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Notes d’Épigraphie Narbonnaise (II)

II – L’ORIGINE DE QUELQUES FAMILLES ARLÉSIENNES

L’étude des sociétés provinciales sous l’ Empire romain, grâce à des travaux de première importance – citons seulement ceux de Sir Ronald Syme, est parvenue à d’importants résultats : cela est dû, pour une grande part, à l’attention constamment portée aux réalités de l’onomastique et à l’emploi systématique de la méthode prosopographique . On connait bien la composition sociale des élites coloniales de Bétique ou de Narbonnaise : s’y entremêlent l’aristocratie indigène dont souvent le droit de cité remonte assez haut dans la période républicaine, et un élément italien issu soit de l’émigration libre soit de la déduction de vétérans. Donc une élite composite. Il arrive fréquemment qu’en une même cité ces trois éléments soient intimement liés. En particulier dans les colonies. Cela ressort, d’une façon générale d’un texte de Tacite, au livre XI des Annales, chapitre 24, où l’écrivain recompose le discours qu’adressa l’empereur Claude au sénat afin d’obtenir le droit, pour les notables gaulois, d’accéder aux honneurs. L’orateur, évoquant l’œuvre de ses prédécesseurs, y fait une allusion très perceptible à l’amalgame des italiens et des indigènes romanisés au sein des colonies fondées par l’empereur Auguste. Certainement, les colonies césariennes avaient été établies suivant les mêmes principes.

C’est ce qu’on peut vérifier, peut-être, à propos d’Arles. Cette colonie (Colonia Julia Paterna A relate Sextanorum) appartient, avec Narbonne, aux fondations césariennes implantées dans la Provincia. Il s’agissait, pour le dictateur, de s’assurer de points d’appui de valeur, et pour Arles, de surveiller Marseille dont l’attitude n’avait pas été exempte de reproches durant les guerres civiles. Qu’ il y ait eu adjonction d’indigènes romanisés au corps civique d’origine italienne, le fait parait assuré. Il suffirait de se référer au texte de Tacite qui vient d’être cité, et si le doute subsistait, la preuve serait fournie par ce que l’on sait d’une grande famille comme les Pompei Paulini. Le premier membre qui nous en est connu, Pompeius Paulinus I, parvient jusqu’à la préfecture de l’annone, c’est-à-dire la plus haute responsabilité quant à l’approvisionnement en blé de Rome : nous le savons par Sénèque, son gendre, qui lui dédie le traité De Brevitate Vitae. Son fils, Pompeius Paulinus II, non seulement hérita de l’immense fortune qu’il lui avait léguée et accéda à l’ordre sénatorial, mais encore parcourut – faut-il y voir la main du philosophe de Cordoue ? une brillante carrière. Avec cette famille apparaît le groupe des notables indigènes, intégrés depuis plusieurs générations dans les clientèles provinciales et la cité romaine. Et que le descendant d’un aristocrate indigène, admis grâce à l’intervention du grand Pompée dans la cité romaine, affirme sans trop de difficultés sa puissance sociale, même dans une colonie, n’est point pour surprendre. D’autres exemples vont dans le même sens. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1975

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Michel CHRISTOL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf