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Description

La Factorerie de la Monedière, Bessan (Hérault)
La nécropole de St. Julien, Pézenas (Hérault)

En 1955 J. Jannoray avait retenu pour les gisements pré romains du Golfe du Lion un classement tripartite à valeur chronologique. Il distinguait alors la période pré phocéenne, la période phocéenne puis la période massaliète. Cette vue en triptyque avait l’avantage de la clarté. Cette simplification est-elle aujourd’hui toujours acceptable ? En d’autres termes les nouvelles découvertes faites en Languedoc méditerranéen et singulièrement dans la basse vallée de l’Hérault n’obligent-elles pas à proposer nuances et retouches ?

Nous présentons un choix de documents qui proviennent soit de la place d’échanges de l’ancien delta de l’Hérault, c’est-à-dire de la Monédière, soit de la nécropole de St. Julien à Pézenas. Dans un certain nombre de cas des documents existent à la fois à la Monédière et à St. Julien. Dans d’autres cas les documents présentés ne sont pas semblables. Ils’ agit donc de souligne r d’une part les ressemblances et d’autre part les différences entre deux groupes de documents – les documents en métal et les documents en céramique. Ensuite nous proposerons des termes de comparaison ailleurs en Méditerranée. Enfin nous tenterons d’esquisser une vue d’ensemble à propos de la place de la basse vallée de l’Hérault dans le commerce à la fin du premier âge du Fer en Méditerranée occidentale.

En premier lieu il faut continu er, selon l’excellente méthode adoptée par J. Jannoray, à considérer d’un même regard à la fois les interférences en provenance des navigateurs et celles qui se sont propagées par voie de terre. Ceci revient à toujours accorder autant d’importance aux apports « indigènes » qu’aux apports des diverses civilisations méditerranéennes au VIIème et au VIème siècle.

Reprenons les trois termes du triptyque de J. Jannoray. La période « pré-phocée nne » était, dans l’esprit de cet auteur, celle de l’exploration préalable à l’installation à demeure ou bien à l’ organisation d’échanges « réguliers ». Or la période en question était justement une période où, tout en ne cherchant pas encore à s’évincer les uns les autres, les navigateurs concurrents en Méditerranée occidentale étaient on ne peut plus actifs et entreprenants. Dira-t-on que les documents étrusques, que les documents paléo-puniques recueillis su r les gisements du Golfe du Lion peuvent être classés, sans qu’il y ait impropriété dans les termes et dans le fond, parmi les documents d’une période dite « pré phocéenne » ? Bien plus, choisir sinon un « absent » du moins un des concurrents encore assez peu assuré du succès final pour caractériser toute une longue période de premiers contacts entre « indigènes » et marchands aventuriers qui en étaient encore aux premières razzias, aux premiers « trocs» plus ou moins forcés, c’est, semble-t-il, « occulter » tout un aspect essentiel du problème « précolonial ». Quant aux échanges qui eurent lieu au VIème s., ils n’étaient, en Languedoc méditerranéen, ni des échanges dûs à un commerce « colonial », ni – avant la fin de ce siècle – des échanges dûs à un véritable commerce international. Ces échanges étaient simplement lutte d’influence acharnée entre concurrents qui ne s’ignoraient pas, qui cherchaient à se damer le pion. La troisième période de J. Jannoray ou période « massaliète » peut-elle conserver toute son auréole, toute sa valeur de protectionnisme ? Dans un milieu qui jamais n’avait été clos, le long d’une côte plate ouverte à tout-venant, avec une plaine côtière parcourue presque sans cesse d’Est en Ouest et d’Ouest en Est.par des « barbares » tantôt à la recherche d’un feu ou d’une source, tantôt colporteurs de « matières premières » et de techniques, comment pourrait-on concevoir qu’une optique aussi rigidement délimitée ait des chances de cadrer avec la réalité ? Sans nier qu’il y eut, ici et là, peu à peu, une mainmise massaliète, comment ne pas reconnaître qu’entre l’étang de Thau et les étangs de Narbonne, Sigean les gisements de la fin du premier âge du Fer offrent un visage particulier, une physionomie semblable ? Dans cette vaste région, « l’ibérisation » due à une avancée ethnique a été, on le sait, rejetée, notamment par J. Jannoray. Dans cette même région « l’ibérisation » due à une koine commerciale et culturelle peut-elle l’être aussi ? Nous le croyons de moins en moins et, semble-t-il, d’autres chercheurs en Languedoc et en Catalogne ne nous contrediraient pas. Que cette « ibérisation » ait pris, sinon son départ, du moins toute sa force première grâce au truchement de ces commerçants paléo-puniques qui fréquentaient la côte lagunaire du Golfe du Lion, qui, en face de certains documents recueillis dans le Bas-Languedoc occidental, pourrait le nier ? […]

Informations complémentaires

Année de publication

1973

Nombre de pages

26

Auteur(s)

Jean-Jacques JULLY

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf