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Description

Un exemple d’éclectisme architectural en Bas-Languedoc
les Châteaux du biterrois

« Un paysage de vignes, soulevé parfois par de vastes ondulations à la ligne sévère et tendue… la vigne y déploie jusqu’à l’horizon ses vertes rangées rectilignes et parallèles . çà et là, en quelques nœuds du paysage, des arbres puissants, groupés en une sorte d’architecture, enveloppant ou protégeant des édifices spacieux… » Quand Jaurès écrit ces phrases en 1905, le biterrois est, depuis peu, nanti de ces « édifices spacieux » qui émergent «des arbres puissants » de leurs parcs. C’est en effet à la fin du Second Empire qu’a commencé dans la campagne biterroise la construction de ce que Viollet-le-Duc nommait « maisons des champs » mais que la tradition locale appellera volontiers « châteaux ». Cette frénésie de construction prendra fin avec le début du XXe siècle.

Le support géographique de ces demeures est bien cadré, c’est la plaine viticole des environs de Béziers . elle s’inscrit dans un quadrilatère dont les côtés sont constitués à l’est par le fleuve Hérault, à l’ouest par la limite départementale de l’Aude, au nord par les premières hauteurs du piémont, au sud par le rivage de la Méditerranée. L’édification de ces châteaux à toit d’ardoise témoigne d’un phénomène économique à l’origine de la fortune des grands propriétaires terriens de la deuxième moitié du XIXe siècle : l’extension de la viticulture et la confirmation d’un vignoble de masse, lieu d’investissement des capitaux de la bourgeoisie locale. Entrent également en jeu le phylloxéra qui n’atteindra le biterrois qu’après la découverte des moyens de lutte, le chemin de fer qui relaie le Canal du Midi pour l’évacuation des produits du vignoble. Tout ceci fait du biterrois de la deuxième moitié du XIXe siècle « l’usine à vin du Languedoc », et cette période de prospérité voit se répandre la mode des châteaux à toit d’ardoise, reflet des modèles architecturaux de l’époque et expression du mode de vie des propriétaires fonciers. « S’il est une œuvre humaine qui donne l’état d’une civilisation, écrit Viollet-le-Duc, c’est à coup sûr l’habitation. Les goûts, les habitudes, les mœurs de l’homme se trahissent dans la maison qu’il se fait et où il demeure avec sa famille. ». Ces châteaux, trônant au centre du domaine, abrités dans leur parc à l’anglaise, ne sont habités qu’une partie de l’année, du printemps à la fin des vendanges ; en effet, la fin de la « belle saison » marque le retour des propriétaires dans leurs hôtels particuliers des beaux quartiers de Béziers, où ils peuvent participer à la vie culturelle de la ville. Celle-ci se cristallise alors autour de la fondation du théâtre des arènes : « … En ce qui concerne Béziers et ses environs, chaque phase de prospérité viticole renforce la douceur de vivre ; une médiocrité dorée, sinon l’opulence, engendre la détente de l’esprit ; le Biterrois, passionné pour les agréments sociaux, aime alors les jeux qui rappellent les distractions des temps anciens, avec en particulier la participation des taureaux. M. Fournier a souligné le rôle des riches exploitants des époques fastueuses ; à Béziers, leur générosité a longtemps soutenu ou organisé les manifestations culturelles, elles-mêmes liées aux délassements populaires… »

I – ORIGINE DES DOMAINES ET NAISSANCE DES CHÂTEAUX

L’absence d’archives chez les propriétaires des grands domaines du biterrois (en tout cas en l’état actuel de la recherche) empêche souvent de suivre leur évolution au cours des siècles et il faut parfois s’en référer à la seule tradition orale. On peut cependant, à travers les travaux des historiens, arriver à reconstituer l’histoire de la plupart de ces grandes exploitations. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1984

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Catherine FERRAS

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf