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Description

Le nom de lieu Aumelas

L’étymologie du nom de lieu Aumelas a fait l’objet de deux interprétations contradictoires. L’une, de la part d’A. Dauzat et Ch. Rostaing, qui. en 1963 (DNLF), après avoir simplement cité la plus ancienne mention de ce toponyme (Omelares en 1036) pensent que l’étymon est « le mot gréco-latin amygdala, amande, employé avec le suffixe – aris » et proposent dubitativement la signification « les amandiers ? ». Comme nous le verrons dans la suite, cette explication est celle, à une nuance près, que je serai finalement amené à adopter, mais seulement après un certain détour, c’est-à-dire après avoir fourni quelques indispensables justifications phonétiques – et aussi archéologiques – car, entre temps, une autre étymologie, radicalement différente de la précédente, a été valablement proposée.

En effet. M. F.R. Hamlin, en 1983 (NLDH), se basant sur le fait que toutes les mentions du toponyme postérieures au XIe siècle sont terminées par -az ou -as (et même dans un cas par -atis Omellatis en 1122), considère que la lecture Omelares de l’an 1036 est erronée et qu’il conviendrait de lire Omelates. Et il conclut que le toponyme Aumelas est « un nom de domaine gallo-romain » formé à partir du « surnom latin Homullus » et du « suffixe prélatin -atis ».

Remarquons que dans la liste des attestations fournies en 1865 par E. Thomas (DTH) il y a deux formes anciennes enfermant le suffixe -arius (Amenlario en 990 et en 1166) qui ont été écartées à juste titre par M. Hamlin. La première, dont la lecture a été corrigée en Adimentanios concerne une église nommée St-Pierre, située d’après le contexte (HGL V. c. 315) au bord de l’Hérault, près d’Aniane. L’autre n’a pas été retenue car elle est dépourvue de référence, donc incontrôlable. De telle sorte que toutes les formes enfermant le suffixe -arius étant éliminées il ne restait, pour expliquer le suffixe actuel en -as d’Aumelas, que la lecture Omelates au lieu d’Omelares. On se trouvait alors en présence d’un de ces nombreux noms de lieux formés avec le suffixe -ate, -ates ou -atis dont le département de l’Hérault fournit plusieurs exemples, tels que Ceyras (Sedratis au XIe siècle) et Lunas (Lunatis au Xe siècle).

Toutefois, il y a dans le cas d’Aumelas une troisième forme latinisée enfermant le suffixe -arius, à savoir Amigdalariis en 1207. Cette mention a été certes relevée par M. Hamlin, mais elle a été attribuée à un autre lieu qu’Aumelas : elle désignerait l’église St-Pierre, déjà nommée. Mais le contexte interdit une pareille localisation car il ne s’agit plus d’une simple église (ecclesia Sancti Petri) mais d’un château et de sa chapelle (castro Sancti Petri). Le testament d’Hugues de St-Jean, habitant de Villeneuve-lès-Béziers, stipule en effet les dons suivants : VI libre cuidam sacerdoti castri de Cornone Terallo ; de castro Florenchiasi (sic) habui V solidos ; de castro Sancti Petri de Amigdalaniis XV solidos ; de hominibus castri de Giniaco L solidos… Si M. Hamlin pense – à tort, à mon avis – que le château St-Pierre des Amandiers, qui est mis ici sur le même plan que les châteaux de Cournonterral, Florensac et Gignac, désigne « une localité disparue » et non le château d’Aumelas, son erreur est compréhensible car le vocable de la chapelle bâtie à l’intérieur du château d’Aumelas n’a jamais été correctement établi, ainsi que nous allons le constater.

En 1896 l’abbé A. Delouvrier, dans son excellente étude historique sur la vicomté d’Aumelas mentionne d’une part à côté du château « l’église rurale St-Sauveur », d’autre part « l’église intérieure » dont il n’indique pas le nom. En 1905 E. Bonnet mentionne pareillement « l’ancienne église paroissiale dédiée à St-Sauveur » et « la chapelle du château » qui reste anonyme. Enfin, dans les dossiers actuels du Service de l’inventaire Général – qui a bien voulu me permettre de reproduire le plan de la chapelle intérieure – cette même chapelle est nommée « chapelle St-Sauveur » alors que l’église extérieure est appelée « Notre-Dame ». […]

Informations complémentaires

Année de publication

1985

Nombre de pages

4

Auteur(s)

André SOUTOU

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf