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Description

Le maraudage à Pézenas (1760-1790)

Sous l’Ancien Régime, les délits mineurs sont jugés, à Pézenas, par un bureau de police présidé soit par le maire, soit par le lieutenant de maire, le capitaine châtelain ou le lieutenant criminel, voire un des consuls présents, les troisième et quatrième consuls en sont souvent chargés quelques conseillers politiques – la sanior pars de la population-, le syndic du chapitre, l’avocat fiscal faisant office de procureur du roi et un greffier achèvent de le composer. Les délits jugés sont fort divers : le bureau surveille la qualité de la viande fournie par le boucher, empêche les commerçants de se livrer à toutes sortes de fraudes dont la moindre est le peu d’exactitude des pesées, règle les différends entre particuliers, punit les petits vols, chasse les prostituées, interdit les tapages, s’efforce d’obtenir des habitants une hygiène élémentaire, le fumier ayant une tendance remarquable à envahir les rues, enquête sur les cas de folie. Dès qu’une affaire se révèle trop importante ou simplement pour faire un exemple, elle est envoyée au capitaine châtelain. L’instruction est menée par l’avocat fiscal ou par un autre avocat de la ville désigné par le bureau, aucun défenseur n’intervient pendant le procès et si quelques modérations de peines sont octroyées à la requête des coupables, les décisions sont sans appel. Les sentences ont l’air d’être prononcées au petit malheur la guigne, sans aucun système, on est loin du tarif du code civil pour avoir utilisé de faux poids la veuve Sauvan, coupeuse à la boucherie, doit payer trois livres d’amende, pour la même faute Marie Desmazes, charcutière, en paie vingt-et-une. Un refus d’obéissance à un consul coûte de quelques heures à neuf mois de prison selon l’humeur du moment. On peut soupçonner cette justice d’être parfois partisane. Ainsi, le 15 novembre 1762, Igounenq, dit Lafleur, valet consulaire, va prévenir une servante qu’elle est taxée de trois livres d’amende pour jet d’eau sale ; il revient au bureau rapporter que « les Demoiselles Imbert l’avoient empesché de conduire leur servante a l’hotel de ville et que Mr Imbert père apres luy avoir donné des coups de poingts luy avoit dit que l’année prochaine son neveu seroit en charge et qu’il l’en feroit repentir, de suitte a été fait grace de l’amende a la ditte servante vu que c’étoit une méprise ». Bien des roulettes sont confisquées chez les cafetiers, cabaretiers, pâtissiers, etc., dont on visite les maisons de la cave au grenier, les descentes de police demeurent infructueuses chez Mme de La Bauquière, tout Pézenas sait pertinemment quelle tient une maison de jeux « où va tout ce qu’il y a d’honetes gens dans la ville » mais, chez elle, on ne visite pas « différents apartemens ». Bon an, mal an, le bureau distribue tout de même quelque 240 livres d’amende au profit des pauvres de l’hôpital et une centaine de jours de prison ; il sait se montrer intraitable quand il s’agit de défendre les privilèges de la communauté. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1980

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Claude ACHARD

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf