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Description

Marie-Sylvie GRANDJOUAN

C’est en 1979, dans le cadre d’un travail de pré-inventaire normalisé portant sur l’ensemble de l’arrondissement de Lodève, que le service de l’inventaire Général des Monuments et des richesses artistiques de la France (secrétariat régional de Languedoc-Roussillon) a eu l’occasion de s’intéresser à la commune de Villeneuvette. Il ne s’agissait alors, que d’identifier les bâtiments et de dégager leurs principaux caractères architecturaux par un rapide travail de terrain, et d’établir la « fiche signalétique » de la manufacture. A ce stade nous ne pouvons donc aboutir qu’à des observations générales sur l’architecture, à faire le point sur la chronologie des constructions et essayer de dégager des orientations pour l’étude approfondie qu’est un inventaire. Le projet d’étude conçu en collaboration avec l’association Arts et Traditions rurales et placé sous le patronage de la cellule du Patrimoine industriel du Ministère de la Culture, va permettre de mener à bien cet « inventaire », parallèlement à l’étude approfondie des fonds d’archives publics et privés menée par des historiens.

En effet, si les études d’Émile Appolis en 1951, et de Claude Alberge en 1970 nous donnent un historique déjà très élaboré du point de vue de l’histoire économique et sociale jusqu’à la Révolution, l’histoire de l’ensemble architectural et des installations techniques n’a encore jamais été faite. Plusieurs articles ont cependant montré, déjà, l’intérêt de cette petite ville manufacturière pour laquelle on a pu affirmer qu’il n’existait pas en France d’« ensemble homogène, conservé assez miraculeusement presque intact jusqu’à nos jours ». Le rôle de l’inventaire sera de faire un relevé aussi complet que possible de la manufacture.

Le domaine de l’étude est clairement défini : il s’agit du territoire entier de la commune dont l’originalité est de former un seul ensemble régi par sa fonction manufacturière, ensemble qui comprend les écarts aussi bien que le village.

Le village – Il est situé aux pieds d’une colline de grès, « la montagne de la Bruyère», à l’élargissement de la vallée de la Dourbie. C’est un lieu propice à la collecte des eaux nécessaires au travail de la laine : un réseau de « béaIs » amène l’eau jusqu’aux bassins, aux fontaines, aux ateliers, et aux jardins – Une végétation abondante environne le village : platanes immenses, jardins potagers, prairies contrastent avec les garrigues voisines et contribuent pour une large part à l’attrait du site. C’est une belle allée de platanes qui mène aujourd’hui à l’entrée principale de la manufacture ; cette allée n’est autre que l’ancienne route de Clermont à Bédarieux dont on retrouve l’ancien tracé à l’opposé ; son passage est encore marqué par un pilier circulaire portant une croix de fonte dont la présence annonce l’entrée ouest.

Une vingtaine de bâtiments s’ordonnent selon un plan orthogonal, autour d’une place rectangulaire et le long de rues dont la largeur (10 m environ) est inhabituelle dans une région où l’étroitesse des voies à l’intérieur des villages est la règle générale. Les constructions occupent ainsi une surface presque carrée, large de cent cinquante mètres environ. C’est un espace clos, borné au sud par la Dourbie, à l’ouest par le grand bassin à l’est et au nord, les habitations présentent des élévations presqu’aveugles percées régulièrement de petites fenêtres au niveau de l’étage. Les trois portes qui constituent encore aujourd’hui les accès principaux permettaient un contrôle strict de la circulation des personnes et des biens. Ce principe semble avoir encore été respecté au XXe siècle lors de la construction des bâtiments industriels, au nord du village.

La place rectangulaire, « place Louis XIV », distribue l’ensemble des bâtiments dont les principaux ont été bien identifiés : la chapelle, les bâtiments ayant abrité un certain nombre d’artisans ou de services, et les cinq « blocs » de logements des tisserands. A l’ouest de la place et le long de la Grand’rue, la maison du directeur et les entrepôts. Ces divers bâtiments présentent des caractères communs maisons basses à deux niveaux (rez-de-chaussée et comble à surcroît), couvertes de grands toits à croupe dont les avant-toits sont fermés par de belles génoises à trois rangs. Les ouvertures sont disposées en travées régulières reflétant la disposition intérieure des logements.

Les matériaux de construction sont, pour le gros œuvre, des moellons de grés les encadrements des baies sont également en grés. Des enduits à la chaux protègent les murs ; certains présentent encore les vestiges du traitement décoratif par lissage que l’on rencontre assez fréquemment dans les villages voisins (par exemple à Salasc, un enduit daté 1790).

L’alignement nord de la Grand’rue est constitué par la maison du directeur et par des entrepôts qui possèdent extérieurement beaucoup de caractères communs avec les autres bâtiments. Cette maison domine cependant les autres avec un niveau supplémentaire, et un pavillon central plus élevé, porteur d’un campanile ; elle semble avoir été l’objet d’adjonctions successives dont l’histoire ne peut être précisée pour l’instant. Au sud, l’élévation d’anciens ateliers présente une alternance de portes piétonnes et de portes bâtardes en plein cintre ; on observe également cette disposition dans les bâtiments Est de la place. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1984

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Marie-Sylvie GRANDJOUAN

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf