Aux origines d’une vie héraultaise d’engagements : Louis Vallière et la Grande Guerre

Aux origines d’une vie héraultaise d’engagements
« Louis Vallière et la Grande Guerre »

* Professeure agrégée d’histoire,
membre du GRHISTA, Groupe de Recherche en Histoire des Territoires de l’Agadès.
Mes chaleureux remerciements à Jean-Claude Mothes pour son aide précieuse.

Avec une population qui longtemps ne dépassa pas 10 000 habitants, Agde vécut comme une bourgade maritime et viticole du littoral languedocien qui se développait lentement, avant de devenir au tournant des années 1960-70, grâce à sa station balnéaire du Cap, une des premières villes touristiques de France 2. Pour les Héraultais, et plus encore pour les Agathois, Louis Vallière en fut avant tout un notable républicain socialisant d’après-guerre, conseiller municipal dans les années trente puis le maire de 1953 à 1965. Conseiller général divers gauche de 1958 à 1964, il affronta la naissance de la station balnéaire à partir de 1962 3. Il s’imposa aussi comme un acteur du monde rural. En effet, être le régisseur d’un des plus gros domaines viticoles du Roussillon ne l’empêcha pas localement de participer à la création de la mutualité agricole, de la cave coopérative puis de la caisse du Crédit Agricole de sa ville. Le grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur attribué en 1949, celui d’officier en 1957 4, vinrent d’ailleurs couronner l’ensemble de ses engagements au service de la République. Mais paradoxalement c’est la plus méconnue de ses responsabilités, celle de dirigeant dans la plus importante association d’anciens combattants de l’Hérault qu’il contribua à fonder qui occupa, dès 1917, une grande partie de sa vie, si ce n’est la plus importante, jusqu’à sa mort en 1966. Son expérience de la Grande Guerre joua-t-elle un rôle dans la multiplicité de tous ces engagements si différents les uns des autres ? Et si c’est le cas, quelles en furent la nature et l’importance ? Quel impact eut en définitive ce conflit sur toute une vie publique ?

Un enfant de la vigne devenu grand mutilé de guerre 5 (fig. 1)

Louis Vallière a 26 ans lorsque la guerre le saisit. Né le 8 octobre 1887, il est le seul fils de deux petits propriétaires viticulteurs, Cyrille Vallière et Marie Pélissier. L’exploitation qui ne dépassa jamais six hectares n’est pas assez grande pour employer un ouvrier et dès l’âge de douze ans, le certificat d’études en poche, Louis arrête sa scolarité et vient y travailler. L’ancêtre, Jean François, était, sous la Restauration, descendu de Salles-Curan sur le plateau aveyronnais du Lévézou, pour travailler dans la plaine comme cordonnier. Il y épousa une jeune agathoise et la famille, dans laquelle cinq enfants naquirent, s’installa définitivement à Agde. Son deuxième fils, Antoine, exerça le métier de cultivateur comme ses deux petits-fils, Louis et Cyrille, propriétaires de quelques hectares en vigne au milieu du siècle 6. C’est dans ce milieu viticole que grandit Louis, le fils de Cyrille. En 1914, toujours célibataire, il vit chez ses parents. On ne trouve pas, à cette période, de traces, pour la famille, d’engagement social ou politique particulier même si ses deux petits-fils, Louis et Gabriel, interrogés séparément, rapportent tous deux que dans la famille « on ne se rappelle pas avoir été autre chose que de gauche. » 7

Louis Vallière au service militaire (1907-1909)
Fig. 1 - Louis Vallière au service militaire (1907-1909), collection privée, Louis Vallière

Qu’en est-il de sa formation militaire ? Le jeune homme a fait ses classes d’octobre 1908 à septembre 1910 dans le 143e régiment d’infanterie à Castelnaudary d’où il est sorti avec un certificat de bonne conduite et le grade de sergent. Il s’y est fait un ami du même âge mais pas du même milieu social, élève des Beaux-arts de Perpignan, Pierre Michel Bardou-Job, le dernier descendant direct de Jean Bardou, un des plus grands propriétaires viticoles du Roussillon, et inventeur du papier à cigarette JOB qui valut en partie leur très grande fortune à ses descendants 8. (Fig. 2) Louis est costaud et aide souvent Pierre, plus petit, plus chétif et qui souffre d’œdèmes, à porter son barda pendant les exercices. Ensemble, ils ont accédé au grade de caporal puis de sergent avant de réintégrer en même temps la vie civile 9. À Agde, où il est donc rentré fin 1910, le sillon de Louis paraît tout tracé : il travaillera la terre. Mais la guerre éclate 10 et le 4 août 1914, mobilisé, il rejoint en train le quatrième régiment d’infanterie coloniale cantonné à Toulon où il a été affecté en avril 1914 comme de nombreux jeunes de sa classe du centre de recrutement de Béziers. Si l’on ne possède pas de témoignage connu sur son expérience du feu, il a évoqué quinze ans plus tard l’épreuve que représenta pour lui l’appel sous les drapeaux :

« “Le premier jour de mobilisation est le dimanche 2 août 1914.” Je revois flamboyer encore devant mes yeux cette phrase brève et poignante, au milieu de la petite affiche blanche, dont le texte était surmonté de deux petits drapeaux tricolores. Et immédiatement les idées montaient en foule et la pensée lancinante se fixait sur une autre phrase du fascicule de mobilisation :… !! “Devra rejoindre son corps le deuxième jour de la mobilisation” ;… Quel frisson et quelle angoisse nous étreignaient alors ». […] 11

Pierre Bardou Job, photo non datée
Fig. 2 - Pierre Bardou Job, photo non datée,
collection particulière

C’est donc, semble-t-il, sans aucun enthousiasme et même avec beaucoup d’appréhension qu’il rejoint le front et participe aux combats 12. Son régiment se bat aux frontières, sur la Marne en 1914, puis en Champagne toute l’année 1915 en particulier dans les durs combats de la main de Massiges. Le jeune homme est blessé une première fois, suffisamment gravement, pour que la commission de réforme de Toulon, le 7 juillet 1915, le classe dans le service auxiliaire pour « impotence fonctionnelle du membre supérieur droit avec atrophie musculaire péri-scapulaire », comprenons une blessure invalidante de l’épaule, sérieuse mais pas assez, visiblement, pour l’empêcher de retourner sur les champs de bataille. (fig. 3) On retrouve le soldat blessé une deuxième fois le 12 janvier 1916 à l’hôpital de la Rose à Marseille où sa jambe gauche abîmée par des éclats d’obus est réparée. C’est certainement une claudication persistante qui lui vaut une réforme temporaire le 14 avril 1916.

Louis Vallière à l’hôpital de la Rose de Marseille 1916
Fig. 3 - Louis Vallière à l’hôpital de la Rose de Marseille 1916,
collection privée Louis Vallière

Pour lui, la guerre comme soldat est terminée. Autour de lui, à ce moment-là, la mort a déjà largement frappé. En effet neuf autres Agathois du même régiment que le sien dont trois nés comme lui en 1887 – qu’il a donc vraisemblablement connus, au moins dans la seule école publique de garçons de la ville – sont déjà morts. Le 4e régiment d’infanterie coloniale comme d’ailleurs les autres régiments coloniaux, ont, d’après l’historien Jules Maurin 13, été souvent plus exposés que les autres et ont donc connu de sévères pertes. De plus son jeune cousin germain qui avait seulement neuf mois de moins, Cyrille, a fait partie des toutes premières victimes agathoises de la guerre en Champagne en août 1914. Prisonnier en Allemagne, il y est décédé des suites des blessures reçues dans l’offensive de la Marne, laissant une jeune épouse et un bébé d’un an à peine, Léon 14.

S’il rentre enfin à Agde en septembre 1916, Louis doit cependant repasser devant la commission de réforme tous les printemps jusqu’en mars 1919 à Béziers. Jamais donc, il n’a pu se dire que la guerre était totalement finie pour lui. D’autant qu’il reste mobilisé, lui, l’homme de la vigne, comme secrétaire de mairie. Il faut attendre août 1920 pour qu’il soit réformé définitivement avec une invalidité estimée à 40 %. Si ces faits de guerre lui valent l’obtention en 1921 de la Médaille militaire et d’une pension, on peut supposer que le jeune démobilisé est profondément et doublement touché : physiquement, il doit certainement gérer le handicap et la douleur, mais moralement il doit aussi affronter les multiples deuils. Cependant il est vivant. Et dès son retour à Agde, après avoir fêté ses 29 ans, le 10 novembre 1916, il épouse Philomène Tiers, une jeune couturière, métier alors fort courant chez les jeunes filles, dont les parents sont des propriétaires plus aisés que les Vallière. (fig. 4) On ne sait s’il la connaissait avant de partir à la guerre mais, l’année suivante, naît le premier de ses enfants, Marguerite, et en 1920 le second et dernier, Gabriel.

L’épreuve des combats, l’éloignement, la perte des camarades, les blessures, l’hôpital, l’expérience partagée avec d’autres mutilés, le veuvage de sa cousine en charge d’un tout jeune enfant, la formation définitive de sa famille, autant d’étapes décisives qui donnent à la vie de Louis Vallière une orientation définitive à la sortie de la guerre. En effet, au-delà de son engagement dans la vie privée, la fidélité sans faille de son épouse Philomène lui permettant aussi de se libérer d’une partie substantielle des contingences matérielles, son retour de « l’archipel du feu » 15 marque le début d’une intense vie publique d’un demi-siècle.

Philomène Thiers, « Philo »
Fig. 4 - Philomène Thiers, « Philo »,
collection privée Louis Vallière

L’Amicale des mutilés ou la naissance d’un militantisme éclectique ancré dans le monde rural

Louis Vallière (en 1927 ?)
Fig. 5 - Louis Vallière (en 1927 ?),
extrait de l’Avenir Agathois, juin 1927

Dès son retour, en avril 1917, il fonde une association, « l’Amicale agathoise des Mutilés de guerre » 16 dont il devient le président. (fig. 5) C’est la première de l’arrondissement de Béziers et peut-être du département. La même année, il participe à la création d’une structure départementale, « l’Union héraultaise des anciens combattants et victimes de guerre » (fig. 6), dont le siège se trouve à Montpellier. Il en devient un des trésoriers-adjoints en 1924, trésorier en 1932 et 1934 puis un des vice-présidents en 1936. Cette association représente, dans l’entre-deux-guerres, le regroupement de mutilés et d’anciens combattants le plus important d’Agde et sa structure héraultaise la plus importante du département. Elle participe d’un double et vaste mouvement d’associations 17 qui voit le jour, d’abord, dès août 1915, dans les hôpitaux et les centres de réforme pour régler les problèmes des blessés. Les rapatriements étaient trop longs, les indemnisations inexistantes. 

Insigne de « l’Union Fédérale des mutilés, anciens combattants et victimes de guerre appartenant à Jules Cros
Fig. 6 - Insigne de « l’Union Fédérale des mutilés, anciens combattants et victimes de guerre appartenant à Jules Cros, collection privée J.-C Mothes

Les soldats commencent alors à s’organiser. En même temps, dans les communes, les civils blessés et réformés rentrés chez eux se regroupent spontanément comme c’est le cas en Agde. Ces associations, de plus en plus nombreuses, se retrouvent le 11 novembre 1917 à Paris et « l’Union Fédérale des mutilés » organisation nationale qui devient la plus importante du pays est fondée en février 1918 à Lyon. Henri Pichot et René Cassin en sont les dirigeants les plus emblématiques. Y adhèrent l’Amicale agathoise tout comme l’Union Départementale. Elle intègre au fil des ans les démobilisés, les veuves de guerre, les ascendants puis les « pupilles de la nation » pour devenir « l’amicale agathoise des victimes de la guerre et anciens combattants affiliée à l’UD et l’UF de Paris » appelée plus communément « Amicale des mutilés ». Louis Vallière reste le président pendant quinze ans, contribuant à sa croissance rapide : ainsi l’association est suffisamment puissante pour organiser et accueillir le congrès départemental de 1928.

C’est à la sortie de la guerre et dans ce mouvement associatif que Louis Vallière se constitue un solide réseau d’amis, tous anciens combattants, dont Jules Cros, directeur de L’Avenir Agathois. (fig. 7) Il est un peu plus âgé que Louis. Démobilisé en 1919, souffrant des bronches, il a épousé lui aussi une jeune couturière. L’hebdomadaire local laisse tribune ouverte au président de l’Amicale qui signe en son nom trois articles sur quatre environ 18. Son goût pour l’écriture s’exprime notamment en 1932, quand il fonde avec d’autres amoureux de la culture occitane l’Escolo daï Sarret à Agde. Il participe également au Grand Cercle et au mouvement du Félibrige. C’est un petit groupe soudé qui se retrouve donc souvent dans les locaux du journal. Il y a là les membres du bureau de l’Amicale dont Joseph Joly le tailleur, Jules Bompal le buraliste mais aussi Jean Félix, le militant socialiste infatigable devenu en décembre 1919 le nouveau député-maire de la ville. D’après de nombreux témoins dont Jean Bacci 19, c’est de ce moment que daterait la forte amitié qui dura jusqu’au décès de la majorité d’entre eux, dans les années 1960 et qui les voit s’engager ensemble syndicalement dans le monde rural, ainsi que politiquement.

Une de l’Avenir Agathois, 7 juin 1924
Fig. 7 - Une de l’Avenir Agathois, 7 juin 1924

Mais la fidélité de Louis s’exprime d’abord dans l’espace public à l’égard des camarades morts sur les champs de bataille auxquels il rend scrupuleusement hommage toute sa vie de 1922 à son décès en 1966, en particulier, tous les ans, le premier et onze novembre lors de « la semaine sacrée ». Par le biais de L’Avenir Agathois, il rappelle en particulier le sens et l’organisation du protocole de la cérémonie du 11 novembre et demande à ses concitoyens de se rendre nombreux au monument aux morts. Puis il en fait un compte rendu. Chaque année donc, il prend la tête du défilé en veillant à ce que cette cérémonie garde un caractère funèbre et non militaire. Il ne prononce jamais de discours mais organise la minute de silence. (fig. 8) On peut donc supposer que Louis a largement œuvré en 1926 pour que le corps de son cousin Cyrille soit rapatrié d’Allemagne afin d’être inhumé dans le caveau de famille. Ce fut certainement le dernier des transferts des « morts pour la Patrie » agathois.

Les anciens combattants devant la mairie, départ de la cérémonie du 11 novembre, fin années 1930
Fig. 8 - Les anciens combattants devant la mairie, départ de la cérémonie du 11 novembre, fin années 1930, collection privée A. Carles

Le président de l’Amicale devient très rapidement un militant des droits des victimes de la Grande Guerre. Il se charge d’abord de diffuser, d’essayer d’expliquer et au besoin de critiquer toutes les informations sur les lois successives qui doivent permettre l’amélioration du sort des mutilés et des anciens combattants. Il utilise souvent pour cela de petites brochures nationales comme La République des combattants ou La Foi dans les destinées françaises d’Henri Pichot, éditées par l’Union fédérale dans lesquelles il pioche ses arguments 20. Il mobilise ses camarades, organise des réunions en Agde mais aussi dans les villages alentour pour débattre des enjeux des nombreuses mesures et faire signer des pétitions. Certaines années, il se déplace en France aux congrès de l’Union Fédérale et en fait de longs comptes rendus dans ces réunions ou dans L’Avenir Agathois. C’est de cette période que daterait d’ailleurs l’amitié revendiquée avec René Cassin qui participa aux travaux du congrès de l’Union Départementale en 1924 à Montpellier 21. C’est par ailleurs Léon Viala, autre grand dirigeant national de l’Union Fédérale qui le parraina pour l’obtention de la Légion d’honneur. Il s’investit aussi dans les organismes administratifs officiels chargés de gérer les réparations. Tous les mois, à partir de 1923, il se rend donc à Montpellier pour siéger au « Comité départemental des mutilés réformés et veuves de guerre de l’Hérault ». Il est membre de la commission de contrôle des soins médicaux aux victimes de guerre. Il s’agit d’octroyer, après analyse des dossiers, des aides financières aux victimes mutilées mais aussi aux veuves et aux ascendants 22. Il s’occupe également, sur Agde, de regrouper et d’organiser les veuves puis les orphelins dans l’œuvre des Pupilles de la Nation. Il les aide à créer une amicale en mars 1924. Son président, Louis Reboul, deviendra étrangement, après-guerre, son principal opposant politique. Il imprime donc sa marque sur l’association et parce que « […] Les hommes de la guerre possèdent en eux le secret du bonheur en comparant les moments difficiles de leur existence aux heures épouvantables de là-haut […] » 23, il semble animé d’un amour inconditionnel de la vie qui se traduit dans la ville par une organisation régulière de loisirs pris en charge par l’Amicale. Ainsi se succèdent des bals, des concerts dès 1921, des spectacles, des représentations d’opérettes et même une course aux taureaux qui s’accompagne d’une justification « […] Puisse cette manifestation adoucir la douleur de ceux qui ont un des leurs couché bien loin du pays natal ». Quant au copieux banquet qui conclut rituellement la cérémonie du 11 novembre, il est aussi organisé après les assemblées générales de l’association et son président n’hésite pas à y pousser la chansonnette. Ce passionné d’opérette joue d’ailleurs aussi du trombone et c’est à ce titre sans doute qu’il tient aussi la trésorerie de l’Orphéon municipal. Ce militantisme associatif lui permet, enfin, une ouverture sur le territoire national qu’il aime à partager. Ainsi en 1926 puis 1927, il est délégué départemental aux 11e et 12e congrès de l’Union Fédérale et c’est, étrangement, une description des paysages et un récit des us et coutumes observés dans l’Artois puis les Vosges l’année suivante qui composent l’essentiel de ses compte rendus 24.

