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Description

Afficher sa ville, ou quelques représentations symboliques
dans le département de l’Hérault

La géographie urbaine de la fin du XXe siècle, dans ses rapports aux médias, ne peut pas ne pas tenir compte des images que s’attribue la ville ou qu’on lui octroie. Dans un style concerté, une symbolique soigneusement choisie, chacun prend soin de veiller à son image, en attendant qu’elle devienne image de marque qui restera accolée au milieu qu’elle désigne, sinon synonyme de son identité. A chacun sa bannière; au blason médiéval qui disait qui on était, a succédé le « logo » (logotype) qui propose ce que l’on voudrait être. « Chacun » prend soin de cela, c’est-à-dire les municipalités, conseils généraux, conseils régionaux, toutes les collectivités locales, à l’image des entreprises commerciales, avec le souci de l’affichage. Cela n’est pas nouveau, mais cela se répand ; l’image de marque, définition à l’ancienne, laisse place à un nouveau vocabulaire qui parle de marketing ; de promotion et de communication.

Les ingrédients du publicitaire, couleurs, graphisme, symbolique, démultiplient les pictogrammes et illustrent les professions de foi. Ce langage, car c’en est un, auquel nous ont habitués les lieux publics, relève de la sémiologie. Le signe est désormais en tête de l’expression urbano-publicitaire, déjà une bonne quinzaine pour les villes et stations touristiques, ou plus simplement certaines communes de l’Hérault.

Villes à connaître

Dans un Languedoc-Roussillon auquel on prête volontiers un certain nombre de « qualités » géographiques, le réseau urbain introduit d’autres éléments d’appréciation ; déjà neuf villes, hors de l’Hérault, proposent leur image : Nîmes, Alès, Beaucaire, Le Grau-du-Roi, Argelès, Canet, Amélie-les-Bains, Port-Barcarès, Narbonne. On connaît les composantes de la première cité, le crocodile et le palmier depuis longtemps répandus sur les produits commerciaux ou dans le langage des sportifs ; on connaît moins la signification du COL NEM qui les encadrent, mais chacun reconnaît Nîmes du premier coup d’œil. On ajoutera à la liste chacun des cinq conseils généraux, et le conseil régional.

Pour les villes de l’Hérault, on possède 15 documents. L’arbre de classification proposé met en présence les démarches suivies du texte, l’initiale de la ville, un symbole.

C’est l’initiale qui est la plus fréquemment utilisée, et qui marque les grandes villes d’abord, Montpellier, Béziers et Sète ; s’y ajoutent Baillargues, Lunel et Mèze ; à croire que l’exemple montpelliérain sera encore suivi. Sous la lettre, des choses; peut-être ligne d’horizon pour Montpellier, vague pour Mèze, circonférence du Saint-Clair sétois. Mais pourquoi tenter toujours de rattacher un trait à une réalité ? Béziers, Baillargues, Lunel jouent sur le détail qui dynamise, bleu et rouge aux couleurs portées par l’Association Sportive Biterroise, doré du fond (muscat) de Lunel, amorce de flèche pour Baillargues. C’est là un peu la technique de la publicité renouvelée depuis peu par le Crédit Agricole, du trait qui se perd et se prolonge à la fois. « M » offre un certain nombre d’avantages, et d’abord celui de se prononcer ici comme « aime », de proposer deux arches, en un équilibre tout simple, et les deux pointes d’une dynamique.

Le symbole est très variable, généralement sans grande imagination ; on entend par-là qu’à l’exception de Lattes, abstraite, ou de La Grande-Motte, stylisée, Agde et Palavas sont très figuratifs. La première a pris le parti de « l’Éphèbe » dans sa partie la moins originale, le buste ; l’aspect hellénique est renforcé par le graphisme de l’écriture. La seconde, le plan de la station, pas évident au premier coup d’œil ; les étangs, le Lez canalisé et le port ont la particularité d’évoquer sur fond bleu la silhouette d’un oiseau déployant les ailes. L’aspect marin est renforcé par le cadrage sous forme de pavillon tels que les arborent les bâtiments. On sent tout ce qu’il y a derrière ces deux symbolisations. Agde, éphèbe ou pas, mais de quelle valeur artistique et historique, est la seule fondation grecque du littoral languedocien. Authentique, car sait-on jamais ! On a pu lire dans un guide que Marseillan-Plage, doublet balnéaire modeste de Marseillan, bourg viticole proche, était de même origine, puisque les Marseillais lui avaient donné son nom ! Ce qui n’est pas mal pour une implantation qui ne compte même pas un siècle d’existence, et simple confusion par transfert entre Marseille et Marseillan. Au chapitre des énormités et des niaiseries, on évoquera, dans le prolongement du logo palavasien, l’étymologie volant au secours de la symbolique. On affirmait déjà, après quelques pudeurs, mais de façon de plus en plus assurée, que Palavas vient de palus avis, l’oiseau du marais. Mais le pire n’est jamais sûr et, dit-on, à l’occasion de l’un de ces jeux estivaux (1988) au vide insondable dont la Télévision française semble avoir le secret, on est passé allègrement à « l’oiseau pâle » : palus avis, tout simplement. Il suffisait d’y penser. Quoi qu’il en soit, le but est atteint, le logo a rempli son office, la publicité aussi. L’essentiel n’est-il pas que l’on parle de Palavas, même à un prix très lourd, et dont se remettrait mal une plage de grand standing ? […]

Informations complémentaires

Année de publication

1988

Nombre de pages

3

Auteur(s)

Robert FERRAS

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf