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Description

Une éducation cévenole à la fin de l’Ancien Régime

Aumessas est un village, ou plutôt un groupe de hameaux qui s’étagent sur le revers du au nord-ouest du Vigan. Aumessas comprend une centaine d’habitants aujourd’hui, mais, à la veille de la Révolution, 290 familles y vivaient, c’est-à-dire 1 300 personnes environ.

La moitié de ces Aumessassois travaillent la terre. Ils cultivent surtout les basses pentes qui ont été aménagés en terrasses et qui sont irriguées. Ces traversiers sont alors de vrais jardins où poussent trois arbres : le châtaignier, le pommier, et surtout le mûrier. À côté de ces agriculteurs – de ces arboriculteurs devrait-on dire – les artisans. Ils sont nombreux : Un Aumessassois sur trois est un artisan. Quatre artisans sur cinq sont « débassaïres » : bassiers traduisent en français les rôles du fisc. Ces bassiers sont fabricants de bas en soie ou en filoselle ils sont 17 à Aumessas, 17 à Campestret, 54 familles en tout. L’artisanat de la soie fait l’originalité de la physionomie sociale d’Aumessas.

Au sommet de la pyramide sociale d’Aumessas, un petit nombre de notabilités : quelques nobles mais surtout des bourgeois et des marchands, et parmi ces bourgeois, Jean Fonzes, notaire d’Aumessas.

En 1769, à la mort de son père, Jean Fonzes ouvre un livre de comptes ; il tiendra ce livre soigneusement jour après jour, jusqu’en 1782. C’est à la fois un journal et une sorte de mémoire où sont tous les actes antérieurs concernant la famille : contrats de mariage, achats, etc. Ce livre nous montre deux choses. D’abord Jean Fonzes est riche ; il est notaire, il est aussi propriétaire. Il a beaucoup de terres et surtout de bonnes terres : les terres basses arrosées, où pousse le mûrier. En se fondant sur sa récolte de feuilles on peut évaluer ses plantations à 600, voire 700 arbres. C’est donc un propriétaire important, et même le plus important d’Aumessas si l’on en croit le registre de capitation.

À côté de ses revenus, Jean Fonzes détaille ses dépenses. Alors que fait-il de son argent ?

Avant lui, la politique des Fonzes était simple : s’arrondir, agrandir le domaine. Les achats de terre étaient réguliers tout au long de la première moitié du XVIIIe siècle. Avec Jean, c’est différent : plus d’achats de terres. Il ne cherche pas l’agrandissement mais plutôt l’amélioration il plante par exemple des reinettes à la place des pommes communes, ou bien des « Gènes » à la place des châtaigniers communs.

Au chapitre des dépenses apparaissent des investissements nouveaux et en particulier des dépenses consacrées à l’éducation. Mais en faveur de qui ? Mais à l’éducation de qui ?, car Jean Fonzes est vieux garçon. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1980

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Madeleine FERRIÈRES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf