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Description

A propos du patrimoine naval du Languedoc

Lorsqu’on s’interroge sur le patrimoine naval du Languedoc, un passé d’une richesse inattendue se révèle. Les mémoires se découvrent être pleines de barques catalanes, les vraies et puis les fausses : celles qu’on a construit à Sète ou à Valras ; de tartanes, de mourres de pouar et de bateaux-bœufs, tous disparus, hélas ; de bettes, de bétous et de bétounes, de nacelles, de négafols et de rabalaïres… On évoque avec des airs de grandeur les pinques barques, les polacres, les brigantins, les balancelles et les goélettes majorquines, ou plus fabuleux encore on parle de la pureté de lignes des chebecs, qu’on a vu naviguer ici dans le passé.

Enfin, partout avec nostalgie on parle de la voilure latine, superbe, qu’on retrouve à travers toute la Méditerranée, et qui nous serait venue droit depuis l’Antiquité pour n’être détrônée que par le moteur à explosion…

Dès qu’on essaie de les appréhender méthodiquement, ces références s’avèrent difficiles à cerner précisément, et la solution la plus sage semble être de les aborder d’un point de vue historique. Enfin, du fait que l’histoire des formes navales est étroitement liée à la géographie et l’histoire des côtes, il serait vain d’aborder l’aspect historique de ce qui fait aujourd’hui notre patrimoine maritime sans le ré-inscrire dan s le contexte général de l’histoire du littoral languedocien.

La grande spécificité de la côte du Golfe du Lion est d’être formée en quelque sorte d’un double littoral. Entre les côtes rocheuses de la Provence et de la Catalogne, un chapelet d’étangs s’étire, longeant la côte de manière quasi continue. Du fait qu’elle soit à la fois sableuse et d’une faible déclivité, et qu’elle soit entièrement doublée d’étangs de faible profondeur qu’il faut traverser avant de toucher la terre proprement dite, la côte languedocienne, en interdisant le débarquement aux bateaux de fort tonnage, n’a jamais permis l’établissement de ports dont l’envergure aurait pu se maintenir dans le temps.

A l’opposé de la stabilité du dessin des côtes provençales ou catalanes, la côte languedocienne a toujours été mouvante, imposant aux hommes qui l’habitaient de composer avec sa propre inconstance.

Les possibilités de circulation n’étaient toutefois pas bloquées, et l’on pouvait transporter les marchandises par le biais d’un fleuve, en amont duquel la cité était installée. Deux cas se présentaient alors : le fleuve pouvait être assez large et profond pour permettre aux navires de remonter jusqu’aux cités elles-mêmes, comme c’est le cas pour Agde ou pour Arles ; ou bien, et le cas est plus général, le fleuve n’était pas assez profond et il fallait transborder le fret du navire sur des allèges de faible tirant d’eau qui remontaient ensuite jusqu’aux berges de la ville. C’est cette dernière formule qui unissait Sérignan à Béziers, Gruissan à Narbonne, et dans une moindre mesure, Lattes à Montpellier. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1992

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Vincent GIOVANNONI

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf