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Description

Arts et métiers en Languedoc des institutions et des hommes

L’organisation des activités de production dans les villes a des racines souvent lointaines. Certains historiens pensent que dans les villes méridionales, toutes empreintes de romanité, il ne serait pas impossible que les institutions d’encadrement des métiers se perpétuent depuis la période du Haut-Empire jusqu’à la Révolution française. A Montpellier, ville neuve de l’an 1000, il est évidemment impossible d’invoquer des origines aussi prestigieuses, mais il est loisible d’observer que l’organisation des métiers est contemporaine de la naissance de la ville. Les institutions d’encadrement des métiers urbains s’intègrent comme un élément dans le système des institutions de la ville médiévale avant de se développer dans un cadre plus vaste : celui de la ville royale.

Ayant plusieurs fois déjà employé le terme institution, il me paraît nécessaire de présenter une définition, parmi d’autres, de ce terme. Une institution est un ensemble ou encore un système de règles de conduite et de comportement imposés à des individus ou à des groupes dans une société organisée. Les règles peuvent être non écrites traditions, coutumes ou bien encore écrites : décrets, règlements, édits, ordonnances, arrêts ; le mot technique change suivant l’autorité qui les rédige, les promulgue et les fait appliquer. Quand ces règles sont réunies en corpus on parle généralement de code. Une institution se caractérise par son caractère d’application obligatoire ; connaître le texte de l’institution c’est connaître les règles que le pouvoir veut imposer et donc connaître l’encadrement de la société. L’organisation des métiers à l’intérieur d’une ville, d’une province, d’un état relève de l’histoire des institutions, puisque cette organisation est réglée par des pratiques et des textes émanant d’une autorité qui les impose aux hommes. L’historien, par l’étude de l’institution, découvre le mode de groupement des hommes dans une société encadrée par des autorités. La connaissance des institutions est aussi un des fondements de la recherche historique puisque souvent les documents conservés dans les fonds d’archives ont gardé des classements anciens. Sans savoir que l’organisation des métiers relève dans une première période des autorités municipales, puis dans une seconde de l’administration royale, il est difficile d’aller à Montpellier, à la Tour des Pins pour rechercher les documents concernant la première période et aux Archives départementales, dans les séries de l’intendance, pour essayer de retrouver ceux de la seconde période.

L’étude des institutions d’encadrement des métiers sont les prolégomènes indispensables aux recherches d’histoire économique et sociale d’une ville, d’une région ou d’un royaume puisqu’elles encadrent les activités de production et les groupes de producteurs. Il me faut ajouter que cette institution, inchangée dans ses structures d’un bout à l’autre de la période, de l’an 1000 à 1790, s’intègre pourtant dans des ambiances historiques radicalement différentes. L’institution d’encadrement des métiers urbains est dans la phase urbaine une organisation de facto qui se perfectionne petit à petit et dans laquelle domine le caractère de volontariat des participants ; elle devient dans la phase monarchique une organisation de jure imposée par le Roi aux participants. On entre dans un groupe social parce que l’on exerce une activité professionnelle dans la première phase, tandis que dans la seconde c’est parce que l’on exerce une activité professionnelle que l’on est rangé dans un groupe. Les groupements professionnels ont une cohésion élémentaire fondée sur l’exercice de la même activité ; cette cohésion est renforcée par les institutions et menacée par les individus. En effet, les diverses ambiances historiques se prêtent plus ou moins à l’expression des individus ou des groupes. Les phases de croissance, créatrices de richesses, sont des phases de relâchement des encadrements institutionnels ; par les failles créées dans le système social, des individus peuvent changer de groupes. L’histoire des idées montre d’ailleurs que ce mouvement d’ébranlement est […]

Informations complémentaires

Année de publication

1981

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Michel PERONNET

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf