Description
À propos de la Révolte des vignerons de 1907
Malgré les morts de Narbonne, les affrontements de Perpignan et de Montpellier, la mutinerie du 17e régiment d’infanterie de ligne, on a trop souvent tendance à voir dans la révolte des vignerons du Languedoc-Roussillon de 1907 une gigantesque kermesse.
Jaurès avait bien senti cela qui disait le 29 juin 1907 au Tivoli-Vauxhall : « L’événement qui se développe là-bas, et qui n’a pas épuisé ses conséquences, est un des plus grands événements sociaux qui se soient produits depuis trente-cinq ans. On a pu d’abord n’y pas prendre garde ; c’était le Midi, et il y a une légende sur le Midi. On s’imagine que c’est le pays des paroles vaines ; on oublie que ce Midi a une longue histoire, sérieuse, passionnée et tragique ». Et après avoir rappelé cette histoire à grands traits, le leader socialiste concluait : « C’était donc à des hommes sérieux, à des événements sérieux, à des souffrances sérieuses qu’on avait affaire ».
Jaurès avait vu juste et la révolte des vignerons du Midi apparaît aujourd’hui comme un des plus importants mouvements sociaux du début du XXème siècle qui n’en manque pourtant pas : grèves des ouvriers d’industrie, des cheminots et des fonctionnaires de 1905 à 1913, grèves des ouvriers agricoles du Languedoc-Roussillon notamment en 1904, révolte des vignerons de Champagne en 1911… Dans cet ensemble, la révolte des vignerons du Midi frappe par les foules énormes mises en mouvement, par la dureté de la répression gouvernementale mais aussi par l’inexpérience des dirigeants du Comité d’Argelliers.
Divers travaux, ces dernières années ont fait progresser notre connaissance de ce grand moment de l’histoire du Languedoc-Roussillon.
Dans son ouvrage, « 1907, La révolte des vignerons », M. Félix Napo s’est surtout attaché à retracer les événements. En quelques pages rapides, il présente la région, évoque la montée du socialisme audois et la personnalité du maire socialiste de Narbonne Ernest Ferroul, rappelle les principaux caractères de l’économie du Midi : monoculture de la vigne, importations de vins, fabrication de vins artificiels grâce au sucrage et à la chaptalisation. Dès 1904, c’est la crise dont la cause principale, pour beaucoup, est la fraude. Marcellin Albert, cafetier et petit propriétaire à Argelliers, demande l’abrogation de la loi du 29 janvier 1903 sur l’addition de sucre à la vendange. Pour lui et ses amis du Comité d’Argelliers, cette loi est la source de la fraude.
M. Napo décrit avec minutie les débuts du mouvement que dirige Albert, les échecs puis l’essor à partir de mars 1907. C’est alors le point de départ d’une étonnante série de meeting qui culmine le 9 juin à Montpellier avec plus de 500 000 personnes ! Le sympathisant radical qu’est Albert veut donner au mouvement un caractère corporatiste : « Unissons-nous tous sans distinction de classes… Pas de politique ! » Déclare-t-il.
Mais il y a une forte poussée de la base que Ferroul perçoit. Sous son impulsion, et contre Albert, le Comité d’Argelliers a lancé un ultimatum au gouvernement pour le 10 juin. Il n’est plus possible de reculer et le même jour l’ordre de grève de l’impôt et de démission des municipalités est donné […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1973 |
---|---|
Nombre de pages | 5 |
Auteur(s) | Jean SAGNES |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |