Description
21 août 1944 : la fusillade de la place de la Comédie :
Histoire et Mémoire
* Doctorant en Histoire contemporaine à l’Université Paul-Valéry Montpellier, sous la direction de Jean-François Muracciole.
Sujet de la thèse :
L’occupation allemande dans le département de l’Hérault : 11 novembre 1942 – 23 août 1944.
Courriel : alain.alquier@live.fr
Remerciements : Brigitte Lundin, Pierrette Roube-Vic, Angélique Richez et Samuel Guiraudou.
Alors que nous avons commémoré, en 2014, le soixante-dixième anniversaire de la libération du département de l’Hérault, cet article met en lumière un passage oublié de l’histoire de la libération de son chef-lieu, Montpellier. Le 21 août 1944, alors que les soldats allemands ont évacué la ville, certains habitants, excités à l’idée de retrouver la liberté, vont assouvir leur soif de vengeance.
Une milicienne est prise à partie par la foule. Injuriée, frappée, déshabillée, tondue, elle est conduite, sous les huées, au commissariat de la place de la Comédie. La colère aveugle les lyncheurs qui négligent la présence d’une unité allemande en retraite, stationnant provisoirement sur l’Esplanade. Les militaires assistent à la scène et croient que la colère de la foule est dirigée contre eux. Aussitôt, ils ouvrent le feu. Le bilan est de deux morts et de trois blessés. […]
While the 70th anniversary of the liberation of the department of Hérault was commemorated in 2014, this article highlights a forgotten passage of the history of the liberation of its capital, Montpellier. On August 21, 1944, a group of inhabitants who were thrilled by their newly regained freedom, decided to quench their thirst for revenge once the German troops had been evacuated.
A random militiawoman got therefore taunted, insulted and beaten up by the mob. She then got stripped naked, shaven, and dragged through the booing crowd to Montpellier police station, place de la Comédie. The lynch mob’s blind rage prevented them from noticing the presence of a retreating German unit that had provisionally being stationed along the Esplanade. The soldiers were therefore close enough to watch the scene, and this gave them the impression that they were the actual targets of the crowd’s wrath. They immediately opened fire, shot two people dead and wounded another three.
Cet article est le fruit de la découverte de documents inédits rassemblés aux Archives départementales de l’Hérault, dans le fonds du Commissariat Central de Montpellier (1935-1953), séries 200 W 81 et 200 W 82, dossiers n° 35 168 et 35 198. Ils nous apportent des renseignements précieux sur les dernières heures de l’occupation allemande dans le « Clapas » et mettent en lumière un événement jusqu’ici resté méconnu des chercheurs sur la période : une fusillade qui a éclaté le 21 août 1944 sur la place de la Comédie. À l’occasion des soixante-dix ans du drame commémorés en 2014, il semblait plus que nécessaire de proposer un récit détaillé sur le déroulement des événements qui ont coûté la vie à deux Montpelliérains et fait plusieurs blessés.
Dans L’étrange défaite, Marc Bloch écrit : « Un témoignage ne vaut que fixé dans sa première fraîcheur […]. » Les documents sur lesquels nous nous basons sont des rapports et témoignages écrits entre septembre et décembre 1944, dans cette première fraîcheur, par des gardiens de la paix et des Montpelliérains ayant été mêlés de très près au drame. Ils regorgent donc d’informations précises qui nous ont permis de décrire avec minutie le déroulement des faits.
La fin de l’occupation allemande dans le département de l’Hérault
Lorsqu’a lieu l’opération Overlord, le débarquement de Normandie le 6 juin 1944, puis la percée d’Avranches dans les semaines qui suivent, le repli des soldats allemands stationnés dans le Sud de la France n’est pas encore envisagé par Hitler. C’est le débarquement de Provence du 15 août suivant, l’opération Anvil Dragoon, qui change la donne. En effet, désormais, les unités de la Wehrmacht se trouvant dans le Sud-Ouest encourent le risque d’être encerclées si une jonction est opérée entre les forces alliées de Normandie et celles de Provence.
L’ordre de retraite est donné deux jours plus tard, le 17 août 1944, une fois qu’Hitler a dissipé ses craintes d’une nouvelle opération alliée en Languedoc. Dès le lendemain, plusieurs milliers de soldats, comme c’est le cas des SS de la division Das Reich, remontent par le Centre-Ouest vers le front de Normandie, alors que d’autres, quittent leurs positions pour la vallée du Rhône afin ensuite de rejoindre les régions du Nord-Est de la France. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2014 |
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Nombre de pages | 9 |
Auteur(s) | Alain ALQUIER |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |