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Description

Reflets de la spiritualité grandmontaine et sources de l’histoire médiévale
au miroir des émaux méridionaux

Une impressionnante coïncidence a voulu que soit livré à notre siècle un nombre remarquable de certains ouvrages de Limoges, en provenance d’établissements grandmontains. Tout en comptant parmi les plus beaux échantillons catalogués dans le Corpus des émaux méridionaux, ils se trouvent, par leur destination initiale, placés en une indubitable connexion avec le monastère de Grandmont en Limousin, le chef d’ordre, et aussi avec ses celles et ses prieurés.

Ces émaux furent connus, admirés, décrits et publiés précocement, dès le milieu du siècle dernier, quelques décennies à peine après la dissolution de l’Ordre par Mgr Duplessis d’Argentré, évêque de Limoges, en 1790. On déplorera à jamais le démembrement et la destruction de l’autel, des châsses, enfin du trésor de l’église consacrée à la Vierge à Grandmont, site désert voisin du lieu de Muret où avait vécu, enseigné et où mourut Etienne, le fondateur, le 8 février 1124. L’endroit où fut bâtie l’église consacrée en 1165 est sis dans les Monts d’Ambazac, sur l’actuelle commune de Saint-Sylvestre (Haute-Vienne) ; il ne reste plus rien des bâtiments séculaires, mais les blocs appareillés au moyen âge furent récupérés pour bâtir la maison d’arrêt de Limoges, place du Champ-de-Foire…

Or il existe, on le sait, une séquence d’inventaires et de recollements ou de procès-verbaux qui, exceptionnelle par le nombre et la précision pour cette catégorie de sources écrites, autorise certaines déductions historiques; on a en effet répertorié dix-sept documents, échelonnés du XIVe siècle à la fin du XVIIIe siècle, pour le seul prieuré de Grandmont en Limousin. Ces textes ont, pour l’essentiel, été publiés dès le siècle dernier par deux admirables érudits limousins, l’abbé Jacques- Remi Texier, puis Louis Guibert.

Mais il est quelques autres émaux dont les études du XXe siècle ou de toutes récentes découvertes, ont situé, au loin, la provenance ancienne : aux confins du Quercy, en Champagne et même en Lorraine, par exemple. Nos travaux vont bénéficier de la primeur de certaines de ces découvertes. Dispersée dans les collections publiques et privées des deux continents, la majeure partie de ces croix, de ces plaques, de ces châsses a, de 1962 à 1967, été publiée par Geneviève Souchal : à la mémoire de celle-ci sont adressées, avec l’expression de nos regrets, des pensées de reconnaissance et de confraternité dans l’étude.

Geneviève Souchal, jeune conservateur au Musée des Thermes et de l’Hôtel de Cluny, appliqua résolument sa compétence de chartiste à l’histoire des collections d’émaux réunies par A. Du Sommerard. Deux plaques historiées fameuses représentent l’une, l’Adoration des Mages, l’autre deux personnages en vêtements religieux, un seul étant nimbé, avec une inscription gravée qui désigne sans hésitation… « Eteve de Muret ». Quelques plaques d’une croix démembrée provenant du prieuré grandmontain de Mathons en Haute-Marne, offrirent à la sagacité du chercheur le point de départ de l’étude préconisée par Francis Salet, alors conservateur en chef du Musée de Cluny. G. Souchal confronta les sources historiques, les descriptions anciennes et les inventaires aux évidences de l’art, en caractérisant les parentés de facture et de style que présentent maints fragments dispersés. Elle parvint à reconstituer les schémas de plusieurs croix similaires et démembrées qui, nécessairement, avaient compté chacune dix plaques constitutives au total, parant l’avers et le revers. Elle procéda au regroupement de ces ouvrages par familles. Elle proposa même un certain nombre de critiques chronologiques portant sur des datations contradictoires. Elle esquissa des rapprochements inédits entre des chefs-d’œuvre disparus, mais mentionnés par les textes. Elle formula enfin des hypothèses fondées sur l’existence ancienne de monuments funéraires anéantis, par comparaison avec les documents graphiques qui ont conservé la mémoire de certains tombeaux d’émaux de l’Œuvre de Limoges.

Enfin la littérature érudite se trouve pratiquement toute réunie, en un impressionnant appareil de notes, dans sept articles parus sous les auspices de la Société française d’archéologie. Il paraît ici utile de récapituler l’apport de chacun des fascicules du Bulletin monumental à la connaissance de l’extraordinaire déploiement d’émaux, dans l’église prieurale puis abbatiale, comme suit : […]

Informations complémentaires

Année de publication

1992

Nombre de pages

21

Auteur(s)

Marie-Madeleine GAUTHIER

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf