord (fig. 5). À Montpeyroux la configuration est un peu plus originale car le jeu de ballon est ouvert sur la ville par une rue, en passant par la « porte du jeu », laquelle rue se prolonge au-delà du terrain par un modeste chemin rural menant aux terres du tènement du Claux de Boulon et Combelles 76.

Dans quelques localités ont également été figurés des escaliers pour descendre dans un terrain de jeu situé vraisemblablement en contrebas par rapport à son environnement immédiat. Le plan cadastral de Gignac est de ceux-là 77, comme celui d’Agde (fig. 5). Et d’ailleurs le figuré utilisé pour ces derniers prête à confusion : peut-être s’agit-il tout aussi bien de gradins. Il semble toutefois que les plans consultés, comme celui du jeu de ballon de Sète (fig. 3), mentionnent bien la présence simultanée de gradins et d’escaliers sur leur côté. En tout cas des gradins nous sont connus par d’autres sources. Ainsi, à Pézenas, en 1746, un devis relatif à des travaux d’assainissement des fossés nous apprend que l’on construit un mur de soutènement en travers du fossé, ce qui nous permet de déduire qu’il y avait des gradins d’un seul côté du jeu, ce qui est confirmé par le plan détaillé qui est joint à l’état des lieux 78. À Pézenas toujours, un document de 1776 confirme la présence de gradins : « Il y a quelques années que les habitants firent faire dans le milieu de la longueur de ce fossé un jeu de balon ; on y éleva à une des extrémités de ce jeu un emphithéâtre pour y placer les espectateurs… » 79. Ce devis nous permet de compléter les observations effectuées sur le jeu de Montpellier 80. En effet, les murs qui entourent le jeu constituent un parapet 81 contre lequel s’appuient les spectateurs, ce qui ne nécessite pas la construction de gradins comme sur d’autres terrains de jeu. À Cette 82, en 1769, l’obligation de construire des gradins à chaque extrémité du jeu est décrite par le devis de l’entrepreneur qui précise que l’accès à l’aire de jeu se fait par une porte placée sur le côté Est des gradins, au nord de l’espace de jeu. Le positionnement des spectateurs aux extrémités du jeu, au lieu, comme aujourd’hui, de privilégier les places latérales s’explique par le manque de recul qu’implique l’étroitesse de la largeur du terrain et de fait une mauvaise visibilité du jeu.

Outre les gradins, sur les plans cadastraux, il est plus aisé d’observer l’orientation du terrain, qui est souvent dans un axe nord-sud (Tableau 1). Ceci peut sans doute s’expliquer par des impératifs liés au vent et au soleil, qui ne doit pas gêner au moment du jeu, c’est-à-dire en général après le travail, en soirée, comme en témoigne la présence à Agde de spectateurs à ce moment de la journée : « (…) Lundi dernier sur les sixheures du soir étant assis sur la banquette du jeu de balon pour y voir faire la partie (…) » 83.

Un autre élément important dans le jeu est le sol. Les responsables de l’entretien du terrain sont particulièrement attentifs à sa planéité. Il est en effet indispensable, pour la régularité de la partie, qu’il n’y ait pas de faux rebonds du ballon dus à une mauvaise préparation du sol. Le terrain de jeu doit être plat et propre ! Ainsi à Aspiran, au XVIIIe siècle, le fermier est astreint au nettoyage du jeu chaque fois que cela sera nécessaire 84. À Lodève en 1834, les joueurs réclament un nivellement correct du sol 85. À Lavérune en 1778, les consuls et le conseil politique votent un crédit pour remettre le terrain, qui a besoin d’être « gravé » en plusieurs endroits avec du bon gravier, en état à la suite des violents orages qui ont raviné l’espace de jeu 86. Ce détail nous interroge car la possibilité de ravinement suggère une certaine pente. Or nous avons pu relever que certains jeux de ballon étaient envahis, au moment des fortes pluies, par les eaux d’écoulement des rues de la ville (Montpellier, Pézenas) et que celles-ci s’accumulaient dans le jeu 87 ce qui indique que le sol devait être au contraire horizontal. En fait, ce n’est pas le cas partout car il apparaît que le terrain doit être plat mais pas systématiquement horizontal dans le sens de la longueur.

Cette interrogation est d’autant plus pertinente que le jeu de balle au tambourin qui succède au jeu de ballon utilise des terrains dont le sol est en pente, comme on peut l’observer actuellement sur la place des Arceaux à Montpellier ! De même, pour ce qui est du jeu de ballon, à aucun moment les archives n’indiquent la nécessité de rechercher cette horizontalité et la topographie des lieux révèle souvent des terrains de jeu légèrement inclinés. En certains lieux, une légère inclinaison du sol devait favoriser le drainage du terrain comme en témoigne notre observation des sites de Vendémian ou des Matelles ou de Saint-Martin-de-Londres où se pratiquait le jeu. Une étude plus approfondie de la topographie ancienne des lieux s’impose donc et fera l’objet d’une recherche complémentaire. Une première indication suggère en tout cas que lorsque le terrain est à peu près horizontal, en réalité il ne l’est pas absolument. Ainsi, le devis du jeu de ballon de Cette établi en 1768 stipule dans son article 5 que « Toute l’étendue du jeu de balon sera relevée d’environ un pied six pouces réduit pour en prendre un parfait niveau aux deux extrémités et sur le milieu il sera plus bas d’environ quatre à cinq pouces pour faciliter l’écoulement des eaux qui iront dans l’aqueduc (…) qui conduira les eaux à la mer (…)» 88. Voilà qui traduit le souci de faire face à la contrainte des inondations.

À ce stade de l’étude, les aspects concrets et matériels ayant été décrits, il est nécessaire de mieux identifier le jeu de ballon comme « pratique sociale » et de mieux le situer dans son contexte historique.

Les règles du jeu

Il importe d’abord de bien identifier ce jeu dans les sources de l’historien. En effet, il est parfois difficile à distinguer d’autres jeux particulièrement en vogue jusqu’au XIXe siècle dans les lieux composant l’actuel département de l’Hérault. C’est le cas du jeu de mail, très pratiqué à Montpellier notamment à l’époque moderne, qui possède de fortes analogies avec le golf ou le criquet qui sont des sports d’aujourd’hui 89. Il y a aussi le jeu de l’arc et de l’arbalète 90.

Si la confusion avec ces précédents jeux est peu probable, en revanche il est plus difficile de distinguer le jeu de ballon des autres jeux de la famille des jeux de paume, auxquels il s’apparente. En effet, outre qu’il y a de nombreuses analogies entre les règles de ces jeux, l’espace du jeu de ballon est également utilisé pour y jouer à la courte-paume. Par exemple un jour de 1777, un individu se trouve à Marseillan, « … environ l’heure de midy, étant à jouer au jeu du balon à la paume courte avec un de ses amis… » 91. La forme du terrain et le rebond contre un mur peuvent aussi entraîner une confusion avec le jeu de longue paume. En effet, le dictionnaire historique d’architecture d’Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy nous donne la définition suivante du jeu de longue paume : « Place entièrement découverte et quelquefois le long d’un mur… » 92.

Le jeu de la courte-paume 93, ancêtre du tennis actuel est, comme le jeu de ballon, un proche parent de la longue-paume dont il emprunte la manière de compter les points. À Montpellier, le jeu de courte-paume, qui existait encore à la fin du XVIIIe siècle, se situait au boulevard du Jeu de Paume. D’autres jeux de paume ont existé jusqu’à la fin du XVIIIe siècle dont un à la rue Urbain V, un autre rue du Pas-Etroit (Rue Bras-de-fer), un troisième à la rue des Etuves, un quatrième à la rue En Rouan et probablement un à la rue des Grenadiers 94. Ainsi, en 1598, Thomas Platter va faire « une partie de balle dans un jeu de paume qui était fort large, mais pas très long » à Agde en une fin d’après midi. Il se rend encore dans un lieu similaire avec ses amis allemands le 14 juin 1598, en attendant l’autorisation d’entrer dans la ville de Montpellier : « il ne nous restait plus qu’à tuer le temps dans un jeu de paume » 95.

Quant à la longue paume, dont l’origine remonte au Moyen-âge 96, nous savons qu’elle se jouait sur un espace découvert, en pleine campagne ou dans les fossés des châteaux, avec des battoirs, sortes de pelles en bois 97 à long manche. Ce jeu a certainement été pratiqué en Languedoc, mais notre recherche n’a pas exploré cette période historique 98 et il n’apparaît qu’au travers de citations d’auteurs du XIXe siècle 99. Mais, un rappel des règles générales 100 de la longue paume s’impose car elles constituent l’essence 101 même du jeu de ballon : « les parties se font depuis deux jusqu’à douze joueurs, c’est-à-dire seul à seul, ou un contre deux, ou deux contre deux, trois contre trois, quatre contre quatre ; cinq contre cinq ; six contre six, jamais davantage. Chaque partie est au moins de quatre jeux ; mais quand on est plus de trois, elle est d’un nombre de jeux égal à celui des joueurs de chaque côté, plus un » 102. Dans chaque partie le nombre de jeux peut être considérablement augmenté par les égalités de points à la marque qui engagent à jouer plus de jeux pour départager les adversaires. Chaque jeu est de 60 points dont chaque coup gagnant vaut quinze points. Lorsqu’on atteint les 60 points on dit « jeu » pour en marquer le gain. On retrouve le décompte des points du tennis actuel, à la différence que l’on marque, aujourd’hui, quarante au lieu de 45 ! On doit également reprendre la balle de volée ou au premier bond. Ce qui est différent, c’est la possibilité de marquer des « chasses », c’est-à-dire des points « en suspend » que l’on jouera lorsque les adversaires auront changé de camp, en accordant à celui qui a marqué la chasse un avantage certain par la réduction de la surface à défendre. En outre, les points sont marqués lorsque la balle va… au-delà de la ligne de fond adverse.

Comme nous l’avons déjà indiqué, le jeu de ballon est pratiqué, comme la longue paume, entre un nombre variable de joueurs. Mais, nous faisons le constat que la pratique locale a pérennisé la lutte entre deux équipes de cinq joueurs comme cela a été repris par le jeu de balle au tambourin, très attaché au legs des anciens : « Un historique serait fait de tous les modes du jeu ; le congrès s’aviserait de toutes les coutumes et puiserait dans l’avertissement qu’il aurait acquis de tout ce qui a fait, à travers les décades, le jeu de tambourin, la force d’édicter la règle commune (…) » 103. Ce présupposé est-il pertinent ? En Italie, ce sont des équipes de quatre joueurs, avec un « joueur » extérieur au jeu qui assure le service en lançant le ballon au serveur… La pratique héraultaise a-t-elle intégré ce cinquième homme dans le jeu et modifié la règle de la mise en jeu ? Nous en faisons l’hypothèse, d’autant qu’en d’autres lieux du Midi de la France, cette intégration d’un joueur supplémentaire ne s’est pas réalisée 104. Toutefois nous n’avons pas, aujourd’hui, d’indication sur la date à laquelle un cinquième joueur a été intégré dans chaque équipe. Mais l’exploitation des archives citées dans ce texte témoigne de la fluctuation du nombre de joueurs dans le jeu. Chaque équipe s’oppose à l’autre sur un terrain partagé équitablement en deux par une ligne tracée au sol appelée « corde ». Cette surface de jeu est orientée d’une manière univoque puisque le service se fait toujours à partir du même petit côté. En effet, la description d’une partie témoigne d’un terrain où l’on identifie bien un côté du service et un côté opposé, dit du fond de jeu. On identifie même une représentation topographique, à caractère symbolique, qui indique que le service est sur une hauteur, puisqu’on y monte ! La relation suivante conforte cette opinion : « Alors que son fils était sous cette fenêtre au fond du jeu que son fils ayant monté au service ledit Sieur Flottes descendit au fond (…) » 105.

Guillaume Beleze donne des renseignements supplémentaires dans une description de ce jeu tel qu’il est pratiqué au milieu du XIXe siècle 106 : « (…) Les ballons ne sont pas des balles ordinaires, que peut manier la première main venue. Ils sont plus gros et plus lourds que les balles dont on fait usage dans le jeu de paume, et ce qui les distingue surtout, c’est une dureté à nulle autre pareille ». Cette description du ballon nous permet de reprendre l’étude de Max Rouquette qui, en Hérault, présentait « la dureté » exceptionnelle de cet objet en raison d’un type de fabrication peut-être différent, car il s’agissait de ballons de peau remplis « au moyen d’une seringue, d’un mélange de blanc d’œuf et de vinaigre dont la coagulation leur conférait une dureté de pierre » 107. Cet auteur nous rapporte une expression du jeu en rapport avec le danger présenté par un ballon aussi dur. On disait « s’es fach Coflar », c’est-à-dire « il s’est fait une enflure ». C’est dire combien le choc du ballon sur le corps, et plus particulièrement sur le bras, provoquait un hématome particulièrement visible… et douloureux ! La taille du ballon est confirmée par Charles de Belleval, qui précise que ce jeu est différent des pratiques semblables de la capitale. Il remarque que « la balle dont on s’y sert est seulement à peu près du double plus grosse que les balles ordinaires » 108. Cette description du ballon est particulièrement précieuse. Son volume, souligné par cet auteur, est deux fois plus important que celui de la balle de courte-paume. Cette évaluation nous permet d’estimer son diamètre à une dizaine de centimètres environ. Ceci est confirmé par une sculpture incrustée dans la façade de la mairie de Marsillargues (fig. 7).

Instruments du jeu de ballon (brassards, ballons et « seringue » (?) pour les gonfler) sculptés sur la façade de la mairie de Marsillargues, XVIIIe siècle. (Cliché : Christian Guiraud)
Fig. 7 : Instruments du jeu de ballon (brassards, ballons et « seringue » (?) pour les gonfler) sculptés sur la façade de la mairie de Marsillargues, XVIIIe siècle. (Cliché : Christian Guiraud)
Brassards languedociens du XIXe siècle (Musée de Marsillargues ; remerciements à Monsieur Claude Vidal, Président de l'association LITORARIA à Aimargues). Dimensions moyennes : 15 x 15 cm pour les brassards avec 4 rangées de « pointes en Diamant » et 15,5 x 17,5 cm pour ceux avec 5 rangées. Poids entre 500 et 650 grammes. Observation : l'intérieur du brassard est tapissé par une pièce de cuir (Cliché : Christian Guiraud).
Fig. 8 : Brassards languedociens du XIXe siècle (Musée de Marsillargues ; remerciements à Monsieur Claude Vidal, Président de l'association LITORARIA à Aimargues). Dimensions moyennes : 15 x 15 cm pour les brassards avec 4 rangées de « pointes en Diamant » et 15,5 x 17,5 cm pour ceux avec 5 rangées. Poids entre 500 et 650 grammes. Observation : l'intérieur du brassard est tapissé par une pièce de cuir (Cliché : Christian Guiraud).

Cette sculpture représente aussi des brassards. En effet, le ballon est propulsé à l’aide d’un « gantelet de bois », que nous appelons aujourd’hui un brassard (fig. 8) par analogie avec le bracciale du jeu italien – ou le brassal en occitan – dont on se sert comme d’une raquette. En fait, le « pallone col bracciale » de l’Italie présente la particularité d’utiliser un instrument différent dans le nord du pays par rapport à la région centrale. Dans cette dernière région, le brassard de bois recouvre tout l’avant bras, jusqu’au coude. Par contre, en Hérault et Gard, les dimensions de ce brassard, que nous appellerons languedocien, laissent la possibilité au joueur de jouer du poignet pour mieux orienter la trajectoire du ballon. Les aspérités taillées sur sa surface en « pointe de diamant » et sculptées sur quatre rangées permettent d’avoir une meilleure prise sur le ballon. Cet instrument de jeu assure également un meilleur confort du joueur au moment de l’impact contre le ballon (fig. 8). Max Rouquette 109 précise qu’il y avait deux sortes de brassards : celui utilisé par les joueurs du champ dits acquetteurs (13,5 cm x 13,5) et celui du batteur (15 cm x 15 cm) c’est-à-dire dans notre langage d’aujourd’hui, le serveur, celui qui met le ballon en jeu. Ce second brassard est un peu plus gros et plus lourd que le précédent (cinq rangées de « pointes en diamant » au lieu de quatre et un poids de 650 grammes environ au lieu de 500 grammes environ ; ces dernières indications varient en fonction de l’adaptation du brassard à la main du joueur) afin de propulser le ballon à une plus grand distance et, dans tous les cas, au-delà de la ligne de séparation des deux « camps ». Puis de marquer des points en faisant franchir au ballon la ligne de fond de jeu de l’adversaire. En effet, c’est le principe essentiel à retenir : chaque équipe, doit chercher à envoyer le ballon au-delà de la ligne de fond adverse, soit en faisant voler le ballon très haut, soit en le faisant rouler sur le sol.

Cette présentation des règles n’a qu’un caractère général. Nous nous attachons simplement à ce que nous appelons les règles constitutives du jeu, celles qui en situent son originalité, voire, si le mot n’est pas trop fort, sa personnalité. En effet, il existe des adaptations locales favorisées, en fonction de la nature de l’aire de jeu et des interprétations de la règle, par la transmission orale. Mais il existe peut-être aussi des évolutions au cours du temps. Les manières de jouer ne sont-elles pas à comparer aux manières de dire des multiples « patois » d’un pays et leur pérennisation portée par les « certitudes » du legs de « pères fondateurs » ? À propos des jeux traditionnels, on ne peut que relever l’importance de la coutume, source de différences d’un lieu à un autre, tout au long de l’histoire des jeux jusqu’à l’avènement des sports qui imposeront, difficilement, dans leur logique interne, un code commun.

Traces et signes de l'homme qui joue à l'époque moderne

Le jeu de ballon est une forme de sociabilité, de sorte qu’il exige une organisation intra-groupale des pratiquants. Ainsi, les terrains de jeu de ballon, contrairement aux tripots, appartiennent à la communauté d’habitants, puis à la commune après la Révolution 110. Mais sous l’Ancien Régime, la communauté est régulièrement amenée à transiger avec « la jeunesse », qui est l’initiateur principal de la construction et de l’entretien des terrains 111. Cette expression désigne en fait le groupe des célibataires, véritable institution dont certains peuvent avoir largement dépassé l’âge moyen du mariage. Ces hommes turbulents prennent en main l’animation et l’organisation des jeux et fêtes au village 112. Comme en Provence, la jeunesse a son petit budget pour pourvoir à ce genre d’activités, ainsi que l’atteste une délibération de la communauté de Bessan en 1657, qui cède une partie de ses revenus à la jeunesse pour que celle-ci construise un jeu de ballon 113.

Mais dans de nombreux cas, surtout dans les villes et gros villages, ni la communauté ni même la jeunesse ne gère le terrain au quotidien. L’organisation locale du jeu passe par l’affermage à un ballonnier qui a en charge l’entretien des lieux (sol et murs) et qui met à la disposition des joueurs, moyennant une contribution financière, l’équipement nécessaire à la pratique (brassards et ballons) 114. Il est à noter que le pouvoir militaire, qui a une emprise réglementaire sur les espaces défensifs des villes fortifiées, semble aussi agir, dans certains cas, sur cet usage ludique. Il en assure la pérennité en facilitant l’affermage des fossés défensifs aux ballonniers intéressés, en application de la loi du premier décembre 1790. Cependant, le rôle de l’autorité militaire n’apparaît déterminant, dans notre région, que pour la seule place de Montpellier.

L'origine sociale des joueurs

Dès l’origine de son implantation, ce jeu semble particulièrement apprécié par certaines catégories sociales dominantes. En effet, les conseils de ville ou de village lui donnent une importance sociale de première grandeur puisqu’ils prennent en charge l’aménagement des lieux de pratique et veillent, par différentes délégations, à leur entretien. Cette pratique semble s’insérer dans les modes de vie d’une partie de la bourgeoisie, souvent identifiée, comme la catégorie des négociants. Quels sont les types de comportements distinctifs recherchés dans le jeu ?

Le Biterrois Jean Barbeyrac 115 s’est longuement penché, au début du XVIIIe siècle, sur les attitudes à adopter dans les jeux de société, dits d’exercice ou de hasard. Il sait que ces pratiques sont majoritairement le fait de groupes sociaux favorisés, mais qu’elles peuvent aussi accompagner un certain brassage social. Toutefois, il veille à maintenir chacun à sa place en justifiant une attitude de respect des hiérarchies sociales : « Comme il y a choses qui sont permises à l’un, qui sont défendues à l’autre, ou par rapport auxquelles du moins celui-ci n’a pas une liberté aussi grande et aussi étendue que celui-là ». Conscient des problèmes engendrés par la proximité des corps dans les jeux d’exercice, cet auteur ose une recommandation qui vise à maintenir à une distance symbolique les groupes sociaux les uns par rapport aux autres : « Il ne faut jouer que le moins possible avec ses inférieurs… la raison est claire : car il est bien difficile qu’ils conservent tout le respect qu’ils doivent à celui qui se familiarise si fort avec eux que de les prendre pour compagnons ordinaires de ses divertissemens » 116. Cette dernière remarque incline à mieux comprendre les interdictions faites aux ecclésiastiques 117 de pratiquer ce jeu en public !

Une recherche des comportements sanctionnés par la justice permet de mieux interpréter ces recommandations. Nous sommes enfin mieux éclairés sur les enjeux sociaux du jeu. La recommandation de maintien d’une « distance sociale » est largement suivie dans les villes et l’est beaucoup moins dans les campagnes où ce souci semble marqué différemment, car un certain brassage social s’y manifeste, même de façon indirecte. À titre d’illustration, nous choisissons un événement qui s’est déroulé à la limite Ouest de l’espace héraultais du jeu de ballon, à Montblanc. Il est déjà révélateur que les documents d’archives du procès soient rassemblés dans le fonds du Gouvernement militaire de Languedoc et ne soient pas restés au niveau des ordinaires de justice. Est-ce dû à la personnalité d’un des protagonistes ou bien est-ce, une nouvelle fois, le souci de maintenir les hiérarchies sociales au travers d’un « procès de civilité » ? Le texte de Jean Barbeyrac, cité ci-dessus, conforte cette seconde opinion. Cette affaire 118 oppose un meunier dénommé Py, simple spectateur parmi un grand nombre, au bourgeois De Montguibert, habitant de Pézenas, alors que ce dernier participe à une partie de ballon. De Montguibert a mal joué un ballon et son partenaire semble le lui reprocher. À cet instant, le spectateur Py entre sur le terrain de jeu et indique au joueur fautif la place à occuper pour rattraper le ballon. De Montguibert est vexé par cette remarque et, de colère, donne un coup de brassal sur le visage de celui qu’il considère comme un importun. Sous le coup, le sang gicle et s’écoule en abondance sur le visage blessé. Après avoir essuyé son visage ensanglanté, Py réagit en se précipitant sur son agresseur. Il le prend par les cheveux et le traine par terre. On les sépare. L’affaire est portée devant la justice ! Le 23 septembre 1751, le subdélégué d’Agde considère qu’« Il est certain que le sieur Py, meunier du lieu de Montblanc, a insulté M. de Montguibert (et) (…) il semble juste de punir cet homme par quelque temps considérable de prison, me laissant le pouvoir (…) de le mettre en liberté quand M. de Montguibert sera satisfait (…) ». Cependant les témoignages qui remontent auprès du Comte de Moncan, « commandant en la Province de Languedoc » ne concordent pas tout à fait avec cette appréciation et ce dernier demande au subdélégué d’approfondir son enquête. C’est ainsi que de nouvelles conclusions sont formulées le 11 octobre 1751 : « (…) J’observe que vous aves porté un prejugé certain car il est vray que le Sieur de Montguibert (…) a le premier tort, et le sieur Py s’est peut etre trop vangé. La différence des conditions m’avoit porté à vous proposer de le faire mettre en prison, sa partie étant disposée de demander bientôt son élargissement ».

L’analyse du texte montre à l’évidence qu’un préjugé favorable avait disculpé, dans un premier temps, le Sieur De Montguibert. Il était évident, dans l’esprit de l’enquêteur que le Sieur De Montguibert avait été insulté par un individu d’une catégorie sociale inférieure à la sienne et que ce dernier avait failli à l’obligation de respect. Cette manière de penser les rapports sociaux transparait dans la lettre adressée par De Montguibert à l’autorité judiciaire : « Monseigneur (…) vous demander justice de l’attentat d’un misérable meusnier nommé Py du lieu de Montblanc qui soublia de me dire les injures les plus atroces sans luy en avoir donné sujet et ensuitte meme de me prendre aux cheveux et me jeter par terre, n’ayant peu me deffendre allors contre la force et la rusticité d’un homme qui dailleurs se voyait soutenu par un nombre d’autres paisans comme luy (…) j’ai lieu d’espérer de vos bontés comme père et protecteur des officiers (…) Montguibert Lieutenant reformé au R(e)g(imen)t de Boulonnois (…) ». Ce qui frappe l’esprit, c’est tout d’abord la forme de solidarité sollicitée par De Montguibert qui, s’adressant au Comte de Moncan, commandant de la Province, indique son grade de lieutenant réformé pour obtenir une attitude protectrice, voire une complicité, de sa part et pour souligner la distance sociale qui existe entre les parties. Pour mieux marquer cette dernière, le statut de l’adversaire passe de misérable meunier à celui de paysan ! Il souligne également la rusticité de Py qui, fort de l’appui de ses congénères, a utilisé la force pour le contraindre. De Montguibert occulte le coup de brassard qu’il a donné à son adversaire et ne retient que le manque de maîtrise de ce dernier…qui a abusé de sa force physique sans tenir compte des règles de civilité en usage à l’égard d’un « supérieur ». La position initiale du subdélégué qui considère en premier lieu « la différence des conditions » entre dans la logique d’une sanction applicable à toute transgression des hiérarchies sociales : l’inférieur doit respecter le supérieur. Mais Py a-t-il vraiment eu conscience de manquer de respect vis-à-vis d’un joueur qui commet une faute ?, n’a-t-il pas lui-même intégré les comportements qu’exigent les règles du jeu ?, n’est ce pas révélateur des mutations sociales en cours ?

Cet épisode témoigne d’une manière de penser les rapports sociaux dans le jeu et hors du jeu. D’autres événements relevés dans les confrontations à propos du jeu de ballon confirment cette analyse et ne peuvent entrer dans les limites de cet article. Mais interrogeons un autre aspect du jeu et de ses règles. Le jeu de ballon est-il seulement le reflet des rapports sociaux d’une époque ou bien apparaît-il aussi comme un instrument pédagogique favorisant la construction de nouvelles manières d’agir en collectivité ?

Le jeu des civilités

Ces nouvelles manières d’agir et de faire sont-elles lisibles dans les pratiques du jeu de ballon ? Pour répondre à cette question, il faut relever ce que les usages de civilité 119 imposent au jeu de paume, pratiqué par les élites sociales, et qui servent de modèle pour les autres jeux et les autres groupes sociaux. En effet, la règle commune s’infiltre progressivement dans les diverses couches de la société, les historiens des jeux s’accordant pour reconnaître aux domestiques un rôle essentiel dans ce domaine, celui de médiateur culturel. Ces nouveaux comportements sont aussi le reflet d’une évolution plus générale des mœurs. On constate que l’incorporation de nouvelles manières de voir et de faire se réalise par l’intermédiaire de spectacles modélisants, dont le jeu de ballon au XVIIIe siècle. On peut comparer cette action « pédagogique » à celle du théâtre dans ses aspects politiques, à celle de cérémonies religieuses, ou encore à la fête, tous organisés ou favorisés par les pouvoirs en place. Cette attitude s’expliquant par le fait que les comportements violents et imprévisibles sont toujours une source d’inquiétude pour les groupes sociaux dominants. Dans la société, la multiplication des comportements « hors normes » entraîne toujours une forme de turbulence sociale 120 préjudiciable à une vision de l’ordre social légitimé 121 par les pouvoirs dominants.

Dans le champ spécifique des jeux de paume, les règles et les « manières de faire » sont aussi diffusées par le truchement de nombreux livrets 122. Mais cela n’occulte point le fait que les adaptations locales, dues à la transmission orale, sont nombreuses, et ne se rapprochent d’une règle commune qu’à l’occasion de rencontres entre les communautés villageoises et/ou urbaines. Si l’on comprend bien que la manière de compter les points et de délimiter un espace participe du sens commun, et que le but du jeu est de vaincre l’autre, on peut plus difficilement envisager que certaines « techniques du corps » 123 soient imposées. En effet, dans la pratique, n’est-il pas paradoxal d’imposer une « autocontrainte » à l’individu dans un moment où il devrait se libérer totalement ? Selon les codes prescrits, il faut veiller à ne pas avoir d’excès comportementaux et à se présenter d’une manière convenable à autrui. La civilité exige de « ne point faire de postures du corps ridicules et grotesques » 124 lorsqu’on joue ! Il faut avoir de la retenue et du contrôle de soi… d’autant que chacun joue en caleçon et chemise. L’évolution des mœurs implique donc que chacun doit apprendre à mieux maîtriser son corps, son apparence et l’espace de sa mise en jeu. Dans la pratique, le fait de se placer directement sous le regard d’autrui relève d’une instrumentation pédagogique d’une redoutable efficacité. La recherche de la maîtrise de soi, du contrôle de ses affects en toutes circonstances s’énonce clairement. S’il advient « quelque différend, il ne faut point s’opiniâtrer ; mais si enfin on étoit obligé de soutenir un coup ; ce doit être tranquillement, sans élever le ton de la voix, en le prouvant évidemment et promptemen (…). C’est, outre l’offense de Dieu, une très grande immodestie pour le monde poly, que de jurer, comme nous l’ayons déjà dit, et plus encore au jeu, où tout doit être paisible, pour ne pas troubler le divertissement » 125. Cette règle de civilité peut-elle s’imposer à toutes les populations de joueurs ?

Un événement singulier 126 se déroule le 5 juin 1770 au « jeu de boules » de Clermont-de-Lodève. Le sieur Bonnal, maréchal de Clermont, observe le jeu et critique l’attitude d’un joueur qui joue « sans jambes » 127. Ce dernier proteste et lance un défi à son interlocuteur au « jeu de balon de Gignac » avec un pari de dix louis d’or. Bonnal accepte, mais un spectateur, nommé Baumier, tanneur de son état, le traite de petit ivrogne. L’altercation se termine par un coup de poing sur la bouche de Bonnal et quelques « soufflets »… sous prétexte que l’observation formulée à l’égard du joueur de boules était une véritable insulte ! Il s’agit d’une véritable illustration de la difficulté, malgré le regard d’autrui, à maîtriser ses affects, tout en se référant aux usages reconnus d’actes de civilité.

Un des signes majeurs de la civilité est donc l’autocontrôle de ses affects 128. Celui-ci doit être constant, même dans les situations les plus difficiles à accepter. Les recommandations édictées par Antoine de Courtin dès 1672 confirme cette interpétation : « Si la personne est fâcheuse au jeu, il ne faut point relever ses paroles en façon quelconque, mais poursuivre et jouer son jeu : moins encore faut-il prendre garde à ses emportements (…) de ne point sortir du respect, ny du calme de l’esprit ».

La contrainte est également institutionnelle sous l’effet du discours religieux. Il est obligatoire, par exemple, de ne point jouer à l’heure de la messe comme le souligne la sanction adressée au ballonnier de Florensac par le conseil consulaire en 1772 pour avoir enfreint cette règle et, de surcroit, manqué de respect vis à vis de l’autorité consulaire : « (…) ayant été avertis que Dalché balonnier donnoit a jouer pendant les offices divins (…) dans le temps qu’on diroit vepres ce qui donnat a M. de Montbrun premier consul d enjoindre et de deffendre au dit un observateur balonnier de ne point jouer a donner pendant les offices le dit premier consul eut une mauvaise réponse de la part du balonnier qui merite punition ou d’etre expulsé de sa charge de balonnier (…) » 129. La sanction est tranchée à l’unanimité du conseil et le sieur Dalché est « expulsé » de sa charge. Le conseil mandate le premier consul pour nommer, à sa diligence, un nouveau ballonnier ! Le poids des interdits religieux déterminait la règle sociale.

Un autre mode relationnel est à considérer, c’est celui des conditions sociales de la pratique. Pour Georges Vigarello 130, le jeu de paume est en premier lieu : « (…) un jeu d’argent. La partie ne peut commencer que si les joueurs ont parié (…) La mise est impérative (…) ». Le jeu de ballon entre-t-il dans cette perspective ?

Les défis, les paris d'argent

En effet, comme aux jeux de paume, les défis 131 et les paris sont organisateurs des parties. Les termes du jeu semblent définis par l’enjeu. Si le défi est une manière pour celui qui le lance de s’éprouver vis-à-vis d’un adversaire valeureux, il permet également de se distinguer aux yeux de sa communauté. Les parties de ballon ont souvent lieu dans l’entre-soi du voisinage, mais elles prennent un relief particulier lorsque l’honneur de la communauté est mis en jeu face aux « étrangers » des villages proches. Ces rencontres sont l’objet de représentations psychologiques et sociales qui soudent la communauté au-delà de la simple construction d’une identité territoriale.

Les archives portent témoignage de cet intérêt pour la période des XVIIIe et XIXe siècles. La pratique des paris est très répandue parmi les spectateurs, comme l’indique le témoignage de Pierre Prion à Aubais, en 1750 : « le 11 et le 12 octobre, huit jeunes hommes choisis, d’Aubais et de Gallargues (aujourd’hui dans le département du Gard), ont fait pendant deux jours des fameuses et célèbres parties de ballon devant la place du magnifique château (…) le nombre des parieurs y fut innombrable, ceux qui en eurent gain de cause y remportèrent des sommes immenses » 132. Il en est de même à Gignac, en 1770, « on joue au ballon dans un lieu destiné à cet exercice, il attire des défis avec les joueurs du voisinage ; les paris sont quelquefois considérables et les galeries remplies de parieurs » 133.

Bien entendu, il n’y a pas d’élément statistique disponible pour objectiver la passion du jeu chez nos ancêtres, mais les indicateurs du pouvoir motivationnel de la pratique et du spectacle sont bien présents. Un manuscrit de 1768 insiste bien sur la nature, voire la démesure, des enjeux : « …(il n’y a) que des paysans ou gens très robustes qui s’y donnent et y sacrifient leur nécessaire, pour prix de la partie ou pour les paris » 134. À Montpellier, en 1875, un observateur averti des jeux d’exercice locaux écrit à propos de la pratique du jeu de balle au tambourin qui remplace progressivement le jeu de ballon : « Ce genre d’amusement très pratiqué dans notre région occasionne des tournois de jeu qui rappellent l’époque ancienne et dans lesquels brûlent du désir de se mesurer les joueurs de réputation qui de localité contre localité ont quelquefois à relever le gant jeté par des adversaires souvent redoutables et ardemment désireux d’acquérir par la victoire le premier rang parmi les forts » 135. Ce témoignage confirme que le jeu de ballon s’est pratiqué au-delà de 1860 et que la diffusion du tambourin s’est effectuée progressivement. Il n’y a pas eu une brusque rupture des usages locaux. Il est significatif que la mémoire collective ait conservé les noms de ces hommes forts qui font figure de héros. Jérôme Dupin, notaire à Gignac, et Mathieu Flottes, négociant de draps à Clermont de Lodève, sont de ceux-là. Le second nous a laissé une illustration de sa vie de joueur. En voici la relation, à travers un conflit qui oppose Mathieu Flottes fils, marchand fabricant de draps, à Jean Bouissin fils, négociant, à Clermont-de-Lodève, le samedi 23 septembre 1780 vers 17 heures 136. Ces deux individus finissaient une partie au ballon entamée le mercredi précédent. Ils jouaient l’un contre l’autre. Ayant l’avantage, Mathieu Flottes est pris à partie par la mère du dit Bouissin (à partir d’une fenêtre qui donne sur le jeu de ballon) qui le traite de fripon et voleur devant les spectateurs en souhaitant le faire pendre… Car il avait « volé » l’an dernier 120 livres à son fils (au jeu de ballon) et qu’il s’apprêtait à faire de même cette année ! Jean Bouissin se rendit du côté du service pour « batre dernier coup »… tandis que le dénommé Flottes se dirige « au fond du jeu pour recevoir le balon… il a l’avantage, il ne lui manquait que quinze pour gagner (la partie) ». Devant cette situation désespérée pour son fils, la mère de Bouissin crie qu’elle ne veut pas être dupée et finir ses jours à l’hôpital (institution de charité pour accueillir les pauvres) car, ruinée elle n’aura plus les moyens d’assurer la couverture de ses besoins, la vieillesse étant arrivée ! Elle invective son fils : « tu n’as pas honte de joüer avec des gens qui ne cherchent qu’à te tromper et qu’à gagner ton argent… ». Mathieu Flottes, piqué au vif, rétorque : « Je ne dupe point votre fils, sy je gagne je le fait (sic) en honete homme ». La pratique des enjeux d’argent est donc tout à fait dans les mœurs de l’époque et ne constitue pas un délit dans les jeux  d’exercice contrairement aux jeux de hasard.

Au XVIIIe siècle et jusqu’au début du XXe siècle, la pratique des paris d’argent à propos des jeux d’exercice est bien entrée dans les mœurs de la population. Cet enjeu semble donner un sens « absolu » aux rencontres puisqu’en devenant incontournable, il se situe au dessus de toutes les autres valeurs et semble préparer des temps futurs 137

Conclusion

La démarche des auteurs adopte un parti pris novateur pour étudier un jeu, en utilisant les dénombrements des biens des communautés des années 1686-1687 et les relevés du cadastre napoléonien. Il a aussi fallu rechercher dans d’autres sources les indices permettant de s’approcher d’un recensement quasi-exhaustif des lieux de pratique héraultais, même si tous n’ont pas été énumérés dans le présent article. Ce choix méthodologique permet d’établir un regard particulièrement intéressant sur la géographie historique du jeu de ballon. En outre, l’approche interdisciplinaire du sujet apporte un regard nouveau sur des espaces de jeu jusqu’ici repérés par les historiens mais sans qu’ils en comprennent toujours la configuration exacte et sa raison d’être ludique et sociale. Un jalon de plus dans l’étude des transformations des espaces périphériques des centres anciens, et de leur appropriation par la population, à l’époque moderne vient d’être posé. Inversement, la dimension chronologique de ce travail prétend aider les spécialistes de l’histoire du sport et des rapports sociaux qui y sont liés, en révélant quelques dynamiques d’élaboration des règles.

Cette approche du jeu de ballon a permis de mieux connaître l’essence d’un jeu qui a participé à la construction de l’identité culturelle du département de l’Hérault. Ce texte s’est attaché à décrire cette pratique dans son espace et ses règles d’usage. Il a tenté de mettre en lumière quelques caractéristiques de la société méridionale au cours de la période du XVIIe au XIXe siècle, à travers lesquelles semble transparaître une certaine évolution des mœurs.

Notes

  1.Dans le sens où il a été très répandu dans le Midi de la France du XVIIe au XIXe siècle.

  2.Christian GUIRAUD, « Les seigneurs de la vigne ou l’histoire singulière d’un sport régional : le tambourin ». Etudes Héraultaises, à paraître.

  3.dép. Hérault, 2 R 30, Affaires militaires, Zones de servitudes, Lettre du 11 avril 1860 du maire de Montpellier au Préfet de l’Hérault ; Louis-Henri ESCURET, Historique de la place de la Comédie. Montpellier, PL, 1984. p. 35.

  4.Médiathèque centrale d’Agglomération Emile Zola de Montpellier, Fonds Patrimoine, Dessins et aquarelles de Jean-Marie AMELIN (cf. Jean-Claude RICHARD, voir texte Etudes Héraultaises, 30-32, 1999-2001, p. 199-213)

  5.Adolphe ANGLADA, « Le jeu de mail de Montpellier de 1494 à 1940 ». Actes du 110ème Congrès National des Sociétés Savantes (Montpellier, 1985), section d’histoire moderne et contemporaine, II, Histoire du Languedoc, Paris, 1985, p. 321-340 ; Rémy PECH et Jack THOMAS, « Jeux de plein air en Languedoc, fin XVIIe-XVIIIe siècle ». in Jeux, Sports et fêtes, de l’Antiquité à nos jours en Languedoc et Roussillon. Actes du 65e congrès de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon (Uzès, 4 et 5 décembre 1993), Montpellier, Fédération Historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, 1995, p. 80.

  6.dép. Hérault, 10 BP 1658, Ordinaires de justice de Clermont-de-Lodève, plainte de Mathieu Flottes contre Françoise de Salasc épouse Bouissin d’Ancely : « (…) le 23 septembre dernier (1780) sur les cinq heures du soir le fils ainé demoiselle de Salasc et ledit Flottes jouoient au balon lun contre lautre dans le jeu de balon (…) ».

  7.Un village en Languedoc : La Chronologiette de Pierre Prion (1744-1759). texte inédit, présenté et annoté par Jean-Marc ROGER, présentation historique par Emmanuel Le ROY LADURIE, Paris, Fayard, 2007, p. 193.

  8.Sorte de manchon de bois qui protège le poing et parfois l’avant-bras et dont on se sert pour frapper le ballon.

  9.Manuscrit conservé par la Société archéologique de Montpellier, « Etat et description de la ville de Montpellier fait en 1768 ». Edité par Joseph BERTHELÉ, in : « Montpellier en 1768 d’après un manuscrit anonyme inédit ». Archives de la ville de Montpellier, inventaires et documents, publiés par les soins de l’administration municipale, t. IV, Montpellier, Roumegous et Déhan, 1920, p. 151.

 10.Philippe ARIÈS, « Conférence d’ouverture : Du frivole au sérieux ». in Philippe ARIÈS, Jean Claude MARGOLIN, Les jeux à la Renaissance, actes du XXIIIe Colloque International d’Etudes Humanistes, Tours, juillet 1980, Paris, Vrin, 1982. p. 5-12.

 11.Jean-Claude GAUGAIN, Jeux, gymnastique, sports dans le Var entre 1860 et 1940. Essai d’histoire sociale. Paris, L’Harmattan, 2000, p. 23.

 12.Christian GUIRAUD, Contribution à une socio-géographie sportive. L’exemple du département de l’Hérault. Travaux et Recherches en EPS, INSEP, Paris, 1985, p. 95-99.

 13.municip. Sète, DD 1, délibération consulaire du 23 septembre 1768 adressée à Monseigneur l’Intendant de Languedoc, f° 2.

 14.dép. Hérault, C 2951-C 2998, Amortissements des biens et facultés des communautés d’habitants du Languedoc, 1687-1691. Nous remercions M. Elie Pélaquier de nous avoir communiqué plusieurs indications pertinentes.

 15.Bruno JAUDON, Sylvain OLIVIER, « Du buron d’Aubrac au village de la plaine : le bâti rural languedocien à l’époque moderne ». in Philippe MADELINE, Jean-Marc MORICEAU (éd.), Bâtir dans les campagnes. Les enjeux de la construction de la protohistoire au XXIe siècle, Caen, Bibliothèque du Pôle Rural, n° 1, 2007, p. 214-220.

 16.Monique BOURIN-DERRUAU, Villages médiévaux en bas-Languedoc, genèse d’une sociabilité (Xe-XIVe siècle). Paris, l’Harmattan, 1987, vol. I, p. 21.

 17.Stéphano PIVATO, « Jeu de ballon et jeu de paume. Une histoire comparative ». in Jeux et sports dans l’histoire. Actes du 116e Congrès national des sociétés savantes, Section d’histoire moderne et contemporaine, Chambéry, 1991, Tome 1, Associations et politiques, p. 93-101.

 18.Jean-Claude GAUGAIN, op. cit.

 19.Edmond ROQUES, Manuel Théorique et pratique du jeu de ballon au tambourin. Pézenas, Edition d’auteur, 1923.

 20.Stéphano PIVATO, op. cit., p. 94.

 21.William STORY, Roba de Roma. Londres, 1864, p. 92.

 22.Johann Wolfgang von GOETHE, Voyage en Italie. Edition bilingue, Paris, Aubier, 1961, p. 91-93.

 23.Nom donné en Italie à celui qui lance la balle au serveur. Cet « auxiliaire » du jeu ne compte pas parmi les joueurs de champ !

 24.dép. Hérault, EDT Pézenas, fonds Resseguier, article 837, Reconnaissance du 21 avril 1645.

 25.Joseph BERTHELÉ, Archives de la ville de Pézenas. Inventaires et documents. I Inventaire de F. Resseguier, Montpellier, 1907, p. 121.

 26.Albert-Paul ALLIÈS, Une ville d’Etats : Pézenas aux XVIe et XVIIe siècles. Molière à Pézenas. Pézenas, Les Amis de Pézenas, 1973, p. 53 et 175.

 27.Le siècle des Platter, II, Le voyage de Thomas Platter, 1595-1599. trad. Emmanuel LE ROY LADURIE et Francine-Dominique LIECHTENHAN, Paris, Fayard, 2000, p. 397.

 28.Jean NOUGARET, Pézenas, Hérault. Ministère de la Culture et de la Communication, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Région de Languedoc-Roussillon, Montpellier, 2001, p. 11-18.

 29.Brigitte POSTEL, « Château de Versailles. L’archéologie du Grand Commun ». Archéologia, n° 450, décembre 2007, p. 24-31.

 30.Elisabeth BELMAS, Jouer autrefois. Essai sur le jeu dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècle). Seyssel, Champ Vallon, 2006, p. 117.

 31.Bernard SOURNIA et Jean-Louis VAYSSETTES, Montpellier : la demeure classique. Paris, Imprimerie Nationale Editions, 1994, p. 331.

 32.infra.

 33.dép. Hérault, C 3007, Amortissements. Cf. Notre Dame de Londres ou Laroque par exemple.

 34.Jean FAYET, Marseillan, un village en bas Languedoc. Tome II : Encyclopédie historique. Marseillan, Mairie, 1986, p. 144

 35.Léon MÉNARD, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de Nîmes. Clavel-Ballivet, vol 5, rééd. 1873, p. 519.

 36.Ernest MARTIN, Histoire de la ville de Lodève depuis ses origines jusqu’à la Révolution. Montpellier, Serre et Roumégous, 1900, vol. 2, p. 262.

 37.Rémy PECH et Jack THOMAS, art. cit., p. 81.

 38.municip. de Montpellier, BB 14, Délibération du conseil du 23 septembre 1768.

 39.Ville de Sète, Sète au XIXe siècle à travers ses plans. Archives municipales, 1991. Nous remercions Mme Lopez, directrice des archives municipales, pour la communication de ses recherches personnelles.

 40.dép. Hérault, 4 S 110, Port de Sète, « plan de la carrière du roi », 1818 ; Arch. dép. Hérault, 4 S 113, Port de Sète, plan général du port, 1838.

 41.Joseph BERTHELÉ, Montpellier en 1768 et 1836 d’après deux manuscrits inédits. Montpellier, Serre et Roumégous, 1909.

 42.infra.

 43.municip. Montagnac, 1 D 5, f° 14-15. Référence aimablement communiquée par M. André Nos.

 44.municip. Agde, 1 D 22, Délibération du conseil municipal du 14 août 1851.

 45.Claude ALBERGE, Histoire de Pézenas par les rues et les places.c Pézenas, Edition d’auteur, 2004, p. 136.

 46.dép. Hérault, 142 EDT 695, Travaux de transformation en place de l’aire et du jeu de ballon de Lodève, 1853-1855 : Lettre de plusieurs particuliers au maire de Lodève, 1er avril 1834 ; souscription d’Eugène Jourdan, 16 janvier 1853 ; souscription d’Alexis Fabreguette, janvier 1853 ; plan extrait du plan cadastral, certifié par le maire le 22 février 1853.

 47.Jean FAYET, Marseillan, un village en bas-Languedoc. Tome II : Encyclopédie historique. Marseillan, Mairie, 1986, p. 144.

 48.municip. Bernis, Délibérations communales, 18 janvier 1853. Information aimablement communiquée par M. Pierre Bourdelon.

 49.Jean ARSAC, Trait d’Union (les Amis de Bernis). 3e série, juin 2000, p. 39-43.

 50.Christian GUIRAUD, Contribution à une socio-géographie sportive. L’exemple du département de l’Hérault. Travaux et Recherches en EPS, INSEP- Ministère de la Jeunesse et des Sports, 1985, p. 95-99.

 51.dép. Hérault, 31 EDT BB 3, folio 170, Délibération consulaire de Bessan du 20 juillet 1657 : « Proposition de construction d’un jeu de ballon pour la jeunesse » ; J.-J. BALTHAZAR-JORDAN, Histoire de la ville d’Agde depuis sa fondation au premier janvier 1824. Montpellier, Isidore Tournel aîné, 1824, pp. 185 et 223.

 52.Emile APPOLIS, Un pays languedocien au milieu du XVIIIe siècle, Le diocèse civil de Lodève, étude administrative et économique. Albi, Imprimerie Coopérative du Sud-Ouest, 1951, p. 49.

 53.municip. Aniane, BB 10, Délibérations consulaires, 28 Juillet 1647, folio 85

 54.Emile APPOLIS, op. cit., p. 358 ; Arch. dép. Hérault, 142 EDT 695, Lodève, Travaux de transformation en place de l’aire et du jeu de ballon, 1853-1855 : plan extrait du plan cadastral, certifié par le maire le 22 février 1853.

 55.Corinne POTAY, « Papagaï, jeu de mail, jeu de paume à Nîmes du XVIe au XVIIIe siècle ». in Jeux, Sports et fêtes, de l’Antiquité à nos jours en Languedoc et Roussillon. Actes du 65e congrès de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon (Uzès, 4 et 5 décembre 1993), Montpellier, Fédération Historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, 1995, p. 35-57.

 56.Jeannine FLAUGÈRE, « Jeux, sports et fêtes à Uzès et en Uzège du Moyen Age au XIXe siècle ». in Jeux, Sports et fêtes, de l’Antiquité à nos jours en Languedoc et Roussillon. Actes du 65e congrès de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon (Uzès, 4 et 5 décembre 1993), Montpellier, Fédération Historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, 1995, p. 27.

 57.Jean FAYET, op. cit., p. 144.

 58.dép. Hérault, 162 EDT 393, délibérations consulaires de Montagnac, registre du 18 septembre 1718 au 22 décembre 1732 (références communiquées par M. André Nos, historien de cette ville) ; Arch. dép. Hérault, 179 EDT BB4, Délibérations consulaires de Saint Martin de Londres, 20 février 1773.

 59.Louis-Henri ESCURET, op. cit., p. 35 ; M. F. REY de LACROIX, Montagnac et ses environs. Paris, Res Universis, 1990 (1ère édition en 1843), p. 144.

 60.municip. Sète, BB 14, Délibération du conseil, 23 septembre 1768.

 61.municip. Sète, DD 20, « Devis du jeu de balon que la ville de Cette veut établir dans le vacant appelé la seignée », 8 décembre 1769 ; Arch. municip. Agde, BB 28, Délibération du conseil, 1er septembre 1771 ; Arch. dép. Hérault, 142 EDT 695, Travaux de transformation en place de l’aire et du jeu de ballon de Lodève, 1853-1855 : Lettre au maire de Lodève, 1er avril 1834.

 62.Jean FAYET, op. cit., p. 144.

 63.Max ROUQUETTE, Le jeu de la balle au tambourin. Toulouse, Institut d’Etudes Occitanes, 1948, p. 21 « freta : nom de la muraille qui fermait un des grands côtés du terrain et dont l’action sur les balles était admise à une certaine époque ». Nous remercions Mme Roques, Directrice de la bibliothèque Municipale de Clermontl’Hérault de ses explications sur le sens à donner à ce terme occitan.

 64.municip. Sète, DD 20, doc. cit., devis, 20 décembre 1769.

 65.Jacques MESTRE, Histoire de la ville de Gignac et des communes de son canon des origines à 1900. Gignac, Office du Tourisme, IIGA, ATR, 1988 (1ère édition 1887), p. 105.

 66.Groupe mémoire du Foyer Rural d’Aspiran, Exposition Fêtes-Sports-Loisirs d’hier et d’aujourd’hui, juillet 2006, p. 50.

 67.dép. Hérault, 292 EDT 2, Délibérations consulaires de Salasc, 28 février 1762 et 10 février 1774.

 68.Sylvain OLIVIER, « Salasc (Hérault), Village, ancienne“ muraille de la ville ” ». Archéologie Médiévale (chronique des fouilles médiévales en France en 2006), vol. 37, 2007, p. 274.

 69.Fédération Française de Tambourin, Règles du jeu, dispositions générales. Montpellier, Imprimerie de la manufacture de la charité, 1923. Aimablement communiqué par les membres du groupe d’entraide Généa_Hérault, animé par M. Fred Romain.

 70.dép. Hérault, Cadastre « napoléonien », Tableaux indicatifs : 3 P 1807, Montpeyroux, 1826 ; 3 P 2685, Saint-Saturnin, 1826 ; 3 P 216, Aniane, 1829.

 71.dép. Hérault, Cadastre « napoléonien », 3 P 3564, Lézignan-la-Cèbe, 1832, plan C1 ; 3 P 3552, Lacoste, 1835, plan D.

 72.dép. Hérault, Cadastre « napoléonien », 3 P 4441, Aspiran, 1835, plan F ; 3 P 3479, Canet, 1836, plan B.

 73.Pierre CLERGEOT (dir.), 1807 – un cadastre pour l’empire. Cent millions de parcelles en France. Paris, Publi-Topex, 2007, 124 p. ; Sylvain OLIVIER, « Compoix, terriers et cadastres. Des données quantitatives et spatiales sur l’environnement rural languedocien (XVIIe-XIXe siècle) ». in Cadastres et paysages. Actes de la journée d’étude du 15 octobre 2005, recueillis par Élie PÉLAQUIER, Lionel DUMOND et Stéphane DURAND, Liame. Bulletin du Centre d’Histoire et d’Histoire de l’Art moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, n° 14, juillet-décembre 2004, p. 71, 72, 77 ; Bruno JAUDON, « Le compoix languedocien, photographie imparfaite du paysage (XVIe-XIXe siècle) », ibid., p. 26-27.

 74.dép. Hérault, Cadastre « napoléonien », 3 P 3570, Lodève, 1833, plan G1.

 75.dép. Hérault, 142 EDT 695, Travaux de transformation en place de l’aire et du jeu de ballon de Lodève, 1853-1855 : Lettre de plusieurs particuliers au maire de Lodève, 1er avril 1834 ; « Devis pour convertir en une place l’aire et le jeu de balon de la ville de Lodève », 4 février 1853.

 76.dép. Hérault, Cadastre « napoléonien », 3 P 3601, Montpeyroux, 1825, plans C1 et C2.

 77.dép. Hérault, Cadastre « napoléonien », 3 P 3542, Gignac, 1825, plan A1.

 78.dép. Hérault, C 4107, devis général concernant « le dessèchement et écolement des eaux croupissantes des fossés de la ville de Pézenas, 10 may 1746 ».

 79.Joseph BERTHELÉ, Archives de la ville de Pézenas. Inventaires et documents. Inventaire de F. Resseguier. Montpellier, 1907, p. 121.

 80.dép. Hérault, 5 S 568, Chemins de fer d’intérêt local, dossier de construction de la gare de Palavas et du square, 1875-1876.

 81.Albert FABRE, Paul FABRE, L’Hérault historique illustré. Nîmes, Christian Lacour, 1993 (1ère édition en 1877), page 120.

 82.Archives Municip. Sète, DD 20, doc. cit., cf. supra.

 83.dép. Hérault, 10 BP 85, Ordinaires de justice d’Agde, conflit entre des spectateurs du jeu de ballon qui se disputent une place sur la banquette, le 27 juillet 1752.

 84.Groupe mémoire du foyer rural d’Aspiran, exposition « Fêtes-Sports-Loisirs », juillet 2006, op. cit., p. 50 ; Délibérations consulaires d’Aspiran, registre non coté, déposé aux archives municip. d’Agde, délibération du 7 juillet 1758 : « Comme sera tenu le dit Dors de netoyer le dit jeu de balon toutes fois equantes quil en aura de besoin (…) »

 85.dép. Hérault, 142 EDT 695, Lodève, Travaux de transformation en place de l’aire et du jeu de ballon de Lodève, 1853-1855 : Lettre au maire de Lodève, 1er avril 1834.

 86.dép. Hérault, 134 EDT 1, Lavérune, délibération consulaire du 30 août 1778.

 87.dép. Hérault, C 4107, doc. cit., devis du 10 mai 1746. « (…) Ouvrages a faire pour metre les fossés de lanceinte de la ville de Pézenas a labry des inondations et des eaux croupissantes qui procurent de mauvaises odeurs infectent les passans et les habitans ». Le jeu de ballon de la porte de la Grave est concerné.

 88.municip. de Sète, DD20, devis du jeu de balon, document n° 6 du 8 décembre 1769.

 89.Charles de BELLEVAL, Notice sur Montpellier… Nîmes, Lacour, 1985 (édition 1818), p. 40 ; John LOCKE, Carnet de voyage à Montpellier et dans le sud de la France, 1676-1679. Montpellier, éd. Guy Boisson, trad. Marie Rivet, les Presses du Languedoc, 2005, p. 37 ; Rémy PECH et Jack THOMAS, art. cit., p. 79-98.

 90.Albert FABRE, Paul FABRE, op. cit., p. 108 et 120.

 91.dép. de l’Hérault, 10 BP 799, Ordinaires de justice de Marseillan, pièce 813, 7 septembre 1777.

 92.Dictionnaire Historique d’Architecture, tome second, Paris, Librairie d’Adrien Le Clere et Cie, 1832, p. 39.

 93.Les villes de Béziers, Montpellier, Nîmes, Pézenas… possèdent un ou plusieurs jeux de courte-paume à l’époque moderne.

 94.Tous nos remerciements à Mme Christine Marcadier qui nous a communiqué cette information.

 95.Le siècle des Platter…, op. cit., p. 208, 333.

 96.Jean-Jules JUSSERAND, Les sports et les jeux d’exercice dans l’ancienne France. Paris-Genève, Champion-Slatkine, 1986, p. 242.

 97.Le tamis du battoir sera, plus tard, tendu de parchemin et ressemblera à une raquette au long manche.

 98.F. REY de LACROIX, op. cit., p. 195.

 99.Emile GUIGOU, Les Guiraud. Chronique d’une famille de paysans languedociens sous la Révolution, l’Empire et la Restauration. Montpellier, Presses du Languedoc, 1983 , p. 280 : « …rencontre de jeu de battoir (8 avril 1831) entre des joueurs de Vauvert et d’Aimargues. Une partie très disputée dont l’issue fut incertaine jusqu’à la fin ». Le jeu de longue paume était également appelé le jeu de battoir.

 100.Elisabeth BELMAS, op. cit., p. 120 : « on ne connaît pas les règles de la longue paume pour le XVIe siècle, elle ont été codifiées tardivement au début du XVIIe siècle, dans les traités de jeux qui la distinguent alors de la courte paume ». Il convient donc d’utiliser avec prudence notre illustration pour les XVIe et XVIIe siècles.

 101.« Le jeu de la longue paume et autres gayetez champestres ». In : Le Sandrin ou verd galand où sont naïvement déduits les plaisirs de la vie rustique, Paris, Antoine du Brueil, 1609 (1re éd. 1593), p. 77 « … quatre contre quatre en la plus belle rue, d’un batoir bien sonnant envoyent dans la nüe l’esteuf poussé par l’air et le bras vigoureux (…) Le premier jeu finy (…) en jeu mettent l’escu pour chacune partie, là le peuple s’assemble, et void sans respirer, et deçà et delà, maint beau coup se tirer… ». Cette note situe l’opposition de deux équipes de quatre joueurs sur un espace de jeu (la rue) avec la mise en jeu d’un écu par partie !

 102.Louis Marie BAJOT, op. cit., p. 199 : « Règles générales du jeu de la longue paume ».

 103.Paul PELISSE, préface du manuel théorique et pratique du jeu de ballon au tambourin, in Edmond Roques, op. cit., p. V.

 104.Jean-Claude GAUGAIN, op. cit., p. 23 et 36.

 105.dép. Hérault, 10 BP 1658, Ordinaires de justice de Gignac, dossier 11. Affaire Avellan/Périer du 11 septembre 1769.

 106.Guillaume, Louis, Gustave BELEZE, Jeux des adolescents. Paris, Librairie L. Hachette et Cie, 1858, p. 86.

 107.Max ROUQUETTE, op. cit., p. 15.

 108.Charles de BELLEVAL, Notice sur Montpellier. Nîmes, Lacour, 1985 (réédition du texte de 1818), p. 40-41.

 109.Max ROUQUETTE, op. cit., Max Rouquette y fait une brève analyse du jeu de ballon… ancêtre du jeu de balle au tambourin.

 110.dép. Hérault, Cadastre « napoléonien », plans (cf. supra) et Tableaux indicatifs : 3 P 1807, Montpeyroux, 1826 ; 3 P 2685, Saint-Saturnin, 1826 ; 3 P 216, Aniane, 1829 ; Arch. dép. Hérault, 79 EDT 75, Délibération du 1er juin 1822 du conseil municipal de Clermont-l’Hérault « relative à l’embranchement de la route royale à la route départementale, à la promenade et au jeu de balon », (document signalé par M. Adrien Cavé) ; Arch. dép. Hérault, 142 EDT 695, Travaux de transformation en place de l’aire et du jeu de ballon de Lodève, 1853-1855 : Lettre au maire de Lodève, 1er avril 1834.

 111.municip. Aniane, BB 10, Délibérations consulaires, 19 avril 1648, folio 119 ; Arch. dép. Hérault, 292 EDT 2, Délibérations consulaires de Salasc, 10 février 1774 ; Claude ALBERGE, Histoire de Pézenas par les rues et les places. Pézenas, Edition d’auteur, 2004, p. 135-136.

 112.Nicole CASTAN, Les criminels de Languedoc. Les exigences d’ordre et les voies du ressentiment dans une société prérévolutionnaire (1750-1790). Toulouse, Université de Toulouse-Le Mirail, 1980, p. 203 ; Nicole CASTAN et Yves CASTAN, Vivre ensemble. Ordre et désordre en Languedoc, XVIIe-XVIIIe siècle. Paris, Gallimard, 1983, p. 35 ; Emmanuel Le ROY LADURIE, Le carnaval de Romans. Paris, Gallimard, NRF, 1979, p. 112, 249.

 113.Maurice AGULHON, La sociabilité méridionale (confréries et association dans la vie collective en Provence orientale à la fin du XVIIIe siècle). Aix-en-Provence, Annales de la faculté des lettres, série : travaux et mémoires n° XXXVI, 1966, p. 107 ; Arch. dép. Hérault, 31 EDT BB 3, Délibérations consulaires de Bessan, 20 juillet 1657, folio 171.

 114.municip. Aspiran, non cotées, déposées aux Arch. municip. d’Agde pour restauration, délibération consulaire du 16 juillet 1758.

 115.Jean BARBEYRAC, Traité du jeu où l’on examine les principales questions de droit naturel et de morale, Amsterdam, Pierre Hubert, tome second, 1709, p. 373 et suivantes. Cet auteur, fils de pasteur, a effectué sa scolarité à Montagnac.

 116.Jean BARBEYRAC, op. cit., p. 415.

 117.Elisabeth BELMAS, op. cit., p. 50.

 118.dép. Hérault, C 6660, Gouvernement militaire de Languedoc, Plaintes et placets, diocèse d’Agde, 1751.

 119.Norbert ELIAS, La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 1973, p. 101.

 120.Herbert, Lionel, Adolphus HART, Le concept de droit. Traduit par Michel Van de Kerchove, Saint-Louis, Publications des fac., 2005, p. 46.

 121.Robert MUCHEMBLED, Une Histoire de la Violence, Paris, Seuil, 2008, p. 309-311.

 122.Elisabeth BELMAS, op. cit., p. 167 et 169 « Dans l’historiographie des traités de jeux, la date charnière se situe au milieu du XVIIe siècle, qui voit l’apparition de recueils techniques donnant les règles de jeux multiples et variés (…) les traités de civilité définissent le comportement de l’honnête homme ».

 123.Au sens d’une manière d’user du corps dans une société donnée.

 124.Antoine de COURTIN, Nouveau traité de la civilité, qui se pratique en France parmi les honnêtes gens. Paris, Durand, (premières éditions 1672, 1679) 1750, p. 192.

 125.Ibid.

 126.dép. Hérault, 10 BP 457, Ordinaires de justice de Clermont l’Hérault, plainte du Sieur Pierre Bonnal contre le sieur Baumié, 1770.

 127.Il s’agit d’un Provençal ! Joue-t-il les pieds « tanqués » en étant immobile sur ses appuis ? Cette attitude semble très différente des usages locaux, soit de la « norme culturelle admise », et surprend le spectateur.

 128.Norbert ELIAS, Eric DUNNING, Sport et civilisation. La violence maîtrisée. Paris, Fayard, 1986, p. 21

 129.munip. Florensac, carton BB 4, Délibération consulaire du 25 août 1772.

 130.Georges VIGARELLO, « De la force à la prestance. La transformation des jeux de la noblesse en France aux XVIe et XVIIe siècles ». in La naissance du Mouvement Sportif Associatif en France. Sociabilités et formes de pratiques sportives, Lyon, PUL, 1986, p. 31-43.

 131.Aubin, Louis, MILLIN, Voyage dans les départements du midi de la France, Paris, Imprimerie Impériale, 1811, p. 329 : « On joue surtout au mail dans les environs (de Montpellier) ; les villageois s’y proposent des défis comme à celui du ballon… ».

 132.Jean-Marc ROGER, op. cit., p. 192.

 133.Chevalier de LAURES, Mémoires pour servir l’histoire de Gignac et de ses environs. Manuscrit, BM Montpellier, MS 235, vers 1770, p. 105.

 134.Manuscrit conservé par la Société archéologique de Montpellier, « Etat et description de la ville de Montpellier fait en 1768 ». Edité par Joseph BERTHELÉ, in : « Montpellier en 1768 d’après un manuscrit anonyme inédit ». Archives de la ville de Montpellier, inventaires et documents, publiés par les soins de l’administration municipale, t. IV, Montpellier, Roumegous et Déhan, 1920, p. 151.

 135.municip. Montpellier, I 2/1, Délibérations municipales, dossier « jeu de ballon », 1875.

 136.dép. Hérault, 10 BP 210, Ordinaires de justice de Clermont-l’Hérault, plainte Flottes contre de Salasc, 1780.

 137.Georg SIMMEL, Philosophie de l’argent. Paris, PUF, 1987.