Description
Le château Laurens et son décor :
une demeure remarquable à Agde en 1900
Le voyageur qui du train descend à Agde, tressaille d’aise tout d’abord, à la vue de la belle ordonnance de l’Avenue de la Gare… À gauche, vers l’Est, l’Hérault déroule son large cours sinueux ; là-bas à droite, le quai de la Calade et le quai des Dames se mirent aux profondeurs de l’eau verte, tandis que de l’autre côté de la rivière les grands arbres de l’Ile encadrent ce riant tableau ; plus loin le Château de l’île, la Chaussée et les moulins forment un premier plan à l’arrière fond où s’estompent les vignobles des coteaux et les platanes du canal…
(Agde Historique, 1925)
Propriété de la commune d’Agde, le château Laurens fait l’objet depuis quelques années de nombreuses études portant sur son architecture et son décor, ainsi que sur son commanditaire, Emmanuel Laurens. La réhabilitation du salon de musique débutée en 2007, et aujourd’hui en cours d’achèvement, est l’occasion de revenir sur l’histoire de ce monument, fort heureux témoignage de l’impact de l’esthétique Art nouveau dans l’Hérault.
Un édifice singulier
En 1896, un jeune homme originaire d’Agde, Emmanuel Laurens (1873-1959), se trouve à la tête d’une immense fortune et, dès l’année suivante, hérite de son père du domaine de Belle-Île. Dans cette vaste propriété d’une douzaine d’hectares, bordée par le fleuve Hérault et le Canal du Midi, Laurens entreprend entre 1897 et 1901 la construction d’une étonnante villa, nommée depuis le chateau Laurens . Au sud du domaine, il agrémente également le parc d’un petit pavillon surprenant, aujourd’hui détruit. Dans ce cadre raffiné et théâtral, Laurens, passionné de littérature, mélomane et grand voyageur, mène une vie de dilettante pendant trois décennies. En 1938, sa fortune épuisée, il est contraint de vendre en viager le domaine et la villa, qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1959. Les années qui suivent sont marquées par une période d’abandon et de vandalisme : sans entretien, le château se dégrade, et le mobilier, toujours en place, suscite la convoitise de nombreux voleurs. En 1994, le domaine est acquis par la commune d’Agde, notamment pour sa situation « historique » dans le paysage de la Ville.
Vaste édifice caractérisé par des volumes architecturaux originaux, le château Laurens se compose d’un corps central imposant, avec à l’est l’appartement privé du propriétaire et au nord le salon de musique. Les toits-terrasses, en ciment armé, dessinent une silhouette de volumes rectilignes tempérée par le dôme du salon de musique qui émerge à plus de vingt mètres de hauteur.
A l’ouest, la façade principale à perron et péristyle est assise sur un fort soubassement. Ce niveau inférieur, dévolu autrefois à la cuisine et aux différents services, surélève le rez-de-chaussée de l’édifice articulé a l’intérieur autour d’un grand vestibule. Selon un axe ouest-est, ce dernier ouvre sur une série de pièces : au nord le fumoir, le salon mauresque, le dégagement de l’atrium et l’accès au salon de musique, à l’est, à partir de l’atrium, la salle à manger et le grand escalier ; au sud, les deux chambres principales.
De la cage d’escalier, on accédait à l’origine à l’appartement privé par un passage qui ouvrait sur un grand salon. Cette communication est aujourd’hui condamnée et le salon entièrement effondré, contrairement aux autres pièces de l’appartement qui comprend un salon bureau, une chambre et une très belle salle de bain. L’accès au premier étage du corps de bâtiment principal se fait à l’est par le grand escalier : comme en rez-de-chaussée, les pièces de l’étage – des chambres pour l’essentiel – sont desservies par un grand couloir ouest-est et un dégagement nord-sud selon un plan en « T ». Enfin, un petit escalier de service, logé au sud, permet l’accès au grand lanterneau qui coiffe la terrasse supérieure. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2013 |
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Nombre de pages | 15 |
Auteur(s) | Laurent FELIX |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |