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Description

Les filatures de soie : naissance d’une architecture

La fabrication du fil de soie et son utilisation occupent une large part dans l’histoire de l’économie Cévenole. Cette spécialisation régionale, agricole, de la culture des mûriers jusqu’à la récolte des cocons est progressivement devenue industrielle du traitement des cocons jusqu’à la fabrication des textiles.

L’industrie domestique

Dans les Cévennes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, les fileuses sont dispersées, ou plus rarement groupées dans des ateliers modestes. Le travail à domicile est plus rentable pour les négociants-fabricants qui contrôlent le marché des soies et celui des bas (frais réduits, rétribution au rendement…) et l’ouvrier y trouve une certaine autonomie : il concilie cette activité avec l’agriculture et ne souffre ni de la fugitivité saisonnière de la filature (1 mois en moyenne), ni des périodes de chômage dans la bonneterie.

Cette pratique va à l’encontre des désirs du mécanicien Vaucanson (1709-1782) qui a imaginé l’organisation économique et technique de manufactures où le tirage et le moulinage des soies s’accompliraient en grand, dans des édifices spécialement étudiés. Son exemple aurait du montrer aux filateurs français que c’est en partie la concentration des ouvrières (imposée par leur loi) qui fait la supériorité des 1ers producteurs d’alors les Piémontais.

Une innovation technique va tout remettre en cause, et pousser les industriels à donner aux filatures l’envergure des projets de Vaucanson.

Dispendieux, le tour du XVIIIe siècle

S’ils n’investissent pas beaucoup pour perfectionner la filature, les négociants-fabricants se préoccupent des frais de filage. Hormis les petites dépenses louage d’ustensiles (tours, corbeilles…), étouffage…, les gros frais se répartissent en cocons, combustible pour le chauffage des bassines, et main-d’œuvre (fileuses et tourneuses). L’importance comparée de ces trois derniers, dans une petite filature de Saint-Laurent-le-Minier entre 1785 et 1789 s’établit ainsi : cocons : 88,4 %, combustible : 4,4 %, journées : 7,2 % ; ce pourcentage resterait sensiblement le même, quel que soit le nombre de tours.

La production de soie en France ne satisfait pas la consommation nationale. Les filateurs sont incités à produire, mais gênés par les difficultés de transport des cocons ils doivent s’approvisionner sur place et sont victimes des variations excentriques du prix des cocons. Il leur faut donc réduire les frais de combustible et de main-d’œuvre. Le prix du bois ne cesse d’augmenter au début du XIXe siècle. Le coût du charbon est très lié au transport : en 1809, suite à la mauvaise exploitation de la mine du Vigan, le charbon est amené d’Alès son prix à Ganges passe de 18/24 à 40 sous le quintal. Quant aux salaires, ils sont soutenus par le manque d’ouvrières en cette période d’expansion.

Les bienfaits des économies d’énergie

La solution vient de Gensoul qui imagine d’adapter une chaudière à vapeur au chauffage des bassines. Une expérience faite à Saint-Jean-du-Gard en 1809 montre que cela réduit 3,5 fois le charbon nécessaire pour 26 bassines. Le « procédé Gensoul » est rapidement et unanimement adopté par les filateurs cévenols (13 chaudières à Ganges dès 1825, 25 en 1830, 31 en 1834), et il est déjà répandu au Piémont et en Lombardie en 1820. L’importance comparée des trois principaux frais en est modifiée comme le montre l’exemple d’une grosse entreprise de Ganges sur la période 1844/46 : cocons : 88 %, charbon : 1,8 %, journées : 10,2 %. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1987

Nombre de pages

3

Auteur(s)

Gérard MERIAN

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf