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Description

Les avatars légendaires du Colombier de Saint-Guilhem-le-Désert

Dans le petit guide que F. Dezeuse, dit L’Escoutaïre, a consacré en 1937 à Saint-Guilhem-le-Désert, il est question d’un bâtiment que les gens du pays appellent le Cabinet du Géant. Comme l’explique l’auteur (p. 37), « le mot cabinet est pris ici dans son sens languedocien de grande armoire carrée, et en effet, on a bien l’impression d’une colossale armoire de pierre appuyée au mur vertical du piton ».

Quant à la destination de cette « grosse tour carrée, plaquée contre le pic », elle est ainsi présentée : « Le Cabinet du Géant servait de vestibule ou de porte basse au château. La terrasse qui le termine était comme un palier sur lequel la garnison jetait des échelles de cordes : c’est par ce chemin mouvant et vertigineux que l’on atteignait le château. L’ascension devait être émouvante : le trajet est long, les échelles remuent, balancent, on a peur de les lâcher et c’est la mort ; en bas, l’ennemi hurle, se précipite, lance des flèches. Malheur s’il pénètre dans la tour ! Pour l’en empêcher, on employait un système de défense dont les traces n’ont pas toutes disparu. On aperçoit une rangée de trous carrés dans lesquels on plaçait des poutres destinées à supporter les hourds. Les hourds étaient des galeries de défense extérieure, formant une sorte de terrasse ou de large balcon, pourvus d’une toiture solide. Le tout en bois, couvert de peaux fraîches, de gazon ou de terre si l’on avait à craindre le feu. Le plancher était percé d’ouvertures par lesquelles on faisait pleuvoir sur les assaillants des rochers, des poutres, des huiles bouillantes, des objets enflammés. Pendant qu’on les tenait ainsi en respect, par le chemin aérien des échelles de corde, la majeure partie de la garnison se réfugiait dans le château. »

Il semble que la première mention qui ait été faite de cette « tour » située sous le château soit attribuable à l’abbé Léon Vinas qui en 1875 publia une très instructive Visite rétrospective à Saint-Guilhem-du-Désert où l’on peut lire à la page 171 la description suivante : « La tour qui est au-dessous, appliquée au rocher, était la porte basse du château, auquel on arrivait par des échelles placées sur la tour. Remarquez le caractère original de cette tour, avec ses créneaux et cette rangée de trous carrés, destinés à recevoir des hourds pour la défense. »

Toutefois, dès 1835, dans l’ouvrage du baron Taylor dont nous reparlerons plus loin, il y a un bref passage (p. 220 de la réédition de 1985) qui semble faire allusion à « une tour carrée romane fort curieuse pour l’archéologue », dominant « un paysage agreste » et distincte d’une « seconde tour carrée, située vers le nord du village. »

Une excellente photographie en couleurs montrant la situation du Cabinet du Géant par rapport au village de Saint-Guilhem et au château, a été publiée en face de la page 88, dans l’ouvrage collectif intitulé Saint-Guilhem-le-Désert et sa région (Millau, 1974) où l’on trouve en outre à la page 91 un commentaire qui s’inspire pour l’essentiel, mis à part les effets dramatiques qui l’accompagnent, de celui de l’Escoutaïre : « On aura remarqué à mi-hauteur une tour rectangulaire, le Cabinet du Géant, qui servait de plate-forme pour un accès direct au château depuis l’intérieur des fortifications. » De son côté, le Guide BNP 34 adopte lui aussi la même interprétation : « tour rectangulaire dite Cabinet du Géant. ». Auparavant, la même opinion avait été exprimée dans le Dictionnaire géographique de P. Joanne (Paris, 1902) qui mentionnait à Saint-Guilhem « une tour appelée le Cabinet du Géant » servant à « la défense du monastère », Cependant, cette « tour », haut perchée et spectaculaire, est passée sous silence aussi bien dans les Guides Bleus que dans les Guides Michelin. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1992

Nombre de pages

4

Auteur(s)

André SOUTOU

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf