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Description

Un finage Languedocien au XVIIe siècle

A la mémoire d’Antoine et de Georges Pouzoulet, paysans de Castelnau

On ne met plus en question, à présent, la valeur des compoix. Résultats d’une longue expérience fiscale, ils sont, au XVIIe et XVIIIe siècles, des documents très riches et très précis. Cela résulte de leur mode de confection, bien décrit par l’avocat Despeisses en 1640 : « les arpenteurs et prud’hommes » décrivent sommairement en un livre le nom du possesseur des terres ou maisons, leur assiette, contenance, qualité, confrontations et l’appréciation de chacune d’icelles. De tels documents sont indispensables en effet en pays de taille réelle, c’est-à-dire en un pays où « l’on impose tous ceux qui possèdent des terres dans la paroisse à proportion seulement de la quantité des terres qu’ils y possèdent et non pas eu égard à leurs facultés en général » (Code Rural, 1767).

Il est vrai que seuls les biens dits « roturiers » sont soumis à l’impôt : y échappent les biens « nobles ». Ceux-ci ne figurent pas toujours dans ces gros registres fiscaux. Mais il arrive souvent, cependant, que soit adjoint à la liste des terres soumises à l’impôt, un cahier des biens « nobles ». Dans ce cas ils sont soigneusement enregistrés, parcelle par parcelle, avec mention de la nature des cultures, de la superficie, de la liste des confronts (c’ est-à-dire des propriétaires voisins ou des chemins limitrophes), de la valeur de la terre, mais on n’a point procédé à l’évaluation fictive (appelée allivrement) d’après laquelle sera calculé l’impôt du propriétaire. Quand donc le même registre apporte description des biens « roturiers » et « nobles », c’est une vision d’ensemble de l’espace cultivé qu’il apporte.

C’est le cas du compoix de Castelnau-de-Guers, gros registre in-folio de 224 pages, rédigé en 1680 après qu’une délibération des consuls de la communauté ait été ratifiée par la Cour des Aides de Montpellier, instance qui doit « connaître, définir, sentencier, déterminer et prononcer sur les aides, tailles et gabelles… ».

LE TERRITOIRE

Le territoire de la commune de Castelnau-de-Guers couvre actuellement une superficie de 2240 hectares environ. Cela correspond pratiquement à la superficie dépendant de la commune à la fin du XVIIe siècle, car les rectifications du tracé des limites furent peu nombreuses. Relevons seulement que les responsables de la confection du compoix ont inscrit dans ce gros registre un peu plus de 200 sétérées qui dépendent en réalité de la ville voisine de Pézenas, et qui à l’issue d’âpres contestations lui seront définitivement attribuées dans le courant du XVIIIe siècle. Ce territoire s’appuie à l’ouest sur le cours de l’Hérault dont le tracé n’est point encore définitivement fixé : une forte inondation survient-elle, la rivière rompt les maigres consolidations des berges et trouve un autre lit principal en laissant subsister un ou plusieurs bras secondaires. Cela est arrivé en 1603, où s’est produit un simple changement de cours, puis en 1614, où l’Hérault s’est divisé en deux bras, « la rivière » et la « roubine ». Les documents d’un procès entre le Seigneur de Castelnau, Jean de Vins, et la communauté de Pézenas relativement au statut de ces terres permettent d’entrevoir leur destination : appelées à l’époque médiévale, dans des documents des années 1375/1412, prata et riparia, elles ont conservé pour l’essentiel ce rôle de lieu de dépaissance dont profitent les habitants de Castelnau ou de Conas. Ces terres sont souvent décrites comme champs, prés et bois. Mais dans le courant du XVIIe siècle le Seigneur dé Castelnau entreprend d’en faire défricher une partie et de les soustraire à la dépaissance des troupeaux : une partie en est donc mise en culture, à laquelle s’ajoute la zone des jardins sise à proximité du village. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1977

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Michel CHRISTOL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf