Présentation de la publication
Les vignerons du Midi
et la réglementation française du marché des vins
de consommation courante (V.C.C.) 1907-1970
Geneviève GAVIGNAUD-FONTAINE
Parce que « l’on ne boit pas sa vendange comme l’on mange sa moisson », le vigneron s’est précocement ouvert au marché qui conditionne son « entrée de numéraire » au sein d’une économie dominée par la nécessité d’assurer la subsistance familiale.
Lorsque les vignerons du Midi se sont convertis, massivement, à la monoculture, c’est toute leur existence qu’ils ont rivée aux exigences d’un marché en passe de devenir leur unique source de revenus.
A l’euphorie des commencements, ont vite succédé désillusions et, pire encore, déceptions. L’ »âge d’or » a été particulièrement bref, le temps de croire que l’enrichissement facile serait l’apanage des plus audacieux. Faut-il rappeler que, dès la reconstitution postphylloxérique, le Midi a été confronté à de successives et lourdes épreuves sur le marché : la concurrence du vin fraudé est venue ruiner bien des espoirs de populations légitimement bénéficiaires de la nouvelle situation. Dans le cadre du marché commun national constitué dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, les Languedociens avaient en effet été les récipiendaires d’une « rente de position » géographiquement constituée en leur faveur. Rente qui n’avait pas manqué d’aiguiser les appétits les plus voraces en quête d’enrichissement au moins autant rapide que massif [...]