Car le président de l’Amicale agathoise est par ailleurs un des rares dirigeants d’associations d’anciens combattants (3,9 % avec les ouvriers selon Antoine Prost 25) issus du monde agricole. En effet, bien que parmi les adhérents les ruraux soient majoritaires, c’est loin d’être le cas de leurs dirigeants. Cela donne à son engagement une couleur particulière. Si en 1922, il fonde à Agde une mutuelle agricole en militant pour l’amélioration de la condition des agriculteurs, il donne aussi de sa personne et peut-être de ses terres pour la création de la forêt des écrivains combattants. Cette association a été créée en 1919 à Paris. Suite aux inondations de 1930, son président, Louis Farrèges, a l’idée d’une forêt hommage. 135 ha sont alors replantés dans la région de Combes dans le massif du Caroux et la forêt souvenir est inaugurée le 28 juin 1931(elle devient forêt domaniale en 1952). Les noms de 65 écrivains sont donnés à ses allées 26. En septembre 1938, Louis Vallière consacre un long article à la Une du journal, Le poilu de l’AGMG et AC, hebdomadaire de quatre pages qui paraît de 1935 à 1939 appartenant pourtant à une autre association que la sienne. Il y rappelle l’inauguration de la forêt des anciens combattants « […] en mémoire des 560 écrivains morts à la guerre, dressés contre l’invasion […] ». Il annonce aussi la création de la forêt de Saint-Saturnin, « Lou bosc de Sainte Estella » en coopération avec le Touring club de France. Ce sera celle des anciens combattants du Félibrige prise en charge par l’AGMG de Saint-Saturnin 27. Elle n’a jamais vu le jour.

Le passé militaire de l’ancien combattant influa aussi largement sur sa vie professionnelle. En effet, on a vu qu’à Castelnaudary, avant la guerre, Louis Vallière s’était lié d’amitié avec Pierre Bardou-Job, riche héritier de la dynastie catalane. Lorsque Pierre, en 1934, a besoin d’un fondé de pouvoir pour un des nombreux domaines viticoles de la famille, le domaine Ducup de Saint Paul, grand de 100 hectares, où la succession de sa tante Camille pose de nombreux problèmes, il s’adresse à son camarade de régiment, propriétaire-viticulteur, pour l’aider. Ce dernier accepte aussitôt et se rend donc, une fois par mois durant presque toute sa vie, dans la plaine du Roussillon aux alentours de Perpignan pour gérer cette succession. (fig. 9) Cette activité loin d’Agde ne l’empêche pourtant pas de s’investir dans la vie politique locale.

Parc Ducup de Saint Paul près de Perpignan dont Louis fut le régisseur
Fig. 9 - Parc Ducup de Saint Paul près de Perpignan dont Louis fut le régisseur, collection privée Louis Vallière

Un engagement d’élu local républicain, artisan de la paix

Pour justifier ses engagements associatifs, Le président de l’Amicale invoque régulièrement le nouvel état d’esprit ramené de la guerre qu’il appelle « l’esprit combattant ». La référence à cette notion est commune à bon nombre d’autres anciens combattants, mais de quoi s’agit-il ? Avant la guerre, on ne trouve pas de trace de l’engagement de Louis Vallière en politique. En 1919, il franchit le pas de se présenter sur la « liste radicale d’Union Sacrée » du maire sortant, Félix Authebon. Il fait partie des candidats qui obtiennent le moins de voix 28 (il y a panachage) et en garde visiblement un souvenir amer, un sentiment de trahison de la part de ses camarades radicaux qui l’auraient trouvé trop à gauche. En 1924, « en républicain sincère », il soutient le Cartel des gauches car « peu de choses nous séparent des socialistes » 29. Il fonde avec quelques autres radicaux « un groupe Herriot » favorable à l’union mais finalement en 1928, pour les élections municipales, il décide de rejoindre la liste du maire socialiste sortant contre ses anciens partenaires. Il s’en explique lors de la campagne électorale et à cette occasion fait appel à « l’esprit ancien combattant ». Dans L’Avenir Agathois donc, il justifie son ralliement à Jean Félix :

« […] Il y a en France, un peu partout, une volonté de rajeunissement qui se manifeste en maintes circonstances, grandes ou petites et qu’anime, que dirige à mon sens “l’esprit ancien combattant”. L’homme qui pendant quatre ans a exposé à chaque heure du jour ce qu’il avait de plus précieux, sa vie, qui s’est débrouillé, qui tient sa bonne part de la victoire, a rapporté dans le civil un esprit positif, un sens de la solidarité et un goût d’initiative singulièrement plus hardi. […] Ceux qui occupent le devant de la scène sont des anciens et des vieux […] », et de conclure « […] C’est un radical socialiste ennemi de toute combine qui lui apporte l’assurance de sa vive sympathie […] » 30

Cet esprit combattant repose donc sur le sentiment d’appartenir à une nouvelle génération, celle qui a fait la guerre, plus jeune que celle qui dirige le pays. Elle aspire d’ailleurs à en prendre les commandes. Pour elle, la guerre a été largement gagnée par des citoyens-soldats et non pas par les hommes politiques ou les généraux dont on se méfie. De l’expérience des tranchées, Louis comme les autres prétend avoir rapporté le goût de l’action et l’exigence de la probité en politique, l’amour de la franchise mais aussi le sens de l’entraide. C’est donc au nom de cet ensemble de valeurs, très morales, associé à une attitude particulière que Louis soutient son camarade ancien combattant de deux ans à peine son aîné, Jean Félix, « […] ennemi de toutes combines, pour une République, toujours plus belle, toujours plus humaine, toujours plus fraternelle […] ». Élu, il devient quatrième adjoint. Et il écrit pour régler ses comptes en filant la métaphore militaire 31 :

« […] De même qu’à la guerre on n’achevait pas les blessés, de même qu’on n’avait aucune haine pour ceux qui occupaient la tranchée d’en face réservant tout le ressentiment pour les gouvernements de tyrans, de même il faut pardonner aux hommes qui ont au grand jour affronté la lutte, réserver tout le mépris pour ceux qui ont excité de bons et joyeux garçons, mais sont restés lâchement dans l’ombre. »

Louis Vallière, à partir de ce moment, manifeste une fidélité politique sans faille à son ami, rejoignant ainsi le groupe de ceux que Jean Sagnes qualifie d’« amis personnels très dévoués » 32 y compris lorsque le maire quitte la SFIO en 1934, adhère au PSDF, Parti socialiste de France puis à l’USR (Union Républicaine Socialiste) de Marcel Déat.

Dans son engagement, politique aux côtés du parti socialiste de Jean Félix, et associatif dans l’Union Fédérale, le pacifisme tient une place prépondérante. Sous sa plume, les mots ne sont jamais assez forts pour condamner la « guerre immonde, bourreau des âmes et des corps » 33. L’ancien combattant devient alors un de ces « artisans de la paix » que René Cassin appelait de ses vœux 34, considérant à partir de 1929 cependant que la tâche qu’il considère essentielle devient pourtant difficile et solitaire :

« […] Je renonce à dépeindre tous ces sentiments me bornant à constater combien l’oubli a recouvert de son immense linceul toutes les douleurs et tous les sacrifices, jusqu’à émousser, parmi la génération du feu toute velléité de lutter par tous les moyens contre ce crime, la guerre, et d’organiser la paix par un rapprochement des peuples. Si les gens qui ont saigné et souffert se désintéressent de ces questions, de quoi demain sera-t-il fait avec les générations qui montent ? ».

Ce texte illustre une partie des enseignements que Louis Vallière semble avoir ramenés du front : la détestation de la guerre et le désir profond de mener énergiquement le combat pour la construction d’une paix définitive négociée inscrivant alors son engagement dans le courant radical-socialiste. Aussi, dans les années 1920, devient-il le chantre enthousiaste de la CIAMAC 35 et de la Société Des Nations, « […] le seul espoir qui reste après tant de combats […] » 36. Il se fait le relais dévoué des positions de l’Union Fédérale. Ses engagements pour la construction de la paix l’entraînent le 26 avril 1924, à appeler à voter implicitement pour les candidats du cartel des Gauches aux élections législatives. Il demanda en effet aux anciens combattants de :

« […] conserver leur, la défiance des tranchées à l’égard des bobards et bourreurs de crânes » et les assure qu’il faut « […] voter pour les hommes qui ont toujours voulu la paix et balayer la cohorte de ceux qui n’ont pas su éviter la guerre, qui n’ont pas été capables de la mener rapidement à bien et qui, depuis cinq ans, ont saboté la victoire, la victoire des anciens combattants, notre victoire ».

Après les manifestations du 6 février 1934, l’Amicale, par la voix de son président, condamne « […] les batailles de rue » et affirme « son profond attachement à la République et sa ferme volonté de défendre les libertés démocratiques » mais souligne que « Le pays a besoin d’un gouvernement vigoureux composé de personnalités irréprochables pour construire la paix […] » 37. En décembre 1935, Louis Vallière, réélu est membre du comité antifasciste d’Agde et adhère au Rassemblement populaire. Même quand les tensions internationales reprennent, au milieu des années trente, avec les agressions nazies et italiennes et que la SDN a échoué, comme beaucoup d’anciens combattants, et à la différence de René Cassin, il pense qu’il faut continuer à dialoguer avec le peuple allemand par le biais de ses organisations, même nazies, pour forcer Hitler à la paix. Le 12 juillet 1936, Henri Pichot, leader de l’Union Fédérale et d’autres dirigeants d’associations organisent à Verdun avec la collaboration du NSKOV, mouvement des anciens combattants nazis, un immense rassemblement où les participants venus de douze pays d’Europe font le serment de défendre la paix. Louis Vallière y est présent et en fait, dans L’Avenir Agathois des 18 juillet et 31 octobre 1936, deux longs comptes rendus enthousiastes non dénués de lyrisme intitulés « Pour la Paix du Monde ». Il revient impressionné évidemment d’abord par le nombre des participants, « […] Des milliers et des milliers de combattants venus en trains spéciaux […] » ; il cite, abasourdi, les douze nations représentées, admire même « […] les Italiens saluant à la fasciste, avec élégance […] ». Puis il salue l’ampleur du dispositif de nuit, « […] Nous nous approchons de l’immense cimetière et je lis devant moi le nom des camarades que le sort a confié à ma veille […] ; chacun des pèlerins s’incline et fleurit la tombe qui est devant lui […] ». Il se laisse totalement submerger par « […] L’émotion indicible du retour sur les lieux des combats […] ». « Demain, sur nos tombeaux les blés seront plus beaux […] » espère-t-il encore et toujours. On voit que le dispositif de nuit instauré par les organisateurs pour favoriser une intense émotion a particulièrement bien fonctionné sur Louis Vallière. Il interprète la lecture du serment comme le moment où « […] les vivants communiant avec les morts ont clamé de l’énorme charnier leur horreur de la guerre […] ». Et de conclure : « […] Combien peuvent être mesquines et petites les divisions entre hommes et surtout entre Anciens combattants ! » Louis Vallière, n’est certainement pas totalement aveugle devant la nature du régime nazi. Mais pour lui, comme pour beaucoup de survivants des tranchées, envisager seulement la guerre qui s’annonce serait une faillite absolue, l’échec d’une mission sacrée, alors « […] Qu’importe les fracas et les vociférations si ce serment est la fissure par laquelle peut pénétrer l’idée de paix. » En octobre 1936 donc, malgré les bruits de bottes, Louis n’a simplement toujours pas renoncé à l’espoir d’une paix définitive : mieux, cela lui semble un devoir que de participer à toute action allant dans ce sens, ce qui justifie certainement cette exaltation. Mais tous les participants n’ont pas adhéré à la journée de la même façon. Ainsi, à l’opposé, un ancien combattant, membre d’une autre association, l’AGMC, raconte que :

« […] sous la pluie, Verdun revoyait des hommes las, ronchonnant, des musettes en bandoulière, déambulant par ses rues » et se plaint « des perturbations malencontreuses dans le service des autobus, du ravitaillement franchement déplorable, du cantonnement bien défectueux, de la pluie […]. » 38

Pendant les trois années suivantes, même s’il continue d’organiser scrupuleusement la cérémonie du 11 novembre, Louis Vallière s’exprime beaucoup moins publiquement. Il semble qu’il ait été accaparé par ses responsabilités au sein de l’Union départementale dont il est devenu vice-président en 1936. C’est d’ailleurs le moment où il s’implique totalement dans la création des forêts d’anciens combattants et le développement de ce projet montre bien qu’à cette date, le militant de la paix n’envisage toujours pas, ou refuse d’envisager, un futur conflit. Mais la gestion du domaine Ducup de Saint Paul l’accapare aussi car son ami Pierre disparaît dans un accident de voiture en 1937. La bataille politique locale l’occupe également. En effet, en juillet 1938, à la faveur d’une élection partielle, une minorité active rejoint le conseil municipal, contestant l’autorité de Jean Félix.

1939-1945 : L’ancien combattant républicain sous Vichy

En 1939, pourtant, c’est à nouveau la guerre. Le dimanche 19 novembre, une réunion à la salle des fêtes de l’Artistic rassemble 300 anciens combattants sous la présidence du maire, Jean Félix pour réaliser l’union des différentes associations sous l’égide du « Comité d’entente de l’Hérault et des combattants du front et coloniaux » créé en mai 1939 39, dont le président départemental Ferdinand Palloc s’est déplacé ainsi que Marcel Blanchard, président départemental de l’Union Fédérale qui en est l’initiateur. Partout en France on assiste à des regroupements de cette nature. À la tribune, siège donc aussi Louis Vallière, président honoraire de l’« Amicale des mutilés et combattants d’Agde » et vice-président départemental. Il s’agit de former un comité d’entraide d’anciens combattants pour « […] centraliser les dons et secours aux nouveaux combattants » et « […] remplir le rôle moral incombant à ceux qui ont fait la dernière et qui ne veulent pas tolérer les abus constatés à l’arrière pendant les années de 1917-1918 qui veulent vivre à l’arrière dans l’ordre et la propreté […] » 40 Louis Vallière comme Jean Félix acceptent, plutôt positivement, cette union et ces missions. Ce comité exerce ses fonctions jusqu’aux lois de janvier 1941 qui le dissolvent. Mais la République a disparu avec la promulgation des actes constitutionnels qui ont jeté les bases de l’État français. Un décret du 29 août 1940 dissout les associations d’anciens combattants et crée un unique organe d’expression, la Légion Française des Combattants 41. Joseph Picheire, qui fut le président de la section agathoise, écrit que « la section d’Agde fut mise sur pied le 31 août. » 42 Le 1er septembre 1940, une assemblée extraordinaire de « l’Amicale des mutilés et victimes de guerre » se réunit pour entériner sa dissolution officielle. Jean Félix, maire et membre de l’amicale est favorable à ce regroupement unique mais le bureau par la voix de Louis Vallière proteste et demande à garder son drapeau. Quant aux avoirs, ils doivent être remis à la Légion. Son président d’honneur rappelle avec émotion les premiers temps de l’association et « (…) refuse d’accepter pour notre chère société un enterrement de première classe. Légalement nous n’existons plus mais spirituellement nous sommes toujours debout [(…)] » 43. Les raisons des tensions qui ont présidé à la constitution de la section de la Légion sont exposées en janvier 1945 dans un échange virulent entre Joseph Picheire et Louis Vallière dans L’Avenir Agathois. A l’explication du premier « La Légion reçut des anciens combattants du Front en toute bonne camaraderie la somme de 1 511,55 francs. Elle exigea de l’Amicale des mutilés, qui y mit moins de grâce, la remise de son avoir 1 804,50 francs en espèces […] », le second répond que « […] La Légion avait réclamé tout son avoir à l’Amicale par une mise en demeure ». Ainsi, en 1940, commence une intense bataille qui dure toute la période de la guerre entre Joseph Picheire d’une part, président aussi de la section locale du Parti social français, le plus important parti de droite à la fin des années 1930 toujours en activité sous Vichy, et Louis Vallière et Jean Félix d’autre part. Ce point a fait l’objet d’une étude précise et détaillée d’Olivier Dedieu 44. Louis Vallière est donc écarté de la Légion par son président.

Louis Vallière à la Libération
Fig. 10 - Louis Vallière à la Libération,
collection privée Louis Vallière

Il quitte aussi son poste de vice-président de l’Union Départementale quand son président Marcel Blanchard prend la tête de l’organisation pour le Languedoc. Si en France l’appareil légionnaire est en place dès l’automne 1940, il faut attendre le 4 janvier 1941, soit quatre mois après l’annonce de sa constitution, pour que le bureau de la Légion agathoise qui vient de se constituer soit présenté dans L’Avenir Agathois. Ce retard reflète l’importance des tensions locales, puisqu’ « […] après une prise de position qui fut désavouée, la Légion locale apporta sa collaboration à monsieur Jean Félix ». C’est le moment où, nationalement, elle atteint son apogée. Un arrêté préfectoral du 30 juin 1941 maintient son ami Jean Félix dans sa fonction de Maire alors que Louis Vallière, lui, est démissionné de son poste d’adjoint par le sous-préfet. Il a plus de cinquante ans. Sa fiche de candidature à l’obtention de la Légion d’honneur fait état de quelques gestes d’aide à la résistance, au réseau suisse Durupthy notamment. Il aurait aidé certains de ses membres à rejoindre l’Espagne via Perpignan. Il aurait aussi participé à la distribution de tracts même s’il précise qu’il n’était membre d’aucun réseau ou mouvement. (fig. 10) À la Libération de la ville, il a l’occasion de s’expliquer sur ses choix et de les assumer totalement. Dans le vif échange qui l’oppose dans L’Avenir Agathois à Joseph Picheire, il rappelle que « […] Cette Légion était constituée par des hommes à la dévotion du maréchal accusant parfois les anciens militants des associations d’être les artisans de la défaite !! Et indignes de collaborer aux destinées du pays. Les camarades se sont vite aperçus de l’escroquerie morale constituée par cette Légion ; ils l’ont quittée en masse laissant les chefs tout seuls comme Fernand de “La Favorite” […] ». Sur un document, il est déploré que « Félix et ses amis (Lisez Louis Vallière) sabotent l’œuvre de la Légion. C’est notre fierté et notre honneur d’avoir fait cela et d’avoir ainsi peut-être évité la formation de milices SOL ou toute autre organisation conduisant de jeunes gens égarés au poteau d’exécution […] » 45.

Louis Vallière était donc déjà adulte lorsqu’il fut mobilisé dans la Grande Guerre. La paix revenue, on peut dire qu’il en resta un soldat. En effet, l’expérience marquante des tranchées détermina en grande partie ses futurs engagements publics dont le fil conducteur resta toujours la fidélité : au souvenir de ses camarades morts au combat, à son association d’anciens combattants, à ses camarades d’armes dont beaucoup devinrent ses amis et à un idéal républicain de paix. Pour autant la guerre ne transforma pas toute sa vie ni ses convictions qu’elle bouscula plutôt en les rendant publiques. En effet, il revint à son métier de viticulteur dans sa ville que jamais d’ailleurs il ne quitta malgré ses responsabilités au sein de l’Union départementale des mutilés, s’y engagea politiquement en choisissant d’abord le radicalisme puis le socialisme de son ami le député-maire Jean Félix qu’il teinta d’un profond pacifisme. Avant lui, dans sa famille, personne n’avait pris de responsabilités politiques, après lui personne non plus ne s’engagera à cette hauteur. Il fit donc partie de cette génération intermédiaire de militants de l’Union Fédérale très nombreux qui, si elle fut la « génération sacrifiée » par la guerre fut aussi celle qui œuvra à l’amélioration de la situation des mutilés et démobilisés de 14-18 et qui tenta d’apporter sa pierre à la construction d’une paix internationale négociée dans le cadre de la SDN. Son engagement fut le fruit de « la dette sacrée » contractée à l’égard non seulement des camarades morts mais aussi des générations futures, et toujours justifié au nom de « l’esprit combattant ». A la Libération, parce que resté à l’écart de la Légion des combattants, le survivant mutilé de 1914 joua un rôle important dans la reconstitution des associations départementales 46 et devint un des principaux responsables départementaux de l’UFAC 47. Enfin, en 1953, aidé par son ami Jean Félix, contre les radicaux, il devint maire divers gauche d’Agde durant deux mandats.

NOTES

1. Professeure agrégée d’histoire, membre du GRHISTA, Groupe de Recherche en Histoire des Territoires de l’Agadès. Mes chaleureux remerciements à Jean-Claude Mothes pour son aide précieuse.

2. Sagnes, Jean, Agde, 2600 ans d’histoire (dir. et coll.), Toulouse, Privat, 2006.

3. Histoire du Cap d’Agde, actes du colloque du GRHISTA, collectif sous la direction de Jean Sagnes, 2011.

4. https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/366287 (consulté le 5 mai 2014).

5. Arch. dép. Hérault en ligne, registre matricule, série 1R1218, fiche numéro 1152.

6. Arch. mun. Agde, registre des naissances, 1 E23 à 25.

7. Entretiens réalisés les 11 décembre 2013 et 15 mars 2014.

8. Sur la famille et ses biens, il existe, un site internet de l’association sud histoire, https://amis-des-bardou.fr/.

9. Arch. dép. des P.O., registre matricule, série 1R487, fiche 1074.

10. Sous la direction de Sagnes, Jean, Actes du colloque des 12 et 13 octobre 2014 à paraitre, Agde dans la Grande Guerre, Les cahiers du GRHISTA, juillet 2015.

11. Arch. mun. Agde, « 3 août 1914 – 3 août 1929 » dans L’Avenir Agathois, 4 août 1929.

12. Assez conforme à l’étude de J.-J. Becker, 1914, comment les Français sont entrés dans la guerre, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 1977.

13. Maurin, Jules, Armée, guerre, société. Soldats languedociens (1889-1919). Préface d’André Loez et Nicolas Offenstadt. Paris, Publications de la Sorbonne, 2013, 764 p. (Première édition en 1982).

14. Arch. dép. Hérault en ligne, registre matricule, série 1R1219, fiche numéro 114.

15. Rousseau, Frédéric, La Guerre censurée. Une histoire de combattants européens, Paris, Le Seuil, Points Seuil, 2014, p. 355.

16. Arch. dép. Hérault, fichier des associations dissoutes de la sous-préfecture de Béziers 2327W92.

17. Prost, Antoine, Les anciens combattant 1914-1940, Paris, Gallimard-Julliard, collection archives, 1977, 247 p.

18. 48 articles relevés entre mars 1924 et novembre 1939 signés de Louis Vallière ou de l’Amicale des mutilés.

19. Entretiens réalisés les 12 mai 2010, 10 octobre 2013.

20. Collection de Jules Cros, archives privées J.-C. Mothes.

21. Ses deux petits-fils se souviennent de courriers échangés, d’une visite au Grau d’Agde et de 2 lettres conservées longtemps. Louis Vallière évoque quant à lui « la voix familière de son ami René Cassin » dans L’Avenir Agathois du 9 septembre 1944.

22. Arch. dép. Hérault, 3 R679.

23. L’Avenir Agathois, 4 novembre 1931.

24. Impressions vosgiennes dans L’Avenir Agathois, 23 avril 1927.

25. Antoine Prost, Les anciens combattants, op. cit., p. 71.

26. Arch. dép. Hérault, 2Fi CP 3796, carte postale de l’inauguration.

27. Arch. Dép. Hérault, PAR 776, Le poilu de l’AGMG et AC groupe de l’Hérault, 1935 à 1939 avec lacunes. Association Générale des Mutilés de Guerre et Anciens Combattants.

28. Arch. Dép. Hérault 3M2420, élections municipales Agde 1919, en fait Louis est le sixième.

29. L’Avenir Agathois, 26 avril 1924.

30. Pour la cité, L’Avenir Agathois, 6 avril 1929 – 27 avril 1929.

31. Pour la cité L’Avenir Agathois, 11 mai 1929.

32. Sagnes, Jean, article sur Jean Félix, dans le Dictionnaire du Maitron en ligne https://maitron.fr/spip.php?article112990 (consulté le 4 septembre 2013).

33. L’Avenir Agathois, 26 avril 1924.

34. Prost, Antoine et Winter, Jay, René Cassin, Fayard, Paris, 2001, p. 58.

35. Conférence Internationale des Associations de Mutilés et Anciens Combattants, fondée à l’initiative d’hommes issus des courants socialiste et radical-socialiste incluant les anciens combattants des pays autrefois ennemis.

36. L’Avenir Agathois, 3 août 1929.

37. L’Avenir Agathois, 17 février 1934.

38. Arch. dép. Hérault, PAR 776, Le poilu de l’AGMG et AC, juillet 1936.

39. Arch. dép. Hérault, A R 153.

40. L’Avenir Agathois, 23 novembre 1939.

41. Cointet, Jean-Paul, La Légion française des combattants 1940-1944 : la tentation du fascisme, Paris, Albin Michel, 1995 Cointet. 11 juillet 1985, n°.

42. Picheire, Docteur Joseph, Histoire d’Agde, Lyon, Pierre Bissuel, 1960, p. 110.

43. L’Avenir Agathois, 3 septembre 1940.

44. Dedieu, Olivier, « la Légion des combattants de l’Hérault », Annales du Midi, n° 245, 2004, p. 37-56.

45. L’Avenir Agathois, 20 et 27 janvier 1945.

46. Dedieu, Olivier, fiche Louis Vallière, Dictionnaire Maitron en ligne, op. cit., consulté le 10 juillet 2014.

47. Union Fédérale des Anciens Combattants.