Les passages des colonnes allemandes dans le Cœur d’Hérault
au mois d’août 1944 et l’embuscade d’Aniane
(26 août) par le maquis Roland

Directeur de recherche honoraire au C.N.R.S.

Nous voudrions tenter de présenter les mouvements de troupes allemandes dans notre région au mois d’août 1944, les attaques des forces de la Résistance qu’elles ont subi, les morts et destructions qu’elles ont opérées en réponse, en rappelant que nous n’avons pas tous les renseignements que nous souhaiterions car l’heure n’était pas, alors, à rédiger des rapports précis et à prendre des photographies…

Depuis l’envahissement des T.N.O. (Territoires Non Occupés) le 11 novembre 1942 et la vaine tentative du Général de Lattre de Tassigny de s’y opposer par les armes, l’occupation de notre région sera totale avec d’importantes forces militaires, des services complets et des forces de répression très actives. L’année 1943, l’instauration du Service du Travail Obligatoire (le S.T.O.) et la création de la MiliceFrançaise vont apporter, par réaction, des forces vives aux mouvements de la Résistance et aux maquis, alors que les jeunes des Chantiers de Jeunesse vont se retirer au fur et à mesure vers le Centre de la France. Les répressions, de plus en plus fortes, les rafles, les prélèvements économiques vont être de plus en plus lourds. En 1943 cependant, après la bataille de Stalingrad, le régime nazi est atteint comme il l’avait été, mais moins fortement, l’année précédente, par la bataille de Bir Hakeim…

L’année 1944, un vent d’espoir se lève surtout à partir de juin et du succès du débarquement des Forces alliées en Normandie dont la progression vers l’est ne sera pas facile. Le 20 juillet, une tentative d’assassinat d’Hitler, préparée par des officiers, va échouer mais le régime voit, de proche en proche, les Alliés en passe d’atteindre le Reich. Aussi, lorsque le 15 août 1944 les Alliés engagent un débarquement en Provence, on comprend à Berlin que cette Armée une fois ancrée, forte de centaines de milliers d’hommes, aidée par les forces françaises de la Résistance, va s’engager dans la vallée du Rhône et rejoindre le front de l’Est en liaison avec les forces alliées déjà présentes.

Déjà, dès le 13 août, sur la demande du général Wiese, commandant la XIXème armée qui occupe le sud depuis Toulouse et les Pyrénées jusqu’à la frontière italienne, et dont le Quartier Général est à Villeneuve-Lès-Avignon, Hitler donne l’ordre de départ pour la vallée du Rhône, de la 11ème Panzer-Division, commandée par le général Wend Wittersheim. Le 14 août, une partie des chars est déjà en route sur la nationale 113 vers Remoulins et d’autres, d’Albi à Nîmes, en empruntant les routes du nord de l’Hérault et du nord du Gard ont le même objectif. Le 19 août, le général von Blaskowitz avait installé son Quartier Général à Pierrelatte et, deux jours plus tard, à Lyon.

Nous présenterons ce que l’on peut savoir des passages des colonnes allemandes durant une semaine dans le Cœur d’Hérault et au-delà. Loin de nous de porter un jugement sur les conséquences souvent terribles et définitives de ces mouvements de troupes. Il s’agit de les rappeler car ils font partie de notre histoire.

Les passages des Marschgruppen, les colonnes allemandes

Les dates, les itinéraires, les compositions des troupes allemandes qui ont traversé notre région en août 1944 ont été établis par de nombreuses recherches (cf. Bibliographie). Il est clair que de tels mouvements qui se sont produits en quelques jours ne peuvent pas être décrits avec tous les détails d’autant plus que nous ne disposons pas, du côté français, de renseignements précis et complets. Le tableau que l’on peut en dresser reste tributaire de modifications et d’ajouts provenant par exemple d’acteurs et de témoins qui n’ont pas encore livré leurs souvenirs.

Il est impossible de préciser tous les chemins suivis et les effectifs exacts de ces déplacements qui vont, de l’ouest à l’est, pendant plus d’une semaine, parcourir la plupart des voies du Cœur d’Hérault en se tenant éloignés de l’axe routier et des grandes villes de la côte qui pouvaient constituer des obstacles par des luttes armées organisées par les mouvements de la Résistance. De plus, les grands axes routiers comme les voies ferrées constituaient des cibles faciles offertes à l’aviation alliée comme on le vit à Tornac-la Madeleine ou à la gare d’Arènes à Montpellier.

Les recherches effectuées par plusieurs auteurs ont permis, cependant, de proposer les résultats suivants dont une synthèse a été publiée par A. Vielzeuf et J. Castan :

Les passages des colonnes allemandes Figure 1
Les passages des colonnes allemandes Figure 1

La JP Panzer Division

Elle vient de l’ouest, se déplace les 14 et 15 août en trois colonnes et se compose de 7 régiments dont le 11ème régiment blindé de reconnaissance. Du 18 février au 31 mars 1944, le Gard et Montpellier avaient hébergé des éléments de la 9ème SS. Panzer-Division avant son transfert vers l’est. Dès le 15 juin, des véhicules de cette division avaient été attaqués par l’aviation alliée sur la route Nîmes-Beaucaire.

Du 14 août à midi au 15 à 10 heures, une colonne (413 véhicules, 2000 à 2500 hommes) est responsable des combats à Nant 1, à la suite du retour de maquisards corsaires qui venaient de faire sauter le pas de l’Escalette où des blindés venus depuis Camarès par Lodève étaient remontés sur le Larzac : de nombreux morts des deux côtés au combat ou fusillés. Le 14 a lieu une très forte intervention sur le Caylar 2, à la recherche des maquisards, qui terrorise le village. Mais les militaires allemands poursuivent leur route on est le 15 et le débarquement des forces alliées en Provence a commencé 3.

Un premier « Marchsgruppen », la colonne dite « de Saint-Pons »

Fort de 5 à 6 000 hommes ce déplacement est constitué par la 716ème division d’infanterie, qui, après avoir reçu le premier choc du débarquement en Normandie, a transité par les Landes, puis la région de Perpignan où elle se trouvait en cours de recomplément. Elle suit les routes des Hauts-Cantons – d’où son nom 4 – puis le cœur d’Hérault où elle traverse plusieurs villages de la plaine par tous les chemins possibles, en répondant aux attaques et en abattant des civils, comme à Aniane, Viols-le-Fort ou Saint-Martin-de-Londres. Cette unité, avec des pertes en hommes et en matériel en raison des attaques des maquis des Hauts- Cantons, aborde Sommières l’après midi du 24 août, tue des résistants et rencontre le maquis Aigoual-Cévennes. Puis se fractionne en éléments de marche distincts qui seront attaqués par plusieurs maquis sur divers itinéraires jusqu’en Ardèche.

Un deuxième « Marchsgruppen », la colonne dite « de Toulouse »

Entièrement motorisée, forte de 2 000 hommes, avec un important détachement de la Flak – la DCA allemande -, cette colonne partie de Toulouse le 19 passe par Albi, est attaquée à Mourèze par le maquis Bir Hakeim, puis Clermont-l’Hérault 5, Saint-André de Sangonis, Lagamas, Saint-Jean-de-Fos, remonte la vallée de l’Hérault, en passant à Saint-Guilhem-le-Désert pour atteindre Ganges à l’aube du 24 août 6 (une partie des véhicules avait franchi l’Hérault par le pont de Saint-Etienne-d’Issensac après en avoir détruit le parapet sud qui empêchait le passage) puis Ferrières-les-Verreries. Elle combat le maquis Aigoual-Cévennes à Saint-Hippolyte-du-Fort puis va atteindre Tornac et la Madeleine. Là auront lieu de durs combats, le 25 août, avec intervention de l’aviation alliée si bien que son chef, le général Konrad Martin Nitche se rend avec une partie des troupes restées sur place (les autres continueront et gagneront l’Ardèche) et se suicidera dans la nuit… Les maquis auront fait 4 à 500 prisonniers avec un armement considérable, 28 camions et des pièces d’artillerie.

Un troisième « Marchsgruppen », la colonne dite « de Rodez » 7

Ce troisième ensemble se compose de 2 à 3000 hommes avec une DCA. On dispose d’une description au moment de sa traversée de Pont-de-Salars le 18 août : « 2 colonnes de 50 piétons chacune, 5 colonnes de 40 hommes, 1 colonne de 57 hommes armés à pied, 70 vélos, 5 motos, 6 voitures légères, 20 camions d’hommes et de matériel, une quarantaine de voitures à un cheval, 4 voitures à 2 chevaux, 2 voitures à 4 chevaux et 2 voitures de la Croix-Rouge avec des blessés. Un peu plus tard passent : 4 chenillettes armées de canons de 37, 16 camions de 7 à 8 hommes chacun, une camionnette, des hommes à pied entre les chenillettes, 3 motos et 3 voitures légères en tout 170 hommes… » ! Au fur et à mesure de sa progression, elle s’agrège des soldats stationnés sur son parcours (Millau, le camp du Larzac). Elle abattra aux Infruts, sur le Larzac, un avion américain – et elle est responsable de la mort des 23 maquisards de la Pezade appartenant au maquis Paul Claie le 22 août 8 et de nombreux civils à Saint-Pierre-de-la-Fage. Au col du Vent, le 23 à 18 h, une attaque du maquis Valmy entraîne la mort de 16 allemands ; dans la descente d’Arboras la colonne oblige un camion de commerçants de Ganges qui montait à se placer en tête de la colonne et continue sa route : les commerçants repartiront à pied sains et saufs par les Lavagnes et Pégairolles. Elle passe à Montpeyroux, Montarnaud, Grabels, Montferrier… qu’elle atteint par des voies secondaires car une embuscade (préparée à Saint-André-de-Sangonis avec destructions envisagées du Pont de Gignac et d’un ponceau à la Taillade, mais non retenues) l’attendait à la Taillade avec des hommes du groupe de Villeveyrac et d’Aniane ; son arrière garde sera attaquée à Montferrier. Elle est à Sommières le 25 août. Elle est attaquée le 26 par les maquis, et les 27 et 28 août un important matériel et près de 1000 prisonniers sont récupérés par les maquis. Le reste des troupes allemandes continuera sa route dans le Gard 9.

Un quatrième « Marchsgruppen », la colonne dite « de Cahors »

Cette colonne, forte de 1 800 hommes, depuis Olonzac, Neffiès, Fontès, d’où elle part le 26 août à 4 h 30, va traverser le cœur d’Hérault, passe à Aniane, Saint-Martin-de-Londres pour arriver à Corconne le 26 au soir et à Quissac le 27. Elle subit sur son parcours des attaques très nombreuses et mieux documentées dans le Gard, et abat des civils isolés. Elle sera finalement mise hors de combat en Ardèche le 30 août.

On voit bien la difficulté de rendre très précisément compte de tous ces déplacements considérables en hommes et en matériel dont les itinéraires parfois se croisent. Tous les chemins sont utilisés avec la volonté d’atteindre la vallée du Rhône dans les temps les plus brefs si bien que l’intimidation permanente est préférée à de vrais combats : les otages peuvent servir de boucliers, les civils partant en courant à l’approche des colonnes sont des victimes toutes désignées et les soldats se considèrent toujours comme des conquérants auxquels tout est dû !

Du côté des maquis, la situation est totalement différente, d’une part parce que, en ce cœur d’Hérault, il n’y avait pas de zones très favorables, comme les Hauts-Cantons ou les Cévennes,pour accueillir les résistants, et le maquis Bir-Hakeim 10, malgré ses points d’accroche, n’était pas assez puissant, d’autre part parce que les résistants ne disposaient pas d’un armement qui pouvait lutter avec celui des troupes de passage. Les parachutages d’armes longtemps différés étaient devenus plus nombreux à partir du mois d’août mais ne suffisaient pas. Bien entendu, ils ne livraient aucun véhicule et aucun blindé ! Le maquis Valmy, le 15 août, disposait de 17 hommes avec 17 fusils et 1 mitrailleuse !

Les passages des colonnes allemandes Figure 2
Les passages des colonnes allemandes Figure 2

D’ailleurs, des attentats de provocation sont attribués à la Résistance, pour la déconsidérer, comme ce fut le cas à Gignac dans la nuit du 8 au 9 avril 1944, vers 22 h 05, où un attentat par explosif eut lieu à l’hôtel du Commerce, propriété de M. Réveillon, et où logeaient six soldats allemands. Les dégâts matériels furent importants et un couvre-feu fut instauré. En réalité l’action avait été réalisée par les inspecteurs Marchy, Castel, Grincourt et Martin de la brigade de l’intendant de Police Marty 11 qui sont aussi responsables de l’assassinat d’une femme à Gignac, action elle-aussi attribuée à la Résistance

Les maquis au mois d’août seront renforcés par l’arrivée des gendarmes (120 de la partie centrale de l’Hérault) selon l’ordre qui leur fut donné par leurs commandements le 5 août pour exécution le 13. L’État-Major est installé à Fondamente et la 16ème Légion a vu 1085 hommes sur 1849 qui rejoignent les FFI.

Les actions commandées par les autorités de la Résistance sont désignées sous le nom de plans « colorés » 12, auxquels sont affectées des phrases codées qui déclenchent leur mise en œuvre. Plan Vert : action sur les voies ferrées (« Mathurin adore les épinards » et « Ne basculez pas l’estropié ») ; plan Tortue : action sur les transports routiers (« Le saindoux est mauvais ») ; plan Violet : action sur les lignes souterraines (« L’apprenti fait des vers ») : plan Bleu : action sur la distribution d’électricité, et plan Guerillas, décliné en Noir, contre les PC et QG ennemis, en Jaune, contre les dépôts de munitions et Rouge, contre les dépôts de carburants (« Il a rougi le traitre » et « L’agneau est téméraire »).

Les passages des colonnes allemandes Figure 3
Les passages des colonnes allemandes Figure 3

À Aniane, le passage des colonnes allemandes a laissé des souvenirs qu’évoquent encore des habitants qui, pour la plupart, n’étaient pas en âge de combattre : mais les souvenirs de faits graves et inhabituels marquent, plus que d’autres, je peux en témoigner, de jeune cerveaux. Grâce à plusieurs d’entre eux 13 nous avons pu trouver des témoignages, ici comme dans des communes voisines, qui permettent d’entrer d’une certaine façon directement au cœur de cette semaine du 21 au 26 août 1944.

Les passages des colonnes allemandes Figure 4
Les passages des colonnes allemandes Figure 4

Après le rappel des faits généraux, il n’est pas possible d’entrer dans les détails des actions conduites par les troupes allemandes, les maquisards et les individus isolés. Nous résumerons quelques uns des moments tragiques sans vouloir être complet ni dresser un tableau de toux ceux qui ont perdu la vie durant la semaine du 19 au 26 août 1944. Les emplacements mêmes sont souvent signalés par une stèle ou une plaque, mais pas tous. Parmi ces victimes, il faut distinguer ceux, armés ou non, en uniforme de maquisard (brassard, drapeau), passants ou combattants, de ceux qui en habits civils se trouvaient statiquement en bordure des routes ou bien s’enfuyaient… Dans ce dernier cas, ils furent tous abattus…

L’axe Aveyron-Hérault parcouru par la colonne dite de Rodez a mis hors de combat une section du maquis Paul Claie à La Pezade, le 22 ; entre le Caylar et Saint-Pierre-de-la-Fage, furent abattus Hippolyte Dupin et son compagnon de Montpeyroux qui se rendaient sur le plateau à vélo pour faire des provisions. Cette même colonne fera étape durant la nuit du 23 au 24 à Montpeyroux et fera comprendre à tous, y compris par des rafales, qu’il valait mieux se tenir tranquille. Le 23 à 19 h. elle intercepte le jeune Marcel Compan (19 ans), de Saint-Félix-de-Lodez, agent de liaison du maquis Bir Hakeim, qui revenait à moto d’une mission auprès de l’abbé Paul Levet, curé de Saint-Guilhem-le-Désert, lequel disposait d’un poste de radio. Cette même colonne, ou celle de Toulouse, abat Joseph Cambon, devant le cimetière de Saint-Jean-de-Fos.

À Montarnaud quatre hommes : A. Belot, H. Digelman, R. Paroutel, P. Sauvan seront abattus, et au croisement de Bel-Air, commune de Grabels, un engagement avec un groupe FFI conduit à la mort A. Delranc, l’interprète Khun, J. Daverdis, P. Pallie (les noms tels qu’ils figurent sur la stèle) et, poursuivant sa route à Montferrier : G. Farenc et J. Pervent seront tués au combat de Montferrier et Charbonnel, L. Long, J. Coste, P. Sutra, R. Guerin, A. Thibal seront fusillés.

De l’Ouest vers l’Est, à Fontès, le 21 août après midi dans un combat, trois membres du Maquis Bir Hakeim sont tués : le capitaine anglais Peter Fowler, et deux gendarmes, François Pradeilles et Maurice Lebaron, au mas de Sauvage ; à Ceyras, Joseph Rouvière est abattu dans son jardin ; à Gignac, le 24, Ismael Combarnous (51 ans) et Marcel Feschotte (38 ans), maquisards, sont abattus (en représailles, deux soldats allemands déserteurs seront exécutés à Gignac) et à Aniane, sur la route de Puéchabon, à la Condamine, quatre cultivateurs sont mis en joue : Etienne Souvairan et E. Loire peuvent se cacher et échapper à la mort, mais Antonio Asensio et Jean-Louis Caumel sont abattus : leurs corps sont ramenés en ville sur une charrette arborant un drapeau de la Croix Rouge, comme nous l’a précisé M. Marcel Pouget, par le Maire le docteur Delon, et M. Galtier. Ce même jour, à Viols-le-Fort, le jeune Jean Durand, qui regagne à vélo une maison familiale à l’entrée du village, est abattu près du cimetière.

C’est au Nord de Puéchabon, dès le 20 août à 12 h, que le maquis Valmy avec un camion armé avait attaqué des éléments d’une colonne supérieure en nombre et en armement (dont 4 chars. Cependant un tué et deux blessés) qui fera sauter le camion du maquis après avoir récupéré sa mitrailleuse et abandonnera une voiture, récupérée ultérieurement par les maquis. L’État-Major d’une Panzer-Division, avec des voitures camouflées et plus de 200 hommes et un colonel, avait fait étape l’après-midi au château de Larcade, au Sud de Gignac. Plus loin, en bordure de la route de Saint-Martin-de-Londres à Ganges, Henri Barthélémy (41 ans) est mortellement blessé et meurt à quelque distance sur le territoire du Mas-de-Londres.

Ganges point de passage quasi obligé a été le lieu de durs combats le 24 août avec des morts des deux cotés, civils ou combattants, dont Jeanne Maillé, Miquel Perez, François Tarrega, Marcel Fabre, René Delage, Paul Espaze, Emile Pons, Louis Brun, Charles Jekel.

On ne saurait oublier à Aniane le jeune Louis Marres (8 novembre 1926-21 août 1944), étudiant, condamné pour propagande en 1942, qui avait rejoint le maquis le 9 juin 1944, (groupe FTPF Vernazobres), abattu au Col de Pétafy, entre Bédarieux et Béziers, en même temps qu’Andrée de David-Beauregard (28 ans), infirmière et agent de liaison AS, avec six de leurs camarades, le 21 août 14. Les circonstances sont souvent comparables ou identiques et les femmes et les hommes peuvent être de plusieurs générations, mais les combattants sont jeunes. Il s’agit aussi de simples travailleurs et les combattants font preuve d’un courage déterminé car l’adversaire a l’avantage en nombre et en matériel.

Le Samedi 26 août passent à Aniane les derniers convois. Nous allons pouvoir décrire cette journée grâce à des témoignages exceptionnels. À l’entrée d’Aniane, deux jeunes, Louis Paul et Maurice Frère, se trouvent dans des vignes vers Gignac. Voici le témoignage de Maurice Frère :

« J’allais avoir 18 ans. J’étais en vacances et mon père m’avait chargé de m’occuper du jardin que nous avions sur la route de Gignac, juste en face du chemin qui mène à Famourette. Il était environ huit heures du matin. Le soleil était déjà haut dans le ciel sans nuages. La journée s’annonçait belle.

Me voila sur la route pour aller à mon jardin, armé d’un marteau avec lequel je devais planter des piquets pour maintenir les plants de tomates. Chemin faisant, je rencontre mon camarade Louis Paul qui lui, armé d’une faucille, allait couper l’herbe qui envahissait sa vigne située presque en face de la nôtre. Je lui montrai mon marteau et lui sa faucille, ce qui nous a fait rire. Sans commentaires…

Arrivés un peu après le chemin de la Grange des Pères, nous rencontrons, monté sur son vélo, monsieur Garcia dit « la Peseta » qui nous crie « Planquez vous, les Allemands arrivent ! » Nous grimpons précipitamment le talus qui menait à la vigne située au dessus. Nous nous cachons sous le feuillage des souches. Un bruit de freins se fait entendre et un claquement de portières. Un court instant s’écoule. Mon camarade lève la tête en même temps que ses bras. Il me dit : « Les allemands sont là ». À mon tour, les bras en l’air, je me lève. À dix mètres devant nous, je vois un officier allemand encadré par deux soldats. Lui pointe son revolver sur nous et les soldats leur mitraillette. En gesticulant avec son arme, l’officier hurle : « Vous, maquis ! ». Mon camarade répond : « Nous, pas maquis, monsieur passé à vélo nous dire, Allemands arrivent, cachez vous car eux faire beaucoup de mal ».

Pour moi ce « beaucoup de mal » était de trop et les conséquences pouvaient être désastreuses pour nous. Heureusement l’officier ne parlait pas le français. Il nous fit signe de le suivre, toujours les mains en l’air, moi avec mon marteau, Louis avec sa faucille, nous obéissons sous la menace de leurs armes. Il nous arrête devant sa voiture. C’était une Citroën, traction-avant, de couleur noire. Sur l’arrière, à même le pare-chocs était fixée une planche large de cinquante centimètres environ et sur laquelle était positionné un troisième soldat. Devant lui, sur le toit de la voiture était arrimée une mitrailleuse pointée vers l’avant.

Nous faisions face à l’officier dont les yeux nous fixaient méchamment alors que sa mâchoire était crispée. À nouveau il répétait : « Vous maquis ! ». Avec mon marteau je mimais celui qui plante un piquet en marmonnant je ne sais plus quoi. De son côté, Louis mimait avec sa faucille celui qui coupe de l’herbe, en disant « couper herbe ».

Un long silence s’en suivit. Dans la tête de l’officier, çà devait gamberger tout comme dans la mienne. Un « Raoust ! » accompagné d’un geste avec le revolver rompit le silence. Tournant les talons, nous fîmes les premiers pas pendant lesquels je cambrais mes reins car je m’attendais à recevoir une rafale de mitraillette. Cinq mètres étaient franchis, rien, dix mètres, toujours rien. Au bout de vingt mètres, j’entendis un claquement de portières qui se ferment et le ronronnement d’un moteur qui se mettait en marche. Ouf ! La tension avait été si grande que mes jambes flageolaient. Je mis ma main sur l’épaule de Louis et lui murmurai : « On a eu chaud ». Il ne répondit pas.

Il nous restait quatre cents mètres environs pour arriver enfin à destination. C’est alors que la colonne de soldats qui battaient en retraite nous apparut. Elle tenait toute la largeur de la route. Ce n’était plus une armée mais un troupeau. Des moyens de locomotion les plus insolites étaient utilisés. Certes, la plupart des soldats étaient à pied. Certains étaient sur des vélos d’homme ou de femme, sur des chevaux de trait, sur des charrettes. Ils avaient l’air harassé et ne jetaient aucun regard vers nous.

Une fois dans mon jardin, loin de la route, je me sentis en sécurité. Soulagé, détendu je pensais me mettre au travail, alors que Louis, assis par terre, la tête basse, ne disait mot. Mes deux mains sur ses épaules, je me souviens lui avoir dit : « Tu te rends compte, ta faucille et mon marteau comme outils de travail et non comme arme de guerre ont dû convaincre l’officier quand nous lui avons dit « Nous pas maquis ». Il a esquissé un sourire et nous avons bavardé un long moment sur ce que nous venions de vivre. Plus question d’aller couper l’herbe.

Il était environs midi quand à travers vignes nous avons regagné le chemin qui nous faisait rentrer dans Aniane par le pont de Regagnas. Une bonne tape dans le dos et un salut qui en disait long, chacun regagnant sa demeure.

Mes parents anxieux m’attendaient et poussèrent un soupir de soulagement en me voyant. Je leur contai ce qui nous était arrivé.

Alors que nous mangions, un coup de fusil retentit dans la rue. Un soldat allemand posté au coin de la rue avait tiré sur notre voisine qui était en train d’ouvrir ses volets dans lesquels se figea la balle. Ce même jour à la sortie du village, près du cimetière, le maquis attaqua la colonne. C’est seulement maintenant que je réalise : « Et si l’officier allemand nous avait pris en otage ! »

La traversée d’Aniane a été observée par plusieurs habitants un autre tir sur une fenêtre a eu lieu face à l’ancienne Gendarmerie.

L'attaque de la colonne à la sortie d'Aniane par le maquis Roland

Cette attaque est encore mal connue y compris de ceux qui avaient croisé ou vu la colonne avant qu’elle ne parvienne à la sortie d’Aniane, devant le Monument aux Morts. Elle va se dérouler sur l’avenue de Saint-Guilhem et aura pour cœur le croisement avec le chemin du 8 mai 1945. L’embuscade est l’œuvre du maquis aveyronnais Roland 15 qui, en accord avec l’ordre de mission du 25 août fixé par le Lieutenant-colonel Carrel 16, était descendu dans le Lodévois et devait gagner Montpellier.

Nous devons un témoignage à M. Benjamin Lauret :

« Millau fut libéré le 22 août et, le 23, ordre est donné au Maquis Roland de rejoindre Fondamente et de détacher une section à Vabres. Le départ de Millau a lieu vers 14 heures. Ma section « Archimède » rejoint Vabres à 17 heures. Nous minons les trois ponts, n’ayant que 2 mises à feu nous faisons sauter le pont en dos d’âne vers 19 h 30. Nous restons à Vabres jusqu’au 25 août au matin et à 6 heures, nous partons vers Lodève où nous retrouvons notre Maquis vers 10 heures du matin. Nous partons vers midi et nous déjeunons à Sallèles.

Alerte, une colonne allemande est signalée à Aniane. Saut dans les camions. Arrivée à Aniane vers 14 heures. Nous traversons Aniane : c’est bien vrai, une file de camions et de véhicules de toute sorte remonte vers le Nord (Saint-Martin-de-Londres). Nos armes automatiques sont mises en batterie. Les Allemands se déploient en bordure de route. Nous remontons à droite dans les vignes et à gauche dans les roseaux. Pendant deux heures, on tire de tout côté. Vers 16 heures 30 les Allemands ne pouvant rien faire, se ravisent et commencent à se replier. Notre feu nourri les oblige à fuir tout en laissant du matériel et des prisonniers et des épaves de toute sorte.

Certains maquis des Cévennes arrivés continuent à les suivre. Pour notre Maquis la journée est terminée. Nous traversons à nouveau Aniane où toutes les maisons sont fermées. Nous sommes rassemblés dans un domaine viticole où nous passons la nuit.

Le 26 au lever du jour, nous nous dirigeons vers Montpellier. A 7 heures nous sommes sur l’Esplanade. Petit déjeuner en face chez Capion, à midi à l’Hôtel Métropole près de la gare et le soir nous sommes logés au « petit Lycée ».

À Montpellier le premier arrivé fut le Groupe Franc du commandant Léon, le 21 août, suivi des maquis Bir Hakeim et Valmy (les 24 et 25) et de la « colonne Leroy », le 27. Le 24 à 17 h. 20 le pont de chemin de fer de Castelnau-le-Lez, dit Pont de Pavie, avait été détruit par l’aviation alliée empêchant tout passage de trains.

Ce témoignage est corroboré officiellement par l’Ordre Général n° 79 du général Zeller qui attribue la Croix de Guerre au Lieutenant Antonin Jacob qui a dirigé cette attaque 17. Il y eut des tués et des blessés, une trentaine, dont deux officiers 18.

Il est nécessaire d’indiquer ici que l’idée d’attaquer cette colonne était venue à des membres des maquis FTP (Francs Tireurs et Partisans) dont Marius Oullié était le responsable à Aniane 19. Il s’agissait, ici et parfois ailleurs, à la différence d’importants maquis FTPF de l’arrière pays, de petits groupes actifs de trois personnes qui résistaient avec détermination, faisaient le lien entre les groupes, fournissaient armes et munitions, mais qui n’étaient pas en capacité de se livrer à une véritable attaque contre une colonne forte en nombre et en armes.

On peut signaler cependant une action d’un maquis FTPF extérieur, fort de 40 hommes, qui le 28 mai à 0 h 45, entrent dans la « Colonie », font évader un détenu condamné pour menées politiques et emportent ravitaillement et matériel (le Directeur M. Gay sera relevé de ses fonctions à la fin Juin). Cette embuscade a été importante pour Aniane dont elle marque la « libération » mais aussi parce qu’elle constitue l’ultime combat, dans l’Hérault, contre les troupes qui, depuis deux ans, occupaient le département.

Est-il possible de conclure ? Des deux côtés, chacun a voulu faire ce qu’il estimait son devoir et les maquisards tenaient à en découdre car ils attendaient cette confrontation depuis des mois… Heureusement pour les populations, il n’y eut pas de drames comparables à ceux de Tulle le 7 juin (99 habitants pendus), d’Oradour-sur-Glane le 10, (642 habitants dont 241 femmes et 202 enfants…), de Maillé le 25 août (124 habitants sur 500)…

Après les derniers passages du 26 août, la guerre était loin d’être terminée, il faudra plus de huit mois : les familles ont attendu les prisonniers et les déportés dont certains avaient passé plusieurs mois ou années si loin de leur domicile. Tous reprenaient le slogan de 1918 : Plus jamais ça !

Aujourd’hui depuis 70 ans la France n’est plus en guerre en Europe et la réconciliation avec l’Allemagne a pris du temps et demandé des efforts considérables, des deux côtés. La marche vers l’Europe, malgré les difficultés toujours présentes, ne semble pas devoir s’arrêter… C’est certainement à ce prix que les nouvelles générations ne connaîtront pas une période aussi difficile que celle des années 40.

Les passages des colonnes allemandes Figure 5
Les passages des colonnes allemandes Figure 5
Les passages des colonnes allemandes Figure 6
Les passages des colonnes allemandes Figure 6

Bibliographie

Le combat de Montferrier, la Libération de Montpellier, Montpellier, 1945.

— R. RASCALON, Résistance et Maquis F.F.I., Aigoual- Cévennes. Montpellier, 1945.

— R. MARUEJOL et A. VIELZEUF, La Résistance en Languedoc 1940-1944, Le Maquis « Bir-Hakeim ». Nîmes. 1947

— J. STAIGER, Rückzug durchs Rhônetal, Abwehr-und Verzögerungskampf der 19 Armee im Herbst 1944 unter besonderer Berücksichtigung des Einsalzes der 11 Panzer-Division. Neckargemünd, 1965.

— E. JÄCKEL, La France dans l’Europe d’Hitler. Paris, 1968.

— Général de NANTEUIL et Commandant EVEN, Extraits du Journal de marche (26 avril 1944-10 septembre 1944) du groupe d’armées « G » de la Wehrmacht, Paris, 1974 (Polycopié du Service Historique de l’Armée de Terre)

— R. BOURDERON, Libération du Languedoc méditerranéen. Paris, 1974, p.161-192 (avec une carte indiquant les déplacements des colonnes).

— H. FÜRBRINGER, 9.SS-Panzer-Division, Alençon, 1984, p.158-162.

— J. MAURIN, « La situation militaire à la Libération dans la R3 ». La Libération dans le Midi de la France. Toulouse, 1986, p. 21-31.

— J. CASTAN et A. VIELZEUF, La Résistance dans le Gard (1940-1944), Nîmes, 1979 ; Les lieux de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale dans le département du Gard. Nîmes, 1986.

— J. SAGNES et J. MAURIN, L’Hérault dans la guerre 1939-1945. Le Coteau, 1986.

— A. SOUYRIS-ROLLAND (dir), Les Forces françaises de l’Intérieur du Languedoc-Roussillon. Région R3 dans l’armée de la Libération. Colloque d’Histoire Montpellier 1996, Arcueil, 1997

— D.W. PIKE, « Les forces allemandes dans le Sud-Ouest de la France, mai-juillet 1944 ». Guerres mondiales, n° 152, 1988, p.3-24 ; « La retraite des forces allemandes du Sud-Ouest de la France, août 1944 ». Guerres mondiales, n° 164, 1991, p.49-73 ; « Plans et manœuvres des forces allemandes du Midi de la France avant le débarquement de Provence (10 mai – 15 août 1944) : réflexions ». Guerres mondiales, n° 174, 1994, p.93-112 » ; « Combats et retraite des forces allemandes du Midi de la France après le débarquement de Provence (15 août 15 septembre 1944) ; « réflexions ». Guerres mondiales, n° 181, 1996, p.135-149.

— G. BOULADOU, L’Hérault dans la Résistance 1940-1944. Nîmes, 1992 [Présentation et dossier iconographique par J.C. Richard].

— A. DAU, Les chemins de la mémoire, 18 juin 1940-26 août 1944, le tribut de l’Hérault pour sa libération, Montpellier, 1999.

— H.R. KEDWARD, Naissance de la Résistance dans la France de Vichy, Idées et Motivations, 1940-1942, Seyssel, 1989 et À la recherche du maquis, Paris, 1999.

— G. BOULADOU, Les maquis du Massif Central méridional, 1942 1944, Montpellier, 1974-2001 [Présentation de J.-C. Richard].

— A. BORGOMANO, « Reddition d’une Unité de la Marine Allemande au Pont de Cholet. Montpellier – le 23 Août 1944 ». Études Héraultaises, n° 43, 2013.

NOTES

Nous remercions les personnes qui ont bien voulu apporter leur concours à cette étude : H. Moizet, R. Bourderon, A. Vielzeuf et F. Chirat, J. Robin, D.W. Pike, St. Martens.

2. G.W. SCHRODECK, Die 11. Panzer Division « Gespensterdivision », Bilddokumente 1940-1945. Frieberg, 1984 ; R. MICHAELIS, Die 11. SS-Freiwilligen Panzer-Grenadier Division a « Nordland ». Berlin, 2005

Sur les événements de Nant, on se reportera a : M. BARRAL, Le dernier allemand et dix autres nouvelles languedociennes des années 1940-1944. Nîmes, 1997 ; M. et A. BONNEMAYRE, 14 et 15 août 1944 á Nant, Aveyron, le maquis des Corsaires. Nant, 2008 ; L. PERERA, Le maquisard, un lorrain au Maquis des Cévennes, juin 43 / janvier 45. Knutange, 1991.

2. Sur les événements du Caylar, on dispose de témoignages M. COSTE-MARCORELLES, Août 1944 – Le Caylar, « Nos jours les plus longs ». Lou Miralhet, 8, automne 1994, p.7-12 et « Sur les chemins de la Liberté ». Lou Miralhet, 9, hiver 1994, p.13-14.

3. Une récente synthese a été donnée par le chef de Bataillon F. AGOSTINI, Le debarquement en Provence, 15 août 1944. Marseille, 2012. Avec un montage photographique de L. Simoni, 23 pages (=http://mvr.asso.fr/front office/fiche.php?idFiche=870& Type Fiche=4)

4. P. NEOLAS, La Resistance dans les hauts-cantons de l’Hérault (1940-1945). Montpellier, 1995 ; E. BERGES, Quatre ans d’incertitude, La Resistance dons la Haute Vallée de l’Orb, Montpellier, 1995, et le témoignage de J.-C. CARRIÈRE, Le vin bourru. Paris, 2000, p. 296-305.

5. J.-L. BOUNIOL, Le canton de Clermont-l’Hérault pendant la Seconde Guerre Mondiale,Montpellier, 1995 (Mémoire de Maitrise d’histoire, Université Paul-Valéry – Montpellier III, sous la direction du professeur J. Maurin).

6. F. LEONARD, Groupe 11, souvenirs d’un maquisard de l’Aigoual. Nîmes, 2005 ; M. FRATISSIER, La bataille de Ganges, Ganges, s. d.

7. Sur l’Aveyron, on consultera : Chr. FONT et H. MOIZET, L’Aveyron et les Aveyronnais dans la 2ème guerre mondiale, Toulouse, 1995 ; Maquis et combats en Aveyron, Chronologie 1939-1944, Toulouse, 1995 ; Construire l’Histoire de la Résistance, Aveyron 1944, Rodez, 1997, et De la Libération de l’Aveyron à la Libération de la France, Actes du colloque de Millau 1998, Rodez, 1998. Voir aussi le témoignage de P. GAYRAUD, La guerre du brassard, Maquis du Rouergue, Paris, 1946.

8. De Roquefort a Montpellier, « Moise ne savait pas nager », histoire de l’armée secrète du sud Aveyron et le maquis Paul Claie. Espéraza, 1988 (Nouvelle édition en préparation par les soins d’H. MOIZET ; E. MILHAU, Les combattants de l’ombre à La Vacquerie, Nîmes, 1999.

9. Pour ce qui concerne le département du Gard, on se reportera à A. COSSON, Nîmes et le Gard dans la guerre, la vie quotidienne sous l’occupation. Le Coteau, 1988, aux trois volumes de P. MAZIER et A. VIELZEUF, Quand le Gard résistait (1940-1944). Nîmes, 1996, 1997, 1998 et a P. MAZIER, Quand le Gard se libérait… un ancien du CDL raconte. Nîmes, 1992.

10. Sur le maquis Bir-Hakeim, on en retrouve l’histoire tout au long des ouvrages ou articles concernant la période. Nous indiquerons des études récentes : J. HARRIS et J.-Cl. RICHARD, « La libération de Montpellier (1944) d’après les témoignages inédits d’Andrew Croft, François Rouan et Gilbert de Chambrun », Études Héraultaises, n° 9, 1993, p.59-72 (contient les photographies prises en août 1944 par le Capitaine Croft, officier anglais parachuté, qui ont été aussi publiées dans le dossier iconographique de l’ouvrage de G. BOULADOU, 1995) ; J. BONIJOL, R. BOURRIER, H. FUMEL, J. VACQUIER, « Pour le centenaire de la naissance de Jean Capel « commandant Barot » (1910-1944), chef du maquis Bir-Hakeim ». Études Héraultaises, n° 40, 2010, p. 329-333 ; J.-Cl. RICHARD, « Le maquis Bir Hakeim, hier, aujourd’hui… ». Études Héraultaises, n° 41, 2011, p. 236-237 (avec les témoignages de deux anciens : A. Salvador et C. Verdeil).

11. J. DELARUE, « L’intendant de police Pierre Marty a Montpellier et Toulouse ». Études Héraultaises, n° 40, 2010, p.173-176.

12. A. PAVELET, Histoire de la Resistance française (souvenirs 1940-1944). Montpellier, 2007, p. 49-72 : les plans d’action du BCRA ; J. DUVAUX, « De nouvelles sources pour l’histoire de la Resistance en Languedoc-Roussillon : les archives d’André Pavelet, chef regional Maquis ». Études Héraultaises, n° 41, 2011, p.211-223

13. Remerciements : Maurice Frère, Jocelyne Oullié, René Joullié, Yves Azéma, Michel Alary, Marcel Pouget, Bernard Causse, Alain Van Ruyskensvelde, M. Diaz, R. Lacoumette, Mme et M. R. Vigié, Michel Vidal, B. Lauret, A. Cabrolié, et sur l’ensemble des événements et d’autres communes : R. Granier, le Groupe Mémoire d’Aspiran, Mireille Coste-Marcorelles, Christian Védrines, Françoise Manes, Bernard Dutheil de la Rochere, Rene Brugie, B. Paulhan.

14. F. MOUTEYRES, Dédée, un secret de famille, un destin français, récit. Marseille, 2011. Cet ouvrage, très légèrement romancé, retrace la mort de l’infirmière A. de David-Beauregard abattue avec Louis Marres.

15. Sur le maquis Roland, on possède une plaquette : Mémoires et patrimoine, Le Maquis Roland. Toulouse, éditions du CRDP.

16. Nous remercions René Brugié de nous avoir communiqué le document suivant :

« Ordre aux Unîtes du groupement Leroy (FFI n° 105 du 25 août 1944). Une colonne ennemie ayant été signalée hier soir se dirigeant de Nizas sur Paulhan, le dispositif suivant doit être mis en œuvre : 1° Unité sous les ordres du commandant Brugier reste au mas d’Alary pour assurer protection de Lodève. 2° Les éléments du maquis de l’Aubrac aux ordres du lieutenant Tony vont occuper le croisement IC 40-N109 aux environs de Salelles. 3° Le maquis Koufra aux ordres du commandant Wladimir occupera Saint-Félix-de-Lodez. 4° Les groupements Paul Claie aux ordres du lieutenant Dumont et du Bousquet aux ordres du lieutenant Chadal occuperont Saint-Andre-de-Sangonis, groupement aux ordres du lieutenant Dumont. 5° Le détachement du capitaine Galiot reste provisoirement à Salasc. La section Duchamp rejoindra Salasc. 6° Le capitaine Montaigne reste à Mourèze mais devra envoyer des reconnaissances sur Clermont et Nebian. 7° Le détachement Ferrier devra occuper Le Puech pour tenir IC 48 au pont. Ces différentes formations devront se placer à un endroit favorable et essayer de causer des pertes à l’ennemi sans se laisser accrocher et ne pas combattre dans les localités. Celles qui sont échelonnées sur N 109 devront garder le contact entre elles ; toutes Les unités devront faire des reconnaissances et renseigner exactement le commandement sur les mouvements des troupes allemandes, la nuit dernière et aujourd’hui. En particulier, le groupement Dumont devra reconnaître Gignac. En campagne, le 25 août 1944. Lt-colonel Carrel ».

17. « Montpellier, le 8 mai 1945. Extrait de l’ordre Général n° 79. Le Général de Brigade Zeller, Commandant la 16e région Militaire, cite à l’ordre du régiment : Jacob Antonin, Lieutenant, maquis Roland (Aveyron) : « a dirigé en l’absence du chef de maquis la marche de ses unités vers Montpellier, malgré la présence d’éléments ennemis puissamment armés. Par son initiative et son audace, a rejoint l’ennemi à Aniane (Hérault) le 26-8-44, le surprenant, lui infligeant des pertes sérieuses et l’obligeant à quitter précipitamment la ville ». Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec étoile de Bronze. Zeller.

18. G. BOULADOU, p. 576. Dans les fichiers de travail de Gérard Bouladou on trouve les précisions suivantes : Cette colonne arrive de Neffiès-Fontès-Aspiran (voir : Aspiran, Mémoire partagée des années de guerre 1939-1945, Groupe mémoire-foyer rural, juillet 2012, p. 166-1 79) Canet-Gignac, surtout de l’infanterie. Les membres du maquis Roland furent alertés alors qu’ils déjeunaient à Sallèles : « Ils sautent dans les camions avec le « Chant du départ » qui couvre le bruit des moteurs. L’accrochage a eu lieu de 15 h à 15 h 30. Sur place, un maladroit empêtré dans une souche a laissé partir un coup de feu ce qui a donné l’alerte aux Allemands. Au nombre de 110, ils avaient deux mitrailleuses « Rosette » et « Marie Lou », des mousquetons, fusil russe, mauser, carabine italienne avec quelques cartouches pour chaque type. L’ordre de décrocher empêche une poursuite qui était risquée avec un tel armement, ils reçoivent un bon accueil à Aniane. Ont été mis hors de combat une trentaine d’Allemands. Un gendarme du maquis Schrapp de la brigade d’Espalion a été blessé au coude gauche par une balle. A participé à l’attaque le maréchal des Logis chef Beigbeder de la brigade de Firmi ».

19. A. ALVAREZ, L’épopée patriotique des ET.PE cévenols. Nîmes, 2007. Nous remercions Madame J. Oullié de nous avoir communiqué l’attestation, datée du 22 juillet 1977, par Astor Formichi, ancien chef départemental des FTPF, concernant M. M. Oullié, ainsi que le discours du maire M. Marcel Cournon à l’enterrement de Marius Oullié, le 28 juin 1987. Par ailleurs, on sait le rôle important joué par Etienne Sanier (1907-1994) pendant cette période et dans les années qui ont suivi la Libération.