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Description

Une jacquerie en pays d’Hérault en juin 1791 :
Le sac des châteaux d’Arboras et de Montpeyroux

Le 26 juin 1791, cinq jours après l’arrestation du roi à Varennes, une jacquerie éclate dans la moyenne vallée de l’Hérault. Elle est isolée dans le temps, en dehors des mouvements nationaux ou régionaux. La Grande Peur de juillet-août 1789, qui marqua le temps fort du soulèvement des paysans contre leurs seigneurs, a certes peu touché le Languedoc méditerranéen. Ce pays d’Hérault n’a pas fait exception ; de même sera-t-il à l’abri des pillages et incendies de châteaux qui éclateront plus tard, fin 1791, dans le Gard et la Lozère et au printemps 92 dans la haute vallée de l’Hérault, autour de Ganges et le Vigan. La singularité et la précocité de ce mouvement interrogent.

Il a pour cadre étroit le triangle que forment la rivière d’Hérault et son affluent la Lergue, aux pieds et sur la retombée méridionale du plateau des Grands Causses. Montpeyroux, Arboras, la Vacquerie, Saint-Pierre-de-la-Fage sont autant d’étapes, à peu de distance l’une de l’autre, sur la route de Montpellier à Rodez qui grimpe ici, par une belle côte, les falaises calcaires surplombant le bassin alluvial de l’Hérault. L’habitat est fait d’un réseau dense de villages proches, comptant de 260 (Saint-Saturnin) à 1 600 habitants (Montpeyroux), vivant d’une polyculture à base de céréales, de la vigne, de l’olivier, de l’amandier et du pâturage des chèvres sur les zones de garrigues.

Ces événements tragiques ont déjà été étudiés dans le cadre d’un diplôme d’études supérieures présenté devant la faculté des Lettres de Montpellier par Hélène Martel, sous la direction du professeur Laurent, sous le titre : « les mouvements paysans dans le département de l’Hérault de 1789 à l’an VIII », (1967). Mais au-delà des faits eux-mêmes, il faudrait s’interroger plus avant sur les causes immédiates et profondes d’une révolte paysanne précoce et limitée, qui se place à cette période charnière de l’histoire de la Révolution, ouverte par l’arrestation du roi à Varennes le 21 juin 1791. Elle participe à ce mouvement de lutte engagé par la paysannerie pour se libérer de la féodalité depuis la Grande Peur de juillet 1789, qui préluda à la nuit du 4 août, jusqu’à la loi du 17 juillet 1793 abolissant les droits féodaux.

I. Les faits

Le dimanche 26 juin, à midi, les citoyens actifs du canton de Montpeyroux sont assemblés dans la chapelle des Pénitents Blancs du chef-lieu pour procéder au renouvellement de la moitié des corps administratifs du district de Lodève et du département et élire les députés à l’Assemblée législative. Un gendarme, que l’on connaît pour appartenir à la brigade de Gignac, traverse le village, à brides-abattues, criant : « Aux armes, citoyens Qu’on batte la générale ! », pour les uns, « Aux armes, citoyens Le roi a été enlevé », pour les autres.

L’arrestation du roi à Varennes, le 21 juin, vient d’être connue à Montpellier et aussitôt le Directoire du département a envoyé ses émissaires, au moment même où les assemblées primaires de cinq cantons, dont ceux de Montpeyroux et de Saint- André venaient de se réunir. Le gendarme présente sa dépêche au maire de Montpeyroux. Elle contient deux décrets de l’Assemblée nationale et une lettre du procureur-syndic du département. Le curé Lalement, président de séance, est invité à les lire en chaire. La nouvelle de l’« enlèvement du roi » (sic) suscite une vive émotion et provoque une dispersion de l’Assemblée. Il est trois heures de l’après-midi. Deux heures plus tard, flambent les châteaux d’Arboras et de Montpeyroux. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1990

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Claude ALBERGE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf