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Description

A propos d’un ouvrage récent : Agde et la mer

C’est une importante contribution à l’histoire urbaine du Languedoc méditerranéen au Moyen Age qu’apporte André Castaldo avec sa thèse de doctorat en droit intitulée « Le consulat médiéval d’Agde (XIIIe – XIVe siècles) ». En dehors de quelques monographies, dont certaines sont de haute valeur, mais déjà anciennes, nous ne disposons en effet sur cette question d’intérêt majeur que d’études générales. C’est dire que le travail d’André Castaldo, qui repose sur le riche fonds des archives d’Agde, est le bienvenu il permet de se faire une idée précise des conditions dans lesquelles se sont ébauchées, puis organisées les institutions municipales d’une de ces villes à consulat qui caractérisent le Midi méditerranéen. Dans cette revue même M. André Dupont a heureusement mis en relief les lignes directrices de la thèse d’André Castaldo et souligné ses mérites. Aussi est-ce seulement à l’un des aspects de cette étude que nous voudrions nous attacher en mettant l’accent sur ce qui fait l’originalité d’Agde, port maritime en même temps que cité demeurée durant de longues décennies dans l’étroite dépendance de son évêque et seigneur.

Il n’est guère besoin de rappeler qu’en aménageant la rade d’Aigues-Mortes et en bâtissant une ville à proximité, la royauté française avait entendu s’assurer le contrôle du commerce maritime sur toute la côte du Languedoc et qu’elle avait été assez vite amenée à conférer à sa création une sorte de monopole. Mais on se tromperait étrangement si on croyait que les autres ports avaient été tout de suite et du même coup complètement délaissés. La pêche animait une série de ports secondaires. On sait d’autre part que du XIIIe au XVe siècle, Narbonne et Sérignan n’ont pas cessé de jouer un rôle important. Il semble que l’activité d’Agde n’a pas été moins grande, comme le montrent les textes assez nombreux rassemblés par André Castaldo.

Dès avant la fin du XIIe siècle – un traité bien connu de 1185 en témoigne – des relations s’étaient nouées entre Montpellier et Agde : les deux villes communiquaient par mer, mais aussi par les étangs. Au XIe siècle le chapelet d’étangs de la région de Montpellier était animé par une navigation intérieure qui, à l’abri des tempêtes et des pirates, doublait la navigation maritime. Rien ne s’opposait à une circulation du même ordre, mais d’une autre portée, depuis le Rhône jusqu’à l’Hérault, voire jusqu’à l’Orb et jusqu’à l’Aude, grâce à tout un lacis de marécages, de faux bras et de chenaux qu’au prix de menus travaux on pouvait rendre accessibles aux embarcations de faible tonnage. C’est ainsi qu’il existait des rapports réguliers entre l’étang de Thau et le bras inférieur de l’Hérault sur lequel Agde était bâti : l’étang de Bagnas était traversé par une roubine navigable sur laquelle l’évêque percevait des taxes. En 1315 ce même évêque et les universités de Marseillan, de Mèze, de Loupian et de Bouzigues revendiquaient le droit immémorial de faire porter les blés et les autres marchandises par l’étang de Thau jusqu’à Lattes : sur leurs instances le roi Louis X rappelait à l’ordre les fermiers de la claverie d’Aigues-Mortes et les gardes des ports et passages qui voulaient s’y opposer. Au même moment les consuls d’Agde et de Marseillan prétendaient à la libre circulation non seulement jusqu’à Montpellier, mais encore jusqu’au Rhône. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1971

Nombre de pages

7

Auteur(s)

Jean COMBES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf