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Description

Deux noms languedociens de la salamandre :
la blando (Aveyron, Hérault) et la talabreno (Gard)

Sources et ressources des archives filmées

Il y a dans les environs de St-Guilhem-le-Désert (Hérault) une source dont le nom a été parfois déformé ou mal compris. C’est ainsi que dans un ouvrage intitulé Saint-Guilhem-le-Désert et sa région (Millau, 1974), s’il y est expliqué fort justement à la page 66 qu’un point d’eau, la Fontaine de la Blande, « porte le nom patois de la salamandre », le même point d’eau, dans le même ouvrage, sur la carte de la page 30 (n° 72), est nommé à la légende correspondante : « Font de Blanque ». Par ailleurs la même Fontaine de la Blande est interprétée par M. F. R. Hamlin (NLH, 45) comme la fontaine de la « femme haineuse et méchante », conformément au sens figuré que peut prendre le mot blanda : « la salamandre ».

En réalité, comme l’exposait en 1937 L’Escoutaïre dans son Guide sur Saint-Guilhem-le-Désert (p. 102), il y a près de l’ermitage de Lieu Plaisant une source « qui abreuva pendant quatre cents ans les pieux habitants de cette solitude et leur permit de cultiver les légumes pour leur pauvre réfectoire », Dans cette source, continue l’auteur, « vivent de nombreuses salamandres que l’on appelle des blandes et qui jouissent de la plus déplorable réputation : un enfant peut mourir s’il est touché par leur venin ; un tonneau de vin dans lequel tombe par hasard une blande est un tonneau perdu, bon à jeter à l’égout. » Comme on le voit, la Fontaine de la Blande, à St-Guilhem-le-Désert tire son nom des salamandres qui sont réellement présentes dans son eau.

Le même nom, en langue d’oc, de la salamandre se retrouve dans le Rouergue voisin où l’abbé Vayssier l’enregistra en 1879 sous quatre variantes bien localisées (blonde, blondo à Millau, blando dans le sud du département, blounde dans le nord) qu’il accompagne d’un double commentaire ethnographique et étymologique :

  • « Salamandre, reptile noir et jaune, semblable à un lézard, à la marche lente. Sa peau est couverte d’une humeur visqueuse qui neutralise pendant quelques instants l’action du feu, ce qui fit croire aux anciens non seulement qu’elle était incombustible, mais même qu’il suffisait de la jeter dans un incendie pour l’éteindre. La salamandre est regardée comme très dangereuse par nos paysans qui croient qu’elle jette du venin et peut tuer un bœuf dins nou bufals, en soufflant neuf fois, et un homme dins dous. »
  • « Les mots patois signifient la blonde, la jaune et font allusion à sa couleur ». En ce qui concerne l’étymologie proposée par l’abbé Vayssier, remarquons pour le moment que celle par l’adjectif substantivé « la blonde » ne convient pas, pour des raisons phonétiques, aux formes aveyronnaises, puisque dans la région de Millau, en particulier, le o précédant le n provient nécessairement d’un a, sinon on prononcerait « la blouondo ».

Dès lors la blondo ne peut pas signifier « la blonde » nous reviendrons plus loin sur l’origine de ce mot. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1992

Nombre de pages

2

Auteur(s)

André SOUTOU

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf