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Description

Note sur un chapiteau du cloître de la cathédrale d’Agde
conservé au Musée des Augustins de Toulouse

Les travaux de classement et de nettoyage préliminaires à la nouvelle présentation des sculptures gothiques du Musée des Augustins d’une part, la préparation de la rédaction actuellement en cours du catalogue raisonné de cette collection d’autre part, nous ont permis d’identifier sûrement un chapiteau du cloître de la cathédrale Saint-Étienne d’Agde.

Cette œuvre est entrée au Musée de Toulouse en 1834 comme l’atteste le premier registre des délibérations de la Société Archéologique du Midi de la France, dans le procès-verbal de la séance du 8 mars de cette même année : « M. Ducos offre, au nom de M. Balguerie, d’Agde, un chapiteau en basalte, monument du cloître de la cathédrale de cette ville. La Société accepte ce don pour le musée et prie M. Ducos de témoigner de sa reconnaissance à M. Balguerie. » En 1835, dans sa Description du Musée des Antiques de Toulouse, Alexandre Du Mège affecte un numéro à cette pièce architectonique accompagné du commentaire que nous rapportons ici : « 556. La ville d’Agde est, comme on le sait, bâtie avec des pierres volcaniques dont la couleur noirâtre donne aux constructions un aspect lugubre qui attriste le voyageur. Son ancienne église cathédrale et le beau cloître qui touche à ses murs sont aussi formés de pierres volcaniques. Aujourd’hui, les élégantes arcades de ce cloître sont fermées, mais la colonnade est encore assez bien conservée. Seulement, un chapiteau en a été détaché, et c’est celui qui est placé sous ce numéro. Il a été donné par M. S.-Aubin Balguerie. Malgré la dureté de la pierre, les chapiteaux du cloître d’Agde qui, à ce que l’on croit, sont du 14e siècle, ont été ornés de feuillages et de figures ». En 1864, dans son catalogue du musée, Ernest Roschach mentionne un chapiteau en lave provenant de l’« abbaye d’Agde » rappelant qu’il s’agit d’un don de M. Saint-Aubin Balguerie. Mais il ne donne – pas plus que ne l’avait fait Du Mège – ni la description, ni les dimensions de cette œuvre. Cette imprécision ne pouvait que précipiter notre chapiteau dans la catégorie – hélas trop souvent importante dans nos musées – des pièces d’origine inconnue. En effet, lorsque Henri Rachou la catalogue de nouveau en 1912, la pièce est pour la première fois mesurée et décrite mais le souvenir de son origine s’est perdu.

Pollution et poussière firent ensuite leur œuvre, noircissant la plupart des éléments lapidaires déposés dans le cloître des Augustins. Les opérations de nettoyage, conduites dans les années 1976-1980 par l’Atelier de Restauration des Musées de la Ville de Toulouse, permirent de revoir polychromies et matériaux des sculptures médiévales, essentiellement réalisées dans des calcaires, grès ou marbres. Le chapiteau agathois en basalte nous apparut rapidement avec évidence par la singularité même de son matériau. Il s’agit bien de la seule sculpture gothique taillée dans du basalte qui soit conservée au musée des Augustins. Le chapiteau est issu d’un bloc de 0,290 m de largeur et de profondeur, haut de 0,265 m. Son pied est de section octogonale, prévu pour reposer sur un pilier de plan également octogonal (distance entre deux facettes parallèles : 0,135 m). Au-dessus de l’astragale, la corbeille est lisse, simplement animée de petites feuilles retournées. Des feuilles semblables mais plus développées occupent les angles supérieurs, reliées entre elles par les rebords de la corbeille. Deux grosses moulures surplombent l’ensemble. Les difficultés du sculpteur sont perceptibles : les feuillages, d’esprit naturaliste, formant des sortes de crochets, ont été sommairement traités à cause de la résistance particulière offerte par un minéral assez grossier et poreux. La même section octogonale, les mêmes grosses moulures et des caractères techniques et stylistiques semblables se retrouvent sans difficulté sur plusieurs chapiteaux remployés dans les fenêtres de la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, construite, à la fin du XIXe siècle, contre la cathédrale d’Agde. Aucun doute ne peut donc plus subsister sur l’appartenance du chapiteau du musée des Augustins à l’ancien cloître gothique des chanoines du chapitre cathédral d’Agde. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1988

Nombre de pages

2

Auteur(s)

Daniel GAZES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf