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Description

Dire et construire la technopôle :
Montpellier – Languedoc-Roussillon

Techno et pôle, « tekhnê » et « polis », technique et ville, ville de la technique… Ainsi va Montpellier.

Du technopôle (le pôle technique) à la technopole (la ville capitale aux aptitudes technologiques élevées) on peut voir un peu plus que jeux de langage. Les glissements sémantiques sont clairs et tendent même à la diversion. Effet de mode indispensable après le temps des métropoles régionales et des aires métropolitaines, puis des villes moyennes et des centres de pays, puis des petites villes : renverserait-on la vapeur après cette descente dans l’échelle (« small is beautiful ») ?

L’enjeu : disposer d’une capitale dotée de pouvoirs et de compétences sur le plan économique, notamment en ce qui concerne les domaines de l’innovation et des technologies de pointe. Jusque-là en effet, la région pouvait apparaître comme ayant «  manqué » les différentes révolutions industrielles (1) malgré ses richesses énergétiques et humaines. Elle s’est construite, par redistribution d’un vieux maillage de l’espace et par polarisations multiples qui ont concentré, en de nombreuses petites villes, des forces d’organisation. Pas de capitale – ou peut-être trop, à l’image des chefs-lieux départementaux -, et une ville géographiquement centrale, Montpellier, au potentiel de recherche élevé mais au tissu industriel particulièrement indigent. « Longtemps ville administrative dans un océan de vignes et centre universitaire important, l’agglomération montpelliéraine aspire aujourd’hui à devenir un véritable centre d’activités économiques : seule la réalisation de cette aspiration permettra d’ailleurs un développement harmonieux de l’ensemble de la région Languedoc-Roussillon ».

Tout est contenu dans cette simple phrase extraite du paragraphe 1 intitulé « l’enjeu » de l’étude citée : désir de construire un pôle d’industries de haute technicité alors que les activités tertiaires traditionnelles ont toujours été prédominantes, naissance d’une agglomération contribuant au développement harmonieux d’une région où il semble de bonne guerre de laisser volontiers penser que Montpellier joue un rôle abusif dans un « désert languedocien ». Dépassant le cadre strictement local, l’intitulé exact de l’ensemble : « Montpellier-Languedoc-Roussillon Technopole » met l’accent sur les intérêts communs de la capitale et de sa région, ajoute l’idée que la concentration d’un certain nombre d’atouts en un même lieu n’est pas forcément source de déséquilibres.

Les atouts de Montpellier

Montpellier est relativement bien pourvue et dispose de sérieux avantages. Nous ne reviendrons pas sur ceux liés au site et à l’environnement, « l’héliotropisme » et l’attrait des régions méridionales en bordure de la Méditerranée étant bien connus. Il en est de moins spectaculaires mais tout aussi importants.

L’ensemble universitaire : du conformisme à l’innovation

Promouvoir l’Université est certainement une des plus belles réussites publicitaires de ces dernières années. Car l’Université à Montpellier, jusqu’au seuil des années 60, c’est l’assurance et la garantie d’un monde prestigieux mais sans éclat, aux initiatives toujours mesurées, support idéal d’une ville bourgeoise. Depuis, ce monde, certainement pas figé mais réglé par son rythme propre est devenu symbole d’ouverture, d’action, de qualité intellectuelle. L’arrivée de la technologie, déjà amorcée à travers l’I.U.T. qui dérange peu et que l’on installe à l’extrême limite de la ville ne bouleverse pas le bel ordonnancement des disciplines traditionnelles qui se perpétuent dans la vieille ville. Mais l’ancienneté est devenue gage de qualité et non étalage de structure vieillie.

D’autant que désormais, au nord de la ville, dans un magma dit « campus » voisinent auprès des premières installées, sciences et lettres, toute une série de nouveautés grignotant peu à peu sur la campagne, glissant entre friches, pinèdes et vignes des sigles dont l’image rejoint peu ou prou celle des facultés.

Un fort potentiel de recherche

Le Monde du 14 juin 1982 (2) titre sur « Montpellier la Studieuse », « championne de « l’informatique ». L’arrivée d’I.B.M. en 1964 aurait-elle à ce point bouleversé l’ordre des valeurs de la capitale régionale ? Les quelque 5 à 6 000 étudiants des années cinquante sont près de 50 000 en 1988 et plus de 10 000 chercheurs animent laboratoires, centres et instituts de recherche. En un quart de siècle, les effectifs ont décuplé.

Cette « industrie de la matière grise » classe Montpellier parmi les 5 premières villes françaises et représente un potentiel étonnant pour une cité de 200 000 habitants. Terrain neuf largement ouvert sur les secteurs innovants de la vie économique, la recherche fondamentale ou appliquée prend appui sur la pharmacie, la chimie, la microbiologie et le génie médical, l’agronomie et l’aquaculture, la physique des solides, des composants et semi-conducteurs, les techniques de communication… Même si les relations avec une industrie régionale souvent défaillante manquent encore d’intensité, le mouvement paraît bien enclenché on assiste à un renforcement des liens avec les industries de pointe, à un essor de la sous-traitance dans des domaines innovants, à la prise en compte de l’idée que la recherche est un des « acteurs » du développement régional.

Une cinquantaine de laboratoires rattachés à l’Université, aux Écoles supérieures ou à des Institutions spécialisées mettent en relief le phénomène urbain majeur des deux dernières décennies à Montpellier, la création d’un complexe scientifique « lourd », de haut niveau, capable d’engendrer ces « fertilisations croisées » identifiées par le plan national. A cette mise en avant de la science comme force productive, il faudrait adjoindre, pour compléter le tableau, les nombreuses manifestations qui, tout au long de l’année, rythment de colloques, rencontres, journées, congrès… les échanges entre les divers partenaires sociaux tout en constituant autant d’instruments de promotion locale. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1988

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Jean-Paul VOLLE, Robert FERRAS

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf