Présentation de la publication
Louis Bouzat, dit Fonsou, des Groupes Francs à la mission Jasmin (1939-1945)
Christian Bouquet
Résumé :
Après l’armistice, le Montpelliérain Louis Bouzat fut l’un de ceux qui continuèrent le combat en s’opposant aux collaborateurs de l’Allemagne national-socialiste. Il le fit à travers les groupes francs de Liberté puis de Combat. Après avoir écrit La nuit finira en 1973, Henri Frenay réalisa six entretiens avec d’anciens compagnons de son organisation dont Louis Bouzat, rassemblés sous le titre : Volontaires de la nuit (1975). Des archives récemment consultables, des ouvrages, certains des lendemains de la guerre, des recueils de témoignages, des sites internet bien documentés complètent et précisent son activité dans la Résistance. Ayant dû fuir en Afrique du Nord, en avril 1943, c’est Henri Frenay qui l’engagea, à Alger, début 1944, avec deux camarades de rencontre, pour la ʺmission Jasminʺ auprès de la Résistance intérieure et du Mouvement national des Prisonniers de guerre et déportés ; il sera le seul rescapé. Des dix mois passés à Dachau, il reviendra avec des séquelles. La vie continua…
Louis Alphonse Bouzar est né à Montpellier le 18 avril 1913, l’aîné d’une fratrie de trois enfants : une sœur née en 1915 et un frère né en 1920. Il a fréquenté l’école communale du Peyrou puis est entré avec une bourse en classe de 6e au grand lycée de Montpellier. Sa mère, de condition très modeste, « pratiquement illettrée », l’y a poussé souhaitant qu’il fasse les études qu’elle n’avait pas pu faire elle-même. Elle aura probablement été entendue, puisque Louis réussira à obtenir la seconde partie du baccalauréat en philosophie. Son père est un ancien combattant de 14-18, sous-officier de carrière, qui a fait la campagne des Boxers en Chine. Rendu à la vie civile, il devient militant syndicaliste socialiste, avec une petite retraite d’adjudant après 15 ans de service. Aussi, il doit entrer « aux ateliers des chemins de fer de l’Hérault » (Frenay, p. 31) pour compléter les revenus de la famille qui s’agrandit. De l’armée, il a « conservé le goût de l’autorité. Il l’exerça sans nuances et sans partage » et ce n’était pas un sentimental. « À table on ne desserrait pas les dents » (Frenay, p. 32). À travers le sport, auquel il s’adonne sans réserve, Louis va trouver le moyen d’échapper à cette étreinte. À dix-neuf ans en 1932, contre l’avis et en cachette de son père, il fait partie de l’une des équipes de football du lycée, et comme il jouait plutôt bien il ne se fit sans doute guère prier pour entrer cette année-là au S.O.M. (Sport olympique montpelliérain), le principal club de la ville. En 1933, alors que Louis a vingt-ans, son père décède subitement laissant sa femme et ses trois enfants avec de maigres ressources. Louis doit donc aider financièrement sa mère qui avait réussi à devenir infirmière à l’hôpital Saint-Éloi. Trop grand et surtout trop maigre, il ne peut devancer l’appel. Alors, « Il accepte l’offre que lui fait Mme Guibal, une amie de sa famille. » (Frenay, p. 32). Elle tient une pension de famille (rue Gustave à côté de la cité universitaire). Elle l’embauche en contrepartie du gîte et du couvert. Louis fait les courses, sert à table et dessert. Pour compléter ses revenus il « devient en 1934 […] professionnel (remplaçant de gardien de but) au Football-club de Sète, l’une des meilleures équipes du moment. » (Frenay, p. 32). [...]