Présentation de la publication
Les métiers de la soie a Nîmes au XVIIIe siècle
Line TEISSEYRE-SALLMANN
Dans les années 1650, l’industrie de la laine traverse à Nîmes une crise grave : elle quitte la ville pour s’installer dans les villes voisines plus petites (Uzès, par exemple) et dans les campagnes. Les manufacturiers nîmois orientent alors leurs ateliers vers le travail de la soie. Ce choix les entraîne vers une branche de l’industrie textile extrêmement concentrée, réglementée et protégée considérées comme des produits de luxe destinés à la consommation de la cour et de l’aristocratie, les soieries étaient le monopole exclusif de la fabrique lyonnaise et des manufactures parisienne et tourangelle. L’adresse des fabricants nîmois, dès la seconde moitié du XVIIe siècle, est de comprendre qu’ils ne possèdent ni la puissance politique, ni la force économique pour concurrencer les soyeux lyonnais, et cette situation particulière les conduit à rechercher une place originale au sein de l’industrie de la soie en France. Ils misent le succès de leur entreprise sur un double pari :
- faire de la soie la matière première d’articles de consommation courante, susceptibles d’être fabriqués en grandes quantités, à des prix beaucoup plus bas, de façon à toucher une clientèle beaucoup plus large, celle des classes populaires, en se spécialisant dans les étoffes de petite tire ou mélangées et dans la bonneterie au métier.
- puisqu’ils n’ont aucune chance de gagner une partie de la clientèle intérieure, se lancer dans l’exportation et conquérir des marchés étrangers.