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Description

Images d’une famille : La « Généalogie » du curé Bertrand,
de Saint-Victor de la Coste (1716)

Le 23 juin 1716. Pierre Bertrand, curé perpétuel de Saint-Victor de la Coste. appose sa signature à la fin d’un cahier de vingt-quatre pages qui a pour titre :

Généalogie des Bertrand depuis leur venue à Saint-Victor de la Coste »…, avec la date : 1500.

Le curé Bertrand à soixante et onze ans, a une belle écriture, régulière. Il en remplit, depuis plus de quarante ans, les registres paroissiaux de Saint-Victor, avec goût et précision, n’omettant jamais le nom d’un parent, d’un témoin. Sans doute se sent-il comptable de la vie de ce village où il est né, où il a dit sa première messe. Son frère aîné et homonyme. Pierre Bertrand, en fut le maire pendant vingt-deux ans. Pierre Bertrand maire et Pierre Bertrand curé forment un de ces couples de notables qui. dans quelques communautés, se partagent l’église et la maison commune.

Le village de Saint-Victor de la Coste fait partie de cette mince frange du diocèse d’Uzès devenue depuis la fin du XVIe siècle entièrement catholique et qui porte un nom aujourd’hui évocateur : la Côte-du-Rhône. De la vigne, qui occupait déjà, au milieu du XVIIe siècle, le tiers du terroir des oliviers, et surtout du blé. Des bestiaux nombreux, brebis et chèvres, qui vont paître dans les garrigues d’où la communauté tire encore un profit important. en bois et en chaux. Environ neuf cents habitants vivent tous de la terre, ou peu s’en faut. Un notaire, un chirurgien, un lieutenant de juge et son procureur juridictionnel, quelques cardeurs, peigneurs ou tisserands à laine, cadissiers, cordonniers, un menuisier, un maréchal, un tuilissier et un cabaretier, en tout vingt-six métiers pratiqués souvent en complément à une activité de paysan.

Un seigneur et un prieur dominent cette société : à la fin du XVIIe siècle, ils résident tous deux à Uzès. Le curé Bertrand doit sa cure au prieur, qu’il remplace à Saint-Victor dans ses fonctions religieuses.

La communauté est matérialisée par l’assemblée de ses membres, chefs de famille propriétaires, et représentée par deux consuls nommés annuellement. Depuis 1693, elle est présidée par un maire, propriétaire de sa charge Pierre Bertrand.

En novembre 1715, le maire Bertrand meurt. Peut-être cet événement a-t-il décidé son frère à écrire la généalogie de la famille. Il est rare que des roturiers, surtout des petits notables ruraux, se lancent dans une pareille entreprise. Il est sans doute exceptionnel qu’ils la conduisent à un tel degré de développement : elle recouvre cinq générations ascendantes (sans compter celle des deux Pierre, qui forment donc la sixième génération). et deux générations descendantes, soit huit générations en tout. Les descendants des branches latérales et même cousines par alliance sont suivies jusqu’à l’époque de la rédaction. En tout, trois-cent soixante-quatre noms de personnes sont cités.

Les alliances

Le texte commence par l’ancêtre fondateur : « Le plus ancien des Bertrands que j’ai peu connoitre tant pour oui dire que pour avoir veu dans des actes, est, ou a ete, un nommé pierre Bertrand natif du lieu de baumont diocèse de viviers, qui s’hahitat en ce lieu, et y épousa en mil cinq cent neuf Jeanne mandonne vefve de jean bardaret : cela ma paru être ansi par un vieux parchemin écrit en latin et qui sert de couverture à un livre de taille… ». On sait peu de choses de ce grand ancien : Il est venu des montagnes du Vivarais il donne au curé Bertrand la satisfaction de pouvoir porter la date de 1500 en tête de sa généalogie. Ses descendants sont mieux connus. Pierre Bertrand. fils de Pierre, marchand, paraît dans de nombreux actes. A son sujet, le curé Bertrand emploie une phrase qui reviendra souvent ensuite : « il achepta beaucoup de bien »… Le marchand fixe en effet dans la terre le capital qu’il a gagné dans le négoce : rien d’étonnant, en cette période troublée par les guerres religieuses. Par là-même, il établit sa famille dans le village. A la génération suivante, ses deux fils. Jacques et Gilles, vivent en frérêche sur leurs terres et dans la même maison. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1985

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Élie PELAQUIER

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf