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Description

Métrologie pondérale de L’Hérault

La métrologie pondérale antique de l’Hérault n’est pas aussi riche que pourrait le laisser croire la situation de notre département. Couloir de passage reliant Rome à ses colonies languedociennes et ibériques, la côte méditerranéenne, pourtant riche des oppidums de Murviel, Ambrussum, Mailhac, Ensérune, des ports de Lattes Agde, Narbonne, n’a révélé que des trouvailles métrologiques infimes. Comme dans toutes les régions soumises à Rome, la livre romaine, encore que les vestiges en soient extrêmement rares, y fut certainement implantée.

Les travaux des érudits qui ont étudié la métrologie occidentale – ils sont nombreux au XIXe siècle mais rares au XXe – ont établi que l’étalon romain était à la base de toutes les valeurs pondérales de l’Occident ; si l’on peut avancer que certaines valeurs pourraient nous parvenir de l’Orient à travers l’Afrique du Nord conquise par les Arabes, (une légende prétend même que Charlemagne détermina ses poids et mesures sur des étalons fournis par Haroun-el-Raschid), c’est aussi la livre romaine qui est à l’origine de ces poids. Il en est de même pour les valeurs qui nous parviennent de Scandinavie.

Il faut attendre le Moyen Age, à partir de l’époque carolingienne, pour voir apparaître des unités pondérales maintenant bien identifiées dont le nombre pourrait surprendre par contraste avec la vacuité des siècles écoulés depuis la fin de l’occupation romaine de nos régions. Si des systèmes pondéraux ont existé avant la conquête romaine, le brassage des tribus venant de l’Est et du Nord n’a pas permis de donner au commerce une implantation suffisante pour qu’il en subsiste quelque trace.

Plusieurs raisons expliquent l’abondance des unités utilisées dans notre région : la première – elle concerne d’ailleurs la plupart des villes du Midi depuis Bordeaux à la Provence, en fait, les pays de langue d’oc – c’est la situation indépendante de ces communes vis-à-vis du naissant royaume de France. Administrées le plus souvent par des Consuls élus, jouissant d’une grande liberté sous la tutelle des Comtes qui se les disputaient, il était tout naturel qu’elles eussent leur propres poids, différents du poids royal, que Charlemagne tentait d’unifier dans les provinces qu’il gouvernait.

En second lieu, des usages remontant à la plus haute antiquité ont donné aux poids utilisés par les médecins et apothicaires des valeurs particulières ; il en fut de même pour les monnaies lorsque sous Charlemagne, l’unité pondérale monétaire fur le « marc », disposition étendue à toutes les nations occidentales.

Troisièmement, pour les usages commerciaux, s’établit une distinction entre le pesage des matières pondérales : métaux communs, textiles bruts, grains, viande, pain, pour lesquels on utilisa une livre dite « grosse », du pesage des marchandises fines telles que les épices, la soie, les colorants, les produits chimiques, essences, etc. qui furent pesés avec une livre plus légère appelée : « subtile » ou « soutive », et en Italie « libra sottile ».

Les marchandises pesées à la livre grosse l’étaient sur la balance dite « romaine » (terme dont l’origine n’est pas à Rome, mais dans la langue hébraïque où le mot « romanah » signifiant grenade, désigne la forme donnée le plus souvent au contrepoids qui coulisse sur le fléau gradué). Pour le pesage à la livre subtile, c’est la balance à deux plateaux qui était utilisée.

Cette classification n’est pas absolue les épices pouvaient être pesées à la livre médicinale, la soie à la livre grosse ou même à une livre différente, ce qui était le cas pour le sel, le charbon, etc. Il est certain que la multiplication de ces unités pouvait favoriser la fraude ; cependant, les textes qui nous sont parvenus précisaient assez bien le type de livre ou autre unité considérée dans les rapports […]

Informations complémentaires

Année de publication

1980

Nombre de pages

12

Auteur(s)

F. LAVAGNE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf