Description
Ateliers et émissions monétaires en Languedoc de 1584 à 1596 :
mise au point d’après les travaux imprimés
En guise d’introduction, il convient de rappeler quelques notions concernant les émissions et les ateliers monétaires sous l’ancien régime.
Le monopole de la frappe des monnaies dans le seul atelier parisien est un phénomène relativement récent, puisqu’il date de 1880. Auparavant, cette fabrication n’était pas concentrée en un seul « hôtel des monnaies » ; un certain nombre d’ateliers existaient en France. Ils étaient créés, selon les besoins ou les capacités locales, près des mines de métaux monnayables, près des grands centres commerciaux, ou des frontières, afin de drainer les matières précieuses de l’étranger… Cette dispersion était rendue nécessaire par les difficultés de communication, l’insécurité et l’insuffisance, voir même l’absence d’une véritable politique monétaire. L’émission des espèces est un monopole royal toute initiative particulière en ce domaine est un crime, assimilé à la fausse monnaie ou « bilonage ». Le roi donne sa garantie par l’empreinte, retenant en échange un bénéfice sur la fabrication appelé « seigneuriage ». Ayant seul le droit de frappe (droit régalien majeur), il a également celui de modifier les espèces ; étant seul juge des besoins en ce domaine, les émissions n’avaient ni la régularité, ni la continuité qui les caractérisent aujourd’hui. Enfin, tous les sujets sont tenus d’accepter ces pièces à l’exclusion de toutes autres, sous peine d’amende et de confiscation.
La fabrication des monnaies est contrôlée par une administration relativement efficace. Au sommet se trouve la Cour des Monnaies, érigée en cour souveraine depuis 1552 ; elle ne reçoit d’ordres que du Conseil du roi, et règle toutes les questions monétaires, n’hésitant pas parfois à s’opposer au souverain en ce domaine. La liaison avec les ateliers, et leur surveillance, est assurée par des Généraux provinciaux des Monnaies, itinérants. Enfin, à la base se trouve l’atelier et son personnel. Chaque Hôtel des Monnaies est périodiquement mis en adjudication (le plus souvent pour trois ans), à celui qui offrira de fabriquer durant son bail la plus grande quantité d’espèces. Ce fermier a sous sa responsabilité des « ouvriers et monnayeurs », qui assurent la réalité du travail. Ceux-ci sont groupés en une puissante corporation, bénéficiant de nombreux privilèges (exemptions d’impôt, de taxes, de péages, de logement des gens de guerre…) et bénéficiant surtout du droit de « commitimus » (droit d’être jugé par ses pairs). On trouve également dans chaque Monnaie, des officiers chargés de vérifier que les émissions sont conformes aux ordonnances (juges-gardes, contre-gardes), que le titre des espèces est réglementaire (essayeur)… Les « coins », servant à la fabrication, sont préparés sur place par le graveur, d’après un modèle qui lui a été soumis ceci explique les grandes différences de portrait ou de légende que l’on rencontre pour les mêmes types de monnaie d’un souverain, selon qu’elles ont été émises dans tel ou tel atelier.
Ces Hôtels des Monnaies n’ont le plus souvent pas d’emplacement fixe, et peuvent même être itinérants. Il faut rappeler que la frappe s’effectue au marteau et, donc, que le matériel nécessaire est des plus réduits (ce n’est qu’en 1645 que la frappe se fera au balancier, imposant ainsi aux ateliers des locaux fixes et spacieux, et permettra un contrôle plus aisé).
Ces quelques renseignements permettront de saisir avec plus d’acuité les problèmes posés par les « émissions sauvages » qui eurent lieu en France pendant la Ligue. Leur aspect politique ne doit […]
.Informations complémentaires
Année de publication | 1981 |
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Nombre de pages | 12 |
Auteur(s) | Bruno COLLIN |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |