21 août 1944 : la fusillade de la place de la Comédie :
Histoire et Mémoire

* Doctorant en Histoire contemporaine à l’Université Paul-Valéry Montpellier, sous la direction de Jean-François Muracciole. Sujet de la thèse :
L’occupation allemande dans le département de l’Hérault : 11 novembre 1942 – 23 août 1944.
Remerciements : Brigitte Lundin, Pierrette Roube-Vic, Angélique Richez et Samuel Guiraudou.

Cet article est le fruit de la découverte de documents inédits rassemblés aux Archives départementales de l’Hérault, dans le fonds du Commissariat Central de Montpellier (1935-1953), séries 200 W 81 et 200 W 82, dossiers n° 35 168 et 35 198 1. Ils nous apportent des renseignements précieux sur les dernières heures de l’occupation allemande dans le « Clapas 2 » et mettent en lumière un événement jusqu’ici resté méconnu des chercheurs sur la période 3 : une fusillade qui a éclaté le 21 août 1944 sur la place de la Comédie. À l’occasion des soixante-dix ans du drame commémorés en 2014, il semblait plus que nécessaire de proposer un récit détaillé sur le déroulement des événements qui ont coûté la vie à deux Montpelliérains et fait plusieurs blessés.

Dans L’étrange défaite, Marc Bloch écrit : « Un témoignage ne vaut que fixé dans sa première fraîcheur 4 […]. » Les documents sur lesquels nous nous basons sont des rapports et témoignages écrits entre septembre et décembre 1944, dans cette première fraîcheur, par des gardiens de la paix et des Montpelliérains ayant été mêlés de très près au drame. Ils regorgent donc d’informations précises qui nous ont permis de décrire avec minutie le déroulement des faits.

La fin de l’occupation allemande dans le département de l’Hérault

Lorsqu’a lieu l’opération Overlord, le débarquement de Normandie le 6 juin 1944, puis la percée d’Avranches dans les semaines qui suivent, le repli des soldats allemands stationnés dans le Sud de la France n’est pas encore envisagé par Hitler 5. C’est le débarquement de Provence du 15 août suivant, l’opération Anvil Dragoon, qui change la donne. En effet, désormais, les unités de la Wehrmacht se trouvant dans le Sud-Ouest encourent le risque d’être encerclées si une jonction est opérée entre les forces alliées de Normandie et celles de Provence.

L’ordre de retraite est donné deux jours plus tard, le 17 août 1944 6, une fois qu’Hitler a dissipé ses craintes d’une nouvelle opération alliée en Languedoc 7. Dès le lendemain, plusieurs milliers de soldats, comme c’est le cas des SS de la division Das Reich, remontent par le Centre-Ouest vers le front de Normandie, alors que d’autres, quittent leurs positions pour la vallée du Rhône afin ensuite de rejoindre les régions du Nord-Est de la France.

Ainsi, le département de l’Hérault, à cheval entre le Sud-Ouest et le Sud-Est, a une position géographique cruciale pour des soldats allemands qui viennent notamment de l’Aude, des Pyrénées-Orientales, de l’Aveyron ou du Tarn et voulant se rendre en direction de la vallée du Rhône. C’est ce qu’explique Roger Bourderon 8. L’historien décrit la plaine languedocienne comme « un axe stratégique très important. » Pour lui, il s’agit d’un « couloir, point de passage, sinon obligatoire, du moins essentiel pour les communications avec les autres régions, l’Aquitaine à l’Ouest et le couloir rhodanien, liaison la plus directe avec le Nord et l’Est […]. »

C’est pourquoi, alors qu’une grande partie des hommes qui occupaient le département 9 ont déjà pris la fuite à partir du 18 août, de nombreuses colonnes traversent encore l’Hérault jusqu’au 26 août suivant 10.

À Montpellier, durant les jours qui suivent le départ général des soldats, quelques-unes de ces unités, peu prudentes et surtout peu expérimentées, décident de traverser le Clapas malgré les risques d’embuscade 11. (fig. 1)

La place de la Comédie et le théâtre pavoisé de drapeaux tricolores, en 1943
Fig. 1 - La place de la Comédie et le théâtre pavoisé de drapeaux tricolores, en 1943, quelques mois avant la fusillade. Arch. dép. Hérault / 2 Fi CP 4097.

La fusillade

Le 21 août 1944, vers 19 heures, près de la place de la Comédie, des Montpelliérains se laissent aller aux débordements que connaît la France entière à la Libération. Une milicienne 12 est arrêtée et subit la colère de la foule. Elle est insultée, battue, déshabillée, puis tondue. En point d’orgue de la manifestation, la fautive est conduite au commissariat du IIIème arrondissement de la ville. Le bâtiment est situé 1, rue Boussairolles, près de l’Œuf 13. Le cortège déchaîné emprunte le boulevard Victor Hugo et arrive sur la place de la Comédie, dans un grand vacarme d’où s’échappent des « À mort ! À mort ! ».

En service dans le secteur, le gardien de la paix Louis Granier est témoin des événements. L’homme se trouve devant la porte d’entrée du 8, place de la Comédie, immeuble où se situe la permanence fraîchement abandonnée de la Milice française 14. Il voit le cortège agité qui, après avoir cheminé le long des rails de la ligne de tramway, arrive à hauteur des locaux de la police.

À environ cent mètres de là, une unité allemande, en transit vers le Sud-Est, stationne à l’entrée de l’Esplanade. Les cris et les applaudissements qui fendent la foule, ainsi que les gestes brusques et menaçants que font certains Montpelliérains, mettent en alerte ces militaires qui ne parlent pas ou peu le français. Ils croient voir là une attaque délibérée contre leurs personnes. Un des soldats place alors face à l’entrée principale des Galeries Lafayette, entre les rails de tramway, un fusil-mitrailleur. D’autres encore, quatre ou cinq selon Louis Granier, équipés de pistolets-mitrailleurs et de grenades, parcourent le trottoir longeant lesdites Galeries pour se positionner près du Grand Café Riche. (fig. 2)

Pendant ce temps, les gardiens de la paix du poste de police de la rue Boussairolles forment un cordon de sécurité autour de la femme tondue. Ils l’amènent dans des locaux disciplinaires situés dans la cave d’un immeuble en face de l’entrée du commissariat afin de la protéger de la colère de la foule. Là, tant ses habits ont été déchirés, ils doivent la couvrir avec du papier d’emballage pour cacher sa nudité. Une fois l’opération effectuée, les policiers, notamment Antoine Brun et Max Gros, décident de faire évacuer la rue toujours remplie de montpelliérains en colère hurlant et gesticulant ainsi que de curieux 15. Aveuglés ou bien inconscients, ils ne voient pas le danger se profiler. Évacuation ne signifie pas pour autant Libération. Les personnes présentes sur la place de la Comédie vont l’apprendre à leurs dépens. Alors que les gardiens de la paix se mettent à la tâche, sans aucune sommation, sans aucun avertissement, Louis Granier voit les quatre ou cinq soldats allemands qui étaient positionnés à proximité du Grand Café Riche ouvrir le feu 16. Plusieurs rafales sont tirées 17. Tout va très vite. Le fait qu’il n’y ait eu aucune injonction surprend les montpelliérains qui s’enfuient ou s’allongent au sol, espérant ne pas être touchés par une balle allemande.

La fusillade de la place de la Comédie du 21 août 1944 : lieux et acteurs
Fig. 2 - La fusillade de la place de la Comédie du 21 août 1944 : lieux et acteurs. D’après une carte originale des Archives municipales de Montpellier, cote 1Fi13, Cliché 50e15a7.v.

Un des soldats du groupe, âgé d’une vingtaine d’années, va encore plus loin. Il lance une grenade vers des passants qui cheminaient alors entre le boulevard Sarrail et la place de la Comédie. L’engin blesse mortellement Van Xuan, un militaire annamite de 27 ans, soldat à la 3ème Compagnie des G.M.I.C.R, Groupements Militaires d’Indigènes Coloniaux Rapatriables 18 n° 4, située au Parc à Ballon à Montpellier 19.

Le jeune militaire ne s’arrête pas là. Il s’empare à nouveau de son pistolet-mitrailleur et tire plusieurs rafales. La foule se disperse dans toutes les directions, les balles sifflent et ricochent. Il semblerait qu’une deuxième grenade ait été lancée, cette fois-ci près de l’Œuf 20.

Certains, à plat ventre, attendent la fin des tirs en espérant ne pas être touchés, alors que d’autres moins chanceux, n’ont pas eu le temps de s’abriter.

C’est le cas de Michelle Costeau. Venant de la rue de Verdun, la jeune fille de 16 ans se trouvait en compagnie de son frère Jacques et de son père Alfred, Chef de section du Service des vins au Ravitaillement général. Alors qu’ils marchaient sans se soucier de l’attroupement de la rue Boussairolles en direction de la rue des Étuves, ils avaient rencontré en face du théâtre, leurs voisins, les Maffre et une discussion s’était engagée. C’est alors que la fusillade éclata. Alfred Costeau saisit instinctivement ses enfants, leur intimant l’ordre de se coucher derrière la bordure du trottoir de l’Œuf afin de se mettre à l’abri. C’est au moment où elle s’allongea au sol que Michelle Costeau reçut une balle en pleine poitrine.

Un peu plus loin, Louis Martinier, Inspecteur principal du Contrôle économique venait de terminer son service. Alors qu’il cheminait sur la place de la Comédie en direction de son domicile du Passage Lonjon, il aperçut l’attroupement de la rue Boussairolles et aussitôt les premiers coups de feu retentirent. Après l’explosion d’une grenade, il sentit une brûlure à la cuisse droite et se coucha immédiatement au sol.

À une soixantaine de mètres de là, Lucienne Guillemard, 36 ans, était accompagnée de son père Alfred et d’une amie, Gabrielle de Saint-Félix. Tous trois venaient de quitter la Brasserie Alsacienne, située 13 place de la Comédie, propriété de la famille Guillemard et se dirigeaient en direction du boulevard Victor Hugo. Alors qu’ils se trouvaient à hauteur de la rue de Maguelone, les Allemands ouvrirent le feu. Instantanément, les Guillemard et Gabrielle de Saint-Félix essayèrent de s’abriter. Revenant sur leurs pas, ils prirent la direction de la rue de Verdun. Arrivés à l’entrée de l’artère, Alfred Guillemard se retourna pour voir où se trouvait sa fille. Elle était à deux ou trois mètres, gisant sur le trottoir du Café de France, une balle en plein front. Gabrielle de Saint-Félix, quant à elle, fut également touchée dans sa fuite. (fig. 3)

La Brasserie Alsacienne appartenant à la famille Guillemard, à droite, et la rue Boussairolles où se trouve, au numéro1, le commissariat du IIIe arrondissement de la ville de Montpellier
Fig. 3 - La Brasserie Alsacienne appartenant à la famille Guillemard, à droite, et la rue Boussairolles où se trouve, au numéro1, le commissariat du IIIe arrondissement de la ville de Montpellier. Arch. dép. Hérault / 2 Fi CP 3466. (1935)

Évacuation des morts et des blessés

Les soldats allemands cessent les tirs mais menacent encore les civils de leurs armes. Les montpelliérains en vie quittent immédiatement les lieux. Ayant entendu les coups de feu, des gardiens de la paix en service dans les artères du centre-ville se précipitent vers la place de la Comédie. C’est le cas de Raymond Fort et d’Antoine Brun. À leur arrivée, les deux hommes aperçoivent des militaires sur l’Esplanade, devant le Grand Café Riche ou encore face à l’entrée des Galeries Lafayette. Trois autres Allemands, équipés respectivement de deux pistolets-mitrailleurs et d’un mousqueton se trouvent dans le square de la Gare de Palavas. René Brun, qui circulait dans la rue de Maguelone au moment des faits, accourt également sur les lieux. Il voit, sur l’Œuf, face au Bar aux Trois Grâces, au milieu des montpelliérains qui se dispersent, un soldat qui menace la foule avec son arme. Un second se trouve sur le trottoir de la Grande Maison. Tous ces hommes ont en fait reçu l’ordre de barrer les accès à la place de la Comédie.

Les trois gardiens de la paix constatent également que plusieurs militaires parcourent l’Œuf à bord d’une moto-chenillette 21 camouflée, comme l’étaient tous les autres engins de l’unité. Sur le véhicule équipé d’une mitrailleuse et d’un fusil-mitrailleur, ils identifient un officier qui porte un imperméable sur lequel sont fixées des épaulettes entièrement blanches avec une étoile, ainsi qu’un calot avec un liseré.

Le gradé, qui brandit un révolver, donne des directives à ses soldats à pied. Dans un français approximatif, il enjoint aux policiers français présents sur les lieux de faire fermer les volets de toutes les fenêtres donnant sur la place de la Comédie. L’ordre est également donné d’évacuer toutes les personnes habitant les maisons attenantes, sans quoi il se verrait à nouveau dans l’obligation de demander à sa troupe de faire feu.

L’important est d’abord de venir en aide aux personnes blessées. René Brun, avec son collègue Raymond Fort et d’autres agents, portent secours à Michelle Costeau. Ils trouvent l’adolescente dans le couloir mitoyen des deux cafés Y a bon et Y a mieux où elle avait été déposée pour recevoir les premiers soins. Les gardiens de la paix l’installent sur un brancard puis la transportent au commissariat du IIIème arrondissement en attendant son transfert 22.

Quelques instants après, des passants accourent. Ils avisent les policiers qu’une femme a été grièvement blessée à l’entrée de la rue de Verdun. En effet, « baignant dans une mare sang » pour reprendre les mots d’Alfred Pratx, Commissaire de police de la ville, Lucienne Guillemard a été déplacée dans le couloir d’entrée de l’immeuble sis au numéro 1. Max Gros ainsi que René et Antoine Brun se rendent sur les lieux. Avec l’aide de montpelliérains, ils acheminent son corps au poste de police où Marcel Janbon, Professeur de la Faculté de Médecine, mandé par les autorités, ne peut que constater son décès. Atteinte d’une balle en pleine tête, Lucienne Guillemard est morte sur le coup.

Antoine Brun et Max Gros prennent aussi la direction du boulevard Sarrail où il trouve « devant la Société Générale », le corps sans vie de Van Xuan. Le militaire est transféré au 1, rue Boussairolles où Marcel Janbon déclare officiellement sa mort due à des éclats de grenade.

Max Gros secourt enfin Louis Martinier, qui, après la fin de la fusillade, s’était précipité en direction du hall d’entrée de la maison du docteur Eyraud-Joly, sise près du commissariat. L’agent aide l’Inspecteur principal du Contrôle économique à marcher, afin qu’il atteigne les locaux du poste de police où il reçoit les premiers soins. Placé sur un brancard, il se souvient de sa sortie sur la place de la Comédie où il a aperçu, au bas de l’Esplanade, trois Allemands armés qui se dirigeaient vers l’Œuf.

Négociations franco-allemandes

La tension est toujours palpable et les soldats allemands redoublent de vigilance, bien qu’ayant baissé provisoirement leurs armes. Avec beaucoup de sang-froid, Pierre Jamart, Chef de Cabinet adjoint au Secrétariat général de la police de Montpellier 23, qui a assisté à toute la scène, va, avec deux agents, à la rencontre de l’officier qui dirige l’unité. À son propos, il écrit : « Je reconnaîtrais très facilement le chef du groupe. [C’était] un homme d’une taille d’un mètre 75 environ, blond, le visage osseux, type alsacien plutôt qu’allemand, il s’exprimait assez facilement en français 24. » Ce dernier, dans une colère noire, exige le couvre-feu immédiat et annonce qu’il fera feu sur toutes les personnes qui seront rencontrées dans la rue. Pierre Jamart demande à l’officier de ne plus faire tirer ses hommes sur les civils qui n’avaient montré, jusqu’alors, aucun geste hostile à l’encontre des troupes qui passaient. Le Chef de Cabinet adjoint au Secrétariat général de la police de Montpellier fait comprendre au gradé que l’attroupement était dû à une histoire entre Français et qu’il n’avait aucun rapport avec une manifestation contre les soldats allemands.

Après cette discussion, l’officier se montre coopératif. Il ordonne à ses hommes de quitter la place de la Comédie pour l’Esplanade, là où se trouvent stationnés tous les véhicules de l’unité. Cependant, il déclare toujours vouloir instaurer promptement un couvre-feu. Pierre Jamart parlemente, expliquant qu’une mise en place aussi rapide est impossible et qu’un délai est nécessaire. Les deux hommes conviennent finalement qu’il soit fixé à partir de 20 heures. Le gradé s’engage à laisser les civils regagner immédiatement leurs domiciles, mais passé ce délai, il explique qu’il donnera comme consigne à ses hommes d’éliminer les groupes composés de plus de trois personnes.

Épilogue

Les trois blessés de la fusillade sont transportés à l’Hôpital général Saint-Charles où ils sont tous sortis d’affaire. (fig. 4)

Il est extrait du bras et du talon gauche de Gabrielle de Saint-Félix quatre « éclats de balles explosives. » Michelle Costeau, la plus grièvement atteinte, est opérée du poumon droit et sauvée par les médecins. Elle fait, dans les semaines qui suivent, une déposition au commissariat du IIIème arrondissement. Louis Martinier subit également une intervention chirurgicale qui permet l’extraction de sa cuisse droite, d’un morceau d’acier provenant de l’explosion d’une grenade. Dans la soirée du 21 août, le corps de Lucienne Guillemard est rendu à sa famille. La jeune femme est enterrée le jour de la libération officielle de la ville, le 23 août 1944, à 10 heures du matin 25, au cimetière Saint-Lazare.

L’Hôpital général Saint-Charles. Arch. dép. Hérault / 2 Fi CP 693.
Fig. 4 - L’Hôpital général Saint-Charles. Arch. dép. Hérault / 2 Fi CP 693. (1907)

Nous lisons dans l’acte de décès 26 : « Le 21 août 1944 vers 19 heures 30, est décédée rue de Verdun : Lucienne Pauline Guillemard, née à Paris (18ème arrondissement) le 23 février 1908, domiciliée à Montpellier 8, rue Henri Guignier, sans profession, fille d’Alfred Henri Guillemard et de Berthe Mélanie Françoise Richard, son épouse décédée, célibataire. Dressé le 22 août 1944, 10 heures sur la déclaration de Charles Houseau, 53 ans, commerçant domicilié rue Saint-Guilhem à Montpellier […]. » La date à laquelle la mention « Mort pour la France », qui a été retenue pour son cas, est ajoutée à l’acte. Il est écrit : « Mort pour la France, suivant lettre du Secrétariat Général des Anciens Combattants et Victimes de Guerre en date du 4 octobre 1945, n° 59 362. »

Une messe de neuvaine 27 est organisée par sa famille qui fait paraître un avis dans le tout premier numéro du Midi Libre. Nous pouvons y lire : « La messe de neuvaine de Mademoiselle Lucienne Guillemard, tuée par la mitraillade lundi dernier, aura lieu mardi 29 août à 9 heures à Saint-Denis. »

Lucienne Guillemard repose dans la tombe des Lerminier/Raspail située dans la section AL du cimetière Saint-Lazare jusqu’au 21 février 1949, jour où elle est exhumée, puis transférée dans le tombeau des Guillemard au cimetière des Fauvelles à Courbevoie 28. À propos de sa mort, le Commissaire de police du Ier arrondissement de Montpellier parle d’assassinat, dans un courrier du 16 novembre 1944 adressé au sieur Quignot, Juge d’instruction 29.

En ce qui concerne l’acte de décès de Van Xuan, nous lisons dans le document 30 : « Le 21 août 1944, vers 20 heures, est décédé place de la Comédie, Van Xuan, né à Hûn Phap, Indochine, en 1916, domicilié à Montpellier, Parc à Ballon, soldat à la 3ème Compagnie G.M.I.C.R. n° 4, fils de Van Trong et de Trau Hi Han. […] Dressé le 22 août 1944, 16 heures, sur la déclaration de René Crochez, 28 ans, Major infirmier, domicilié à Montpellier, Parc à Ballon […]. »

Sa dépouille est inhumée dans le carré des militaires, section SAF rang 5 n° 17 du cimetière Saint-Lazare, qui est aujourd’hui devenue le carré dédié aux morts des guerres de 1939-1945, d’Indochine et d’Algérie. Le 9 mai 1967, sur ordre du Ministre des Anciens Combattants et Victimes de guerre Henri Duvillard, 137 corps, dont celui de Van Xuan, sont exhumés du carré des militaires du cimetière Saint-Lazare et rendus à leurs familles 31. Il ne nous a pas été possible de savoir où la dépouille de Van Xuan a été transférée.

Les soldats à l’origine du drame prennent place dans leurs véhicules et quittent définitivement Montpellier dans la soirée. L’unité responsable des faits n’a pu être identifiée. Il semblerait, si l’on s’en tient aux rapports, que ce soit une formation de SS en transit, ne portant pas l’uniforme noir réglementaire, mais plutôt un uniforme vert ou kaki, affublé cependant des écussons SS, comme le corrobore une grande partie des témoignages recueillis. Une chose est sûre : beaucoup d’entre eux étaient âgés d’une vingtaine d’années seulement. Maurice Maffre donne même à certains tout juste 18 ans.

Un mois plus tard environ, le 27 septembre 1944, alors que l’enquête bat son plein et que de nombreuses déclarations sont collectées, le Commissaire de police du IIIème arrondissement de Montpellier, René Bouschet, demande au Commissaire, Chef de la sûreté de tout mettre en œuvre afin d’établir l’identité de l’unité ou de la formation des soldats allemands à l’origine des coups de feu 32. C’est l’inspecteur Jean Sauret qui est chargé de l’enquête. Dans une note du début du mois d’octobre, il conclut 33 : « J’ai l’honneur de vous faire connaître que les recherches que j’ai effectuées m’ont permis d’établir que la formation allemande auteur des coups de feu sur la place de la Comédie le 21 août 1944 et qui ont blessé mortellement Mlle Guillemard est une des formations de la Luftwaffe. Il ne m’a pas été possible de connaître le lieu de leur provenance, mais il paraît probable que cette formation arrivait de Lézignan-Corbières (Aude). »

Si la fusillade de la place de la Comédie est regrettable à cause du quiproquo incroyable qui l’a engendrée, son bilan humain l’est tout autant, sinon plus. N’oublions pas que Montpellier est officiellement libérée deux jours plus tard. Une chose saute aux yeux si l’on se penche sur le cas des morts et des blessés : aucun d’entre eux ne se trouvait dans la rue Boussairolles. Tous ont été atteints dans des rues annexes ou sur la place de la Comédie. Pourtant, les rapports font état de plusieurs centaines de personnes qui composaient le cortège.

Le constat est indiscutable si l’on étudie ce bilan : les soldats allemands n’ont pas pris pour cible la foule amassée devant le commissariat. Pour disperser l’attroupement, ils ont tiré au hasard, sur des passants circulant aux alentours, pour faire des exemples. Cinq montpelliérains en ont fait les frais. Les lyncheurs et les curieux présents rue Boussairolles au moment où les premières rafales furent tirées ont échappé de peu à un véritable carnage. Nous n’osons pas imaginer le bilan désastreux si les militaires avaient pointé leurs armes dans leur direction.

Absorbée dans le grand tourbillon de la Libération, la fusillade de la place de la Comédie n’a pas pris une place importante dans les mémoires. Bien qu’au courant et touchés par la violence des soldats allemands, les montpelliérains souffrant depuis de trop nombreuses années de la guerre se laissent submerger par la joie de la délivrance future. Le mercredi 23 août, cette libération est officielle et on oublie les événements du lundi précédent, pour se tourner vers l’avenir. La fusillade de la place de la Comédie est toutefois annoncée dans le premier numéro de L’information du Languedoc, bulletin publié par le Comité Régional de Libération et rédigé par une équipe du Comité National des Journalistes 34. Dans un article intitulé « À l’aube de la Liberté », rassemblant diverses informations relatives à la Libération de Montpellier, nous lisons : « Dimanche soir 35, place de la Comédie, alors que défilaient encore des troupes nazies, une leçon un peu crue est donnée à une milicienne. L’attroupement se fait aussitôt. Les Allemands se mêlant à l’incident procèdent à un mitraillage du public. Il en coûte hélas trois vies humaines 36 dont celle de Mlle Lucienne Guillemont 37 (sic) […]. »

Aujourd’hui, aucune plaque ne rappelle la mémoire des événements du 21 août 1944 dans l’espace public de la ville de Montpellier. Seul le nom de Lucienne Guillemard, du fait de l’obtention du statut de « Mort pour la France », est gravé sur une des plaques de marbre située dans la crypte du monument aux morts de la ville. Les portes qui permettent d’y accéder ne sont ouvertes que les jours de commémoration. L’impasse totale est faite sur la mort de Van Xuan.

Au-delà du bilan humain, la fusillade de la place de la Comédie méritait pourtant une attention plus vive puisqu’elle nous éclaire sur des points cruciaux : la jeunesse, l’inexpérience et la fébrilité d’une partie des troupes évacuant la France à l’aube de la Libération ; ainsi que le commencement précoce, alors même que des soldats allemands occupent encore les lieux, de ce qu’Henri Amouroux appellera plus tard dans sa Grande Histoire des Français sous l’Occupation38, des « règlements de comptes. »

NOTES

1. Afin d’éviter de nombreuses occurrences en notes de fin, je précise que les rapports de police et témoignages utilisés proviennent tous de ces deux dossiers. On y trouve principalement, excepté quelques feuillets épars qui seront, eux, signalés en notes de fin, les rapports des gardiens de la paix et les témoignages des survivants du drame qui ont été blessés, ou qui ont perdu un proche dans la fusillade. À savoir : Série 200 W 81 : les rapports de Louis Granier, Max Gros, Raymond Fort, René et Antoine Brun, du Commissaire de police de la ville de Montpellier, Alfred Pratx, du Chef de Cabinet adjoint du Secrétariat général à la police Pierre Jamart, ainsi que les témoignages d’Alfred Guillemard et de Gabrielle de Saint-Félix. Série 200 W 82 : les témoignages d’Alfred, Michelle et Jacques Costeau, Louis Martinier et enfin Maurice Maffre.

2. Le Clapas est le surnom occitan de la ville de Montpellier.

3. Quelques ouvrages abordent furtivement la question : Véran, Jules, La libération de Montpellier, août 1944 : le combat de Montferrier, Paris, Aristide Quillet Éditeur, 1945, p. 22, Bourderon, Roger, Libération du Languedoc méditerranéen, Paris, Hachette Littérature, 1974, p. 175, Bouladou, Gérard, L’Hérault dans la Résistance 1940-1944, Nîmes, Lacour/Colporteur, 1992, p. 159 et Nicoladzé, Françoise, Passant souviens-toi ! Montpellier : lieux de mémoire 1940-1945, Montpellier, Les Presses du Languedoc, 1999, p. 107. Certains reprennent en réalité l’article un peu flou et mal renseigné de L’Information du Languedoc du 23 août 1944, p. 2, que nous analyserons tout à l’heure. De son côté, Virgili, Fabrice, La France « virile », Des femmes tondues à la Libération¸ Paris, Payot, 2000, p. 146, écrit que « des tontes ont […] eu lieu à Montpellier dès le 21 août 1944 », sans plus de précisions.

4. Bloch, Marc, L’étrange défaite, Paris, Gallimard, 1990, p. 29.

5. Xancho, Christian, « La présence militaire allemande à Agde de novembre 1942 au mois d’août 1944 », in Agde, les Agathois et les grands conflits militaires, Actes du colloque tenu le samedi 9 juin 2007 à la Maison des Savoirs, Agde, Association pour la promotion des archives d’Agde et de sa région, 2007, p. 97.

6. Souvent, les dates de repli sont mélangées entre le 17 et le 18 août. En réalité, Hitler envoie l’ordre d’évacuation le 17 à 11 heures, mais il n’est reçu que le lendemain 18 août par la XIXème armée allemande occupant la côte méditerranéenne. D’après Bouladou, Gérard, op. cit., p. 155. Alors que les renseignements allemands sont au courant qu’une flotte alliée a quitté l’Italie pour le Nord, des ordres de préparation à l’évacuation sont envoyés, en secret, aux unités. Ils sont connus à Montpellier, le 11 août au plus tard. D’après Bailly, Jacques-Augustin, La Libération confisquée, Le Languedoc 1944-1945, Paris, Albin Michel, 1993, p. 186.

7. Xancho, Christian, op. cit., p. 97.

8. Bourderon, Roger, op. cit., p. 11.

9. Les premières troupes allemandes arrivent à Béziers le 11 novembre 1942 à 23 heures 55. Il s’agit d’un convoi composé de dix wagons de troupes et de matériel. Arch. dép. Hérault, Série 12 W 731.

10. Bourderon, Roger, op. cit., p. 184.

11. Certaines colonnes allemandes optent pour un contournement de Montpellier, ce qui ne signifie pas forcément s’éloigner des assauts de la Résistance, en témoigne le combat de Montferrier-sur-Lez, le 24 août 1944. Pour plus d’informations, voir Véran, Jules, op. cit., p. 74-86.

12. Le terme de « milicienne » est unanimement employé dans les différentes sources utilisées. Difficile de savoir si cette femme faisait vraiment partie de la Milice française, ou bien si elle était l’épouse d’un milicien. L’amalgame était souvent fait. Seuls Bourderon, Roger, op. cit., p. 175 et Bouladou, Gérard, op. cit., p. 159, emploient un autre terme. Tous deux parlent de « collaboratrice. »

13. On appelle l’Œuf, l’endroit de la place de la Comédie où se trouve la fontaine des Trois Grâces, car les pavés qui la recouvrent en ont la forme. Pour Virgili, Fabrice, op. cit., p. 293, « l’espace de rassemblement et de tonte par excellence reste la place. Elle occupe une position centrale et l’on peut s’y retrouver le plus nombreux possible. » Notre cas est une exception, puisque la tonte a eu lieu avant l’arrivée sur l’Œuf et l’objectif n’était vraisemblablement pas d’exhiber la milicienne, mais plutôt de la placer sous les verrous du commissariat du IIIème arrondissement. D’autres défilés auront lieu sur la place de la Comédie qui reste cependant le centre de ce genre de manifestations à Montpellier, comme peuvent l’être la place Saint-Sulpice à Paris, ou encore la place des Terreaux à Lyon. C’est le cas le 29 août 1944 où deux femmes, cheveux à ras, sont « promenées sur une voiture » devant une foule nombreuse. Des policiers et des F.F.I. interviennent pour mettre un terme à la manifestation. Ibid., p. 146-147. Une photographie parue dans le Midi Libre du 30 août 1944, p. 2, a peut-être été prise ce jour-là. Le cliché, qui n’est pas daté, porte la légende suivante : « Voici comment on châtie les tristes créatures qui se sont compromises avec la soldatesque nazie : leur crâne, barbouillé de croix gammées, porte la marque de leur infamie ! » Arch. dép. Hérault, 4 Mi 205 R 1.

14. Si le siège principal de la Milice française à Montpellier se situe au n° 4 de la rue du 81ème Régiment d’Infanterie, à la caserne de Lauwe, une permanence départementale se trouve aussi en plein centre de la ville, au n° 8 de la place de la Comédie, plus précisément dans l’entresol situé au-dessus du Grand Café Riche. D’après Roquefort, Gérard, « 1939-1945 La vie à Montpellier », [En ligne], Études Héraultaises, 2014. https://www.etudesheraultaises.fr/publi/1939-1945-la-vie-a-montpellier/, (Page consultée le 17 mars 2015) et Arch. dép. Hérault, Série 363 W 344. Si l’on en croit Jacques-Augustin Bailly, op. cit., p. 197, le départ des miliciens de Montpellier s’opère sur plusieurs jours, dans un grand désordre auquel viennent se mêler des membres de la section toulousaine. Les derniers d’entre eux auraient quitté la ville le 20 août 1944, vers 14 heures 30. Il semble cependant que des noyaux isolés soient restés jusqu’au lendemain. Dans son témoignage sur la fusillade, Louis Granier écrit qu’il se trouvait à l’entrée de l’immeuble que « venait de quitter la Milice ». Nicoladzé, Françoise, op. cit., p. 100, parle quant à elle de la Milice « brûlant tous ses dossiers » le 21 août 1944 à Montpellier.

15. Plusieurs scènes similaires eurent lieu dans les heures précédant les événements du 21 août 1944. Ainsi, dans le rapport concernant la fusillade, Pierre Jamart rapporte à propos de « l’attroupement de la rue Boussairolles » : « Mes collègues et moi nous apprêtions à disperser cette foule comme nous l’avions déjà fait les fois précédentes pour éviter tout incident, étant donné que les troupes allemandes étaient susceptibles de passer encore sur la place de la Comédie. »

16. Max Gros, un gardien de la paix présent sur la place déclare, et il est le seul, que les coups de feu ont été tirés depuis la moto-chenillette.

17. Si l’on en croit la déposition de Louis Granier, le fusil-mitrailleur mis en place face à l’entrée principale des Galeries Lafayette n’aurait pas été utilisé.

18. Pour comprendre l’origine des Groupements Militaires d’Indigènes Coloniaux Rapatriables (G.M.I.C.R.), il faut remonter à la défaite française de 1940. Les clauses des conventions d’armistice ne prévoient aucun corps indochinois parmi les unités autorisées à stationner en Zone libre dans l’armée d’armistice. Les 12 000 tirailleurs présents en métropole sont alors désarmés et rassemblés dans deux Centres de Transit des Troupes Coloniales basés à Fréjus-Saint-Raphaël. Attendant un rapatriement rendu de plus en plus aléatoire par manque de moyens de transports maritimes, puis par l’occupation japonaise en Indochine, ils sont employés à des travaux divers. La situation évolue à partir de novembre 1942 et l’invasion de la Zone libre. Les Centres de Transition des Troupes Coloniales disparaissent pour laisser place aux Groupements Militaires d’Indigènes Coloniaux Rapatriables. On compte, en 1943, 72 Compagnies encadrées par 220 officiers et 413 sous-officiers d’Infanterie et d’Artillerie Coloniale, réparties un peu partout dans le Sud de la France. Il n’y a pas que des Indochinois dans les G.M.I.C.R. Les effectifs globaux en hommes du rang se montent à : 1 757 Africains, 6 105 Indochinois et 8 016 Malgaches. Tous travaillent pour des employeurs civils ou participent à des tâches d’utilité publique : rénovation de routes, travaux forestiers, etc. Ils sont aussi obligés d’œuvrer, bien contre leur gré, au profit de la Wehrmacht, près des côtes de la Méditerranée, dans les chantiers de l’Organisation Todt. En fait, les occupants les considèrent le plus souvent comme des prisonniers de guerre. Beaucoup de cadres et tirailleurs entrent en contact avec les maquis locaux et après les débarquements alliés, rejoignent les FFI. D’après Guillemin, Dominique, Heyraud, Emmanuel, Renart, Régine, L’Empire dans la guerre 1939-1945, Paris, Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, Délégation à la Mémoire et à l’Information Historique, 1996, p. 60 et Deroo, Éric, Rives, Maurice, Les Lính Tâp, Histoire des militaires indochinois au service de la France (1859-1960), Paris, Lavauzelle, 1999, p. 106 et 135.

19. Le G.M.I.C.R. n° 4 était basé à Toulouse. Diverses compagnies et sous-groupements, répartis dans la région, y étaient rattachés. C’est le cas de la 3ème compagnie dont Van Xuan faisait partie. Le groupement comprenait aussi les Sous-groupements n° 11 et 21, basés respectivement à Montpellier et Toulouse, ainsi que la 33ème Compagnie de Perpignan. D’après Deroo, Éric, Rives, Maurice, op. cit., p. 135.

20. C’est le gardien de la paix Max Gros qui parle de plusieurs grenades. Il semble probable qu’au moins deux engins ait été lancés car Van Xuan et Louis Martinier étaient trop loin l’un de l’autre pour avoir été touchés par la même explosion.

21. Il s’agit peut-être d’une moto-chenillette Kettenkrad, encore appellée SdKfz 2 ou Kleines Kettenkraftrad HK 101.

22. Selon Pierre Jamart, les policiers utilisent à chaque fois un brancard et des drapeaux blancs de fortune pour éviter de se faire tirer dessus par les soldats allemands.

23. L’homme a assisté à toute la scène et donné des instructions pour que les civils montent dans les étages afin de se protéger d’éventuels jets de grenades dans les vestibules.

24. Selon René Brun, l’officier qui donnait les ordres sur la moto-chenillette « ne parlait pas correctement le français. » Il est probable que Pierre Jamart ait discuté avec un autre gradé qui lui, maîtrisait mieux notre langue.

25. L’Information du Languedoc du 23 août 1944, p. 2.

26. Arch. mun. Montpellier, Série 3 E 161.

27. Une neuvaine est une série d’exercices de piété et de prières que l’on fait pendant neuf jours consécutifs. Ici, dans le cadre d’un deuil, il s’agit de demander des grâces particulières pour le défunt. L’expression est aussi utilisée pour simplement qualifier une messe faite en la mémoire d’un mort neuf jours après le décès d’une personne. Le chiffre 9 étant symbolique dans la chrétienté.

28. D’après l’Administration des cimetières de Montpellier via registre du cimetière Saint-Lazare.

29. Arch. dép. Hérault, Série 200 W 81.

30. Arch. mun. Montpellier, Série 3 E 161.

31. D’après l’Administration des cimetières de Montpellier via registre du cimetière Saint-Lazare.

32. Arch. dép. Hérault, Série 200 W 81.

33. Ibid.

34. Arch. dép. Hérault, Série PAR 661/1.

35. Les rédacteurs se sont trompés, la fusillade de la place de la Comédie n’a pas éclaté le dimanche 20, mais le lundi 21 août 1944 en début de soirée. Les actes de décès de Lucienne Guillemard et Van Xuan sont des pièces incontestables.

36. Nouvelle erreur dans la rédaction. Le bilan de la fusillade est de deux morts. Peut-être l’auteur de l’article a-t-il considéré comme morte Michelle Costeau, gravement blessée au poumon droit, dont le pronostic vital était engagé.

37. Ces erreurs à répétition sur les dates, les noms, le bilan, etc., nous montrent à quel point les nouvelles circulent mal durant la période de la Libération, tout va trop vite et on ne prend pas la peine de vérifier les informations.

38. Amouroux, Henri, La Grande Histoire des Français sous l’Occupation, Tome IX, Les Règlements de comptes, Paris, Robert Laffont, 1991, 766 p.