Présentation de la publication
La station préhistorique de la « Mère des Fontaines »
(commune de Tourbes)
Jean GRIMAL
Les labours profonds qui se sont succédé à l’entour de la « Mère des Fontaines » m’ont permis de découvrir et d’étudier les restes d’un « village » préhistorique. Que le mot « village » ne fasse cependant pas illusion : aucune structure architecturale n’a été conservée, mais il a été possible de localiser plusieurs « fonds de cabanes » témoins d’une présence humaine.
Après un labour de soixante à soixante-dix centimètres de profondeur, les fonds de cabanes apparaissent par tâches de terre noire riche en cendres et en déchets. Le préhistorien y fait moisson de tessons de poterie, d’outils de silex, plus rarement d’objets de parure. La description et l’étude de ces vestiges, comparés aux découvertes analogues faites sur d’autres sites, permettent ensuite de les rattacher à des civilisations préhistoriques connues.
LOCALISATION :
Le tènement du « Pouzet », sis dans la commune de Tourbes (Section A.H.) est plus couramment connu sous le nom de « Mère des Fontaines » que j’ai cru bon conserver ici.
Le site s’étend pour l’essentiel sur la parcelle 85 appartenant à M. Benezech. Un premier labour en 1962 a exhumé trois « fonds de cabanes » dont le mobilier a déjà fait l’objet d’une étude succincte. La prospection put être par la suite étendue à la vigne de M. Raoux, où doit se trouver la limite ouest du gisement.
Quatre fonds de cabanes étaient à nouveau mis à jour en juillet 1965, dans la pièce AH 63. Sur quelques mètres d’épaisseur, la couche archéologique était encore en place, peu dérangée par un soc généralement dévastateur. Son mobilier, des plus intéressants, nous permet d’apprécier le faciès régional d’une culture de l’Âge du Cuivre.
Enfin, durant l’été 1966, trois « fonds de cabanes » furent à nouveau découverts dans la parcelle 86, mais une replantation rapide ne permit pas d’y pousser les recherches.
Il est fort probable que d’autres « fonds de cabane » soient exhumés dans la partie sud de la parcelle 67 lorsque la couche superficielle sera bouleversée par un prochain labour.
Le nombre de « fonds de cabane » jusqu’ici repéré ne correspond sûrement pas au total des cabanes existantes : certains restent encore enfouis, alors que d’autres ont été probablement détruits. Il est toutefois raisonnable d’affirmer que le « village » devait couvrir une aire vaguement circulaire de près de trois hectares.
LE CHOIX DU SITE :
Il y a lieu d’attirer tout d’abord l’attention sur l’exposition particulièrement bien orientée du site, la faible déclivité du terrain, tournée vers l’est assure une assez bonne protection des vents froids du nord et de l’ouest. Ses habitants ont du tenir compte aussi, dans le choix de cet emplacement, de la proximité du point d’eau, qui devait se trouver dans l’angle sud-est de la parcelle 86 : le cours d’un ruisseau y est encore visible. L’importance de ce point d’eau est confirmée par le fait qu’il ait été capté, bien plus tard à l’époque romaine, pour alimenter en eau potable la ville de Pézenas, au moyen d’un aqueduc dont quelques vestiges subsistent encore.
Il ne faut pas non plus négliger la position du site par rapport aux voies de passage. Le chemin actuel « de Caux à Nézignan » emprunte en effet le tracé naturel du talweg, au pied de la station. On peut imaginer qu’il succède à une piste préhistorique : il suffit de le suivre pour arriver jusqu’aux sites contemporains de Montdon à travers, puis du Pierras de l’Hermitage à Servian.