Mémoire d'Oc n° 75 (octobre 1999)
Des héritiers légitimes de Colbert, Sète et ses habitants
22 pages – (1999)
Introduction
Nous sommes au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV ; en 1666 exactement. Colbert vient d’accéder à la Surintendance des Bâtiments et au Contrôle Général des Finances. Louis XIV, vous le savez, est un roi ambitieux ; ambitieux pour lui même, mais aussi pour la France. Il verrait avec plaisir le territoire français s’agrandir en gagnant des terres sur les possessions des souverains du voisinage. Malheureusement, chacun de ces souverains garde en son cœur un désir semblable ; d’où de nombreuses guerres, déjà commencées sous Louis XIII et Richelieu, prêtes à reprendre vigueur à la moindre occasion. Pour notre propos d’aujourd’hui, nous évoquerons uniquement les frontières du sud de la France, en contact avec l’Espagne, alors notre plus grand ennemi. On venait pourtant de signer le Traité des Pyrénées, à peine quelques années plus tôt, en 1659.
Mais ce traité faisait coïncider la frontière entre les deux pays avec la chaîne pyrénéenne ; il semblait mettre fin à un très vieux rêve de nos rois, qui avaient espéré, depuis le Moyen Âge, pouvoir posséder un de ces golfes profonds, au sud des montagnes, comme celui de Rosas par exemple, aptes à bien protéger une flotte royale. Des documents anciens, correspondances plus ou moins secrètes échangées entre grands du royaume, nous le laissent entendre. Colbert pensa probablement qu’il fallait y renoncer au moins pour l’instant, et qu’il était sage de chercher une solution ailleurs en Méditerranée, plus au nord. Il y avait bien sûr quelques lieux possibles, le long de la côte rocheuse, mais trop près de l’Espagne en cas de nouveau conflit. Puis venait la côte plate et sablonneuse du Golfe du Lion avec ses étangs communiquant souvent avec la mer par la présence des graus. En remontant vers le nord à la recherche du lieu idéal, on avait autrefois pensé à Agde ; de même en 1596 il y avait eu un projet au Cap de Cette qui avait même vu un début d’exécution : le roi Henri IV avait donné l’autorisation de construction d’un port et d’une forteresse. En 1605 Pierre Augier avait même entrepris les travaux. Mais les États du Languedoc, peu satisfaits de cette sorte de mainmise royale qui aurait trop alourdi leur budget, refusèrent le financement ; faute d’argent les travaux s’étaient arrêtés.
Le problème n’était donc pas facile à résoudre pour Colbert. Pourtant sa pensée se fixait de plus en plus sur ce point de côte. Une question demeurait : fallait-il construire un port face à la mer ? Cette mer qui n’hésitait pas à battre furieusement les rochers de ce Cap de Cette aux jours de tempête ? Ou bien pourrait-on utiliser l’Étang de Thau en y logeant le port désiré ? Autrefois un grau le reliait à la mer, mais il s’était ensablé ; peut-être pourrait-on le récupérer ? Par ailleurs, de nombreuses petites agglomérations vivaient sur les rives de l’étang ; sans doute Colbert pensait-il qu’elles pourraient faciliter une installation nouvelle et en tirer même, peut-être quelque profit. Il avait pour conseiller l’ingénieur Louis-Nicolas chevalier de Clerville. À la réflexion succéda une résolution énergique : ni mer, ni étang : le port se construirait entre les deux.
Contenu du numéro :
Sète et ses habitants
Un port ? Pourquoi ? Où ?
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