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Description

Le marais du Bagnas, (Agde) : Contribution à l’étude historique,
économique et juridique d’un étang en voie d’assèchement

Une assez grande dépression – 314 hectares environ – couvre l’est-nord-est de la commune d’Agde au département de l’Hérault ; c’est ce que l’on nomme le marais ou étang du Bagnas. Les limites de ce marais nous sont données par un texte de 1331 sur lequel nous reviendrons plus loin : « un marais, le Grand-Bagnas comprenant du Marin la terre des Onglous et la métairie du Clavelet, de Grec la Mougère, de Trémontane Saint-Pierre-de-Fabricolis, de Terral le tènement appelé de la Crouzette et de Ponant le rieu dit d’Agde et les Sept-Fonds ». En reprenant le document de 1331, appliqué à la carte d’État-Major au 1/25 millième, nous pouvons ainsi situer le Bagnas.

Bordé au Nord par les petites hauteurs – 6 à 9 mètres – du terroir des Mougères, sur la commune de Marseillan, l’ancien étang s’appuie à l’ouest contre les terrains gagnés sur son domaine primitif, constitués par des apports naturels ou provoqués par la main de l’homme, d’alluvions ou de sables provenant du fleuve Hérault. Au sud-ouest, la limite du Bagnas se heurte à la petite élévation volcanique du hameau de Sept-Fonds pour joindre au midi le cordon littoral dénommé : « La Cosse ». Remontant vers le nord-est le domaine de l’étang ici plus incertain ou inconsistant peut se confondre avec une partie émergée de l’étang de Thau ou plus généralement avec le domaine maritime dont il n’est séparé que par le Grau du Rieu ou de Marseillan anciennement appelé : « Lane Anglonèse ». Au levant, la limite de l’étang confronte le promontoire des Onglous qui surplombe nettement le niveau des eaux assez profondes (1 à 2 m) tout au long de cette rive. La partie sud du marais appelée « Petit-Bagnas » est pratiquement placée au-dessus de la nappe d’eau qui subsiste toujours dans le « Grand-Bagnas »; elle affecte ici et là l’aspect d’un marécage en voie d’assèchement d’où émerge le domaine du Clavelet. Le Bagnas est une prolongation ancienne, un appendice de l’étang de Thau « Taurus Palus », mer intérieure salée aux tempêtes parfois redoutables.

« Le Bagnas, à une haute époque, fut une lagune vive c’est-à-dire celle dans laquelle le jeu des courants s’opérait librement, dont la profondeur variait de un à deux mètres et au milieu de laquelle des passes navigables permettaient aux navires de circuler à l’abri des tempêtes. Au Bagnas le sol tend à s’exhausser d’une manière très marquée et la lagune vive diminuant, s’est transformée en lagune morte. L’ancien étang s’est transformé peu à peu en marais. Celui-ci se desséchant à son tour, l’agriculture entra pour une partie en possession d’un domaine qui était recouvert à l’époque gallo-romaine, par des eaux. »

Ptolémée, géographe d’Alexandrie (début du IIe siècle de notre ère, Géographia t. II CX) écrit qu’un delta existait au cours inférieur de chacun des fleuves côtiers se jetant dans la mer Méditerranée. Il donne trois embouchures au fleuve « Arauris » et il signale nettement l’existence de deux îles (volcaniques) : l’une appelée « Agathae Tyché » (le bon mouillage) avec une ville du même nom, l’autre « Blascön » devenue Brescou, toutes deux près de l’embouchure centrale ; l’embouchure de l’ouest, peu marquée a pris le nom de Dardalhou ; l’embouchure centrale la plus importante, suit à peu près le même cours qu’aux époques protohistoriques ; creusée et longée de quais depuis le XVIIIe siècle, elle forme actuellement le port d’Agde. L’embouchure de l’est, en grande partie comblée naturellement par les apports du fleuve depuis une haute époque, fut artificiellement supprimée à partir du XIIIe siècle pour amener le maximum d’eau possible aux moulins construits sur l’ordre de l’évêque Thédise Balbi (1215-1232).

L’ancien lit de cette branche, dans laquelle fut creusée une partie de la cuvette du canal royal du Languedoc, à la fin du XVIIe siècle, suivait à peu près l’axe du lit de l’actuel « Rieu mort », entourait la hauteur du hameau de Sept-Fonds par le nord, pour prendre ensuite la direction de la mer à travers les marécages situés aux environs de la problématique ville d’Embonne.

L’action des tempêtes du golfe, celle non moins négligeable des vents marins associés aux éléments firent disparaître toutes les traces de cette embouchure orientale à laquelle succédèrent des marécages plus ou moins asséchés, donnant au Bagnas devenu « prisonnier » des sables cet aspect de lagune morte au premier abord peut-être, alors qu’elle recèle une intense vie sauvage souvent cachée aux yeux du profane. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1988

Nombre de pages

12

Auteur(s)

Clément MARTIN

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf