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Description

Les Confréries de Pénitents au XIXe siècle

[Cette étude a été écrite en 1975, pour paraître dans un recueil de Mélanges à la mémoire de Louis Dermigny, professeur à Montpellier, puis à la Sorbonne, décédé le 18 novembre 1974. Le projet de ce recueil n’a finalement pas abouti, en raison d’un autre décès prématuré, celui du savant languedocien qui en avait pris l’initiative ! Divers amis ou compagnons de recherches m’incitent aujourd’hui à publier ce manuscrit, mais je ne peux le faire qu’en priant le lecteur de tenir compte de la date. De 1975 à 1985, l’histoire sociale de la Religion, et la réflexion sur les interférences entre Religion et mentalités collectives, ont beaucoup avancé. Or, engagé moi-même depuis lors sur d’autres chantiers de recherche, je ne puis trouver aujourd’hui le temps ni d’une totale refonte ni même d’une mise à jour. bibliographique. On livre donc ce texte en toute conscience de son caractère dépassé, avec l’espoir que quelques éléments de réflexion ont pu en surnager utilement. M.A. 1985]

Les Confréries de Pénitents relèvent-elles de l’histoire religieuse ? – assurément. Toutefois, depuis deux ou trois siècles existe aussi une tradition de dénigrement que résumerait assez bien l’expression actuelle : « C’est du folklore ! ».

Nuancer, concilier, distinguer ou synthétiser ces deux points de vue catégoriques, la démarche est bien naturelle pour l’historien ; elle est d’autant plus tentante aujourd’hui qu’il dispose depuis quelques années de catégories particulièrement souples et accueillantes, celles de l’histoire des mentalités, des cultures, du domaine « socioculturel ».

C’est bien ainsi, au vocabulaire près, que nous avions nous-mêmes abordé il y a près de quinze ans (nous écririons aujourd’hui près de trente, 1985) les Pénitents de la Basse-Provence orientale au XVIIIe siècle. C’était de la piété catholique, certes, mais fortement enracinée dans le social, le quotidien, le coutumier, organisée en des formes qui liaient presque aussi fortement les confrères que le fondement spirituel de leur union et tout ce formalisme nous paraissait d’autre part enserré dans toute une série de caractères méridionaux (ou « latins », ou « occitans », ou périphériques). Dès cette époque, nous suggérions qu’il y aurait intérêt à prolonger l’étude des confréries de Pénitents à travers le XIXe et le XXe siècles, et – naturellement – à en élargir le champ en passant de la Basse-Provence à l’ensemble du territoire national. Nous émettions l’hypothèse qu’on éclairerait par là tout autant la « déméridionalisation », la francisation, la modernisation des régions méridionales que leur éventuelle déchristianisation.

Il va sans dire qu’une telle recherche supposait en principe, la connaissance intime de tant de terroirs et de milieux sociaux divers, la fréquentation de tant de dépôts d’archives dispersés (départements et diocèses, communes et paroisses, voire personnes ou institutions privées), la connaissance de tant de communications érudites souvent confidentielles, qu’elle ne pouvait, à moins d’occuper plusieurs années d’un chercheur unique à plein temps, que résulter d’un travail collectif. Nous en avions d’une part lancé l’idée, seul, trop seul sans doute (entendons, sans le concours du CNRS ni de quelque Comité ou Société que ce soit), – avec l’appui cependant de quatre revues qui « passèrent » un communiqué -, et nous en avions d’autre part tracé un programme et esquissé une problématique sommaire à l’occasion du 96e Congrès national des Sociétés Savantes tenu en 1971 à Toulouse.

Les réponses bénévoles ont été rares – d’autant plus précieuses d’ailleurs quant aux actes du Congrès de Toulouse, loin de pouvoir stimuler l’entreprise, ils furent publiés avec retard ! Mais ces quelques réponses, quelques travaux d’étudiants, quelques nouvelles lectures ou recherches personnelles nous ont permis d’apporter d’autres données et d’autres réflexions.

Précisons seulement que nous nous bornerons ici au XIXe siècle, époque de déclin des Confréries de Pénitents, et que nous laisserons de côté les problèmes passionnants mais complexes que pose la nouvelle phase historique qui paraît s’être ouverte pour eux vers le milieu du siècle présent. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1985

Nombre de pages

12

Auteur(s)

Maurice AGULHON

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf