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Description

Propositions de datations pour quelques documents du Cartulaire d’Aniane

Le cartulaire de l’abbaye d’Aniane est une des sources essentielles pour l’histoire médiévale de la moyenne vallée de l’Hérault. L’édition imprimée, généralement utilisée par les chercheurs, présente quelques déficiences quant aux datations des documents. Près d’une trentaine de chartes parmi les plus riches ont été publiées sans datation, une demi-douzaine sont datées de façon erronée et pour une quarantaine, on peut préciser la fourchette chronologique.

Une étude diplomatique fine dépassant nos compétences et notre but, nous avons tenté par des moyens très simples de remédier à ces lacunes. Dans notre optique, il s’agit avant tout de situer ou resituer dans le temps les informations du cartulaire afin de pouvoir les exploiter en les rattachant à un contexte général d’évolution.

Tout d’abord, pour toutes les chartes non datées, c’est-à-dire dépourvues de toute référence à un roi régnant, abbé en titre…, nous avons fait un relevé exhaustif des témoins, tenanciers, donateurs.., puis, nous l’avons confronté au dépouillement général des noms de personnes du cartulaire. Nous avons obtenu par recoupement une fourchette chronologique d’environ 15 à 20 ans par acte. Dans chaque cas, nous avons adopté les bornes les plus larges possibles.

Seuls quelques documents ont pu être datés à l’année près ainsi le n° 92 p. 230. Dans le testament n° 86 p. 224, Béranger de Puisserguier lègue au monastère le 1er novembre 1182 tout ce qu’il possède dans le castrum et les terroirs de Popian ; or le détail de ses biens est donné par le texte n° 92 p. 230. Ces deux actes sont contemporains, la charte mémoriale précisant le legs en détaillant minutieusement toutes les possessions. Le même raisonnement a été suivi pour les chartes n° 57 p. 197, n° 58 p. 198, et n° 333 p. 446.

Deuxièmement, la liste des abbés réguliers d’Aniane, notamment pour les IX-XIe siècles, amène à resserrer la datation des documents citant l’un d’eux, voire quelquefois à les dater. Par exemple, les deux serments concernant le castrum de Sauvian (n° 31, p. 168 et 39 p. 178) : la reconstitution généalogique de la lignée qui tient le castrum (n° 32 à 42 P. 168 à 180 et n° 85 p. 223) et les titulatures Petrus, abbas, filius Dede (Pierre III) et Petrus, abbas, filius Vierne (Pierre II) impliquent qu’ils soient tous les deux de 1155-1158, dates de l’abbatiat de Pierre III.

Enfin, nous nous sommes quelquefois trouvés en présence d’actes mal datés. Les chartes n° 64, p. 204, 223 p. 354, 131 p. 275 et 179 p. 315 sont datées de 1027, 1026, 1123 et 1125 ce qui est en contradiction manifeste avec les mentions regnante Philippo rege et Pierre ou Adhémar abbés. En tenant également compte des témoins, nous pouvons les restituer en 1094-1108 (n° 64 et 223) et 1187-1195 (n° 131 et 179). La donation n° 278 p.404 (1022) est de 1122 : millesimo centesimo XX° II° dit le texte ; de plus, Bernard de Saint-Sauveur-du-Pin, bénéficiaire de cette donation, est témoin en 1094-1108 et le moine Pierre Béranger est en activité à Aniane d’environ 1108 à 1130. Le donateur et un des témoins de la charte n°254 p. 379 (801) sont cités en 886-900 (n° 113 p. 255) au sujet de terres voisines ce n’est donc pas à Charlemagne qu’il faut rapporter la mention anno II imperante Karolo, d’ailleurs dans ce cas incomplète, mais à l’empereur Charles le Chauve (877).

En dernier lieu, nous avons dû étudier quelques cas particuliers. Le bref n° 44 p. 182 comporte la mention anno VII regnante Philipo rege et présente un certain nombre d’archaïsmes caractéristiques du XIe siècle le terme mancipius et la longue clause comminatoire à caractère religieux. Ce bref a donc été établi en 1067 ; or les deux actes n° 43 p. 181 et 46 p. 187) qui sont contemporains (mêmes tenanciers ou témoins), lui sont antérieurs au plus d’une génération puisque Pierre de Maraussan cité dans le texte n° 43 a fait don de son fief à son fils Deusde avant 1067. Nous proposerons 1040-1067 comme dates à ces deux actes. La même méthode a été adoptée pour les documents n° 132 et 133 p. 275 et 276.

Ensuite les n° 81 p. 219 et 83 p. 221 ont été rédigés au même moment là encore certains des tenanciers sont cités dans les deux textes. La forme élaborée des noms de personnes (prénom + nom de famille), le patronyme Textor, les demi-manses et borderies et les termes occitans les situent dans le dernier tiers du XIIe siècle. Notons qu’à la même époque l’abbaye fait rédiger nombre de listes d’usages et redevances semblables dans leur forme à ces deux notices. Une démarche identique a été suivie pour le n° 99 p. 238. L’ensemble de nos propositions est résumé dans le tableau suivant : […]

Informations complémentaires

Année de publication

1987

Nombre de pages

2

Auteur(s)

Aline DURAND

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf