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Description

Le buste de A. Fabre d’Olivet par Charles-Antoine Callamard (1769-1815)

Callamard, par David d'Angers.
Callamard, par David d'Angers.

« Le hasard me fit entrer un jour dans un cimetière abandonné et comme je tâchais de lire quelques noms sur des monuments à moitié détruits, celui du sculpteur Callamare [sic], me frappa. Mon coeur s’émut au souvenir de cet artiste presque oublié maintenant et ce simple nom me fit une impression plus profonde que la pompe des plus vaniteuses épitaphes »…, écrit David d’Angers vingt-cinq ans après la mort du sculpteur.

Marc-Antoine Callamard, qui est évoqué ainsi, comptait, sous la Révolution française, parmi les principaux espoirs de la nouvelle génération de sculpteurs. Sa carrière, relativement brève, épouse la période tourmentée de la Révolution et de l’Empire : élève de Pajou à dix-huit ans, second pour le Prix de Rome en 1792 (sur le thème de Manllus Torquatus repoussé par son père, relief perdu), lauréat de ce prix lorsqu’il est rétabli en 1797 (Ulysse et Néoptolène enlevant à Philoctète l’arc et les flèches d’Hercule, relief perdu), il séjourne à Rome entre 1802 et 1805 et bénéficie, à son retour à Paris, des grandes commandes architecturales de l’Empire, avant de mourir en 1815 dans un accès de désespoir lié à la défaite de Napoléon. L’œuvre qu’il a laissée, encore mal connue, se reconstitue peu à peu, déployant tout l’éventail des possibilités offertes à un sculpteur : statuaire, bustes, petite terre cuite, décor monumental et décor mobilier.

Une période de jeunesse sous la Révolution, précède l’entrée dans la carrière. Sa première sculpture identifiée est le buste de Fabre d’Olivet (1728-1825), contemporain de son morceau de concours disparu de 1792. Conservé autrefois dans la mairie de Ganges, lieu de naissance du poète, non retrouvé aujourd’hui mais publié dans deux ouvrages, c’est le seul témoin subsistant de l’activité du sculpteur à cette date. Il correspond vraisemblablement à l’oeuvre exposée au Salon de 1793 sous le titre : Portrait d’un citoyen artiste. La maîtrise y est évidente, dans l’attitude, le modelé, l’expression : la tête, légèrement inclinée, se tourne vers l’extérieur avec une résolution tempérée de modestie, voire d’inquiétude ; la chair, délicatement modelée, notamment autour de la bouche, et la chevelure naturelle emportée dans le mouvement, indiquent la fraîcheur de l’homme jeune. Il y a là une heureuse alliance de naturel et d’idéal qui reflète un rapport d’amitié. Cette amitié devient très claire, lorsqu’en 1796, Fabre d’Olivet demande à Callamard de faire le buste d’un ami, l’érudit défroqué Jean-Claude Izouard, dit Delisle de Sale (1740-1816), qu’il lui offre dédicacé pour sa fête. Ce buste n’a pas été retrouvé, mais on sait que Fabre d’Olivet conservait l’exemplaire original en terre cuite et qu’il en offrit à son ami au moins un exemplaire en plâtre. Notons que pour le sculpteur l’amitié est sans prix : « S’il fallait encore faire quelque changement, je ne regarderai pas à la peine. C’est ainsi qu’on doit faire pour ses amis », écrit-il à son collègue, le peintre et bronzier Pierre-Maxilien Delafontaine (1774-1860), en sollicitant son avis.

Pendant la période révolutionnaire, Callamard modela deux autres bustes, ceux-là liés à la Révolution en marche ; celui du général Dampierre (1756-1793), qu’il offrit à la Convention, et celui de l’avocat Thiéry, Président de la Société populaire de Rouen. Il faut noter que, depuis l’hiver 1795 au moins, l’artiste est installé à Rouen, sans doute pour éviter de s’engager dans l’armée de la République, et qu’il y séjourne jusqu’à l’été ou l’automne 1796. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2001

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Marie PESSIOT

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf