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Description

Dernières découvertes archéologiques du Piscénois

Abbé Joseph GIRY (Conservateur du Musée National d’Ensérune)

I – UNE INSCRIPTION EN LANGUE D’OC

A une fourche de voies antiques, 3 km. au N.-W. de Pézenas, s’élève la vieille Église de St. Jean de Bibian, d’époque romane, malheureusement à l’état de ruine avancée.

Nous avons pu heureusement extraire d’un tas de fumier la cuve baptismale en pierre, qui sert actuellement dans l’Église de Sauvian et porter au Musée paroissial de Nissan l’inscription qui fait l’objet de cette communication.

Placée sous le porche de cette église, cette pierre obituaire devait signaler la tombe de celui qui était enseveli au-dessous.

Elle est en marbre blanc. Une mouluration faisant saillie encadre l’inscription.

Celle-ci disposée sur sept lignes, est fort bien gravée. On voit encore les traits faits par le lapicide en vue d’aligner parfaitement les lettres. Le creux des lettres porte encore des traces de peinture, alternativement bleue et rouge pour chaque mot.

Voici le texte : OMS : QVE : VAS : PER : AQVESTA : VIA/ : ATENTE :  AISSI : EVEIAS : ME : EREGAR/DA : NE : BEN : ÉTÉ : EVEIAS : QVI : SON : O/MS : FVI : AITAL : QVANTV : IES : MON : COR/S : EMA : OSSA : ES : AISSI : EES : TERRA : DI : /GAS : PATER : NOSTER : PER : MARMA : /DEN : SAL : VAI : RE : DAN : TONE : GVES : ES.

Nous traduisons ainsi : « Homme qui passe par ce chemin, arrête-toi ici, considère-moi et regarde-moi bien, et tu verras qui je suis. J’ai été homme comme tu es. Mon corps avec mes os est ici et dans la terre. Dis un Pater Noster pour mon âme. Il s’agit de Sauveur d’Antonègues ».

D’après la forme des lettres, nous pouvons dater ce document du dernier quart du XIIIe siècle. Et nous pensons qu’il s’agit d’une des plus anciennes inscriptions en langue d’oc sur pierre.

A ce titre, elle méritait d’être signalée.

II – FLORENSAC Un site de la Tène III à « La ROQUE »

A 2 km. S.S.-E. de Florensac, entre « La Roque » et « Veyrac », près d’un croisement de deux voies romaines, l’une Nord-Sud dite « chemin poissonnier », l’autre Est-Ouest dite « Carrière des Maures » (section F. n° 511 ; Propriétaire : Mme Lucien Cavaillé de Florensac), un défoncement, en Août 1969, révéla un site antique.

Il s’agit d’un habitat qui s’étend sur 1/2 hectare environ, fait de fonds de cabanes en pierres et sans doute de parcs à bétail, comme le laissent supposer les vastes étendues de terres noires.

On trouve, sur les emplacements des fonds de cabanes, de nombreuses tuiles « imbrices » à l’exclusion de toute « tegula », ce qui permet d’imaginer les couvertures des maisons semblables aux nôtres, c’est-à-dire faites uniquement de tuiles rondes.

Les déchets de cuisine sont faits de coquilles de moules et d’ossements de bœufs et de moutons.

Parmi les dépôts de poterie se trouvent : des fragments d’amphores italiques (deux marques sur anse : PAP et CTF) ; deux débris et une lampe entière campanienne ; des fragments de vases campaniens C ; 6 débris d’Arezzo ; un fragment de bracelet et un anneau en bronze ; enfin 3 plombs de filets en forme de tubes et une rondelle de céramique perforée qui est peut-être un lest pour filet.

D’après ces trouvailles on peut parler d’un peuplement qui, au IIe/Ie s. avant J.C., se livrait à la fois à l’élevage et à la pêche.

Ne sommes-nous-pas sur une vieille voie, qui, à partir du sommet du delta de l’Hérault, permettait aux produits de la mer et au commerce maritime de pénétrer à l’intérieur du pays ?

Le site a été découvert par Mr. Claude Teissier.

III – RESTES ANTIQUES à l’Église Paroissiale de FLORENSAC

En septembre 1969 des restaurations, effectuées dans l’église paroissiale de Florensac, amenèrent certaines découvertes.

Les badigeons, les corniches de plâtre une fois enlevés ont révélé le dispositif suivant. Les colonnes engagées qui sont à l’entrée du chevet sont faites chacune, dans leur partie basse, d’un fût en granit, l’un de 2,80 m. et l’autre de 2,70 m. de haut. L’astragale a été bûchée sur une de ces colonnes. Elles sont certainement antiques.

Les colonnes se prolongent en maçonnerie jusqu’à la naissance des nervures, où elles sont couronnées d’un chapiteau. Or ces chapiteaux corinthiens, en marbre blanc, ne peuvent être contemporains de l’édifice, c’est-à-dire du XIVe s. : ils sont également antiques.

On ne peut dire, avant que des fouilles l’aient un jour révélé, que ces éléments viennent d’un monument romain remplacé par une église. Mais cette hypothèse nous parait fort vraisemblable.

Ajoutons pour la petite histoire que ces enlèvements d’enduits faits à la hâte ont fait disparaître des peintures murales, qu’il aurait été sans doute souhaitable de conserver. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1970

Nombre de pages

3

Auteur(s)

Abbé Joseph GIRY

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf